De l’expérimentation à la généralisation du baccalauréat professionnel en trois ans (BP3)
La rénovation de l’enseignement professionnel en France suscite de multiples questions, notamment sur les divers facteurs susceptibles d’influencer l’appropriation du changement par les élèves. Nous avons mené une étude longitudinale pendant trois ans dans deux lycées professionnels, et plus précisément recueilli des questionnaires et des entretiens approfondis réalisés avec des chefs d’établissement, des enseignants et des élèves. En classe de seconde, de nombreux lycéens, caractérisés par un parcours scolaire chaotique et une orientation par défaut, (re)découvrent leurs capacités scolaires à travers des expériences de réussite ou parviennent à donner du sens aux enseignements dispensés, soit parce qu’ils se projettent dans un avenir à court terme plus rassurant, soit parce qu’ils se sentent reconnus par leurs pairs et leurs enseignants. En classes de première et terminale, la désillusion est toutefois grande : « rattrapés » par les exigences scolaires, ces lycéens dessinent des projets d’avenir éloignés de leur formation, voire ne sentent plus l’engagement fort des professeurs auprès d’eux. L’influence des facteurs organisationnels, et surtout individuels, dans l’appropriation du changement par les élèves pointée dans cet article se définit par la fragilité et la variabilité, selon les temporalités considérées.