scholarly journals Stress et santé au travail chez les éducatrices en garderie : le rôle atténuateur du soutien social

2006 ◽  
Vol 14 (2) ◽  
pp. 39-50 ◽  
Author(s):  
Réjean Tessier ◽  
Guylaine Dion ◽  
Claude Mercier

Résumé Dans cette étude, qui concerne le milieu de travail en garderie, quatre questions sont abordées: l'état de stress des travailleuses en garderies est-il plus élevé que celui observé dans une population standard ? Y a-t-il des dimensions du travail qui sont davantage associées à l'état de stress personnel ? Quel lien peut-on établir entre l'état de stress et l'état de santé dans cette population ? Enfin, le soutien social peut-il atténuer l'impact nocif de certains environnements de travail ? Cent soixante-cinq travailleuses, dont 85 % sont des éducatrices, participent à l'étude sur une base volontaire à la suite de la sélection aléatoire de leur garderie. Elles répondent à cinq questionnaires afin de mesurer l'état de stress, la santé mentale, la santé physique, le soutien émotif du conjoint et l'échelle de stresseurs au travail. Selon les résultats obtenus, l'état de stress de ces travailleuses n'est pas plus élevé, en moyenne, que celui observé dans une population standard; toutefois, les situations de travail concernant le contrôle des enfants, les relations entre les membres du personnel ainsi que l'impression de surcharge sont parmi les situations environnementales les plus stressantes. Par ailleurs, ces situations de travail, même les plus stressogènes, ne sont pas associées à l'état de santé physique ou mental des travailleuses. C'est l'état de stress qui, par son rôle de variable intermédiaire, fait le lien entre les sources de tensions et l'état de santé. Enfin, le soutien social est relié à l'état de stress mais n'a aucun lien direct avec l'état de santé physique ou mental. Le soutien apporté par le conjoint représente une protection efficace et régulière contre une élévation de l'état de stress. Plusieurs implications méthodologiques sont discutées.

Author(s):  
Loïc Lerouge

Le droit à la santé au travail doit-il être considéré comme un droit fondamental ou bien le droit fondamental à la santé s’applique-t-il directement au travail ? L’approche de la santé au travail au prisme des textes internationaux relatifs aux droits fondamentaux et aux droits de l’Homme, aussi l’évolution au regard de la reconnaissance de la santé mentale au travail au côté de la santé physique au regard notamment de l’essor des risques organisationnels, amènent à nous interroger sur la portée du droit fondamental à la santé à l’aune du travail. C’est une question de grande importance aujourd’hui, notamment au regard de la reconnaissance des risques psychosociaux au travail, mais également des atteintes à la santé mentale au travail notamment en raison d’organisations du travail qui aujourd’hui impactent de plus en plus la santé mentale des travailleurs. Pour répondre à ces interrogations, la reconnaissance et les enjeux liés au droit à la santé au travail doivent être explicités et précisés. Ces enjeux se prolongent dans l’objectif de garantir une meilleure protection de la santé physique et mentale au travail et d’asseoir une approche préventive tout en intégrant dorénavant de nécessaires questionnements de l’ordre de l’éthique. Les pages suivantes sont dédiées à la reconnaissance et aux enjeux du droit à la santé au travail et à sa qualification ou non comme droit fondamental.


Author(s):  
Andrée-Ann Deschênes ◽  
Audrey Rodrigue ◽  
Kimberley D. Gagnon

Selon la littérature, le travail du policier est un métier à risque étant donné son contexte d’intervention souvent urgent et imprévisible (De Soir, Daubechies et Van den Steene, 2012; cités par Desjardins, 2018). Le métier de policier comporte également un double mandat, soit celui de protéger la population tout en faisant régner l’ordre (Oligny, 1991). Ces particularités rendent le travail des policiers plus à risque que d’autres métiers sur le plan de la santé mentale (Marchand, 2007). Malgré l’importance accordée à la santé au travail et les risques associés au métier de policier, peu d’études empiriques sont répertoriées à ce sujet au sein de cette population. Silveri (2017) a identifié dans son article le soutien social par les collègues et par les supérieurs comme faisant partie des ressources les plus importantes pour atténuer les « effets des exigences du travail sur le stress ». La présente recherche s’intéresse plus spécifiquement à l’effet des relations interpersonnelles (variable indépendante) et du soutien social (variable indépendante) sur la santé psychologique des policiers (variable dépendante). Le modèle théorique de Gilbert, Dagenais-Desmarais et Savoie (2011) a été retenu pour définir la variable dépendante composée du bien-être psychologique (BEPT; sérénité, engagement et harmonie sociale) et de la détresse psychologique (DET; anxiété, désengagement et irritabilité). La présente étude suppose que la qualité perçue des relations interpersonnelles avec les collègues et le supérieur ainsi que le soutien social sont reliés positivement au bien-être psychologique. L’étude suppose également que la qualité des relations  et le soutien social [...]


