scholarly journals Intervention précoce pour la psychose : concepts, connaissances actuelles et orientations futures

2014 ◽  
Vol 39 (2) ◽  
pp. 201-229 ◽  
Author(s):  
Srividya N. Iyer ◽  
Ashok K. Malla

Cet article fournit un survol de la logique de l’intervention précoce pour psychose, de ses fondements théoriques et de la littérature essentielle sur le concept. L’intervention précoce repose sur l’hypothèse de la période critique, qui vient accentuer l’importance des premiers stades de la maladie, et sur les résultats d’études dans le domaine, qui suggère que la durée d’une psychose non traitée en influence le pronostic. L’intervention précoce facilite l’accès à un traitement spécialisé adapté à la phase de la maladie par un processus de recommandations médicales plus ouvert, des délais rapides et l’éducation du public et des praticiens sur la psychose. L’intervention précoce, qui dure généralement deux ans à partir du dépistage, comprend une prise en charge intensive et des médicaments antipsychotiques à faible dose. L’accent est mis sur le fonctionnement social, l’intervention familiale, l’attention précoce aux troubles connexes ainsi qu’une alliance thérapeutique entre le jeune et sa famille. Selon les données scientifiques disponibles, une telle intervention donne de meilleurs résultats que les soins typiquement offerts. Les critiques du concept visent la qualité des études en sa faveur, sa mise en oeuvre, la répartition des ressources en intervention précoce et son utilité pour les personnes présentant un risque élevé de psychose. En termes de disponibilité et d’élaboration de politiques en intervention précoce, le Royaume-Uni détient une avance certaine, alors que le Canada se situe au milieu, et les États-Unis au bas de l’échelle. Au Québec, les résultats varient et d’autres études et investissements sont nécessaires. Récemment, le concept d’intervention précoce a servi d’exemple à des mesures plus importantes visant la transformation des soins de santé mentale des jeunes, ce qui constitue une toute nouvelle percée au Canada.

2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 88-88
Author(s):  
A. Hajri ◽  
W. Homri ◽  
S. Ben Alaya ◽  
S. Charradi ◽  
R. Labbane

Introduction.La sectorisation en psychiatrie réalise l’organisation administrative gérant la maladie mentale et les répartitions des structures de soins de santé mentale. Elle est née en France en 1960 sous l’action de psychiatres désaliénistes et elle a réalisé un effondrement de l’asile psychiatrique en faveur d’une structure de soins communautaire.Objectif.Évaluer l’apport et les limites de la sectorisation instaurée en Tunisie en 2000.Méthodologie.Revue de la littérature en utilisant les mots clés : « sectorisation », « psychiatrie ».Résultats.La sectorisation a réalisé une désinstitutionalisation progressive ; elle a favorisé la prise en charge dans des structures de soins régionales ce qui a permis d’éviter la chronicisation des patients en institution fermée. Ceci a contribué considérablement à la lutte contre la marginalisation du malade mental, lui offrant une meilleure qualité de vie et une meilleure insertion sociale. Par ailleurs, un tel système réalise une proximité de soins et par conséquent un bénéfice en matière de précocité du traitement. Il cible une meilleure continuité des soins ce qui réduit le nombre de nouvelles admissions. Toutefois, la sectorisation soulève encore quelques contestations. En effet, les secteurs géographiques se caractérisent par d’importantes disparités en matière de ressources matérielles et humaines. Par ailleurs, ce système réalise une contrainte par rapport à la possibilité par le patient de choisir librement son médecin traitant ou l’hôpital de référence (les limites géographiques sont parfois interprétées abusivement).Conclusion.La sectorisation a réalisé une révolution dans l’histoire de la psychiatrie en termes de lutte contre la stigmatisation du malade mental. Encore faut-il réviser certaines modalités afin que ce système s’adapte au mieux à la demande de soins.


