scholarly journals Sartre et la photographie : autour de la théorie de l’imaginaire

2013 ◽  
Vol 49 (2) ◽  
pp. 103-121
Author(s):  
Nao Sawada

Bien qu’il existe de nombreuses études consacrées au thème de Sartre et l’art, la photographie reste encore aujourd’hui un sujet quasi inconnu, voire ignoré. Il est vrai que les mentions de la photographie sont plutôt rares et succinctes dans les textes philosophiques de Sartre. Nous pouvons constater le même phénomène dans les oeuvres romanesques. Pourquoi cette absence ? Qu’est-ce qui explique cette haine de la photo ? Pour répondre à ces questions, nous nous proposons d’analyser le rapport de Sartre à la photographie. Dans un premier temps, nous passons très brièvement en revue la théorie de l’image développée dans L’imagination et L’imaginaire. Dans un deuxième temps, nous examinons les rares scènes où apparaissent les photos dans ses romans. Dans La nausée, Antoine Roquentin a apparemment pris beaucoup de photos pendant ses voyages autour du monde. Mais il parle de ses photos de souvenirs comme des faux passés ou comme un vestige de son véritable vécu. Dans Les chemins de la liberté également, les photos ne jouent qu’un rôle anecdotique et négatif. C’est surtout dans Les mots que nous pouvons trouver les passages les plus significatifs sur la photographie. En se souvenant de son grand-père « photogénique », Sartre brosse le portrait caricatural d’un homme prisonnier de sa propre image charismatique. Et, en contrepartie, il souligne la découverte de sa laideur physique, en se référant à ses photos d’enfance. Ainsi, les photos sont presque toujours convoquées comme des métaphores négatives dans ses textes littéraires. Dans un troisième temps, nous analysons « D’une Chine à l’autre », la préface à l’album de Henri Cartier-Bresson, qui est l’unique texte que Sartre ait consacré à la photographie. Même si l’on ne trouve pas de théorie explicite sur la photo dans ce texte, nous pouvons repérer ce que Sartre apprécie dans certaines photos. Ainsi, à travers cette démarche, nous tâchons, d’une part, de mettre en lumière quelques aspects mal connus du Sartre esthéticien et, d’autre part, de faire une psychanalyse existentielle de Sartre homme à travers sa réticence par rapport à la photographie.

Semiotica ◽  
2017 ◽  
Vol 2017 (214) ◽  
pp. 129-137
Author(s):  
Nedret Öztokat
Keyword(s):  

RésuméA. J. Greimas a enseigné dans les universités d’Istanbul et d’Ankara entre 1958 et 1962. Sa présence en Turquie a permis la formation de jeunes chercheurs qui deviendront les pionniers de la sémiotique greimassienne en Turquie, à l’instar de Tahsin Yücel et Berke Vardar. Nous nous proposons, dans cet article, de prendre en considération la réception de l’enseignement de Greimas en Turquie afin de retracer le parcours de la sémiotique au sein de l’université turque. Dans la Revue Dilbilim (Linguistique) de la Faculté des Lettres de l’Université d’Istanbul trois entretiens avec Greimas ont été publiés. Le premier figure dans le premier numéro paru en 1976; le second, dans le numéro VI paru en 1980; et le troisième, en 1987 dans le numéro VII de la revue Dilbilim. Nous analyserons les grandes lignes de ces trois entretiens qui ont longtemps été considérés comme des textes d’orientation pour les jeunes sémioticiens turcs; nous essayerons ainsi de saisir le parcours scientifique de Greimas. A travers les propos échangés entre Greimas et Berke Vardar qui a recueilli ces entretiens, nous pouvons observer l’avancée de la sémiotique telle qu’elle était conçue en France tout en essayant de rendre compte du développement de la sémiotique greimassienne qui a trouvé un écho favorable dans le milieu universitaire turc.


