SMAO – La schizophrénie en Afrique : une conséquence de la globalisation ?

2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S92-S93
Author(s):  
G. Monnier

La schizophrénie est une maladie mentale grave, dont la prévalence mondiale est estimée à 1 %. Malgré un manque d’études et de statistiques officielles, son existence en Afrique sub-saharienne est toutefois incontestable sur le terrain. De Devereux et al. [1] à Nathan et Stengers [2], nous verrons d’abord comment l’ethnopsychiatrie a conceptualisé différents modèles explicatifs de la pathologie mentale. Certains courants voient dans la schizophrénie une forme d’adaptation à la modernité en cours dans les pays occidentaux, alimentant ainsi la thèse d’une construction sociale de cette pathologie. Ces théories entendent analyser le rôle joué par la globalisation économique et culturelle dans l’émergence supposée de la schizophrénie en Afrique. Dans un deuxième temps, nous passerons en revue les statistiques épidémiologiques sur la santé mentale en Afrique de l’Ouest. La littérature internationale retrouve des disparités dans la répartition géographique de la schizophrénie (gradient Nord-Sud, urbanisation et migration [3] présentées comme facteurs de risque significatifs de développer la maladie, etc.). Nous confronterons ces données à celles que nous avons récoltées sur le terrain en Afrique de l’Ouest, plus particulièrement au Bénin [4]. Enfin, il sera présenté quelques vignettes cliniques de malades schizophrènes rencontrés au Bénin, au cours du partenariat entre Smao et l’ONG Saint-Camille de Lellis. Leurs profils sont variés : de tous âges, issus de différents milieux socioéconomiques, urbains ou ruraux ; la symptomatologie présentée par les schizophrènes africains diffère-t-elle de celle observée en Europe ? Du désenchaînement à la réadaptation sociale, en passant par l’utilisation de médicaments psychotropes, nous verrons quelle prise en charge pourrait leur est proposée. Notre pratique clinique nous permet ainsi de questionner cette pathologie et sa prise en charge, et de reconsidérer les résultats des recherches menées dans le domaine médical, comme dans celui des sciences humaines et sociales.

2006 ◽  
Vol 6 (17) ◽  
pp. 45
Author(s):  
Boubacar Bayero Diallo.

Nous avons menée une recherche descriptive et comparative des parcours scolaires des filles et des garçons en Guinée, de septembre à décembre 2001, dans deux écoles rurales et deux écoles urbaines guinéennes, du primaire et du collège dans chacun des milieux. Le principal objectif de cette recherche est d’expliquer la persévérance scolaire des garçons et surtout celle des filles de familles défavorisées de ces écoles, et par là-même de contribuer à éclairer, sur le plan sociologique, la question des réussites scolaires atypiques. Ce sont les résultats préliminaires d’une de ces écoles, celle du collège de Porédaka, qui font objet de cette communication. Ils ne sont valides que pour les élèves de la 10e année, dernier niveau d’étude du secondaire général de premier cycle. La méthodologie utilisée combine enquête par questionnaire (de 42 élèves de la 10e année), entretien semi-dirigé (d’environ 20 élèves, parents, enseignants, responsables locaux), observation du logement des élèves et recherche documentaire.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 554-555
Author(s):  
P. Courtet

La dépression, deuxième source de handicap, constitue le principal facteur de risque de suicide. Il a été proposé à juste titre que le traitement de la dépression soit une stratégie efficace de prévention du suicide. Pourtant la dernière décennie a été marquée par les controverses sur le risque suicidaire potentiel des antidépresseurs, qui ont eu des effets néfastes sur la prise en charge des patients. Puisque les alertes sur ce risque ont été proposées à partir des résultats d’études qui n’avaient pas comme objectif de s’intéresser au processus suicidaire, nous avons réalisé une étude destinée à évaluer la survenue d’idées et de tentatives de suicide chez 4357 patients déprimés ambulatoires traités par antidépresseur et suivis 6 semaines en condition naturelles. Une idéation suicidaire est apparue de novo chez 9 % des patients qui n’en avaient pas à l’inclusion. Les critères prédictifs étaient l’aggravation de la symptomatologie anxieuse ou dépressive et l’instauration d’un nouveau traitement après échec antérieur. Deux pour cent des patients ont réalisé une TS au cours des 6 semaines de suivi. Les critères prédictifs étaient l’aggravation de la symptomatologie dépressive ou du désespoir, l’instauration d’un nouveau traitement après échec antérieur, et l’existence de mésusage d’alcool et d’antécédents de TS. Ces résultats suggèrent que le risque suicidaire en début de traitement soit lié aux facteurs de risque suicidaires, dont l’inefficacité du traitement antidépresseur. Par ailleurs, nous avons montré que l’initiation d’un traitement par non ISRS ou d’un traitement ISRS à forte dose augmente le risque d’aggravation des idées de suicide. L’ensemble de ces données, confortées par la littérature, nous indique que les médecins possèdent les outils de prévention en évaluant précisément et régulièrement la dépression et le risque suicidaire au cours du traitement antidépresseur.


