L’argent change tout : les revenus personnels des adolescents et leur penchant à la délinquance1
Résumé Le capitalisme de consommation est devenu dominant dans les pays occidentaux. Un train de vie jugé « normal » coûte de plus en plus cher et la plupart des adolescents nord-américains en sont parfaitement conscients. Il n’est donc pas surprenant que beaucoup d’entre eux estiment qu’ils n’ont pas assez d’argent personnel pour participer convenablement aux activités sociales propres à leur classe d’âge. De nombreuses théories stipulent qu’un manque de revenus constitue en soi une bonne raison pour commettre des délits. Mais cette thèse, classique au demeurant, soulève bien des doutes. Certains pensent qu’il n’y a pas de relation de cause à effet entre les besoins d’argent et le penchant à la délinquance. D’autres études notent que ce sont les adolescents qui ont le plus de revenus personnels qui commettent le plus de délits. Ces travaux ont deux défauts. Ils ne tiennent pas compte des effets de l’utilité marginale décroissante d’un supplément de revenus sur les choix de délinquance. Ils négligent aussi d’envisager que la relation causale envisagée puisse être conditionnelle. Dans cet article nous montrons qu’un supplément de revenu personnel incite les adolescents à ajuster à la baisse les vols qu’ils commettent, mais que cet effet décroît proportionnellement à leurs revenus personnels et qu’il n’est opérant que pour les adolescents dont les parents se retrouvent exclus du marché du travail.