scholarly journals Dynamiques forestières à l'ère anthropocène : mise au point sémantique et proposition de définitions écologiques

2021 ◽  
Vol 73 (1) ◽  
pp. 21-52
Author(s):  
Guillaume Decocq ◽  
Jean-Luc Dupouey ◽  
Laurent Bergès

Dans cette mise au point sémantique, nous proposons de formaliser une série de définitions des termes les plus fréquemment utilisés pour qualifier une forêt selon son degré d’anthropisation. La forêt est appréhendée ici sous sa dimension écosystémique, incluant biotope et biocœnose. Dans un souci de robustesse conceptuelle, nous nous appuyons sur quatre théories scientifiques : la théorie des communautés végétales, la théorie des successions écologiques, la théorie des perturbations et la théorie de la hiérarchie, dont les contributions sont brièvement analysées. Sur cette base, nous reprenons un certain nombre de définitions et en proposons de nouvelles, de manière à qualifier une forêt selon quatre attributs fondamentaux : son origine et sa genèse ; son degré de naturalité ; son historicité et sa morphologie. Chaque définition est explicitée, argumentée et illustrée à l’aide d’exemples concrets. Nous concluons par une réflexion ouverte sur le concept d’état de référence pour une forêt.

2020 ◽  
Vol 78 ◽  
pp. 09004
Author(s):  
Mathilde Hutin ◽  
Adèle Jatteau ◽  
Ioana Vasilescu ◽  
Lori Lamel ◽  
Martine Adda-Decker

Le schwa est une voyelle faible ou réduite notée [ә] alternant avec zéro et restreinte aux syllabes non-accentuées. En français standard, il peut faire surface à l’intérieur ou en fin de mot. Nous proposons ici une étude du schwa final de mot exclusivement, en particulier par le prisme de la question du schwa final en tant que « lubrifiant phonétique » (Purse 2019). Le schwa final est-il réellement un lubrifiant ? Joue-t-il seulement un rôle sur le plan exclusivement phonétique ? Pour répondre à ces questions, nous avons utilisé trois très grands corpus du français (plus de 110 heures de discours) pour établir la présence du schwa final selon les contraintes phonotactiques (la loi des trois consonnes, Grammont 1894) et le style de parole, mais aussi son rôle sur les phénomènes d’adjacence de bas niveau que sont le dévoisement final et l’assimilation régressive de voisement en français standard. Nous concluons que le schwa final est en effet corrélé au nombre de consonnes dans la séquence, et au style de parole ; de surcroît, sa présence est significativement corrélée à beaucoup moins d’effets d’adjacence – comme s’il jouait le rôle de bouclier, facilitant l’adéquation entre forme de surface et forme sous-jacente.


Author(s):  
Prudence Caldairou-Bessette ◽  
Janique Johnson-Lafleur ◽  
Lucie Nadeau ◽  
Mélanie Vachon ◽  
Cécile Rousseau

Cet article présente quelques réflexions critiques issues de la démarche inductive de deux projets de recherche impliquant des enfants. Ces projets portent sur les services publics en santé mentale jeunesse (SMJ), l’un avec des familles réfugiées et l’autre avec une population générale, tous deux intégrant le jeu et le dessin aux entretiens avec les enfants. Après avoir posé les bases critiques et inductives de la recherche « avec » les enfants, nous présentons quelques éléments de notre approche méthodologique. Cette dernière se situe entre les méthodes projectives de la clinique et les méthodes créatives de la recherche, en proposant un usage narratif, expressif et exploratoire de la projection. La démarche inductive de recherche est présentée à travers l’expérience de l’élaboration méthodologique et de la cueillette de données auprès des enfants. Six exemples sont tirés des projets pour illustrer nos questionnements autour de la directivité des entretiens et de leur exigence pour les enfants, de même que des interrogations autour du degré projectif impliqué, qui change le potentiel interprétatif en le rendant plus complexe, mais aussi plus riche. Nous concluons en proposant une conception créative de la projection en recherche comme un espace de jeu participatif. Cet espace de jeu est également envisagé comme contribuant à l’éthique de la recherche. Finalement, nous proposons, pour des recherches ultérieures, de faire participer les enfants à l’élaboration des méthodologies. Nous terminons en soulignant la pertinence d’une démarche inductive pour développer une réflexion critique en recherche.


