Globalisation communicationnelle

Author(s):  
Joseph Levy

Le déploiement des nouvelles technologies de communication, la diversification du cyberespace avec la mise en place de nombreux outils d’échange d’informations et de savoirs (sites, forums de discussion, communautés virtuelles, textes, images, vidéos, enregistrements sonores ) ont modifié de façon significative les enjeux disciplinaires dans les sciences sociales au plan de l’enseignement, de la recherche et des rapports de pouvoir entre centres hégémoniques et périphériques. Comment cette globalisation communicationnelle a-t-elle affecté le champ de l’anthropologie ? Au plan de l’enseignement, Forte (2002) avait déploré la timidité de cette discipline en montrant que dans les cinquante départements les plus importants dans l’anthropologie américaine, le pourcentage des professeurs intéressés à Internet et des cours traitant de ces nouvelles technologies était extrêmement faible. Plusieurs raisons, remises en question par ce chercheur, étaient avancées pour expliquer ce désintérêt (champ déjà couvert par d’autres départements, manque de matériel pour structurer un cours complet, domaine trop spécialisé, pertinence limitée pour les paradigmes anthropologiques). Cette situation pédagogique se retrouverait aussi dans les structures académiques anthropologiques canadiennes (Lévy 2009) où les cours sur Internet seraient très rares, tout comme au plan international comme le montrait la rareté des cours en anthropologie sur la cyberculture (13 cours sur 600 recensés en 2009) dans les départements américains, européens et canadiens, selon une recension effectuée par le Resource Center for Cyberculture Studies (http://rccs.usfca.edu/courselist.asp). Il reste à vérifier si cette conjoncture est encore présente aujourd’hui, mais un balayage rapide sur Internet des références sur ces cours dans le champ anthropologique indique encore qu’ils sont rares. La recension des ressources anthropologiques sur Internet suggère par contre que les carences relevées par Schwimmer (1996) ont été en partie comblées depuis avec l’accès à de nombreuses informations organisées autour de plusieurs domaines, démontrant le dynamisme et la diversité des stratégies utilisées dans l’appropriation anthropologique du cyberespace (Kotter 2005 ; Dupré, Walliser et Lévy 2011) : ressources pédagogiques pré-universitaires et universitaires, annuaires pédagogiques ; outils professionnels (institutions universitaires; annuaires anthropologiques, sites d’associations anthropologiques); sites d’actualités ; pages biographiques ; blogs et wiki ; ressources bibliographiques et audio-visuelles ; ressources muséologiques ; sites ethnographiques à base régionale). La recherche anthropologique sur le cyberespace commence à se développer dès les années 1990, quand les premières théorisations des dimensions anthropologiques du cyberespace sont associées à des perspectives de recherche (De Beer 1998 ; Escobar 1994), donnant lieu à la publication d’études de plus en plus diversifiées sur différents thèmes touchant l’ethnographie des médias digitaux: processus culturels impliqués dans les flux communicationnels, caractéristiques de ces mass-media et rapports de pouvoir, communautés virtuelles, enjeux identitaires, pratiques communicationnelles, idéologies, pouvoir et fossé numérique, dimensions éthiques; digitalisation de la culture, cinéma interactif et photographie digitale, construction des identités ; politiques culturelles, cultures digitales, transmission des savoirs, nouvelles narrativités (Wilson et Peterson 2002, Coleman 2010, De Mul 2010, Lévy et Lasserre 2011, Underberg et Zorn 2013). Les enjeux méthodologiques spécifiques à la recherche sur Internet font aussi l’objet de développements démontrant la diversité des stratégies disponibles, de la Netnographie à l’ethnographie multisites (Isomäki et McPherson, 2014). La globalisation communicationnelle a aussi réduit l’emprise exercée par les instances hégémoniques anthropologiques des universités du Nord, en particulier anglosaxonnes, sur la production des savoirs et leur circulation. La démocratisation de l’accès aux technologies de base avec la diminution des coûts, la simplification des procédures de mise en ligne des contenus et des informations, la disponibilité permanente d’Internet ont modifié les rapports de pouvoir entre centres hégémoniques et périphériques. Ceux-ci se voient fondamentalement transformés, chaque instance d’Internet devenant ainsi un espace d’expression, d’échange et d’influence, relayés par des réseaux nationaux et transnationaux permettant l’amplification de la diffusion des théories, des savoirs et des pratiques anthropologiques jusque là dédaignés et dévalorisés pour les situer dans un contexte mondial. Un exemple de ces possibilités peut être illustré par le site du RAM/WAN, le Réseau des anthropologies du monde (http://www.ram?wan.net/), un collectif d’anthropologues qui se dédie à la promotion d’une anthropologie pluraliste qui veut échapper à la dépendance aux modèles hégémoniques et favoriser l’inclusion des divers courants de réflexion, de théories et de pratiques qui se construisent dans les différents points du globe. Cette diversification est aussi associée à la multiplication des ressources pensées et gérées par les groupes socioculturels eux-mêmes qui visent à des auto-représentations et à la transmission de leur richesse patrimoniale. De nombreuses ONG mises sur pied par des anthropologues militants et des membres des groupes socioculturels se sont ainsi intéressées au développement de nouvelles pratiques, à la défense des droits, à la restitution des données et des collections ainsi qu’à la constitution de mémoires culturelles. Cette globalisation communicationnelle, en transformation rapide, constitue aujourd’hui un horizon incontournable dans la compréhension des configurations socioculturelles contemporaines et la diffusion de nouvelles approches anthropologiques moins occidentalocentriques et plus respectueuses de la diversité des perspectives présentes dans cette discipline.