2016 ◽  
Vol 40 (4) ◽  
pp. 101-118 ◽  
Author(s):  
Helen-Maria Vasiliadis ◽  
Anne Dezetter

L’article décrit les programmes de prise en charge financière des psychothérapies en Australie et en Angleterre. Au début des années 2000, le gouvernement australien a implanté une réforme de santé publique visant à permettre un meilleur accès, gratuit ou peu coûteux, aux psychothérapies brèves, en soin primaire, pour les personnes souffrant de troubles mentaux courants. Cette réforme reconnaît l’importance du rôle du médecin généraliste dans la prise en charge des troubles, et la collaboration avec les professionnels de santé mentale. Deux programmes ont été mis en oeuvre : Access to Allied Psychological Services en 2003 et Better Access en 2006. En 2009, deux millions d’Australiens ont reçu onze millions de séances de psychothérapies. Les études ont montré des résultats positifs sur l’amélioration de l’accès aux soins de santé mentale primaires et sur la santé des patients. L’Angleterre a mis en place le programme Improving Access to psychological Therapies en 2007 en offrant un service de psychothérapies brèves pour les personnes souffrant de troubles mentaux courants. Le modèle de soin en étape suit les guides cliniques du National Institute for Health and Clinical Excellence, le type de professionnel (counselor ou psychothérapeute formés), le nombre de séances (4 à 13) et la méthode thérapeutique varient selon la sévérité du trouble. Un million de patients ont été traités depuis le début du programme. Les études ont aussi montré des résultats de santé positifs pour les patients du programme. En conclusion les programmes de prise en charge des psychothérapies s’avèrent coûts-efficaces.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 618-619
Author(s):  
P. Guezennec ◽  
J.-L. Roelandt

La santé mentale ne se limite pas au seul champ de la psychiatrie, mais concerne autant tous les secteurs d’activité que la population générale elle-même.Le champ des professionnels intervenant dans le champ de la santé mentale est cloisonné et dispersé. Organiser des niveaux cohérents de prise en charge, permettre la compréhension des troubles psychiques, fluidifier les parcours, lutter contre la stigmatisation, voici l’enjeu des conseils locaux de santé mentale (Clsm), exemple de démocratie sanitaire de territoire. C’est en effet un lieu de concertation et de coordination co-construit entre les élus locaux, la psychiatrie publique, les usagers, les aidants et tous les services sanitaires et sociaux. L’objectif est de définir en commun des politiques locales et des actions permettant l’amélioration de la santé mentale de la population.La psychiatrie publique a un rôle essentiel mais pas unique, dans la participation pleine et active aux actions en faveur de la santé mentale des populations. C’est le changement de paradigme, passer des soins aux personnes aux actions de prévention pour un territoire pensé comme lieu de vie de citoyens. Le Clsm conduit les acteurs à penser une réponse collective aux problèmes de santé mentale, ce qui implique de :– demander aux élus de piloter les actions pour leurs concitoyens;– faire participer tous les acteurs (soins, social, éducation.) aux orientations de la politique locale de santé mentale;– considérer l’hospitalisation comme une alternative aux soins dans la cité, en passant des services de psychiatrie publique hospitaliers, à des services territoriaux, organisant les soins au plus près des citoyens afin d’éviter les hospitalisations, par le déploiement systématique d’équipes mobiles et des hospitalisations à domicile;– renforcer les actions de santé communautaire en reconnaissant l’expertise des usagers et leur participation effective et concrète à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une politique de santé mentale.


2016 ◽  
Vol 40 (4) ◽  
pp. 59-77 ◽  
Author(s):  
Marie-Hélène Chomienne ◽  
Patrick Vanneste ◽  
Jean Grenier ◽  
Stephan Hendrick

L’expertise des psychologues dans l’évaluation et la prise en charge des troubles communs de santé mentale comme l’anxiété et la dépression qui sont fréquents en soins primaires et co-morbides avec les maladies chroniques font des psychologues une ressource essentielle pour les médecins. Les psychologues représentent un large bassin de professionnels spécialisés dans le diagnostic et la pratique de la psychothérapie ; la collaboration médecins-psychologues est d’autant plus critique dans le contexte visant à augmenter l’accès des populations aux traitements psychologiques et aux psychothérapies. Cet article se veut un regard sur l’état de la collaboration entre médecins et psychologues en Belgique et au Canada. Il examine l’évolution des mentalités entre ces deux professions dans une perspective européenne belge et la façon dont le contexte et le système de soins de santé publique au Canada influencent le potentiel de collaboration entre ces deux professions. Les études démontrent la volonté et la facilité qu’ont ces deux professions à collaborer. Mais ceci doit être appuyé par des structures systémiques et académiques facilitantes notamment dans l’apprentissage précoce à la collaboration dans le cursus de ces professions.


