scholarly journals Redéfinition de l’habitat et santé mentale des sinistrés suite à une inondation

2006 ◽  
Vol 25 (1) ◽  
pp. 74-94
Author(s):  
Danielle Maltais ◽  
Suzie Robichaud ◽  
Anne Simard

Résumé Lors des inondations de juillet 1996, plusieurs familles ont tout perdu : maison, terrain et biens personnels. Cette situation perturbante a forcé plusieurs sinistrés à faire le deuil de leur ancienne demeure. La recension des écrits a permis de relever que des individus développent des sentiments profonds face à leur habitat et que la destruction de ce dernier peut provoquer un état de désorganisation chez certains individus tout comme l'apparition de sentiments négatifs mettant en péril leur état de santé psychologique. Dans le but d'identifier les conséquences des inondations de juillet 1996 sur la conception du chez-soi et la santé mentale des sinistrés, une étude exploratoire de type qualitatif (entrevues en profondeur) a été réalisée à l'hiver 1998 auprès de 69 sujets ayant perdu tous leurs biens lors des pluies diluviennes. Les données recueillies auprès des sinistrés confirment ce qui a été soulevé dans les écrits scientifiques : plusieurs individus ont été profondément marqués par le sinistre de juillet 1996 tant sur le plan de la conception du chez-soi que de la santé biopsychosociale. Deux ans après les inondations, la nostalgie et la déception pèsent lourd, car la presque totalité des individus ont été incapables de retrouver un nouveau chez-soi qui les habite.

2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 642-642
Author(s):  
M. De Boucaud

Aux concepts émergés dans les courants actuels depuis une vingtaine d’années manquent une texture particulière. Ils ont besoin d’une existence intérieure, d’un noyau existentiel, d’une intériorité. La cognition a besoin de s’ouvrir sur un espace de verdure et de frondaison.L’insight a besoin de prendre de la densité dans une temporalité durable et prolongée. Ce sont là deux exemples capables de nous montrer la nécessité de prendre en compte les dimensions existentielles au sein même des approches scientifiques riches de toutes leurs exigences. C’est ce qui fait la grandeur de l’œuvre de Henri Ey :– l’absorption de la psychiatrie ou son annexion par les disciplines limitrophes en plein essor représente-t-elle un réel danger pour notre communauté psychiatrique éclatée ?– d’autre part, l’évolution de la psychiatrie elle-même sera-t-elle dominée par la psychopathologie cognitive et par l’apport des neurosciences ? La psychiatrie sera-t-elle capable de maintenir et de promouvoir une diversité des orientations qui ont été la richesse de la deuxième moitié du XXe siècle ?L’évolution de la psychiatrie pourrait alors être caractérisée par une rupture nette entre la pratique clinique et la recherche.Les problèmes actuels de la conscience sont concernés par cette situation : conscience du trouble et insight, troubles de la conscience et pathologie de la personnalité, addictions et processus délirant, théorie de l’esprit et connaissance de soi et d’autrui, S’agirait-il d’une énième tentative hégémonique dans le domaine très convoité de la santé mentale, où la science permettrait effectivement d’accéder à un type de savoir supérieur ?L’association pour la fondation Henri Ey et le cercle de recherche et d’édition Henri Ey proposent de partager une réflexion sur ces questions.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 72-72
Author(s):  
J.-Y. Giordana

Une des problématiques majeures auxquelles sont confrontés les professionnels œuvrant dans les champs de la santé mentale concerne le sort que fait la société aux malades psychiques. Il résulte de la réticence dont fait preuve le corps social à leur égard, une succession d’obstacles qui se dressent dans leur vie quotidienne. L’impact de la stigmatisation et de la discrimination sur leur état de santé et les soins a été particulièrement signalé par l’organisation mondiale de la santé dans ses rapports 2001 et 2005 (« lutter collectivement contre la stigmatisation, la discrimination et les inégalités »). Les nombreuses études menées, ces dernières décennies, ont abouti à des résultats homogènes avec tendance à l’exclusion et au rejet des malades en lien avec des préjugés concernant la peur de la violence et de la dangerosité. Dans ce contexte, la lutte contre la discrimination des malades psychiques constitue un point stratégique essentiel. Au fil du temps les grands principes sur lesquels doivent s’appuyer les programmes de lutte contre la stigmatisation ont été précisés. Les stratégies de lutte contre la stigmatisation font appel à trois grands types de communication. On distingue les campagnes de protestation, les actions de sensibilisation et d’éducation à la santé, les campagnes de contact. L’étude International Study of Discrimination and Stigma Outcome (INDIGO) met en évidence qu’au-delà de la stigmatisation vécue, éprouvée par le patient, il existe une forme de stigmatisation anticipée, évitée qui relève de l’auto-stigmatisation (stigmatisation internalisée) et qui amène les malades à se limiter dans des domaines importants pour eux-mêmes. La prise en compte de cette forme d’auto-discrimination apparaît essentielle dans la mesure où la restauration de l’estime de soi et de la confiance en soi devient un préalable incontournable à tout programme de réhabilitation psychosociale.