2006 ◽  
Vol 5 (2) ◽  
pp. 3-11 ◽  
Author(s):  
Jean-Serge Lauzon

Le grand intérêt manifesté envers la question du vieillissement est un phénomène assez récent au Québec. La création récente de l'Association québécoise de gérontologie (1979), de la Fédération de l'âge d'or du Québec (1970) et de l'Association québécoise pour la défense des droits des retraités (1980) en sont quelques manifestations. Les colloques, les enquêtes et les recherches sur le troisième âge se succèdent à un rythme inégalé. Malgré cet engouement pour les problèmes du troisième âge, les principales théories psychosociales du viellissement demeurent toujours fort peu connues dans notre milieu. Le présent article vise à initier le lecteur à certaines de ces théories et à l'informer sur l'évolution de la recherche en ce domaine depuis quelques années. Un regard sur les premières théories psychosociales du vieillissement, qui apparaissent au début des années soixante, nous révèle que celles-ci ont été constituées à une époque où l'analyse fonctionnaliste marquait de son empreinte chacune des sciences sociales.


Author(s):  
Edward Kruk

RésuméL'interruption des relations entre les grands-parents et les petits-enfants n'a pas suscité beaucoup d'attention dans le cadre des recherches en sciences sociales et ce, en dépit du fait que l'importance évidente des liens d'attachement entre le grand-parent et le petit-enfant fasse l'objet de nombreuses discussions. Cet article présente les résultats d'une étude exploratoire sur la perte du contact entre grands-parents et petits-enfants réalisée au moyen d'un sondage mené à travers le Canada aupès des principaux membres de cinq groupes préconisant les droits des grands-parents. Comme les préoccupations de ces groupes de grands-parents l'indiquent, il existe quatre principales séries de circonstances associées à la rupture du contact avec les petits-enfants, soit le divorce des parents, un conflit avec les deux parents, la mort d'un enfant adulte et l'adoption de beaux-parents à la suite d'un remariage. Les grands-parents dont les enfants adultes sont des parents sans la garde de leurs enfants (dans la plupart des cas il s'agit des grands-parents paternels) risquent le plus de perdre le contact avec leurs petits-enfants, et les beaux-enfants adultes semblent être les principaux médiateurs dans la relation continue entre les grands-parents et les petits-enfants. L'interruption de l'accès aux petits-enfants est perçu comme ayant de graves conséquences pour les grands-parents, et cette situation influence grandement les politiques socio-juridiques et la pratique thérapeutique.


