scholarly journals Poursuite de la vie active selon le genre au Québec : l’effet de la qualité de l’emploi et de la situation personnelle

2013 ◽  
Vol 45 (1) ◽  
pp. 19-42 ◽  
Author(s):  
Luc Cloutier-Villeneuve

Le discours actuel au sujet des nombreux départs à la retraite prévisibles traite essentiellement du prolongement de la vie active. Or, rien n’indique que cette solution se produira identiquement chez les travailleuses et les travailleurs québécois. Dans cet article, nous montrons que les trajectoires professionnelles des femmes et des hommes âgés de 50 ans et plus sont très différentes. Ainsi, les travailleuses ont l’intention de quitter beaucoup plus tôt le marché du travail que leurs confrères et de moins y revenir par la suite même si leurs conditions financières demeurent moins bonnes. La qualité de leur emploi (conditions psychologiques et physiques de travail) de même que leur situation personnelle (état de santé) expliquent en grande partie ces différences de genre. Chez les hommes, le revenu semble être le facteur le plus déterminant dans leurs intentions à l’égard de la retraite et la poursuite de la vie active.

2014 ◽  
Vol 14 (1) ◽  
pp. 49-71 ◽  
Author(s):  
Moustapha Bamba ◽  
Richard Morin

Cet article traite de l’impact des services offerts aux nouveaux immigrants issus des minorités visibles par les organismes communautaires (OC) qui interviennent dans le domaine de l’employabilité. Nous passons d’abord en revue les principales difficultés que rencontrent généralement les nouveaux immigrants issus des minorités visibles dans leur processus d’insertion sur le marché du travail. Nous présentons ensuite quelques éléments de réflexion sur la contribution des organismes communautaires en employabilité à l’insertion des immigrants dans leur société d’accueil. Nous mettons enfin en lumière les effets des services de ce type d’OC sur l’intégration des nouveaux immigrants issus des minorités visibles à Montréal. Nous montrons que les OC facilitent l’intégration de ces nouveaux immigrants non seulement sur le marché du travail, mais aussi dans des réseaux sociaux et que l’apport des services des OC n’est pas significativement différent selon le sexe de l’usager.


2021 ◽  
Vol 30 ◽  
pp. 30
Author(s):  
Hind Ftouhi ◽  
Mohamed Amine Saidani ◽  
Lisa Bossenbroek ◽  
Meriem Farah Hamamouche ◽  
Zakaria Kadiri

À partir de la mi-mars 2020, les gouvernements algérien et marocain ont instauré un confinement pour lutter contre la propagation de la pandémie de Covid-19. Cela s’est traduit par la fermeture des marchés locaux et des restrictions de mobilité. Le traitement médiatique et scientifique de l’impact de la pandémie a porté principalement sur les zones urbaines, laissant de côté les expériences des ruraux alors même que les mesures restrictives sont arrivées en pleine campagne agricole. Cet article vise à combler partiellement cette lacune en analysant comment les petits agriculteurs, femmes et hommes des oasis et des extensions oasiennes, les jeunes producteurs et les ouvriers de deux régions oasiennes du Maghreb, ont vécu ces nouveaux défis. Pour ce faire, nous nous appuyons sur 150 entretiens téléphoniques menés avec des acteurs ruraux dans les vallées du Drâa (Maroc) et du M’zab (Algérie). En mettant leurs expériences au cœur de notre analyse, nous montrons comment la crise sanitaire a limité la capacité de la majorité des petits agriculteurs à écouler leur production agricole, et comment elle a mis à l’épreuve la pluriactivité des familles oasiennes, les rendant ainsi plus vulnérables. Puis, nous décrivons comment ces acteurs ont développé différentes pratiques de résilience, individuelles et collectives, comme la mise en place d’un marché du travail virtuel pour remplacer les traditionnels moquefs (places de recrutement des ouvriers), la transition vers des pratiques agroécologiques, la réinvention de la solidarité et de l’action collective.