2014 ◽  
Vol 43 (1) ◽  
pp. 163-180 ◽  
Author(s):  
Normand Trempe ◽  
Marie-Claude Boivin ◽  
Ernest Lo ◽  
Amadou Diogo Barry

La mortalité est une des mesures de la santé globale de la population les plus utilisées et on peut y intégrer une composante linguistique et culturelle en utilisant la langue d’usage à la maison qui est inscrite au Registre des décès du Québec. Nous avons exploré les fichiers des décès du Québec de 1990 à 2007 afin de mesurer les proportions d’absence de réponse selon différentes variables comme la région sociosanitaire, l’établissement ou le type de déclarant. Nous concluons à la suite de cette étude exploratoire que l’information est suffisamment exacte pour donner un portrait réaliste de la mortalité par groupes linguistiques. Nous recommandons de faire une imputation pour les valeurs manquantes et nous proposons certaines améliorations à l’enregistrement de la variable linguistique au Registre des décès du Québec.


2016 ◽  
Vol 34 (1-2-3) ◽  
pp. 39-57
Author(s):  
Estanislao Sofia

Le présent article aborde le problème de l’auctorialité du Cours de linguistique générale, publié en 1916 par Ch. Bally et A. Sechehaye, avec la collaboration d’A. Riedlinger, sous le nom d’auteur de Ferdinand de Saussure (1857-1913). Cette décision éditoriale ayant été maintes fois questionnée, mais rarement interrogée en profondeur, nous nous proposons de décortiquer quelques-uns parmi les arguments les plus poussés autour de cette problématique. Nous concluons que cette question n’est pas intéressante en soi, mais dépend des critères (historiques, biographiques, théoriques, etc.) que l’on voudra bien tenir pour pertinents. La réponse à la question qu’on pose dans le titre – qui est l’auteur du Cours de linguistique générale? – ne pourra alors pas aspirer à l’univocité; elle variera en fonction des intérêts sous-jacents aux positions de ceux qui prennent la peine d’y répondre.


Author(s):  
Esteban Giner

Afin de dépasser les concepts d’expressive games et de persuasive games, nous proposons un cadre sémio-pragmatique en mobilisant des outils des sciences de l’éducation et ce afin de qualifier la persuasivité, le caractère persuasif, d’un game design. Nous concluons à la nécessité d’envisager la persuasivité d’un jeu vidéo sous la forme d’un continuum. Les discours sont alors le produit de controverses entre la machine et l’opérateur·rice et ce au travers de situations de communication plus ou moins persuasives, plus ou moins expressives. Afin de développer notre réflexion, nous mobilisons le jeu Night In The Woods qui propose à son joueur ou sa joueuse de parcourir Possum Springs, une ville fictive de la Rust Belt dont la désindustrialisation fut aggravée par la crise des subprimes. Porteur de nombreux discours sur la situation des ménages après la crise, le jeu se révèle expressif sur cette problématique bien qu’il puisse être persuasif sur les autres thématiques qu’il aborde.


2002 ◽  
Vol 27 (1) ◽  
pp. 11-26 ◽  
Author(s):  
Jaegwon Kim

RÉSUMÉ Une des doctrines centrales de l’émergentisme est la thèse selon laquelle certaines propriétés d’un tout sont émergentes, en ce sens qu’elles sont irréductibles aux propriétés de base dont elles émergent — c’est-à-dire qu’elles ne peuvent ni être prédites, ni être expliquées à partir de leurs conditions sousjacentes. Pour comprendre et évaluer cette thèse correctement, il est essentiel que nous disposions d’un concept adéquat de réduction. Nous examinons d’abord le modèle classique de la réduction interthéorique de Nagel, et nous soutenons qu’il ne nous fournit pas une base adéquate pour comprendre la thèse émergentiste. Nous proposons ensuite un autre modèle de réduction, celui de la « réduction fonctionnelle », et nous montrons qu’il constitue une base adéquate permettant d’évaluer la thèse émergentiste. Nous concluons avec une brève discussion de la question de savoir si les propriétés phénoménales d’expériences conscientes, ou qualia , sont émergentes.


