Fin de l’avant-garde ?
Le terme " avant-garde " recouvre habituellement deux orientations tout à fait différentes : l'avant-garde proprement dite, qui désigne les mouvements conjoignant assaut contre l'autonomie de l'art et projet de changement social révolutionnaire, et la modernité, qui, selon Adorno, a pour centre l'œuvre d'art autonome et insiste sur la pureté esthétique. Or, il semble aujourd'hui que la définition exigeante d'Adorno ne puisse plus s'appliquer à une modernité qui puise désormais dans le répertoire des gestes esthétiques au lieu de chercher à développer le matériau ; quant aux avant-gardes, en l'absence de projet visant à changer la praxis de la vie, elles ne survivent, en définitive, qu'en tant que passé. Le présent article pose la question de la possibilité de poursuivre le projet de la modernité ou de fonder une nouvelle avant-garde à l'ère postmoderne de la déshistorisation des arts et de la littérature.