scholarly journals Place et rôle des PME dans la dynamique de l’innovation

Author(s):  
Denis Carré ◽  
Nadine Levratto

RésuméCe texte cherche à établir les raisons de la modeste participation des PME à l’innovation technologique malgré les politiques de soutien mises en place depuis plus de 20 ans. Nous abordons cette question à partir d’une analyse rétrospective des différents dispositifs institutionnels mobilisés et en montrant comment les actions mises en oeuvre ont oscillé entre aménagement du territoire et renforcement du système national de recherche et développement. Il apparaît alors que la relative faiblesse de leur participation et leur position adventice s’expliquent moins par les formes particulières des dispositifs en cause que par les politiques de soutien à ces entreprises mises en place.La première partie montre que la modeste implication des PME aux programmes nationaux d’innovation résulte à la fois d’un manque de ciblage sur cette catégorie d’entreprises et de l’insuffisante mise en réseau de la plupart des entreprises constitutives de ce sous-ensemble. La deuxième partie indique comment les pôles de compétitivité ont cherché à contourner ces handicaps grâce à leurs modalités de définition et leur mode d’organisation interne. La troisième partie, plus prospective, dresse un premier bilan de la mise en place des pôles de compétitivité et de l’effet dynamisant sur l’innovation par et dans les PME.

2016 ◽  
Vol 35 (2-3) ◽  
pp. 39-64
Author(s):  
Maud Gauthier-Chung

« On ne naît pas femme : on le devient », écrivait Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe, énonçant, pour la première fois dans l’histoire, l’idée que la féminité devait être comprise comme un produit social plutôt que comme un donné naturel. En vue des inégalités sociales et économiques auxquelles mène l’intégration des modèles genrés féminins, serait-il légitime de tenter de bouleverser ou même d’interrompre, sur le plan politique, le processus social du « devenir femme » ? Cet article se veut une tentative de réponse partielle à cette question, à partir de la perspective du libéralisme politique. Abordant le cas des inégalités économiques entre les hommes et les femmes au Canada, la première partie explore les tensions entre la promotion de l’égalité entre les sexes et l’impératif libéral de respect des choix individuels. Plusieurs féministes ont, en effet, soutenu qu’il est impossible, à partir d’un cadre libéral, de rendre compte des inégalités relatives au genre et d’y remédier, puisque celles-ci découlent de choix et de préférences liés aux conceptions de la « vie bonne » individuelles. La deuxième partie porte, quant à elle, sur la politique qui semble expliquer le succès des pays présentant la plus grande parité entre les sexes, soit les quotas de congés parentaux pour les pères. La troisième partie examine cette politique dans une perspective critique afin de dégager les principaux arguments qui militent contre l’implantation de tels quotas dans une société libérale. Contre ces arguments, la dernière partie fait la démonstration qu’il serait non seulement cohérent d’implanter une telle politique dans une société libérale, mais que celle-ci constitue un impératif en regard de la raison d’être du libéralisme comme forme d’organisation sociale.


2005 ◽  
Vol 32 (3) ◽  
pp. 495-523
Author(s):  
Diane Éthier

Selon les théories du développement politique, l'instauration et la consolidation de la démocratie dépendent essentiellement de facteurs domestiques. Cette approche est-elle encore valide à notre époque, alors que de plus en plus d'organisations internationales exigent de leurs partenaires qu'ils procèdent à des réformes démocratiques en échange de divers types d'aide ou d'ententes ? Une réponse affirmative a été apportée à cette question par diverses études spéculatives qui ont estimé que la conditionnalité politique des programmes d'aide serait inefficace, en raison : 1) des conditions internes défavorables des pays receveurs ; 2) de l'attitude récalcitrante des États receveurs ; 3) des dissensions et de l'incohérence des donateurs vis-à-vis de la conditionnalité. En se référant à ce modèle, la première partie de l'article argue que la conditionnalité politique de l'élargissement vers l'Est de l'Union européenne (UE) devrait être beaucoup plus efficace puisque : 1) les conditions internes des pays candidats sont plus favorables et 2) que, tant les pays candidats que les États membres de VUE, sont convaincus du bien-fondé des réformes demandées. La deuxième partie du texte confirme la pertinence de cette hypothèse par un examen empirique des impacts des deux modèles de conditionnalité politique. La conclusion examine les incidences théoriques d'un tel constat.


