scholarly journals Dans le Black Box d’Igloolik : le cirque comme espace thérapeutique pour de jeunes Inuit ?

2017 ◽  
Vol 40 (1) ◽  
pp. 43-62 ◽  
Author(s):  
Andréanne Lemaire ◽  
Mélissa Sokoloff ◽  
Sarah Fraser ◽  
Mélanie Vachon

Les taux élevés de suicide chez les jeunes Inuit sont souvent considérés comme symptomatiques des changements culturels survenus en quelques générations seulement. Aujourd’hui, les jeunes Inuit ont à transiger entre des cultures qui peuvent être vécues comme deux mondes opposés, avec des valeurs, des attentes et des contraintes parfois inconciliables. La littérature en santé mentale soulève le problème de l’accès aux soins, mais aussi le manque d’adéquation des services avec les besoins spécifiques des Inuit et de leur culture. Plusieurs auteurs suggèrent des modèles de guérison alternatifs prometteurs qui se distinguent des modèles conventionnels de soins « occidentaux ». On dit souvent « penser à l’extérieur de la boîte ». Mais qu’en est-il de penser autrement, « dans la boîte », en s’intéressant aux ressources déjà présentes ? Le Black Box, local d’Artcirq à Igloolik où s’entraînent des Inuit à l’art du cirque, nous amène à réfléchir sur l’intervention en santé mentale en contexte inuit. Cet article vise à élaborer une réflexion sur l’espace de « l’entre deux » où se trouvent les jeunes Inuit d’aujourd’hui, dans une culture en transformation. Cette situation pourrait nécessiter un ajustement créatif pour répondre à la fois aux contraintes d’une société contemporaine et à celles liées à un ancrage dans une identité inuit. Pour ce faire, nous explorerons le concept de la tradition ainsi que l’apport de l’art pour la négociation des identités culturelles à l’aide de l’exemple d’Artcirq. Le potentiel thérapeutique de cet espace artistique au niveau communautaire sera discuté à partir de nos observations d’un terrain ethnographique.

2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 642-642
Author(s):  
M. De Boucaud

Aux concepts émergés dans les courants actuels depuis une vingtaine d’années manquent une texture particulière. Ils ont besoin d’une existence intérieure, d’un noyau existentiel, d’une intériorité. La cognition a besoin de s’ouvrir sur un espace de verdure et de frondaison.L’insight a besoin de prendre de la densité dans une temporalité durable et prolongée. Ce sont là deux exemples capables de nous montrer la nécessité de prendre en compte les dimensions existentielles au sein même des approches scientifiques riches de toutes leurs exigences. C’est ce qui fait la grandeur de l’œuvre de Henri Ey :– l’absorption de la psychiatrie ou son annexion par les disciplines limitrophes en plein essor représente-t-elle un réel danger pour notre communauté psychiatrique éclatée ?– d’autre part, l’évolution de la psychiatrie elle-même sera-t-elle dominée par la psychopathologie cognitive et par l’apport des neurosciences ? La psychiatrie sera-t-elle capable de maintenir et de promouvoir une diversité des orientations qui ont été la richesse de la deuxième moitié du XXe siècle ?L’évolution de la psychiatrie pourrait alors être caractérisée par une rupture nette entre la pratique clinique et la recherche.Les problèmes actuels de la conscience sont concernés par cette situation : conscience du trouble et insight, troubles de la conscience et pathologie de la personnalité, addictions et processus délirant, théorie de l’esprit et connaissance de soi et d’autrui, S’agirait-il d’une énième tentative hégémonique dans le domaine très convoité de la santé mentale, où la science permettrait effectivement d’accéder à un type de savoir supérieur ?L’association pour la fondation Henri Ey et le cercle de recherche et d’édition Henri Ey proposent de partager une réflexion sur ces questions.


2021 ◽  
pp. 78-88
Author(s):  
Baptiste Godrie

Dans le milieu médical, l'approche qui a longtemps prédominé à l'égard des voix est de les faire taire par la médication et de ne pas aborder le sens qu'elles ont pour les personnes de peur d'alimenter l'entente des voix et la détresse des personnes. Une des conséquences de cette situation est que les personnes disposent essentiellement des termes proposés par la psychiatrie - délires, hallucinations, symptômes, maladie, diagnostic - pour parler de leurs voix, ce qui peut avoir pour effet d'enfermer la parole des personnes dans le discours médi-cal. Dans les groupes d'entendeurs de voix, les personnes reprennent la parole dans un es-pace sécuritaire entre pairs et développent leurs propres explications à propos de leurs voix. L'article décrit les retombées positives de ce processus qui permet l'ouverture à un plura-lisme explicatif psychologique et parapsychologique des voix. Nous soulignons néanmoins la persistance des explications médicales des voix au sein de ces groupes en raison de leur so-cialisation de long terme au langage psychiatrique et de l'autorité des discours médicaux. Mots clés: groupes d'entendeurs de voix; pluralisme explicatif; récit; santé mentale; multisi-gnification; injustices épistémiques.