Criminologie ◽  
2005 ◽  
Vol 37 (2) ◽  
pp. 123-149 ◽  
Author(s):  
Bill McCarthy ◽  
John Hagan

Résumé Le capitalisme de consommation est devenu dominant dans les pays occidentaux. Un train de vie jugé « normal » coûte de plus en plus cher et la plupart des adolescents nord-américains en sont parfaitement conscients. Il n’est donc pas surprenant que beaucoup d’entre eux estiment qu’ils n’ont pas assez d’argent personnel pour participer convenablement aux activités sociales propres à leur classe d’âge. De nombreuses théories stipulent qu’un manque de revenus constitue en soi une bonne raison pour commettre des délits. Mais cette thèse, classique au demeurant, soulève bien des doutes. Certains pensent qu’il n’y a pas de relation de cause à effet entre les besoins d’argent et le penchant à la délinquance. D’autres études notent que ce sont les adolescents qui ont le plus de revenus personnels qui commettent le plus de délits. Ces travaux ont deux défauts. Ils ne tiennent pas compte des effets de l’utilité marginale décroissante d’un supplément de revenus sur les choix de délinquance. Ils négligent aussi d’envisager que la relation causale envisagée puisse être conditionnelle. Dans cet article nous montrons qu’un supplément de revenu personnel incite les adolescents à ajuster à la baisse les vols qu’ils commettent, mais que cet effet décroît proportionnellement à leurs revenus personnels et qu’il n’est opérant que pour les adolescents dont les parents se retrouvent exclus du marché du travail.


2007 ◽  
Vol 15 (2) ◽  
pp. 390-404
Author(s):  
Paul Bernier

RÉSUMÉ Dans cet article, nous considérons un paradoxe sceptique que Saul Kripke (1982a) a attribué à Wittgenstein. Nous critiquons la solution directe proposée par Colin McGinn (1984), qui a recours à la théorie causale de la référence, et nous montrons pourquoi cette solution n'est pas satisfaisante. La solution sceptique que Kripke prête à Wittgenstein est ensuite discutée à la lumière de nos considérations sur la théorie causale, ce qui nous amène à constater qu'elle est aussi insuffisante. Nous concluons en montrant que nous ne sommes pas d'emblée contraints d'accepter le paradoxe.