2005 ◽  
Vol 9 (1) ◽  
pp. 57-80 ◽  
Author(s):  
Estelle Lebel ◽  
Marguerite Lavallée

L'arrivée en plus grand nombre des femmes en réalisation télévisuelle coïncide avec des changements menaçants pour la profession. Les auteures posent le problème de l'incidence de cette situation sur la pratique et le maintien des femmes dans cette profession où leur minorisation a été contrée par des programmes d'équité. Les résultats d'un questionnaire sur la place des réalisatrices dans la profession et leurs perceptions des différents aspects de leur pratique, par rapport au point de vue des réalisateurs, montrent des différences sur divers plans. Ils révèlent également une évolution de la profession différente selon les générations, la présence de préjugés à l'égard de la facilité des femmes à exercer le métier et la conscience qu'ont celles-ci des enjeux d'une représentation équitable dans la profession. L'introduction des nouvelles technologies dans la réalisation de télévision, quoique bien acceptée des réalisatrices, risque, par les effets secondaires qu'elles entraînent, d'affecter à plus ou moins long terme, leur présence dans la profession.


Author(s):  
Vincent Bodart ◽  
Raouf Boucekkine

Afin d'expliquer les performances exceptionnelles (croissance soutenue, faible niveau de chômage et de l’inflation, forte accélération de la productivité) de l’économie américaine durant la décennie passée, plusieurs économistes ont évoqué l'émergence d'une "Nouvelle Economie", faisant référence au développement fulgurant des nouvelles technologies de l'information et des communications (TIC). Les partisans de la "Nouvelle Economie" estiment en effet que ces nouvelles technologies ont modifié de façon profonde le fonctionnement de l'économie et que, à l’instar d'autres innovations technologiques importantes au début du siècle passé, elles sont le vecteur d’une nouvelle ère de croissance et de prospérité. Mais est-ce vraiment le cas ? Malgré de fort nombreux aménagements de la comptabilité nationale américaine visant à mieux tenir compte des effets de l’usage des TIC sur la croissance de la productivité, les dernières études statistiques publiées à la fin du premier trimestre 2002, dressent un tableau mitigé de la situation. En particulier, l’impact de l’usage des TIC sur la croissance de la productivité dans les services ayant le plus investi en TIC est parfois même négatif ! De quoi susciter de réelles interrogations sur les mesures effectuées mais aussi et surtout sur les vertus de l’informatisation. Sur la base de certains enseignements récents de la théorie économique, l'article de Regards Economiques revient sur cette dernière question pour tirer quelques conclusions utiles sur le cas d’un "petit" pays comme la Belgique ! A l’évidence, les nouvelles technologies ont créé de réelles opportunités, mais transformer ces opportunités en croissance économique soutenable et créatrice d’emplois nouveaux et stables n’est pas sans coût. La nécessité de réorganiser le travail pour accompagner l’informatisation n’est qu’un défi parmi d’autres pour en assurer le succès et la pérennité. De fait, une informatisation réussie repose au moins sur deux piliers fondamentaux : réorganisation du travail (vers plus d’autonomie notamment) et modernisation soutenue par un effort constant en R&D et/ou d’adoption maîtrisée des avances technologiques. Pour un "petit" pays comme la Belgique et vu le niveau actuel des ressources dévolues à la recherche comme en atteste le dernier rapport sur la R&D en Belgique, l’effort de modernisation ne consiste évidemment pas à lancer des plans de R&D à même de concurrencer Intel ou Microsoft mais à assurer une diffusion rapide des TIC et à développer les qualifications à même de faciliter cette diffusion. Les niveaux actuels de diffusion en Belgique sont de toute évidence trop faibles pour espérer un gain significatif et durable en terme de productivité ou de croissance de PIB et de l’emploi. Mais même si le niveau de diffusion est élevé, l’expérience américaine nous apprend que cela ne garantit pas à coup sûr une augmentation généralisée du taux de croissance de la productivité. Il semble de plus en plus avéré que l’investissement en TIC n’est décisif en termes de gains de productivité que s’il est accompagné d’un changement organisationnel vers plus d’autonomie et de polyvalence notamment. Un troisième pilier sur lequel doit reposer tout processus d’informatisation concerne le volet institutionnel. L’effondrement de très nombreuses start-ups américaines et européennes entre 2000 et 2002 (la dernière à déposer son bilan n’est pas des moindres : Napster) et le procès Microsoft sont autant d’indicateurs des problèmes institutionnels inhérents à la "Nouvelle Economie" et notamment à son volet commerce électronique. Le problème est bien connu : les start-ups vendent un bien particulier, l’information, qui s’avère très facile à copier alors même que sa production est en général coûteuse. Par ailleurs, l’utilisation d’Internet permet aux consommateurs de comparer les prix, ce qui tend à rogner considérablement les profits des entreprises. Mais en même temps, la valeur de nombreux biens d’information, comme par exemple les softwares, augmente avec le nombre d’utilisateurs (c’est la notion d’externalités de réseau), donnant lieu à des monopoles naturels. Dans cette configuration, le démantèlement des monopoles peut avoir des effets négatifs sur le bien-être des consommateurs, sans compter les effets désastreux que cela peut engendrer sur le financement de la R&D, aspect si essentiel dans la viabilité d’un régime de croissance tiré par les TIC.