2005 ◽  
Vol 40 (4) ◽  
pp. 741-772 ◽  
Author(s):  
Ghislain Otis

La liberté de religion peut-elle être assurée par un système juridique en dehors de l'idéologie individualiste et « universalisante » des droits fondamentaux ? L'auteur tente de répondre à cette question en prenant pour champ d'investigation le droit canadien relatif aux peuples autochtones. Dans la première partie de son étude, il souligne l'importance de la référence religieuse dans les revendications foncières des autochtones et explique comment le droit constitutionnel canadien, en reconnaissant les droits ancestraux et les droits issus de traités des peuples autochtones, consacre le principe de l’« autochtonité » comme fondement autonome de droits religieux afférents à la terre et aux ressources naturelles. De cette analyse, il ressort que les communautés autochtones pourront revendiquer des droits sur certains sites qu'elles tiennent pour sacrés ainsi que des droits d'usage religieux des terres et ressources naturelles du domaine public. Si la consécration constitutionnelle de droits religieux sui generis en marge de toute charte des droits individuels ne fait pas de doute, l'auteur met en évidence dans la seconde partie de l'article les diverses contraintes inhérentes à la conception traditionaliste que se fait la Cour suprême du Canada de l’« autochtonité » comme assise des droits ancestraux. Ces contraintes religieuses tiennent principalement à l'importance déterminante que la Cour accorde au réfèrent culturel précolonial dans la définition des droits ancestraux et à la représentation « sacralisante » de la terre qui imprègne le régime du titre aborigène esquissé dans l'affaire Delgamuukw c. Colombie-Britannique. L'auteur relève en outre les dangers que pourrait poser pour la liberté individuelle de religion le communautarisme foncier propre au titre aborigène. Il indique à cet égard les moyens juridiques susceptibles d'être déployés, au nom des droits fondamentaux, pour préserver les individus de l'enfermement religieux par le groupe. Enfin, l'auteur conclut que, dans l'état actuel de la jurisprudence, les droits religieux particuliers reconnus aux peuples autochtones ne s'accompagnent pas d'une véritable liberté de religion permettant aux autochtones contemporains de redéfinir librement leur rapport à la terre et aux ancêtres.


2018 ◽  
Vol 28 (2) ◽  
pp. 225-255 ◽  
Author(s):  
Salimeh Maghsoudlou

RésuméLa première partie de cet article est consacrée à la présentation d'al-Mustamlī al-Buḫārī et du commentaire volumineux qu'il a rédigé sur al-Ta‘rruf li-maḏhab altaṣawwuf d'al-Kalābāḏī. Al-Mustamlī et al-Kalābāḏī avaient, tous les deux, un grand penchant pour les discussions de kalām et al-Mustamlī s'est étendu sur nombre de questions théologiques dans son commentaire, le Šarḥ al-Ta‘arruf. Au vu de la présence de sujets propres au kalām dans le livre d'al-Mustamlī, cet article abordera la question de l'appartenance de ce dernier aux écoles de la théologie sunnite et montrera que malgré sa proximité géographique avec Abū Manṣūr al-Māturīdī, al-Mustamlī était probablement affilié à l’école d'Abū l-Ḥasan al-Aš‘arī. La seconde partie de cet article portera sur le problème de la nature de l'esprit (rūḥ) dans le traitement qu'en offre al-Mustamlī. En abordant cette question, al-Mustamlī est allé au-delà des frontières de l'anthropologie physicaliste du kalām et son argument en faveur de l'existence de l'esprit offre des affinités avec la preuve avicennienne de l'existence de l’âme rationnelle, telle qu'elle se présente dans le fameux argument de l'homme volant. L'ouvrage d'al-Mustamlī constitue donc une source importante pour comprendre l'histoire intellectuelle en Transoxiane et les interactions entre les différents groupes de théoriciens – mutakallimūn, Sufis et falāsifa.


Author(s):  
Georges Kleiber

Le modèle psychologique hiérarchique des catégories proposé par Rosch et al. (1976) a-t-il une quelconque pertinence pour la linguistique ou non ? Cet article a pour objectif d’apporter quelques éléments de réponse à cette question. Il prolonge un autre travail entrepris sur ce sujet où nous nous sommes posé la question Y a-t-il des“termes” de base ? (Kleiber 1993). Il n’a donc pas pour ambition de présenter de nouvelles thèses sur la catégorisation ni de formuler des idées originales sur la sémantique lexicale, mais il s’attachera, beaucoup plus modestement, à travers l’examen de quelques problèmes linguistiques particuliers, a priori éloignés de la question de la spécificité lexicale, à montrer que la notion psychologique de niveau de base a des répercussions linguistiques suffisamment fortes pour qu’elle soit également prise en compte par le linguiste. Une telle entreprise n’est pas inutile, étant donné les objections de fond qu’a pu susciter la conception “verticale” de la sémantique du prototype. Aussi essaierons-nous, dans une première partie, de dégager l’importance de l’enjeu, le poids des arguments opposés et les réponses qu’on peut leur apporter, avant de passer, dans les parties suivantes, sur un plan tout à fait différent, celui des retombées linguistiques avec des manifestations de la notion de catégorie de base dans des domaines où on ne l’attend pas forcément.