Author(s):  
Alexis Parmentier

Ce numéro de Regards économiques soutient que la législation de la protection de l’emploi en France obère les performances économiques tout en contribuant au développement des inégalités sociales. Ce pays se caractérise par des niveaux de protection de l'emploi très différents selon les types de contrats (Contrat à Durée Déterminée -CDD- et Contrat à Durée Indéterminée -CDI). En résulte une segmentation forte du marché du travail entre travailleurs «bien» protégés et «mal» protégés, sans que l'effet net sur l'emploi soit favorable. La solution envisagée par le gouvernement français d’introduire de nouveaux contrats de travail, le Contrat Nouvelles Embauches et le Contrat Première Embauche, ne vont pas dans le bon sens. Une réforme plus ambitieuse, construite autour d’un contrat de travail unique à droits progressifs, permettrait par contre de gommer certaines déficiences actuelles. Une réforme de ce type mériterait certainement d’être réfléchie en Belgique, où il existe de nettes différences de protection de l’emploi entre catégories de travailleurs (ouvriers et employés) et de contrats (CDD et CDI). Aux yeux de nombreux économistes, une législation contraignant fortement les décisions des entreprises en matière d’embauche et de licenciement constitue une explication potentiellement importante aux dysfonctionnements du marché du travail. L’appareil réglementaire français n’est, par exemple, pas en mesure de remplir correctement le rôle de protection des individus auquel il est destiné. Un clivage des situations sur le marché du travail se dessine depuis plusieurs années, certaines populations se voyant nettement protégées, d’autres étant exposées continuellement aux aléas conjoncturels. En outre, la détérioration de la situation des populations les plus fragiles réduit leur incitation à participer au marché du travail, ce qui contribue à la dégradation des performances économiques. Malgré des législations de la protection de l’emploi (LPE) quelque peu différentes, les systèmes français et belge sont caractérisés par des degrés de protection de l’emploi globalement élevés et subissent des dysfonctionnements de leurs marchés du travail analogues (cf. OCDE, 2004). Aussi, bien que notre analyse soit centrée sur la France, les réflexions avancées dans cette étude ont une portée générale et ont vocation à contribuer aux débats afférents à la nécessité et à la manière de réformer la LPE de pays caractérisés par un degré de protection de l’emploi élevé et des performances du marché du travail médiocres. En août 2005, le gouvernement français a cherché à répondre à la nécessité de réformer la LPE en introduisant le Contrat Nouvelles Embauches (CNE). Ce contrat, réservé aux petites entreprises, est régi par une réglementation à maints égards plus souple que les contrats de travail existants. Avec le Contrat Première Embauche (CPE), le gouvernement a cherché à étendre le CNE aux entreprises de plus de 20 salariés pour les jeunes de moins de 26 ans. Toutefois, cet accroissement de la flexibilité du marché du travail a suscité la crainte d’une détérioration des conditions de vie de la frange de la population concernée. Confronté aux importantes manifestations du mois de mars 2006, le gouvernement a alors dû renoncer à une mesure qui avait dans son esprit fait ses preuves en termes de création d’emplois. Selon le gouvernement, les 440.000 CNE signés entre août 2005 et mars 2006 (DARES, 2006), soit une embauche sur dix réalisée par les petites entreprises, témoignaient de l’efficacité de ce type de réforme. La présente étude montre pourtant que ces mesures ne constituent pas des moyens efficaces pour développer l’emploi et pour favoriser la justice sociale. Les mesures proposées semblent en effet trop timorées pour avoir des effets durables sur l’emploi. D’une part, les créations nettes d’emplois sont nettement plus faibles que le nombre de nouveaux contrats signés car une certaine substitution entre les nouveaux contrats et les contrats existants est inévitable. D’autre part, les nouveaux contrats ayant une durée limitée à deux ans, les entreprises seront incitées à les détruire avant de retomber dans le régime globalement plus protecteur des contrats actuels. En outre, ces réformes risquent d’accentuer la précarité ambiante des populations les plus fragiles. Les mécanismes sous-jacents étant présentés, notre analyse esquisse les modalités d’une réforme de la LPE alternative au CNE et faisant l’objet d’un relatif consensus (du moins dans ses grandes lignes) parmi les économistes : le Contrat Unique à droits Progressifs (CUP). Cette solution met en avant la nécessité d’accomplir un remaniement profond du système actuel, en particulier en cassant la dualité de protection engendrée par la coexistence de contrats dont le système de protection est différent.


2013 ◽  
Vol 45 (1) ◽  
pp. 203-228 ◽  
Author(s):  
Stéphane Moulin ◽  
Arnaud Dupray ◽  
Raphaëlle D’Amour

À partir d’une comparaison de l’enquête Génération 98 en France et de l’enquête de suivi auprès des diplômés au Canada, nous proposons une quantification des bifurcations professionnelles en début de vie active. Nous montrons que les bifurcations professionnelles des diplômés sortants du postsecondaire sont près d’1½ fois plus nombreuses au Canada qu’en France. Cette différence s’explique par des réorientations professionnelles plus fréquentes sur le marché du travail canadien que français, tandis que la capacité des formations à prédire les destinées professionnelles reste similaire dans les deux pays. L’analyse des ingrédients nationaux de ces bifurcations tend à montrer que les politiques publiques canadiennes conduisent à davantage de réorientations professionnelles que les politiques françaises, en favorisant le retour aux études et en creux compte tenu de statuts d’emploi proposés aux jeunes diplômés relativement moins protecteurs qu’en France. En sens inverse, les formations pour devenir enseignants et le passage par le doctorat accroissent les chances de bifurquer en France alors qu’ils les réduisent au Canada. Enfin, certains diplômés français réussissent à tirer parti de leur période de chômage pour entreprendre une réorientation professionnelle.