2006 ◽  
Vol 25 (1) ◽  
pp. 74-94
Author(s):  
Danielle Maltais ◽  
Suzie Robichaud ◽  
Anne Simard

Résumé Lors des inondations de juillet 1996, plusieurs familles ont tout perdu : maison, terrain et biens personnels. Cette situation perturbante a forcé plusieurs sinistrés à faire le deuil de leur ancienne demeure. La recension des écrits a permis de relever que des individus développent des sentiments profonds face à leur habitat et que la destruction de ce dernier peut provoquer un état de désorganisation chez certains individus tout comme l'apparition de sentiments négatifs mettant en péril leur état de santé psychologique. Dans le but d'identifier les conséquences des inondations de juillet 1996 sur la conception du chez-soi et la santé mentale des sinistrés, une étude exploratoire de type qualitatif (entrevues en profondeur) a été réalisée à l'hiver 1998 auprès de 69 sujets ayant perdu tous leurs biens lors des pluies diluviennes. Les données recueillies auprès des sinistrés confirment ce qui a été soulevé dans les écrits scientifiques : plusieurs individus ont été profondément marqués par le sinistre de juillet 1996 tant sur le plan de la conception du chez-soi que de la santé biopsychosociale. Deux ans après les inondations, la nostalgie et la déception pèsent lourd, car la presque totalité des individus ont été incapables de retrouver un nouveau chez-soi qui les habite.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S36-S36
Author(s):  
B. Basset

La place de la psychiatrie libérale dans le système de santé français est une sorte de non dit, de non exprimé et par là-même de quasiment non débattu. Au-delà des statistiques purement descriptives sur la densité de psychiatres, le nombre d’actes, les revenus et l’évolution de ces indicateurs, la place et le rôle de la psychiatrie libérale demeure toujours en quelque sorte en besoin de clarification, comme s’il n’existait que par défaut. On peut sans doute trouver l’origine de cette situation dans le fait que l’organisation de la santé mentale, depuis l’après-guerre, repose officiellement sur le secteur psychiatrique, qui a vocation à couvrir tous les besoins, de la prévention à l’accompagnement médicosocial en passant par les soins. Les différents rapports sur la psychiatrie ou les plans de santé mentale reposent sur cette logique organisationnelle. Mais aujourd’hui, au moment où le secteur psychiatrique s’interroge, il est d’autant plus nécessaire que la psychiatrie libérale s’affirme sur la base de son activité, de ses pratiques et des relations qu’elle veut établir avec les autres acteurs du système de santé (médecins généralistes, psychologues, psychiatres publiques).


2007 ◽  
Vol 27 (1) ◽  
pp. 177-193 ◽  
Author(s):  
Alain Beaulieu ◽  
Paul Morin ◽  
Hélène Provencher ◽  
Henri Dorvil

Résumé Les politiques de désinstitutionnalisation des soins psychiatriques entraînent le retour massif d'ex-patients psychiatriques au sein de la vie en société. Conformément à l'approche des déterminants sociaux de la santé et du bien-être, nous soutenons que les actions menées hors du cadre hospitalier sont les plus favorables au bien-être des personnes utilisatrices des services de santé mentale. En tête de liste des déterminants sociaux de la santé, il faut placer le travail qui constitue l'un des principaux vecteurs d'intégration sociale. Et pourtant, seulement 15 % des ex-patients psychiatriques parviennent à intégrer le marché régulier du travail. Les recherches qui expliquent cette réalité sont peu nombreuses. Notre équipe du GRASP (Groupe de recherche sur les aspects sociaux de la santé et de la prévention)/Centre FCAR souhaite remédier à cette situation en analysant les rapports de la santé mentale et du travail à l'aide des notions relatives au capital social, à la territorialité, l'empowerment, l'intersectorialité et au rétablissement (recovery).


2008 ◽  
Vol 8 (1) ◽  
pp. 0 ◽  
Author(s):  
Jean-Luc Dubreucq

Résumé 40 % des personnes sans domicile fixe de Montréal souffrent d’un trouble mental grave. Cette situation alarmante a des causes complexes. Prises isolément, aucune ne peut prétendre tout expliquer. Parmi elles, l’état actuel du droit interpelle plus particulièrement les psychiatres et les juristes dans leur devoir de protéger les personnes les plus démunies. En effet, on ne peut plus se contenter d’invoquer la désinstitutionnalisation pour expliquer la forte proportion de malades mentaux parmi les itinérants. Il faut aussi considérer le fait que les soins sont désormais donnés en tenant compte du choix des personnes qui les reçoivent. Ce respect de l’autonomie des patients est le plus souvent bénéfique mais il a aussi pour conséquence de laisser à elles-mêmes, dans un état d’extrême indigence, sans même la capacité de crier au secours, des personnes gravement malades et en rupture de soins. Il est urgent d’opposer à ce nouveau visage de l’exclusion, un devoir d’ingérence envers les personnes bafouant, bien malgré elles, leur propre droit à recevoir soins et protection. Cliniciens et juristes doivent travailler ensemble pour définir les contours de ce devoir d’intervention. Il devront trouver un nouvel équilibre entre le besoin de soins et le respect des libertés.


Praxis ◽  
2020 ◽  
Vol 109 (1) ◽  
pp. 9-12
Author(s):  
Martin Preisig ◽  
Marie-Pierre F. Strippoli ◽  
Caroline L. Vandeleur

Résumé. PsyCoLaus, comportant une investigation de la santé mentale et du fonctionnement cognitif, vise à déterminer la prévalence et l’évolution des troubles mentaux et à étudier les mécanismes qui sous-tendent l’association entre ces troubles et les maladies cardiovasculaires. Cette investigation a mis en évidence un taux de prévalence vie-entière très élevé de 43,6 % pour les troubles dépressifs majeurs à Lausanne. Nous avons également observé que l’association entre la dépression et les facteurs de risque cardio-métaboliques est essentiellement attribuable au sous-type de dépression atypique, caractérisé par une augmentation de l’appétit, une lourdeur dans les membres, une hypersomnie et une réactivité affective conservée. Les patients présentant ce type de dépression ont un risque élevé de développer du surpoids, du diabète et un syndrome métabolique et méritent une attention particulière au niveau métabolique.


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