2009 ◽  
Vol 19 (2) ◽  
pp. 207-228 ◽  
Author(s):  
LAURENT PRÉVOT ◽  
LAURE VIEU ◽  
NICHOLAS ASHER

ABSTRACTLes théories cherchant à capturer la cohérence discursive (Mann & Thompson, 1987; Asher & Lascarides, 2003) offrent des cadres théoriques stimulants pour analyser de nombreux phénomènes discursifs. Ils peinent parfois cependant à fournir des définitions de relations combinant précision et robustesse pour des travaux d'annotation à grande échelle permettant, par exemple, de constituer des corpus annotés en relations discursives. Le cas des relations d'Élaboration et d'Arrière-plan constitue une parfaite illustration de ce problème. La plupart des théories discursives les incluent, parfois sous des noms différents, et l'on pourrait penser que leur définition et la manière de les reconnaître est maintenant établie. Cependant, en dépit du fait que ce sont les relations les plus courantes dans les corpus, c'est à leur sujet que les annotateurs ont le plus de problèmes. Elles sont souvent prises l'une pour l'autre. Dans cet article nous examinons la source de ces problèmes et nous proposons une solution basée sur la distinction d'une relation d'Élaboration d'entité, que nous formalisons en SDRT.


2009 ◽  
Vol 41 (1) ◽  
pp. 239-261 ◽  
Author(s):  
Henri Eckert

Résumé La raison généralement avancée pour rendre compte du fait que les jeunes Québécois occupent de plus en plus souvent des emplois salariés durant leurs études prend appui, au-delà des circonstances économiques qui ont favorisé cette évolution, sur leur désir d’autonomie financière. L’explication sociologique d’un phénomène aussi massif peut-elle pourtant se satisfaire de l’invocation de ce seul motif ? Pour en décider, nous proposons d’examiner d’abord l’évolution du phénomène et d’en souligner la généralité. Dans un second temps, nous examinons les raisons évoquées par les jeunes eux-mêmes pour travailler pendant leurs études et le poids du motif de l’autonomie financière parmi elles. Dans un troisième temps, nous examinons les interprétations possibles de ces raisons et les enjeux sociaux plus globaux du cumul études-emploi. Au terme de ce parcours, l’explication sociologique du phénomène nous paraît devoir prendre en compte la question de l’intégration sociale des jeunes et les transformations des modes de socialisation de la jeunesse actuelle. Plus qu’à la seule recherche d’autonomie financière, le cumul études-emploi renverrait ainsi à une nouvelle conception de la jeunesse.


2012 ◽  
Vol 77 ◽  
pp. 41-54
Author(s):  
Christian Samson

La Mission Chinoise de Québec fut une oeuvre d’évangélisation visant à convertir à la foi catholique les immigrants chinois présents dans la ville de Québec. La première partie de notre étude se concentre sur les aspects sociaux et culturels de la Mission. Nous y décrivons les diverses activités qui furent proposées à cette population et, par la suite, nous examinons les réactions de celle-ci par rapport à cette offre. La seconde partie porte sur le rôle proprement religieux de la Mission. Nous pouvons y observer plusieurs tentatives d’apostolat visant la population chinoise de Québec. Finalement, nous dressons un portrait nuancé des résultats obtenus au fil du temps par cette oeuvre d’évangélisation.


2009 ◽  
Vol 22 (1) ◽  
pp. 117-143 ◽  
Author(s):  
Abdelkader Fassi Fehri

Résumé Dans cet article, nous proposons un traitement unifié des différents usages des formes pronominales arabes de troisième personne (qu’il s’agisse de pronoms personnels, de copules ou d’explétifs). Nous montrons que cet objectif ne peut être atteint qu’en recourant à une (sous)spécification lexicale ou syntaxique appropriée. En second lieu, nous examinons la variation des formes explétives dans les langues, ainsi que celle des formes d’accord compatibles avec celles-ci. Nous montrons que dans les cas simples, les deux classes de formes sont liées, la liste des formes explétives étant dérivable de celle des formes pronominales de troisième personne qui peuvent être légitimées dans le contexte des formes d’AGR. En outre, un paramètre argunemtal est proposé pour AGR, selon lequel certaines langues autorisent uniquement un NP argumental dans Spec AGR. Par contre, d’autres langues autorisent également des NP non-argumentaux, mais elles requièrent que les traits phi (spécifiés) soient légitimés par des NP argumentaux (qui sont membres de chaînes explétives).