2018 ◽  
Vol 34 (6-7) ◽  
pp. 595-598 ◽  
Author(s):  
Ariel Bernier ◽  
Alain Leplège

L’âge des mineurs qui réclament un traitement pour la dysphorie du genre (anciennement et encore couramment appelée « transgénérisme » ou « transsexualité ») ne cesse de reculer [1], mais un manque de consensus sur des traitements qui soient médicalement et éthiquement acceptables pour les individus prépubères, rend difficile leur prise en charge [2, 3]. Une étude des critères sur lesquels reposent les choix de traitement de ces patients, et plus particulièrement le blocage hormonal, révèle certains obstacles intrinsèques à l’éthique médicale qui empêchent l’élaboration d’une réponse claire et décisive. Nous verrons, dans cette revue, que les experts médicaux, les psychologues et les spécialistes de sciences humaines ne s’accordent pas sur l’origine et donc sur la définition du transgénérisme. Il est ainsi difficile de prendre en charge les individus concernés, l’éthique médicale tirant souvent aujourd’hui son autorité d’un accord général entre les experts. Nous analyserons également comment les risques du traitement proposé, ou les risques de refuser de donner ce traitement, peuvent également peser dans les débats d’éthique médicale, alors qu’ils sont évalués de plusieurs manières, certaines étant plus subjectives que d’autres. Finalement, reste la question difficile du consentement chez les mineurs. L’âge en deçà duquel le mineur ne peut prendre la responsabilité pour ses propres actes apparaît se modifier arbitrairement selon le thème abordé : avortements, traitements pour maladies sexuellement transmissibles, etc. Les débats autour du traitement hormonal des mineurs transgenres doivent donc tenir compte de ces considérations éthiques afin de pouvoir mieux les aider.


2016 ◽  
Vol 44 (2) ◽  
pp. 223-249
Author(s):  
Soufianou Moussa ◽  
Jean-François Kobiané

En Afrique de l’Ouest, la crise macroéconomique persistante empêche tout développement d’une protection sociale institutionnelle volontariste. Les plus vulnérables ne peuvent compter, en termes de soutien, que sur les transferts qu’ils reçoivent de leur entourage familial. C’est dans ce contexte que nous traitons de l’architecture des aides reçues par les ménages dans cinq quartiers suivis par l’Observatoire de la Population de Ouagadougou (Burkina Faso). Nous analysons d’une part les différences de profils entre les ménages aidés et ceux qui ne le sont pas et d’autre part les caractéristiques des appuis reçus en fonction du degré d’urbanisation des quartiers, grâce à des analyses en composantes multiples. Nos résultats montrent que si une faible part des ménages reçoit une assistance informelle, les ménages des quartiers formels en sont les plus dépendants. Le sexe du chef de ménage apparaît comme plus déterminant pour la réception d’une aide informelle que son âge, et les ménages dirigés par une femme, malgré leur forte diversité sociale, sont les plus assistés. D’autres facteurs jouent un rôle très important, comme l’état matrimonial du chef de ménage. En revanche, les ménages les plus pauvres ne constituent pas les plus aidés. De même, le niveau de vie de la famille d’origine du chef de ménage ne joue que très faiblement sur la probabilité pour un ménage de recevoir une aide, ce qui sous-entend une architecture des transferts informels basée davantage sur la proximité géographique que familiale. Enfin, dans l’ensemble, nous avons observé que l’assistance informelle est plus aléatoire dans les quartiers urbanisés alors que, dans les quartiers informels, l’assistance en espèces est jugée comme la moins utile par les bénéficiaires.


