Inventaire après liquidation : étude de la réception des Fées ont soif de Denise Boucher (1978)
La pièce de Denise Boucher Les fées ont soif constitue un événement important dans la courte histoire du théâtre québécois. Écrite dix ans après le choc provoqué par la création des Belles-Soeurs de Michel Tremblay, cette oeuvre, qualifiée de manifeste dramatique (par Lise Gauvin), semble pourtant avoir été largement oubliée si l’on en juge, d’un côté, par l’absence de reprise récente sur les scènes québécoises ; et, de l’autre côté, par le fait que son souvenir n’aura guère été rappelé, en 2008, soit trente ans après le scandale qui, à l’époque, avait mobilisé tout le milieu théâtral. C’est donc en tant qu’événement que nous avons choisi d’aborder le texte de Denise Boucher, entendu que la polémique entourant la pièce aura produit des échos bien au-delà de la sphère restreinte de la culture. C’est l’ensemble des discours produits à la fois par des professionnels, des artistes, des spécialistes et des gens ordinaires qui constitue le matériau privilégié de cette enquête au fil de laquelle nous entendons mettre en lumière les lignes de fractures idéologiques produites par l’événement des Fées ont soif au sein de la société québécoise. Cette étude s’inscrit dans la perspective d’une analyse du discours social québécois post-Révolution tranquille et dans la foulée des recherches actuelles sur la construction de la mémoire culturelle.