2010 ◽  
Vol 29 (2) ◽  
pp. 93-104
Author(s):  
Isabelle Bardin ◽  
Dominique Bonet ◽  
Odile Chanut

Dans un contexte global d'intensification des échanges entre régions, pays et continents, la logistique des grands flux a bénéficié d'innovations technologiques et organisationnelles assurant efficacité et efficience, conjuguant maîtrise des coûts et optimisation de la qualité de service. Si cette dynamique opère efficacement à l'échelle globale, il n'en va pas de même à l'échelle urbaine, plus particulièrement dans les centres-villes. En effet, la gestion des flux dans un environnement caractérisé par une forte densité démographique n'a pas encore véritablement trouvé son modèle d'organisation. Aujourd'hui, la logistique urbaine ou encore la gestion "du dernier kilomètre" constitue donc un enjeu sociopolitique et environnemental de premier plan. L'objectif de notre article est de dresser un état des lieux de cette question afin d'en apprécier l'acuité sur le moyen et le long terme. Dans une première partie, nous présentons le contexte socio-économique dans lequel s'inscrit cette problématique. Nous examinons ensuite dans une seconde partie en quoi la région PACA constitue un terrain particulièrement représentatif des enjeux de la logistique urbaine et les pistes de réflexion déjà engagées au sein de l'agglomération marseillaise.


2012 ◽  
Vol 55 (155) ◽  
pp. 215-235
Author(s):  
Michaël Pouzenc ◽  
Valérie Olivier

Dans la foulée des nombreux travaux qui précisent différentes formes de ressources mais tendent à les segmenter, n’y a-t-il pas un enjeu à revenir à une appréhension plus globale de « ce qui fait ressource » en espace rural ? Pour étayer cette question, nous étudions, en une première partie, les ressources construites pour le développement des activités touristiques à Rocamadour. Les évolutions constatées dans ce territoire invitent, dans une seconde partie, à reprendre la réflexion théorique sur différentes conceptions des ressources et sur la possibilité de les articuler les unes aux autres, en vue de mieux rendre compte des interactions observées sur le terrain, notamment la combinatoire d’éléments hétérogènes mobilisés pour « faire ressource » et l’importance du changement social orientant les porteurs de projets dans l’élaboration des ressources.


Sociologija ◽  
2018 ◽  
Vol 60 (2) ◽  
pp. 433-457
Author(s):  
Ivica Mladenovic

L?article analyse la comprehension du socialisme par Emile Durkheim, telle qu?elle a ete exposee dans plusieurs articles academiques et dans un livre publie apres sa mort. Durkheim a en effet etudie cette question profondement et passionnement pendant les annees 1895-1896 dans le cadre d?un cours sur le socialisme qu?il donnait a l?Universite de Bordeaux. Dans la premiere partie de cet article, nous essayons de definir ce classique de la sociologie scientifiquement ainsi qu?ideologiquement, au vu du contexte sociohistorique de la Troisieme Republique, qui a, sans aucun doute, principalement influence ses interets intellectuels majeurs. Dans la deuxieme partie, nous analysons l?approche durkheimienne du socialisme qui a ete dans une large mesure influencee par des facteurs non scientifiques, a savoir, les tentatives du sociologue pour defendre son projet politique ?du solidarisme? et de critiquer les paradigmes politiques concurrents. Au centre de sa critique se trouve le socialisme qui, a la fin du dix-neuvieme siecle, etait en pleine ascension, non seulement en tant que mouvement politique, mais egalement en tant que source de connaissance. A tel point que plusieurs intellectuels confondaient le socialisme et la sociologie, ce qui etait particulierement genant pour le sociologue. De plus, on souligne le fait que Emile Durkheim ne respecte pas dans son analyse du socialisme les stricts criteres scientifiques, qui sont d?ailleurs introduits en sociologie par lui-meme, de sorte que sa sociologie joue en meme temps un double role: scientifique et d?ideologie politique.