2016 ◽  
Vol 71 (1) ◽  
pp. 3-32 ◽  
Author(s):  
Paul-André Lapointe ◽  
Catherine Bach

Les micro-données de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada sont utilisées dans le cadre d’une approche centrée sur les professions, qui repose elle-même sur l’approche des régimes d’emploi. Les auteurs construisent une typologie des professions en huit classes. Sur la base de la part relative des classes professionnelles dans l’emploi salarié, il appert que les professionnels et les techniciens, tant dans les sciences naturelles et dans les nouvelles technologies de l’information et des communications que dans les sciences sociales et dans les sciences de la santé, ont enregistré la croissance la plus importante ; les employés faiblement qualifiés dans les services interpersonnels ont également connu une croissance, tandis que les cols bleus et les cols blancs ont subi un déclin alors que les cadres supérieurs et les professionnels de la finances se sont enlisés dans la stagnation. Toutefois, ces derniers se sont avéré être les véritables gagnants de la répartition des revenus au cours de la période. Sur le plan de la qualité des emplois mesurée par la croissance relative des professions regroupées en quintiles de revenus, on observe un phénomène de polarisation asymétrique : les quintiles supérieurs regroupant les bons emplois, ont connu une croissance plus élevée que le quintile inférieur, associé aux mauvais emplois, alors que les quintiles intermédiaires ont régressé. On enregistre également une croissance des inégalités salariales, en ce sens que les salaires du quintile supérieur se sont accrus plus rapidement que ceux des autres quintiles de revenus. Enfin, le Québec et le Canada appartiennent au régime néolibéral. Le Québec est, certes, une société plus égalitaire, mais, contrairement aux pays du modèle social-démocrate, ce caractère « distinctif » n’est pas le résultat de politiques sociales plus progressistes et d’un syndicalisme davantage inclusif qui auraient rehaussé les salaires du quintile inférieur ; il s’explique plutôt par la stagnation, voire le déclin, de l’emploi dans le quintile supérieur et des salaires dans le quatrième quintile.