2019 ◽  
Vol 22 (2) ◽  
pp. 41-51
Author(s):  
Jean-Luc Moriceau ◽  
Marie-Astrid Le Theule ◽  
Yannick Fronda
Keyword(s):  

Pour Hirschman (1983, 1986, 1995), en cas d’insatisfaction, nous n’avons pas que la sortie (exit) ou la loyauté (loyalty) comme capacité d’action, nous pouvons aussi prendre la parole (voice). Mais qu’est-ce qui rend une prise de parole performative ? Nous proposons d’étudier la prise de parole non comme une argumentation ou un signe mais comme une performance (Schechner, 1995, 2002). Une étude exploratoire qualitative, où une prise de parole a consisté simultanément en une grève de la faim et en la dramatisation de cette protestation dans une pièce de théâtre, montre un ensemble de dynamiques performatives. Cinq enseignements quant à la performativité de la prise de parole sont proposés, concernant l’existence de porte(s) de sortie, la théâtralité et la performance, le parasitage de la parole, le rôle des différents contextes et l’ouverture à la conciliation.


Hawwa ◽  
2003 ◽  
Vol 1 (3) ◽  
pp. 275-305
Author(s):  
Dalenda Larguèche

AbstractSi la mémoire des femmes, et en particulier celle des femmes ordinaires, est absente du récit historique classique, elle n'est pas pour autant inexistante dans les archives. Ses traces dans les tiroirs des archives ont pu traverser l'épreuve du temps et se prémunir contre l'oubli. Recueils de fatâwî, registres charaïques et inventaires posthumes constituent le grenier de l'histoire des femmes ordinaires dont le quotidien, bien qu'apparemment structuré par le banal et l'immobilité, se laisse de temps à autre, pénétrer par l'inattendu et l'extraordinaire. Une richesse d'informations sur les éléments constitutifs de la vie quotidienne, dans son espace comme dans sa temporalité, nous est offerte par ces sources. La voie est alors libre et nous pouvons pénétrer dans les demeures et entrer dans l'intimité de la vie privée des femmes. L'occasion nous est ainsi donnée d'observer, d'apprécier les éléments constitutifs du cadre de leur vie matérielle et de saisir les gestes de leur vécu quotidien. A travers cette immersion dans la mémoire de ces femmes c'est tout leur vécu et toutes ses facettes que nous nous proposons de reconstituer. Bien qu'introverti et tourné vers l'intimité de l'espace familial, le vécu ne peut cependant nous cacher l'ingéniosité des femmes à brouiller les rôles et à déplacer les conventions.