2017 ◽  
Vol 7 (1) ◽  
pp. 21-38 ◽  
Author(s):  
Sylvie Gravel ◽  
Jessica Dubé ◽  
Daniel Côté ◽  
Bob W. White ◽  
Danielle Gratton

Cet article rapporte une partie des résultats d'une étude exploratoire sur le processus de réadaptation et de retour au travail en contexte de relations interculturelles. Cette étude avait deux objectifs : identifier les stratégies mises de l'avant par les différents acteurs pour faciliter le processus de réadaptation et de retour au travail des travailleurs immigrants et décrire les contraintes, les obstacles et les aides au processus selon la perspective des différents acteurs. Des entrevues semi-dirigées ont ainsi été menées auprès de 47 répondants : cliniciens, agents d'indemnisation et conseillers en réadaptation de la CNESST, employeurs et travailleurs immigrants victimes d'une lésion reconnue et indemnisée. Au-delà des barrières linguistiques et culturelles, deux facteurs nuisent au retour en emploi des travailleurs immigrants : d'une part, la précarité du lien d'emploi freine leurs efforts et mine leur volonté de consolider leur état de santé et, d'autre part, la menace ou la perte réelle du lien d'emploi amène une rupture symbolique dans leur processus d'intégration. Cette rupture est importante pour ceux qui sont surqualifiés pour leur poste, surtout si leur emploi est un passage obligé pour acquérir une expérience de travail au Canada et viser ensuite un emploi à la hauteur de leurs compétences. Le processus de réadaptation peut soit se transformer en un « parcours déshonorant », soit fournir une occasion d'améliorer sa situation sur un marché du travail discriminant. Adapter les programmes à la réalité de ces travailleurs immigrants est possible, mais pose un dilemme moral et éthique : comment motiver les travailleurs à se rétablir tout en explorant un autre créneau d'emploi si leur lien d'emploi risque d'être rompu, alors que les règles relatives au droit de retour au travail prévoient la réintégration de l'emploi prélésionnel ou tout autre poste jugé équivalent?


2009 ◽  
Vol 68 (3) ◽  
pp. 433-451
Author(s):  
W. Bentley MacLeod

RÉSUMÉ L’étude reprend les éléments essentiels de la théorie des contrats auto-exécutoires (self-enforcing contracts) présentée dans MacLeod et Malcomson (1989, 1991). Nous montrons que l’existence de contrats incomplets peut nous aider à comprendre pourquoi les marchés du travail ne sont pas parfaitement compétitifs. Le modèle des contrats auto-exécutoires permet notamment d’apporter un nouvel éclairage sur la dualité des marchés du travail dans les pays en développement, de même que sur les différences salariales interindustries.