Author(s):  
Lidia Loukine ◽  
Siobhan O’Donnell ◽  
E. M. Goldner ◽  
Louise McRae ◽  
H. Allen

Introduction Cette étude fournit, au moyen d’un échantillon de ménages fondé sur la population, le premier aperçu, chez des Canadiens adultes atteints de troubles de l’humeur ou d'anxiété, de leur état de santé globale et de santé mentale perçu, de leurs limitations fonctionnelles, de leurs restrictions professionnelles et de leur degré d’invalidité, ainsi que des facteurs associés à une invalidité grave. Méthodologie Nous avons utilisé les données de l’Enquête sur les personnes ayant une maladie chronique au Canada – Composante des troubles de l’humeur et d'anxiété. L’échantillon est composé de Canadiens âgés de 18 ans et plus, atteints d’un trouble de l’humeur ou d’anxiété autodéclaré et habitant l'une des 10 provinces (n = 3 361; taux de réponse 68,9 %). Nous avons mené des analyses de régression logistiques multidimensionnelles multinomiales et descriptives. Résultats Parmi les Canadiens adultes atteints d’un trouble de l’humeur ou d’anxiété, plus d’un quart ont rapporté un état de santé globale (25,3 %) et de santé mentale (26,1 %) « passable ou médiocre », plus du tiers (36,4 %) ont mentionné avoir une ou plusieurs limitations fonctionnelles, la moitié (50,3 %) ont déclaré qu’une modification de leur emploi a été nécessaire pour continuer à travailler et plus du tiers (36,5 %) souffrait d'une invalidité grave. Les personnes avec troubles de l’humeur et d'anxiété concomitants ont mentionné de moins bons résultats : 56,4 % avaient une ou plusieurs limitations fonctionnelles, 65,8 % ont mentionné qu’une modification de leur emploi a été nécessaire et 49,6 % souffraient d'une invalidité grave. Après ajustement pour les caractéristiques individuelles, les personnes atteintes d’un trouble de l’humeur ou d’anxiété qui étaient plus âgées, dont le revenu familial était situé dans le quintile du plus faible revenu ou du revenu faible à moyen ou qui avaient des troubles concomitants étaient plus susceptibles d’avoir une invalidité grave. Conclusion Les résultats de cette étude confirment que les troubles de l’humeur ou d’anxiété, surtout dans le cas de troubles concomitants, sont associés à des résultats en santé physique et mentale négatifs. Ces constats soutiennent les actions en politique et programmes de santé publique qui visent à améliorer la vie des personnes atteintes de ces troubles, surtout celles qui sont atteintes de troubles concomitants.


2022 ◽  
Vol 14 (1) ◽  
pp. 153
Author(s):  
N. Guediri ◽  
S. M’hamdi ◽  
S. Daboussi ◽  
N. Boubaker ◽  
I. Mejri ◽  
...  

2021 ◽  
pp. 78-88
Author(s):  
Baptiste Godrie

Dans le milieu médical, l'approche qui a longtemps prédominé à l'égard des voix est de les faire taire par la médication et de ne pas aborder le sens qu'elles ont pour les personnes de peur d'alimenter l'entente des voix et la détresse des personnes. Une des conséquences de cette situation est que les personnes disposent essentiellement des termes proposés par la psychiatrie - délires, hallucinations, symptômes, maladie, diagnostic - pour parler de leurs voix, ce qui peut avoir pour effet d'enfermer la parole des personnes dans le discours médi-cal. Dans les groupes d'entendeurs de voix, les personnes reprennent la parole dans un es-pace sécuritaire entre pairs et développent leurs propres explications à propos de leurs voix. L'article décrit les retombées positives de ce processus qui permet l'ouverture à un plura-lisme explicatif psychologique et parapsychologique des voix. Nous soulignons néanmoins la persistance des explications médicales des voix au sein de ces groupes en raison de leur so-cialisation de long terme au langage psychiatrique et de l'autorité des discours médicaux. Mots clés: groupes d'entendeurs de voix; pluralisme explicatif; récit; santé mentale; multisi-gnification; injustices épistémiques.