2020 ◽  
Vol 59 (3) ◽  
pp. 248-255
Author(s):  
Jean-Marc Guilé ◽  
Nicolas Benard ◽  
Olivier Bourdon ◽  
Yann Griboval ◽  
Hélène Lahaye ◽  
...  

Une intervention psychothérapeutique protocolisée a été mise au point par Stanley et associés pour aider à prévenir de futurs comportements suicidaires chez les personnes qui ont déjà fait une tentative de suicide. Le plan de sécurité (PS) fournit aux suicidants une planification écrite, personnalisée, étape par étape, des stratégies de protection et d’adaptation (coping) à mettre en œuvre en cas de crise suicidaire. Le PS comprend six éléments informatifs : (1) les signes avant-coureurs liés à une augmentation des impulsions suicidaires; (2) les stratégies d’adaptation internes que l’individu est capable de mettre en œuvre par lui-même; (3) les stratégies d’adaptation à mettre en œuvre avec le soutien d’amis et de parents; (4) les moyens qu’il/elle peut employer pour contacter les personnes significatives au sein de son réseau de soutien social; (5) les professionnels de la santé mentale et les services d’assistance téléphonique à éventuellement contacter en cas d’urgence suicidaire; et (6) les stratégies pour obtenir un environnement plus sûr au domicile. Les PS sont élaborés avec les suicidants au décours de la crise suicidaire. Les suicidants sont encouragés à partager le SP avec un proche de leur réseau de soutien. Ceci est obligatoire avec un suicidant mineur. Le parent ou le responsable légal doit être impliqué dans la préparation et le suivi du PS. Afin d’évaluer en permanence le risque suicidaire de l’individu, les PS sont revus tout au long du suivi thérapeutique. Le SP est une brève intervention, facile à mettre en œuvre à la suite d’une tentative de suicide. On dispose de résultats de recherche prometteurs concernant son efficacité dans la prévention des récidives de conduites auto-agressives.


2006 ◽  
Vol 9 (2) ◽  
pp. 17-25
Author(s):  
Marie-Carmen Plante

Résumé Le chômage et le non-emploi causent beaucoup de perturbations chez les jeunes. Plus ils durent, davantage peuvent-ils causer des troubles profonds sur les différents aspects de la santé mentale de ces mêmes jeunes. Afin de mieux cerner ces effets, nous traiterons dans cet article des effets du chômage sur la santé physique des jeunes, et de l'impact du chômage dans les années 30 par rapport à l'impact du chômage dans les années 80. Ensuite, nous étudierons les réactions au chômage, les trois stades traversés par les adolescents en recherche d'emploi, et les atteintes à la santé mentale des jeunes soient: l'indépendance, la réaction d'ennui, la diffusion de l'identité, l'estime de soi, la culpabilité et la honte, l'anxiété et la peur, la colère, la dépression ; l'atteinte des relations familiales, les perturbations dans l'organisation du temps libre, l'augmentation du taux de suicide, l'augmentation de la consommation de drogues et d'alcool et l'augmentation de la criminalité.


2007 ◽  
Vol 21 (2) ◽  
pp. 117-138 ◽  
Author(s):  
Michel Vézina

RÉSUMÉ Dans les pays occidentaux, les problèmes de santé mentale sont en croissance et représentent l'une des principales causes de morbidité de la population, avec une prévalence annuelle qui varie de 15 à 25 %. Les conséquences de cette morbidité se font sentir de façon importante au chapitre de la capacité de travail des individus. Plusieurs éléments liés notamment à l'évolution de l'organisation et des conditions de travail au cours des dernières années incriminent le milieu de travail dans l'explication de l'origine de cette nouvelle « épidémie ». S'il y a une relative unanimité sur l'importance des problèmes de santé mentale au travail, il n'en va pas de même de la compréhension de l'origine de ces problèmes, et par voie de conséquence, des stratégies à mettre en oeuvre pour les contrer. De l'ensemble des recherches qui ont tenté d'expliquer ce phénomène, trois approches sont considérées de façon particulière : l'approche causaliste, l'approche cognitiviste et enfin, l'approche de la psychodynamique du travail. Même si l'approche cognitive permet de comprendre pourquoi certains facteurs de stress identifiés par l'approche eausaliste peuvent être pathogènes, elle apparaît un peu réductionniste en ramenant les problêmes de santé mentale au travail à l'échec des efforts d'adaptation des individus. Contrairement à l'interprétation cognitive et aux actions individuelles auxquelles nous conduit l'approche du stress, la psychodynamique du travail débouche sur un questionnement de l'intelligibilité de l'origine organisationnelle des problèmes de santé mentale au travail, en analysant l'interface dynamique et évolutive entre les objectifs que poursuivent l'individu, l'organisation et le groupe de travail.