Author(s):  
Alexis Parmentier

Ce numéro de Regards économiques soutient que la législation de la protection de l’emploi en France obère les performances économiques tout en contribuant au développement des inégalités sociales. Ce pays se caractérise par des niveaux de protection de l'emploi très différents selon les types de contrats (Contrat à Durée Déterminée -CDD- et Contrat à Durée Indéterminée -CDI). En résulte une segmentation forte du marché du travail entre travailleurs «bien» protégés et «mal» protégés, sans que l'effet net sur l'emploi soit favorable. La solution envisagée par le gouvernement français d’introduire de nouveaux contrats de travail, le Contrat Nouvelles Embauches et le Contrat Première Embauche, ne vont pas dans le bon sens. Une réforme plus ambitieuse, construite autour d’un contrat de travail unique à droits progressifs, permettrait par contre de gommer certaines déficiences actuelles. Une réforme de ce type mériterait certainement d’être réfléchie en Belgique, où il existe de nettes différences de protection de l’emploi entre catégories de travailleurs (ouvriers et employés) et de contrats (CDD et CDI). Aux yeux de nombreux économistes, une législation contraignant fortement les décisions des entreprises en matière d’embauche et de licenciement constitue une explication potentiellement importante aux dysfonctionnements du marché du travail. L’appareil réglementaire français n’est, par exemple, pas en mesure de remplir correctement le rôle de protection des individus auquel il est destiné. Un clivage des situations sur le marché du travail se dessine depuis plusieurs années, certaines populations se voyant nettement protégées, d’autres étant exposées continuellement aux aléas conjoncturels. En outre, la détérioration de la situation des populations les plus fragiles réduit leur incitation à participer au marché du travail, ce qui contribue à la dégradation des performances économiques. Malgré des législations de la protection de l’emploi (LPE) quelque peu différentes, les systèmes français et belge sont caractérisés par des degrés de protection de l’emploi globalement élevés et subissent des dysfonctionnements de leurs marchés du travail analogues (cf. OCDE, 2004). Aussi, bien que notre analyse soit centrée sur la France, les réflexions avancées dans cette étude ont une portée générale et ont vocation à contribuer aux débats afférents à la nécessité et à la manière de réformer la LPE de pays caractérisés par un degré de protection de l’emploi élevé et des performances du marché du travail médiocres. En août 2005, le gouvernement français a cherché à répondre à la nécessité de réformer la LPE en introduisant le Contrat Nouvelles Embauches (CNE). Ce contrat, réservé aux petites entreprises, est régi par une réglementation à maints égards plus souple que les contrats de travail existants. Avec le Contrat Première Embauche (CPE), le gouvernement a cherché à étendre le CNE aux entreprises de plus de 20 salariés pour les jeunes de moins de 26 ans. Toutefois, cet accroissement de la flexibilité du marché du travail a suscité la crainte d’une détérioration des conditions de vie de la frange de la population concernée. Confronté aux importantes manifestations du mois de mars 2006, le gouvernement a alors dû renoncer à une mesure qui avait dans son esprit fait ses preuves en termes de création d’emplois. Selon le gouvernement, les 440.000 CNE signés entre août 2005 et mars 2006 (DARES, 2006), soit une embauche sur dix réalisée par les petites entreprises, témoignaient de l’efficacité de ce type de réforme. La présente étude montre pourtant que ces mesures ne constituent pas des moyens efficaces pour développer l’emploi et pour favoriser la justice sociale. Les mesures proposées semblent en effet trop timorées pour avoir des effets durables sur l’emploi. D’une part, les créations nettes d’emplois sont nettement plus faibles que le nombre de nouveaux contrats signés car une certaine substitution entre les nouveaux contrats et les contrats existants est inévitable. D’autre part, les nouveaux contrats ayant une durée limitée à deux ans, les entreprises seront incitées à les détruire avant de retomber dans le régime globalement plus protecteur des contrats actuels. En outre, ces réformes risquent d’accentuer la précarité ambiante des populations les plus fragiles. Les mécanismes sous-jacents étant présentés, notre analyse esquisse les modalités d’une réforme de la LPE alternative au CNE et faisant l’objet d’un relatif consensus (du moins dans ses grandes lignes) parmi les économistes : le Contrat Unique à droits Progressifs (CUP). Cette solution met en avant la nécessité d’accomplir un remaniement profond du système actuel, en particulier en cassant la dualité de protection engendrée par la coexistence de contrats dont le système de protection est différent.


2006 ◽  
Vol 61 (4) ◽  
pp. 845-859 ◽  
Author(s):  
Marc Gurgand ◽  
Éric Maurin

RésuméL’avènement du collège unique dans les années 1960, puis l’ouverture du lycée dans les années 1985-1995 ont été des moments de réduction rapide des écarts de niveaux d’études entre la toute petite minorité d’enfants que leur milieu social et leurs aptitudes scolaires destinent aux filières les plus prestigieuses de l’enseignement supérieur et l’immense majorité de ceux qui, après la guerre, n’allaient guère au-delà de la scolarité primaire obligatoire. Nous montrons que ces moments d’expansion scolaire ont également été des périodes de réduction sensible des inégalités salariales au sein des classes d’âge, entre ces mêmes enfants devenus adultes. Le surcroît de formation secondaire dont ont bénéficié les 95% de la population qui n’ont pas accès au système des grandes écoles s’est bel et bien traduit par une amélioration de leur situation relative sur le marché du travail au fil des générations. La démocratisation de l’enseignement pose des problèmes très concrets et très visibles de mise en œuvre. Elle n’en a pas moins des effets souterrains de long terme très positifs pour ceux qui en bénéficient le plus directement.


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