Author(s):  
Louise Pelletier ◽  
Siobhan O’Donnell ◽  
Louise McRae ◽  
Jean Grenier

Introduction Bien que le trouble d’anxiété généralisée (TAG) soit une affection courante et incapacitante, peu d’études ont été menées à son sujet au Canada. Nous avons comparé les Canadiens atteints du TAG avec ceux atteints de dépression sur le plan de leurs caractéristiques, de leur état de santé, de leur utilisation des services de santé et de leurs besoins en matière de santé. Méthodologie Les données sont tirées de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – Santé mentale de 2012, qui portait sur un échantillon représentatif de la population canadienne de 15 ans et plus (n = 23 709; taux de réponse de 68,9 %). Nous avons sélectionné les répondants ayant fait état de symptômes compatibles avec un TAG ou un épisode dépressif majeur (EDM) dans les 12 mois précédant l’enquête (n = 1 598). Les estimations ont été pondérées afin de représenter la population des ménages au Canada. Nous avons mené des analyses de régression logistiques multidimensionnelles multinomiales et descriptives. Résultats En 2012, environ 700 000 (2,5 %) Canadiens de 15 ans et plus ont fait état de symptômes compatibles avec un TAG dans les 12 derniers mois. La moitié d’entre eux ont également mentionné des symptômes d’EDM. La fréquence des perceptions d’une santé passable ou mauvaise (29,7 %), de détresse psychologique modérée et sévère (81,2 %) et d’incapacité modérée et sévère (28,1 %) était comparable (voire légèrement supérieure) chez les personnes présentant un TAG seulement par rapport aux personnes présentant un EDM seulement (respectivement 24,7 %, 78,8 % et 24,8 %). Les pires résultats de santé ont été observés chez les personnes souffrant d’un TAG et d’un EDM en comorbidité : 47,3 % ont fait état d’une santé passable ou mauvaise, 94,0 % d’une détresse psychologique modérée ou sévère et 52,4 % d’une incapacité modérée ou sévère. Près de 50 % des personnes souffrant d’un TAG et d’un EDM en comorbidité ont déclaré que leurs besoins en matière de santé n’avaient pas été satisfaits ou avaient été partiellement satisfaits, contre environ 30 % des personnes souffrant d’un TAG ou d’un EDM seulement. Conclusion Bien que le TAG soit associé à des degrés de détresse et d’incapacité comparables (ou légèrement supérieurs) à l’EDM, l’état de santé des personnes présentant ces deux affections en même temps est nettement moins bon que celui des personnes présentant uniquement l’un ou l’autre. Il est essentiel d’améliorer le diagnostic, le dépistage des comorbidités et la prise en charge pour réduire les impacts de ce trouble mental.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S36-S36
Author(s):  
B. Basset

La place de la psychiatrie libérale dans le système de santé français est une sorte de non dit, de non exprimé et par là-même de quasiment non débattu. Au-delà des statistiques purement descriptives sur la densité de psychiatres, le nombre d’actes, les revenus et l’évolution de ces indicateurs, la place et le rôle de la psychiatrie libérale demeure toujours en quelque sorte en besoin de clarification, comme s’il n’existait que par défaut. On peut sans doute trouver l’origine de cette situation dans le fait que l’organisation de la santé mentale, depuis l’après-guerre, repose officiellement sur le secteur psychiatrique, qui a vocation à couvrir tous les besoins, de la prévention à l’accompagnement médicosocial en passant par les soins. Les différents rapports sur la psychiatrie ou les plans de santé mentale reposent sur cette logique organisationnelle. Mais aujourd’hui, au moment où le secteur psychiatrique s’interroge, il est d’autant plus nécessaire que la psychiatrie libérale s’affirme sur la base de son activité, de ses pratiques et des relations qu’elle veut établir avec les autres acteurs du système de santé (médecins généralistes, psychologues, psychiatres publiques).