2012 ◽  
Vol 48 (2) ◽  
pp. 17-28
Author(s):  
Antoine Boisclair

Il n’est plus à prouver que la génération de La Relève fut la première, au Canada français, à interroger l’identité du sujet en dehors de paramètres strictement religieux ou nationalistes. Afin de montrer comment la poésie et les textes en prose de Saint-Denys Garneau font écho à ce questionnement, la plupart des lecteurs ont souligné à juste titre l’influence exercée chez lui par le personnalisme et l’existentialisme chrétiens. Sans chercher à réfuter cette lecture, nous pouvons élargir à d’autres horizons le contexte artistique et intellectuel dans lequel Garneau élabore ses théories du sujet. À partir d’une lecture de poème (« Tous et chacun »), nous proposons ici d’établir des parallèles entre le sujet garnélien, qui tend à s’effacer au profit d’une « voix » incertaine, et les conceptions de l’instance créatrice que l’on retrouve chez des auteurs plus ou moins contemporains de Garneau. Nous constatons notamment qu’une des fonctions principales que Garneau assigne au sujet poétique (« établir un ordre intelligible entre les choses » de manière à révéler des « harmonies ») s’inscrit dans une tradition moderne à laquelle se rattachent notamment Claudel et Reverdy. Dans une perspective plus large, nous pouvons croire que Garneau, à l’instar de Valéry, a tenté d’ouvrir le sujet à l’extériorité sensible sans pour autant abolir le Je. Il appartient à la « fin de l’intériorité », selon la formule employée par Laurent Jenny, mais aussi à toute une série d’écrivains ayant privilégié la « conscience » — celle de soi et celle des autres — au détriment de l’« imagination » telle qu’elle fut conçue par les surréalistes. Le sujet garnélien, cette « voix équivoque » qui se mêle au paysage, trouve ainsi son équilibre « entre deux mondes », entre intériorité et extériorité, mais aussi entre la conscience et l’effacement.


2014 ◽  
Vol 11 (2) ◽  
pp. 42-52
Author(s):  
Elizabeth Geary Keohane

Cet article analyse un ouvrage d’André Gide, Carnets d’Égypte, dans le contexte de ‘late style’, un concept adornien développé par Edward Said. Bien que Carnets d’Égypte représente un des derniers ouvrages de Gide, il ne s’agit pas d’une tentative de créer une impression de complétude ni de couronner une œuvre variée. C’est plutôt un espace créatif où il peut se permettre de se concentrer sur l’inachèvement. Nous examinons donc ce que Gide a choisi de ne pas ‘terminer’ ou même de ne pas ‘finaliser’ – le voyage lui-même et surtout le processus d'écriture qui s'ensuit. Pour Said, ‘late style’ est une attitude que nous pouvons déceler chez certains auteurs qui se trouvent devant la mort. Se concentrer sur l’inachèvement et non sur la complétude dans un tel cas révèle une certaine résistance chez Gide qui est tout de même productive, car elle arrive à faire avancer le processus d’écriture. André Gide in Egypt: the Unfinished and the Creative Process This article analyses a work by André Gide, Carnets d’Égypte, in the context of 'late style', an Adornian concept developed by Edward Said. Although Carnets d’Égypte is one of Gide’s final works, it does not attempt to create a sense of completeness nor does it attempt to crown a varied body of work. It is instead a creative space where he can allow himself to concentrate on the incomplete or the unfinished. I therefore examine what Gide has chosen not to ‘finish’ or even not to ‘finalise’ – that is, the journey itself and more particularly, the related writing process. For Said, ‘late style’ is an attitude that can be detected in certain authors facing death. Concentrating in such a case on what remains unfinished, instead of on completeness, reveals a certain resistance on Gide’s part which is nonetheless productive, since it manages to advance the writing process.


2018 ◽  
Vol 46 ◽  
pp. 08006
Author(s):  
Marine Wauquier ◽  
Cécile Fabre ◽  
et Nabil Hathout

Dans ce travail, nous examinons sur le plan distributionnel le sens de dérivés morphologiques, et plus précisément des noms d’agent déverbaux en-eur,-euse et-rice, et des noms d’action dé verbaux en-age, - ion et-ment. Nous utilisons une approche distributionnelle automatisée et un lexique dérivationnel. Nous proposons une représentation de l’information distributionnelle permettant d’examiner le sens prototypique des dérivés et l’instruction sé mantique prototypique des suffixes. Nous montrons notamment que la différence entre les suffixes-eur,-euse et-rice ne relève pas seulement du genre et que les dérivés en-age,-ion et-ment présentent des profils spécifiques sur le plan distributionnel.


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