Phronesis ◽  
2012 ◽  
Vol 1 (4) ◽  
pp. 4-20 ◽  
Author(s):  
Alexandre Buysse

Nous nous proposons de considérer l’enseignement comme une forme socioculturelle. Nous suggérons que l’intériorisation des médiations inclut non seulement des concepts, mais un ensemble de dimensions des médiations. Cet ensemble de dimensions permet de définir une forme. Chaque étudiant tente de donner un sens aux savoirs et à ses expériences en se fondant sur des microformes préalablement subjectivées. Les formations permettent néanmoins l’émergence d’une forme socioculturelle subjectivée. Dans le cas des formations, en alternance, à l’enseignement, le processus se complexifie par l’origine différente des savoirs transmis. Nous concluons en esquissant quelques implications de cette notion de forme sur la formation des enseignants.


Author(s):  
Muriel Dejemeppe ◽  
Bruno Van der Linden

A une époque où les restructurations et les licenciements collectifs sont omniprésents, les perspectives en cas de perte d'emploi apparaissent extrêmement sombres. Pour objectiver cette perception, ce numéro de Regards économiques quantifie le nombre global de demandeurs d'emploi wallons par offre d'emploi en 2012. On entend souvent dire qu'il y aurait globalement une opportunité d'emploi pour environ 40 demandeurs d'emploi sur le territoire wallon. Nous expliquons en quoi le mode de calcul sur lequel repose cet ordre de grandeur est critiquable et nous proposons une mesure améliorée du ratio moyen entre demandeurs d'emploi et emplois vacants en Wallonie. Selon notre calcul, il y avait, en 2012, de l'ordre de 5 demandeurs d'emploi wallons par opportunité d'emploi diffusée par le Forem. Ce nombre baisse davantage si l'on tient compte des offres d'emploi non publiées au Forem, des postes vacants intérimaires ou des offres transmises par les autres Régions ou d'autres partenaires du Forem. Nous concluons qu'il y a bien un manque relatif d'offres d'emploi par rapport au nombre de chômeurs en Wallonie, mais on est loin de l'ampleur habituellement rapportée. Soulignons toutefois que diviser un nombre total de demandeurs d'emploi par une mesure globale des emplois vacants n'apporte aucun éclairage sur les facteurs qui freinent la rencontre entre les demandeurs d'emploi et ces offres. "Le problème de la Wallonie, c'est le manque d'offres d'emploi", entend-on dire souvent. Pour étayer cette affirmation, d'aucuns s'appuient sur des statistiques renseignant le nombre de demandeurs d'emploi par offre d'emploi vacante. A titre d'exemple, le SPF Travail, Emploi et Concertation Sociale rapporte (voir http://www.emploi.belgique.be/moduledefault.aspx?id=21166#AutoAncher7, tableau IDH03) qu'en 2012, il y avait plus de 40 demandeurs d'emploi par opportunité d'emploi en Wallonie. Pour établir ce ratio, le SPF met en rapport, d'une part, le nombre de demandeurs d'emploi inoccupés wallons recensés par le Forem au 30 juin 2012 et, d'autre part, le nombre d'emplois vacants que ce même organisme recense (hors emplois intérimaires) et qui sont en suspens (c'est-à-dire non satisfaits) au 30 juin 2012. Ce mode de calcul est critiquable à plus d'un titre : Que nous apprend ce rapport qui divise un stock de chômeurs au 30 juin et un stock d'offres d'emploi en attente d'être satisfaites au même moment ? L'inverse de ce rapport, à savoir 1 divisé par 40, soit 2,5 %, nous renseigne la probabilité instantanée moyenne qu'un chômeur wallon trouve un emploi s'il n'y avait aucun frein à l'appariement. Les demandeurs d'emploi présents dans le stock le 30 juin 2012 avaient donc au mieux 2,5 % de chances de s'apparier le lundi 2 juillet 2012 avec un emploi vacant disponible dans le stock. Ce pourcentage est faible, mais il est normal que les chances de trouver une opportunité d'emploi soient d'autant plus petites que la durée pendant laquelle on est susceptible de trouver un emploi est courte (l'instant qui suit). Si on prend un horizon de temps plus long (comme celui d'une année), de nouvelles offres d'embauche apparaissent, celles qui étaient disponibles à la fin de mois de juin sont progressivement pourvues. Par ailleurs, des personnes entrent en chômage, renforçant la concurrence pour les emplois disponibles, tandis que d'autres quittent le chômage, atténuant cette même concurrence. En tenant compte de ces flux et en utilisant les mêmes concepts de chômage et d'emploi vacant que ceux du SPF, nous obtenons un ratio de 5 demandeurs d'emploi wallons par opportunité d'emploi en 2012, soit 8 fois moins que celui rapporté par le SPF. Le nombre de postes vacants pertinents pour les demandeurs d'emploi wallons se distingue du nombre d'offres d'emploi recensées par le Forem. Cette affirmation renvoie notamment au fait que le taux d'utilisation du Forem comme canal de recrutement par les employeurs wallons serait de l'ordre de 50 %. Si on inclut une correction des opportunités d'embauche en Wallonie pour celles non diffusées par le Forem, il y avait, en 2012, de l'ordre de 3 demandeurs d'emploi wallons par opportunité d'emploi sur le territoire wallon. Ce nombre augmente si on restreint les offres aux seuls contrats à durée indéterminée. Ce nombre baisse si l'on tient compte des offres d'emploi intérimaires ou encore des offres transmises par les autres Régions dans le cadre de l'accord sur l'échange systématique des offres d'emploi entre les organismes publics régionaux de l'emploi et d'autres partenaires. Ce regard sur la situation globale du marché du travail wallon en 2012 n'a naturellement pas valeur de prédiction pour 2013, qui devrait être, selon plusieurs sources, plus défavorable sur le plan des créations d'emploi et du chômage. Selon le Forem (Marché de l'Emploi, Février 2013, p. 5), en janvier 2013, «le nombre d'opportunités d'emploi diffusé par le Forem est en recul sur base annuelle : - 19,1 % par rapport à janvier 2012. Cette baisse ne concerne pas celles bénéficiant d'aides publiques (+ 2,8 %)». En janvier 2013, le nombre de demandeurs d'emploi inoccupés wallons était quant à lui supérieur de 1 % par rapport à janvier 2012.