2006 ◽  
Vol 25 (1) ◽  
pp. 217-140
Author(s):  
Marie-Josée Fleury ◽  
Jean-Louis Denis

Résumé Comme principale stratégie d'implantation de la Politique de santé mentale (PSM, MSSS, 1989), des plans régionaux d'organisation de services (PROS) sont mis en oeuvre dans l'ensemble des régions sociosanitaires du Québec. Cet exercice de planification des activités et des soins de santé mentale vise à démocratiser, décentraliser et reconfigurer le système de santé mentale en fonction d'une gamme plus diversifiée de services. Les PROS entendent aussi améliorer l'intégration des soins et des activités et l'efficience de ce réseau sociosanitaire. Par une étude de cas réalisée en Montérégie et une analyse descriptive effectuée dans les régions sociosanitaires du Québec, cet article apprécie la validité et la potentialité des PROS à modifier le système de santé mentale suivant les enjeux de la PSM. Il conclut au pouvoir relativement structurant de l'outil de planification à réguler et à transformer l'organisation des services, étant donné l'envergure des objectifs qu'il poursuit et son contexte de développement. Il amène aussi à questionner les processus de planification, de décentralisation et de coordination qui configurent l'intervention. Dans un contexte où la demande sociale est forte pour le changement, les stratégies et les mécanismes en vue de consolider la gestion régionale sont toutefois à parfaire.


2009 ◽  
Vol 34 (1) ◽  
pp. 55-76 ◽  
Author(s):  
Armelle Imboua ◽  
Marie-Josée Fleury

Résumé Cet article examine le profil sociodémographique des médecins omnipraticiens (MO), leur rôle dans la prise en charge des troubles mentaux (transitoires/modérés, graves/persistants) dans les différents territoires (urbain, semi-urbain ou rural) du Québec, et si la pratique clinique et de collaboration de ces derniers est orientée vers une intégration des services de santé mentale. Cette étude transversale est basée sur 398 MO représentatifs de l’ensemble des MO du Québec qui répondaient à un questionnaire. L’étude révèle que les MO jouent un rôle central en santé mentale. Le profil sociodémographique et de pratique diffère selon les territoires. Les types de territoire et le degré de gravité du trouble mental influencent la propension des MO à intégrer les soins de santé mentale. Enfin, les MO pratiquent majoritairement en silo, mais soutiennent un renforcement de l’intégration des services de santé mentale. Les auteurs concluent que pour favoriser l’intégration des services de santé mentale, des incitatifs plus proactifs devraient être soutenus par les élites politiques et adaptés en fonction de la gravité des cas et des milieux. La pénurie des ressources, particulièrement frappante en milieu rural et l’insuffisance de mécanismes d’aide à la décision clinique, réduisent néanmoins les relations interprofessionnelles et limitent sérieusement l’intégration du dispositif de soins.