2017 ◽  
Vol 40 (1) ◽  
pp. 43-62 ◽  
Author(s):  
Andréanne Lemaire ◽  
Mélissa Sokoloff ◽  
Sarah Fraser ◽  
Mélanie Vachon

Les taux élevés de suicide chez les jeunes Inuit sont souvent considérés comme symptomatiques des changements culturels survenus en quelques générations seulement. Aujourd’hui, les jeunes Inuit ont à transiger entre des cultures qui peuvent être vécues comme deux mondes opposés, avec des valeurs, des attentes et des contraintes parfois inconciliables. La littérature en santé mentale soulève le problème de l’accès aux soins, mais aussi le manque d’adéquation des services avec les besoins spécifiques des Inuit et de leur culture. Plusieurs auteurs suggèrent des modèles de guérison alternatifs prometteurs qui se distinguent des modèles conventionnels de soins « occidentaux ». On dit souvent « penser à l’extérieur de la boîte ». Mais qu’en est-il de penser autrement, « dans la boîte », en s’intéressant aux ressources déjà présentes ? Le Black Box, local d’Artcirq à Igloolik où s’entraînent des Inuit à l’art du cirque, nous amène à réfléchir sur l’intervention en santé mentale en contexte inuit. Cet article vise à élaborer une réflexion sur l’espace de « l’entre deux » où se trouvent les jeunes Inuit d’aujourd’hui, dans une culture en transformation. Cette situation pourrait nécessiter un ajustement créatif pour répondre à la fois aux contraintes d’une société contemporaine et à celles liées à un ancrage dans une identité inuit. Pour ce faire, nous explorerons le concept de la tradition ainsi que l’apport de l’art pour la négociation des identités culturelles à l’aide de l’exemple d’Artcirq. Le potentiel thérapeutique de cet espace artistique au niveau communautaire sera discuté à partir de nos observations d’un terrain ethnographique.


Criminologie ◽  
2005 ◽  
Vol 38 (1) ◽  
pp. 39-65 ◽  
Author(s):  
Dale M. Stack ◽  
Lisa A. Serbin ◽  
Naomi Grunzeweig ◽  
Caroline E. Temcheff ◽  
Natacha M. De Genna ◽  
...  

RésuméL’agressivité chez les filles tend à ne pas se manifester de la même façon que chez les garçons ; de plus, elle suit une trajectoire longitudinale particulière. Les filles agressives envers leurs pairs ne se caractérisent pas tant par leurs manifestations de délinquance et de criminalité ; elles s’orientent plutôt vers une trajectoire de troubles sociaux et de santé mentale qui, à terme, compromet leur avenir scolaire, social et professionnel, de même que leur état de santé physique. Les compétences parentales des filles agressives, de même que le fonctionnement de leur famille, peuvent aussi être affectées ; dans ce cas, c’est la socialisation, la santé et le développement de toute une nouvelle génération d’enfants qui sont menacés. LaConcordia Longitudinal Risk Project(Enquête longitudinale sur les risques, Université Concordia) suit un échantillon intergénérationnel de 1 770 sujets vivant à Montréal, dont un sous-échantillon de plus de 200 filles dites très agressives, et le compare avec un échantillon de garçons agressifs et un groupe témoin composé d’enfants des deux sexes. Les participants sont suivis de l’enfance à l’âge adulte sur une période de 30 ans. Le présent article décrit les trajectoires à long terme des filles agressives et les conséquences de cette agressivité sur une large variété d’éléments psychosociaux et de santé comme la maternité et la transmission des risques à la prochaine génération. Plus particulièrement, nous souhaitons : (1) établir les trajectoires des filles qui mènent de l’agressivité dans l’enfance au développement négatif à l’âge adulte, (2) établir les indicateurs de santé et les facteurs physiologiques connexes qui comportent des risques pour les filles agressives et leurs enfants et (3) évaluer comment l’agressivité à l’enfance se répercute sur le rôle maternel et le développement de la prochaine génération. Enfin, les retombées de nos conclusions seront discutées.


2007 ◽  
Vol 27 (1) ◽  
pp. 177-193 ◽  
Author(s):  
Alain Beaulieu ◽  
Paul Morin ◽  
Hélène Provencher ◽  
Henri Dorvil

Résumé Les politiques de désinstitutionnalisation des soins psychiatriques entraînent le retour massif d'ex-patients psychiatriques au sein de la vie en société. Conformément à l'approche des déterminants sociaux de la santé et du bien-être, nous soutenons que les actions menées hors du cadre hospitalier sont les plus favorables au bien-être des personnes utilisatrices des services de santé mentale. En tête de liste des déterminants sociaux de la santé, il faut placer le travail qui constitue l'un des principaux vecteurs d'intégration sociale. Et pourtant, seulement 15 % des ex-patients psychiatriques parviennent à intégrer le marché régulier du travail. Les recherches qui expliquent cette réalité sont peu nombreuses. Notre équipe du GRASP (Groupe de recherche sur les aspects sociaux de la santé et de la prévention)/Centre FCAR souhaite remédier à cette situation en analysant les rapports de la santé mentale et du travail à l'aide des notions relatives au capital social, à la territorialité, l'empowerment, l'intersectorialité et au rétablissement (recovery).


Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document