2018 ◽  
Vol 22 (1) ◽  
pp. 12-18 ◽  
Author(s):  
Guy Parmentier ◽  
Bérangère L. Szostak ◽  
Charles-Clemens Rüling

La mondialisation impose aux organisations d’innover et se renouveler à un rythme très rapide. Dans un tel contexte, les idées s’imposent comme une ressource centrale et stratégique que l’organisation doit gérer et développer. La créativité organisationnelle devient donc un enjeu de différentiation pour les organisations, et même une réponse à l’enjeu de survie des organisations. Nous proposons d’enrichir les débats relatifs à la créativité organisationnelle en management stratégique en abordant la question de la gestion des idées créatives, de leurs libres parcours dans et en dehors de l’organisation, et de l’émergence de la créativité organisationnelle en tant que capacité créative. Nous concluons par des pistes de recherche à explorer pour caractériser les capacités créatives, et les considérer comme des capacités organisationnelles à part entière.


Dialogue ◽  
1998 ◽  
Vol 37 (3) ◽  
pp. 545-570 ◽  
Author(s):  
Béla Szabados ◽  
Eldon Soifer

RésuméCet article examine diverses façons d'exploiter l'éthique aristotélicienne pour rendre compte philosophiquement de l'hypocrisie. Aristote lui-même n'apas dit grand chose d'explicite à ce sujet, mais nous nous employons à identifier et à scruter les passages qui sont les plus pertinents pour un traitement distinctif de l'hypocrisie, élucidant en cours de route un certain nombre de confusions à propos d'Aristote. Nous envisageons divers domaines d'émotion et d'action qui pourraient fournir un lieu propre au vice de l'hypocrisie, ceux en particulier de l'engagement personnel, du souci à l'égard des opinions d'autrui, et de la sincérité. Nous concluons de cet examen que la doctrine du juste milieu ne fournit pas une explication satisfaisante de l'hypocrisie. Nous proposons alors que si un système moral comme celui d' Aristote doit rendre compte de la moralité dans son entièreté, il lui faut trouver place pour des phénomènes qui excèdent les limites de la doctrine du juste milieu. L'hypocrisie, selon nous, appartient précisément à cette famille de phénomènes. Finalement, nous esquissons une approche de l'hypocrisie qui fait usage d'éléments aristotéliciens, mais sans pour autant s'y confiner.


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