Author(s):  
Alexander Segall

RÉSUMÉIl faut féliciter les auteurs de s'être lancés dans une entreprise importante et difficile. Il est certain qu'une étude exhaustive du droit et des politiques canadiennes actuelles relatifs à la santé mentale est de rigueur, mais il n'est pas aisé de condenser un domaine aussi complexe. À certains égards, cet ouvrage promet plus qu'il n'offre. Il soulève des questions critiques sur la pensée et le débat actuels concernant la législation canadienne de la santé mentale, et il donne les grandes lignes des recommandations visant à orienter une action future sur les grands enjeux des politiques; en revanche, il ne réussit pas à offrir une approche novatrice à l'analyse du droit de la santé mentale. La perspective des besoins humains qui est prônée est en fait rétrograde dans son approche des soins de santé mentale. L'argument clé est que le Canada devrait assouplir les critères d'internement involontaire dans les hôpitaux psychiatriques. Malheureusement, cet argument s'appuie sur des postulats non fondés de la nécessité de l'internement involontaire et du traitement obligatoire. Malgré cette faille, l'ouvrage renferme une mine de renseignements sur le droit de la santé mentale au Canada et le processus permanent de la réforme juridique. S'il est probable que beaucoup de gens intéressés par le droit de la santé mentale le liront de la première à la dernière page, le livre contient néanmoins des discussions bien écrites portant sur des sujets tels que l'histoire de la législation canadienne sur la santé mentale; les critères et les modalités d'admission involontaire à l'hôpital; ainsi que le traitement communautaire subventionné. Dans l'ensemble, cet ouvrage peut s'avérer utile si on le lit de façon sélective, mais il faut absolument le lire de façon critique.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 611-611
Author(s):  
M. Dugnat

La World Association for Infant Mental Heath (Association Internationale pour la Santé Mentale du Bébé) contribue au développement et à la transmission des connaissances, et à la promotion d’actions cliniques et thérapeutiques en faveur du bébé et de ses parents. Le groupe WAIMH-Francophone, fondé en 1994 par Serge Lebovici et Bernard Golse, insiste sur les aspects psychopathologiques, stimule un réseau francophone de différentes équipes impliquées en psychiatrie périnatale, aide à faire le point sur les travaux en cours et promouvoir un certain nombre de recherches. Plusieurs membres se sont récemment engagés sur les TCA et l’interaction. Les TCA maternels (recherche à la maternité de Port-Royal (APHP) dans le cadre d’un réseau de prise en charge) : Pendant la gestation, la femme change corporellement comme psychiquement. Sous l’effet d’une attention particulière à l‘alimentation des « réactivations » sont possibles lorsqu’elles ont un passé ou un présent de TCA. Une trentaine ont été rencontrées lors des entretiens semi-structurés anténataux puis revues au cours d’un repas avec leur enfant à trois mois, et comparées à d’autres mères sans antécédents. Des résultats préliminaires seront présentés. Les TCA du nourrisson : Après la naissance, l’alimentation est une des préoccupations premières de la mère, les recherches épidémiologiques récentes montrent en clinique pédiatrique ordinaire qu’un quart à un tiers des bébés sont sujets à des difficultés d’alimentation restrictive qui peuvent se transformer en trouble du comportement alimentaire (2 %). Une réflexion sur étiologie et facteurs de chronicisation des TCA précoces contribuant à l’amélioration des modalités de prise en charge pédiatrique, psychologique et rééducative conduira à la présentation d’une consultation conjointe pédiatre/psychologue depuis 4 ans au CHU Toulouse. Les troubles interactionnels : Chez les mères borderlines ou à pathologie des liens, les réponses orales incohérentes lors des pleurs, les réveils intempestifs à motifs alimentaires etc. font de l’alimentation un enjeu crucial de la négligence et de l’interaction pathologique.


2012 ◽  
Vol 18 (2) ◽  
pp. 122-139
Author(s):  
Marie-Claude Thifault ◽  
Marie Lebel ◽  
Isabelle Perreault ◽  
Martin Desmeules

Considérant qu’un Canadien sur neuf hospitalisé pour maladie mentale retournera à l’urgence moins d’un mois après sa sortie d’hôpital, il importe de documenter, dans une perspective socio-historique, les itinéraires « transinstitutionnels » des personnes souffrant de troubles psychiques. Nous proposons ici une note de recherche sur l’enquête que nous menons sur l’évolution des services de soins de santé mentale des communautés de langue officielle en situation minoritaire, en particulier, les communautés francophones de l’Est et du Nord ontarien ainsi que de la communauté anglophone de l’Ouest du Québec. Ces regards croisés entre deux régions francophones de l’Ontario et le Montréal anglophone visent une meilleure compréhension de l’impact des facteurs de « langue de service » et de « culture » sur la santé mentale des communautés francophones en situation minoritaire (CFSM).


Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document