2000 ◽  
Vol 30 (3) ◽  
pp. 1-31
Author(s):  
Mathieu Albert

La présente étude vise à évaluer dans quelle mesure deux aspects de la stratégie déployée par les organismes subventionnaires (OS) canadiens et québécois en sciences humaines et sociales (SHS) pour faire face aux compressions budgétaires gouvernementales ont atteint leurs objectifs. Plus spécifiquement, nous avons vérifié si la mise sur pied et la consolidation des programmes de recherche orientée au début des années 90 ont permis aux OS en SHS de générer des revenus additionnels à ceux octroyés par les gouvernements, et comparer ces revenus à ceux générés en sciences naturelles et génie (SNG) dans le cadre de programmes équivalents. Nous avons également vérifié dans quelle mesure les professeurs en SHS ont transformé leurs pratiques de recherche afin de répondre favorablement à l'accroissement de l'offre de subventions de recherche orientée. Les résultats suggèrent que les programmes de recherche orientée n'ont pas véritablement générés de nouveaux revenus en SHS et, qu'en fait, ces programmes ont eu pour effet d'accentuer les inégalités économiques entre les SHS et les SNG. Pour ce qui est des professeurs, ceux-ci n'ont pas véritablement modifié leur pratiques de recherche dans le but de répondre à l'offre croissante de subventions de recherche orientée.


2021 ◽  
Vol 30 ◽  
pp. 16
Author(s):  
Patrick Dugué ◽  
Edmond N. Kohio ◽  
Justin Tiemtoré

Au début de la crise sanitaire due à la Covid-19, certains observateurs ont alerté les décideurs d’une possible crise alimentaire dans les mois à venir en Afrique de l’Ouest. En vue d’alimenter ce débat, nous avons mené une étude en nous entretenant avec 75 acteurs du secteur agricole dans deux régions du Burkina Faso − le Yatenga et les Hauts-Bassins. Dans les deux situations, les agriculteurs et les éleveurs ont pu continuer leurs activités mais certains ont eu des difficultés de commercialisation. Les maraîchers et les arboriculteurs ont été les plus touchés par cette crise du fait des difficultés à écouler leurs produits périssables sur les marchés ouest-africains. Les éleveurs ont été moins concernés par la baisse des prix mais les commerçants de bétail sur pied ont aussi rencontré des difficultés à exporter vers les pays côtiers. Enfin, les sociétés cotonnières ont dû faire face à une baisse du prix international du coton-fibre et les producteurs de coton ont dû faire face à une baisse du prix d’achat du coton-graine à la fin de 2020. Malgré cette crise, l’agriculture burkinabè a continué à jouer pleinement son rôle nourricier grâce à la mobilisation des agriculteurs, des commerçants et des transporteurs, même si elle montre des fragilités dues à sa forte dépendance aux marchés extérieurs pour entre autres les légumes, le bétail, le coton, les mangues, l’anacarde et les intrants agricoles et d’élevage. Cette crise permet de réfléchir à des axes d’intervention afin de rendre l’agriculture burkinabè moins dépendante des marchés extérieurs et des facteurs de production importés. Cela implique la substitution des produits alimentaires importés par des produits locaux et une transition agroécologique permettant de réduire l’importation d’intrants de synthèse.


2019 ◽  
Vol 35 (5) ◽  
pp. 431-439
Author(s):  
Damien Cohen ◽  
Yusuke Shimakawa ◽  
Gibril Ndow ◽  
Amina Sow ◽  
Saydiba Tamba ◽  
...  