Author(s):  
Vincent Bodart ◽  
Raouf Boucekkine

Afin d'expliquer les performances exceptionnelles (croissance soutenue, faible niveau de chômage et de l’inflation, forte accélération de la productivité) de l’économie américaine durant la décennie passée, plusieurs économistes ont évoqué l'émergence d'une "Nouvelle Economie", faisant référence au développement fulgurant des nouvelles technologies de l'information et des communications (TIC). Les partisans de la "Nouvelle Economie" estiment en effet que ces nouvelles technologies ont modifié de façon profonde le fonctionnement de l'économie et que, à l’instar d'autres innovations technologiques importantes au début du siècle passé, elles sont le vecteur d’une nouvelle ère de croissance et de prospérité. Mais est-ce vraiment le cas ? Malgré de fort nombreux aménagements de la comptabilité nationale américaine visant à mieux tenir compte des effets de l’usage des TIC sur la croissance de la productivité, les dernières études statistiques publiées à la fin du premier trimestre 2002, dressent un tableau mitigé de la situation. En particulier, l’impact de l’usage des TIC sur la croissance de la productivité dans les services ayant le plus investi en TIC est parfois même négatif ! De quoi susciter de réelles interrogations sur les mesures effectuées mais aussi et surtout sur les vertus de l’informatisation. Sur la base de certains enseignements récents de la théorie économique, l'article de Regards Economiques revient sur cette dernière question pour tirer quelques conclusions utiles sur le cas d’un "petit" pays comme la Belgique ! A l’évidence, les nouvelles technologies ont créé de réelles opportunités, mais transformer ces opportunités en croissance économique soutenable et créatrice d’emplois nouveaux et stables n’est pas sans coût. La nécessité de réorganiser le travail pour accompagner l’informatisation n’est qu’un défi parmi d’autres pour en assurer le succès et la pérennité. De fait, une informatisation réussie repose au moins sur deux piliers fondamentaux : réorganisation du travail (vers plus d’autonomie notamment) et modernisation soutenue par un effort constant en R&D et/ou d’adoption maîtrisée des avances technologiques. Pour un "petit" pays comme la Belgique et vu le niveau actuel des ressources dévolues à la recherche comme en atteste le dernier rapport sur la R&D en Belgique, l’effort de modernisation ne consiste évidemment pas à lancer des plans de R&D à même de concurrencer Intel ou Microsoft mais à assurer une diffusion rapide des TIC et à développer les qualifications à même de faciliter cette diffusion. Les niveaux actuels de diffusion en Belgique sont de toute évidence trop faibles pour espérer un gain significatif et durable en terme de productivité ou de croissance de PIB et de l’emploi. Mais même si le niveau de diffusion est élevé, l’expérience américaine nous apprend que cela ne garantit pas à coup sûr une augmentation généralisée du taux de croissance de la productivité. Il semble de plus en plus avéré que l’investissement en TIC n’est décisif en termes de gains de productivité que s’il est accompagné d’un changement organisationnel vers plus d’autonomie et de polyvalence notamment. Un troisième pilier sur lequel doit reposer tout processus d’informatisation concerne le volet institutionnel. L’effondrement de très nombreuses start-ups américaines et européennes entre 2000 et 2002 (la dernière à déposer son bilan n’est pas des moindres : Napster) et le procès Microsoft sont autant d’indicateurs des problèmes institutionnels inhérents à la "Nouvelle Economie" et notamment à son volet commerce électronique. Le problème est bien connu : les start-ups vendent un bien particulier, l’information, qui s’avère très facile à copier alors même que sa production est en général coûteuse. Par ailleurs, l’utilisation d’Internet permet aux consommateurs de comparer les prix, ce qui tend à rogner considérablement les profits des entreprises. Mais en même temps, la valeur de nombreux biens d’information, comme par exemple les softwares, augmente avec le nombre d’utilisateurs (c’est la notion d’externalités de réseau), donnant lieu à des monopoles naturels. Dans cette configuration, le démantèlement des monopoles peut avoir des effets négatifs sur le bien-être des consommateurs, sans compter les effets désastreux que cela peut engendrer sur le financement de la R&D, aspect si essentiel dans la viabilité d’un régime de croissance tiré par les TIC.


Author(s):  
Chowra Makaremi

RésuméDans les états occidentaux, les politiques migratoires restrictives des trente dernières années ont entraîné un changement dans les pratiques de contrôle, menant à la construction d'institutions de détention aux frontières. L'incarcération aux frontières suscite un questionnement important à propos des droits fondamentaux, questions portant sur les notions de légalité et de légitimité ainsi que sur la définition des nouvelles technologies du gouvernement. En France, les origines de l'incarcération aux frontières démontrent comment des pratiques administratives préexistantes ont été légalisées à l'aide de l'adoption de « zones d'attentes », nouveau régime d'incarcération qui rehausse les conditions de détention ainsi que le contrôle disciplinaire sur les détenus. Pour les activistes qui font la revendication des droits humains et qui s'opposent à l'incarcération aux frontières depuis la seconde moitié des années 1970, ce développement représente des gains paradoxaux et un dilemme difficile : les droits accordés par l'État aux voyageurs incarcérés aux frontières ont demeurés insuffisants tandis que la légalisation a permis la création de nouveaux mécanismes de contrôle. L'étude de l'incarcération aux frontières implique une analyse des paradoxes créés par les négociations constantes entre, d'une part, une administration voulant resserrer son contrôle sur les frontières et, d'autre part, certains groupes civils dont les préoccupations incluent la défense des droits de base et l'encadrement légal des pratiques du contrôle. Les conditions des processus d'exclusion de l'administration légale sont soulignées, en France, par la diffusion des modèles de l'administration pénitentiaire et l'ambiguïté de la loi. Qu'est-ce que ces processus révèlent sur l'évolution des régimes gouvernementaux à l'intérieur de systèmes libéraux basés sur les droits?