2006 ◽  
Vol 12 (2) ◽  
pp. 64-75
Author(s):  
Danielle Desmarais ◽  
Aimé Lebeau ◽  
Denis Allard ◽  
Chantal Perreault

Résumé Dans cet article, les auteurs exposent les résultats de l'analyse exploratoire des pratiques de santé mentale adoptées par un groupe de travailleurs et travailleuses en chômage. Ils présentent un éventail de 5 types de pratiques : le contrôle de la signification du chômage, la consultation institutionnelle dans le réseau de la santé, l'anticipation, l'actuaIisation de soi et Ia modification de la situation du chômage. Par la suite, les auteurs retracent le discours des chômeurs et chômeuses sur le soutien social. Ces diverses pratiques de santé mentale, vérifiées parmi un groupe homogène de chômeurs et chômeuses du secteur manufacturier, contribuent à alimenter la réflexion sur des stratégies d'intervention. Après avoir dégagé dans la première partie les principaux problèmes observés chez des ouvriers et ouvrières en chômage, et en avoir décrit les composantes, nous présentons dans cette seconde partie une analyse des pratiques de santé mentale.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 81-81
Author(s):  
T. Greacen

La recherche-action EMILIA (2005–2010), financée par la Commission européenne, a décrit sur huit sites européens les obstacles et les facilitateurs à l’accès à la formation et à l’emploi des personnes vivant avec un trouble psychique [1,3]. Ce programme a vu la création, à Paris, du Centre EMILIA, qui propose aujourd’hui d’expérimenter une double approche vers l’inclusion dans le monde de l’emploi. D’un côté, il s’agit de soutenir l’entreprise quant à la problématique de l’apparition d’un trouble de santé mentale chez un salarié et, de l’autre, d’intégrer des personnes handicapées psychiques directement dans l’emploi en milieu ordinaire. Le centre propose un programme de formation et de job coaching qui repense non seulement le retour ou l’accès à l’emploi mais qui crée aussi une véritable politique d’entreprise sur l’inclusion sociale des personnes vivant avec un trouble psychique. Au travers du Centre Emilia et en lien avec le médecin de santé au travail, l’entreprise propose un accompagnement, en forme de coaching individuel couplé à des formations collectives. Les formations, basées sur le modèle du rétablissement, s’appuient sur le soutien par les pairs, notamment par d’autres professionnels qui ont déjà vécu un trouble psychique, des pairs aidants [2]. Les formations collectives inter-entreprises s’avèrent être une des voies les plus efficaces pour la personne de réussir son projet de retour ou d’accès à l’emploi, en raison de la dynamique de soutien par les pairs et de mutualisation des compétences acquises lors de l’expérience du vécu de la maladie. Ces démarches individuelles de formation et de job coaching s’inscrivent dans une offre de formations pour l’ensemble des salariés à la promotion de la santé mentale en milieu professionnel, à la lutte contre la stigmatisation de la maladie mentale et à la solidarité avec les personnes vivant avec un trouble psychique.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 628-629
Author(s):  
P. Lascar

Les suicides de salariés et de demandeurs d’emploi ont été les révélateurs d’une souffrance liée au monde du travail. Il est préféré à ce terme, trop subjectif et compassionnel, mal défini car n’apparaissant ni dans le vocabulaire juridique, ni dans la sémiologie médicale, celui de Risques PsychoSociaux (RPS).Nous retiendrons les définitions suivantes qui articuleront les trois communications :– facteurs de risques psychosociaux : éléments organisationnels et relationnels relatifs à l’environnement professionnel du travailleur qui peuvent potentiellement entraîner chez lui des troubles psychiques;– troubles psychosociaux : troubles psychiques chez un travailleur, dont l’origine est directement liée à son milieu professionnel;– risques psychosociaux : probabilité de survenue de troubles psychosociaux relative à une exposition à des facteurs de risques psychosociaux.Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, les RPS sont entendus comme risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par une exposition à des conditions d’emploi, des facteurs organisationnels et relationnels en milieu professionnel susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental.Diverses dispositions juridiques (art. L 4121-1 et suivants du Code du travail) et accords nationaux interprofessionnels s’imposent aux employeurs. Leur responsabilité sur la sécurité et la protection de la santé physique mais aussi mentale des travailleurs est engagée. Ils doivent inscrire les RPS dans une démarche globale de prévention et d’évaluation des risques.Notre discipline doit s’engager dans la prise en compte du stress au travail, dans l’identification (prévention secondaire) et dans la prise en charge des RPS (prévention tertiaire). Elle doit remédier à l’absence d’inscription de pathologies psychiques dans un tableau de maladies professionnelles. Des réponses sont apportées tant dans le domaine des préventions que dans celui de la reconnaissance de pathologies psychiques d’origine professionnelle.


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