Malgré l’existence d’un vaccin efficace, le virus de l’hépatite B infecte 257 millions de personnes à travers le monde et engendre la majorité des cas de carcinome hépatocellulaire (le deuxième cancer le plus meurtrier). Les pays à faibles ressources sont les plus atteints comme ceux d’Afrique subsaharienne où l’accès à un système de santé est restreint. Pour pallier cela, le programme européen Prolifica a contribué à mettre en place les approches de dépistage et de traitement des patients porteurs du HBV pour en prévenir les complications, en particulier le CHC. Ces travaux ont permis de démontrer la faisabilité et l’aspect « coût efficace » d’un tel programme. Prolifica a généré des données d’une importance cruciale pour mieux connaître les infections HBV en Afrique de l’Ouest et fournir les bases d’une meilleure prise en charge des patients.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 641-642
Author(s):  
C. Bergot

La santé mentale, notamment la dépression et le suicide, est l’un des troubles majeurs du 21e siècle. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), par son plan d’action pour la santé mentale 2013–2020 [1], préconise de renforcer les dispensateurs de soins non spécialisés, afin qu’ils intègrent la santé mentale à leur prise en charge, permettant l’utilisation de moyens à faible coût, à grande échelle, et ce dans un cadre communautaire. L’OMS insiste également sur la nécessité d’articuler santé physique et santé mentale, pour une prise en charge globale et multidimensionnelle de l’individu.Pour ce faire, santé mentale en Afrique de l’Ouest (SMAO) développe avec son partenaire l’ONG Saint-Camille de Lellis, au Bénin, un réseau de centres relais de santé mentale, organisés en première ligne de la prévention et la prise en charge des maladies psychiatriques, dont le suicide.Un programme de formation d’agents de santé communautaires (infirmiers de soins généraux) est mis en place sur 3 années, dont le but est de les sensibiliser à la pratique psychiatrique. Un pré-requis à ce travail est de briser le tabou autour du suicide, qui peut concerner toute personne quels que soient son sexe, son âge, sa culture et sa religion. Destigmatiser le suicide autorisera les patients à en parler, et permettra aux soignants de leur porter un regard non jugeant et non culpabilisant, donnant accès à une évaluation plus fine, notamment par le biais d’échelles d’évaluation simples. Le patient, si besoin, pourra être revu rapidement en consultation au centre relais. Ce système, en offrant une alternative à l’hospitalisation, permet aux patients et aux familles l’accès aux soins à moindre coût.Ce réseau tend à se généraliser au Bénin, et l’on peut espérer que les services de soins en santé mentale seront prochainement répartis équitablement sur tout le territoire.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 571-571
Author(s):  
P.-M. Astorg ◽  
A. Moroy ◽  
S. Lamy ◽  
L. Jehel ◽  
J.-M. Sigward

ContexteLes malades de psychiatrie meurent 25 ans plus tôt que la population générale, en particulier de maladies cardiovasculaires dont un des facteurs de risque est le syndrome métabolique. Les psychiatres sont souvent les seuls médecins à prendre en charge les patients hospitalisés dans des services psychiatriques, avec une approche somatique limitée.MéthodologieNous avons réalisé une étude observationnelle de novembre 2013 à juillet 2014 afin d’établir un profil des sujets pris en charge en psychiatrie au CHU de Martinique (CHUM).ObjectifNotre objectif principal est de décrire le profil des personnes hospitalisées dans le service de Psychiatrie du CHUM : comorbidités somatiques (dont syndrome métabolique) et psychiatrique, niveau socio-économique, histoire de vie (avec recherche de traumatisme).RésultatsCent quarante-quatre dossiers ont été documentés ; 62 % de femmes et 38 % d’homme avec une moyenne d’âge de 46 ans [18 ; 79]. 68 % de la population est créoles martiniquais et 17 % métropolitains. 85,7 % présentent des troubles somatiques (moyenne 2,2) et se répartit comme suit : 31 % problème cardiaque, 26 % endocrinologique, 16 % respiratoire, 25 % appareil locomoteur, 17 % maladie du système nerveux, 16 % appareil génito-urinaire et 28 % autres. 18 % présentent un syndrome métabolique. Nous ne retrouvons pas dans cette étude préliminaire de maladies psychiatriques prédisposantes pour développer un syndrome métabolique. Nous ne retrouvons pas non plus de lien entre l’histoire de vie traumatique avec diagnostic d’état de stress post-traumatique et la présence d’un syndrome métabolique (Chi2 et tests exact de Ficher).ConclusionsCes résultats soulignent la nécessité de sensibiliser les professionnels en psychiatrie sur la nécessité d’identifier les facteurs de risque de pathologie somatique (notamment métabolique et cardio-vasculaire) et de développer un réseau de prise en charge multidisciplinaire pour les patients hospitalisés en psychiatrie.


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