2016 ◽  
Vol 61 (2) ◽  
pp. 333-386
Author(s):  
Graciela Barrère ◽  
Guylaine Vallée

Le présent texte examine le rôle du contrat en tant que critère d’accès aux régimes législatifs ayant une vocation de protection en matière de travail humain. Cette question, qui n’est que l’une des manifestations de l’interaction entre le droit civil et le droit du travail, peut avoir des incidences sur l’accès des personnes qui occupent un emploi atypique à la protection du droit du travail. La première partie du texte présente les fondements possibles du rapport de travail donnant accès aux régimes de protection du droit du travail. La thèse contractuelle et celle fondée sur la « relation de travail » y sont présentées en tenant compte de la façon dont elles ont été reçues au Québec et de l’apport de certains droits étrangers à l’analyse théorique de la nature du rapport de travail donnant ouverture à la protection du droit du travail. Dans la seconde partie du texte, nous abordons les effets que peuvent avoir ces thèses sur l’accès aux protections des lois du travail québécoises à partir de quelques décisions concernant certaines formes de travail atypique. Pour les auteures, la jurisprudence étudiée illustre les difficultés de l’approche axée sur la forme contractuelle pour la protection des personnes qui ne répondent pas au standard classique de salarié. Cette jurisprudence fournit aussi les indices d’une approche qui permettrait au droit du travail de remplir sa fonction de protection auprès de ces personnes.


2005 ◽  
Vol 4 (3) ◽  
pp. 291-312 ◽  
Author(s):  
Guy Rocher

« Le sentiment de malaise qui, depuis quelque temps déjà, s'est manifesté en divers quartiers et sous diverses formes, s'est affirmé de nouveau dernièrement sur la question de l'instruction publique. On n'est pas satisfait de la position qu'occupent les Franco-canadiens dans le monde agricole, industriel et commercial, et l'on s'en prend de cet état de choses à nos écoles et au clergé qui les contrôle. » Ces paroles, nous aurions pu les lire récemment dans un de nos journaux du Québec. Elles sont pourtant de Léon Gérin et servaient d'introduction à une série d'articles sur l'éducation dans le quotidien montréalais La Minerve du 31 octobre 1892. Mais elles peuvent encore être placées en exergue au début de cette communication. Elles nous montrent en effet qu'à la fin du xix" siècle, le Canada français connaissait comme aujourd'hui une mise en question de sa position dans la Confédération. On s'inquiétait de la situation inférieure qu'occupaient les Canadiens français dans la vie économique canadienne. On cherchait à en analyser les causes et à en mesurer les conséquences. Comme aujourd'hui, le système d'enseignement était à cette occasion l'objet de critiques sévères : il apparaissait comme l'une des causes de la situation présente ; mais on y voyait aussi un espoir à la condition qu'il subisse une profonde réforme de structure. On ne s'étonnera donc pas de voir Léon Gérin consacrer une partie de son œuvre aux problèmes de l'éducation. S'inspirant du cadre d'analyse de l'École de la Science sociale, particulièrement de de Tourville et Demolins, il a bien compris que l'éducation de la jeunesse posait des problèmes qui se situaient dans la ligne des monographies de familles qu'il avait entreprises. C'est ainsi qu'il fut conduit, d'une part à publier des études sociologiques et historiques sur l'enseignement dans la revue La Science sociale et dans le Bulletin des recherches historiques, d'autre part à exposer ses vues personnelles de façon plus simple et plus accessible dans les journaux du temps. On m'a demandé, pour faire suite à l'exposé d'ensemble de monsieur Falardeau, de présenter les recherches et la pensée de Léon Gérin sur cette question plus particulière de l'éducation. Moins connue que ses monographies, l'étude de Léon Gérin sur l'éducation n'en constitue pas moins, à mon sens, une des parties les plus importantes de son œuvre. C'est d'ailleurs sur cette question que Léon Gérin a proposé avec le plus de fermeté les réformes qu'il jugeait nécessaires. Car, en cette matière, il s'est affirmé réformateur tout autant que sociologue. Aussi, pour rendre compte de la pensée de Léon Gérin telle qu'elle nous est apparue, nous analyserons, dans une première partie, l'interprétation sociologique qu'il a voulu donner de la situation de l'enseignement dans la province de Québec ; nous résumerons, dans une seconde partie, les réformes qu'il a proposées à la suite de ces études.


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