2020 ◽  
Vol 16 (32) ◽  
Author(s):  
Alexis Ndabarushimana ◽  
Côme Ndikumana

De nos jours l’utilisation intensive et abusive des ressources et le rejet des déchets dans l’environnement continuent à détériorer notre milieu. Cette situation n’est pas sans effet néfaste sur la santé humaine, l’économie, la production alimentaire, le tourisme et l’écologie. Chaque jour la pollution de notre environnement augmente, la santé humaine est de plus en plus mise en danger, mais nous nous n’en préoccupons pas comme il faut. L’étude porte sur l’analyse du rôle de la Coopérative ‘‘Isuku iwacu’’ de la Zone Kinama dans la lutte contre l’insalubrité au sein des communautés locales de la Mairie de Bujumbura. Mais alors, quelles sont les causes de l’insalubrité au sein des communautés locales en zone Kinama? Et quelles sont les conséquences de l’insalubrité sur la santé des populations de la zone Kinama? L’insalubrité dans la zone Kinama est très critique. Des immondices, caniveaux bouchés et les restaurants qui déversent des restent des épluchures au bord des rues causent l’insalubrité et la raison d’être de la coopérative « Isuku iwacu » est la lutte contre cette insalubrité. Les méthodes qualitative et quantitative ont été utilisées. 95 chefs de ménages ont été enquêtés à l’aide d’un questionnaire. Le superviseur de la coopérative « Isuku iwacu », les chefs des quartiers ainsi que le chargé d’hygiène dans la zone de Kinama ont été interviewés. Le logiciel statistique pour les sciences sociales (SPSS) version 22 nous ont guidés à obtenir les résultats. Le manque de dépotoir, la non évacuation des déchets des ménages, le refus de payer la coopérative, le manque de sensibilisation de la part des autorités et le manque des camions en bon état ont été identifiées par les enquêtés comme causes de l’insalubrité en zone Kinama, respectivement à 86,3 %, 94,7%, 82,1%, 94,7% et 76.8%. Les mauvaises odeurs, les maladies des mains salles, la dysenterie, les vers intestinaux, la malaria, la diarrhée et les maladies de la peau ont été identifiées, respectivement à 35,8%, et 98,9%, 87,4%, 81,1%, 53,7%, 88,4% et 65,3% comme étant les conséquences majeures de l’insalubrité en zone Kinama.


2019 ◽  
Vol 31 (1) ◽  
pp. 109-125
Author(s):  
Naomi Fortier-Fréçon ◽  
Leia Laing

L’intégration des thèmes reliés à la réconciliation tel que demandé dans les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada dans les cours de langue française permet aux élèves d’analyser les relations de pouvoir du discours normatif qui favorise le privilège blanc. Cependant, pour les élèves qui vivent dans un contexte où le français est la langue de la minorité, il y a aussi le défi d’avoir accès à des ressources appropriées et des opportunités d’utiliser la langue française à l’extérieur du contexte scolaire. Cette réalité peut favoriser une difficulté au niveau de la compréhension de thèmes complexes tels que la discrimination et le racisme. Cette situation peut avoir pour effet de complexifier l’apprentissage de la langue seconde. L’approche multidisciplinaire s’avère être une avenue pour encourager le développement langagier des élèves. Cet article relate une expérience menée auprès d’élèves du secondaire inscrit dans un programme d’immersion française dans le cadre de leur cours de français art langagier et de leurs cours de sciences sociales. L’expérience que nous avons vécue avec nos élèves dans le cadre de ce projet éducatif nous permet d’identifier ce qui contribue à transformer les attitudes et à encourager le changement social au sujet d’une meilleure compréhension des enjeux reliés à la culture et aux traditions autochtones au Canada tout en favorisant le développement de la langue française.


Target ◽  
1989 ◽  
Vol 1 (2) ◽  
pp. 215-237 ◽  
Author(s):  
José Lambert

Résumé Dans la seconde moitié du XXe siècle, les mass-media ont rendu si international le discours quotidien que la question des traductions y est devenue un problème-clef, pour la traduction en général comme pour la question de la communication. Non seulement les traductions sont-elles omniprésentes, elles sont également camouflées et elles suivent des stratégies symptomatiques, en fonction des relations entre les centres émetteurs—leur nombre est réduit—et les milieux d'arrivée. Ainsi la traduction est une des solutions apportées au problème du multilinguisme qui caractérise la nouvelle carte mondiale des langues. Quelques notes sur le sous-titrage indiquent comment, dans une culture donnée, les nouvelles technologies exploitent le discours traduit.


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