Troubles mentaux sévères et ressources spirituelles

2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S26-S27
Author(s):  
O. Mandhouj

La spiritualité et la religion jouent un rôle important pour certains patients souffrant de troubles psychotiques ou dépressifs. Toutefois, les psychiatres se sont souvent arrêtés aux aspects négatifs de ces aspects. Nous avons étudié récemment cette dimension chez des patients souffrant de psychose chronique. Nos résultats démontrent une plus grande religiosité des patients en comparaison aux soignants, ainsi qu’à la population générale. Seule une minorité de patients présente une croyance spirituelle que l’on peut qualifier de pathologique (14 %). La religion joue un rôle majoritairement positif pour l’image de soi (espoir, estime de soi), pour les symptômes de la maladie et pour les relations sociales. La religion a un effet protecteur par rapport à la prise de drogues. Différents exemples de la manière dont la religion peut être utilisée par les patients pour faire face à leurs difficultés seront énumérés durant l’exposé. Des études épidémiologiques et cliniques montrent que les pratiques religieuses et spirituelles diminuent le risque de passage à l’acte suicidaire. Nous détaillerons une étude que nous avons réalisé chez des personnes hospitalisées suite à des tentatives de suicide. Il apparaît dans cette population une spiritualité plus basse que celle rencontrée dans la population générale. Une spiritualité élevée, particulièrement par rapport à sa dimension « Sens de la vie », semble protéger de la récidive que nous avons évaluée sur une période de 18 mois. Dans un contexte de trouble mental chronique et grave, la religion et la spiritualité semblent être des éléments susceptibles d’aider considérablement certains patients. Il semble qu’il s’agisse d’un domaine relativement peu exploré par les soignants. Les manières dont cette thématique devrait être abordée dans la prise en charge des patients souffrant de troubles psychiatriques sera discutée.

2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 26-27
Author(s):  
C. Demily ◽  
G. Saucourt ◽  
C. Rigard ◽  
A. Poisson ◽  
N. Franck ◽  
...  

La prise en charge des troubles mentaux résultant d’une affection génétique reste complexe actuellement. D’une part, l’offre de soins psychiatriques spécifique destinée à ces populations particulières est quasiment inexistante et, d’autre part, le diagnostic d’une affection somatique qui est à l’origine des symptômes psychiatriques n’est pas souvent posé si les points d’appel cliniques somatiques ne sont pas au premier plan. La question de l’organicité des troubles mentaux est pourtant majeure puisque 6 % des psychoses seraient secondaires à une affection organique. Il s’agit essentiellement de psychoses observées dans un cadre syndromique. Notons ici qu’il est également fort probable que certaines psychoses isolées (non syndromiques) aient une composante constitutionnelle, c’est-à-dire que leur survenue pourrait être favorisée par une constitution génétique particulière. La méconnaissance d’une pathologie sous-jacente à des troubles d’allure psychiatrique peut induire une véritable « perte de chance » pour le patient. Parmi les affections somatiques responsables des troubles psychiatriques, les affections cytogénétiques (par exemple, la microdélétion 22q11, le syndrome de Prader-Willi ou le syndrome de Smith-Magenis…) occupent une place importante et restent parfois méconnues et difficiles à repérer. Les maladies héréditaires du métabolisme (comme la maladie de Wilson ou les troubles du cycle de l’urée…) sont également pourvoyeuses de troubles mentaux. Le point important est que certaines de ces affections sont accessibles à un traitement étiologique, d’autres pouvant bénéficier de soins de stimulation adaptés au déficit. Fort de ce constat, il nous est apparu important de pouvoir développer un outil en direction de ces patients afin d’organiser le dépistage, des soins spécifiques et des stratégies de réinsertion socio-professionnelle. Parallèlement, nous avons constaté que les patients déjà pris en charge pour une affection génétique en Centre expert ne bénéficiaient pas toujours de soins psychiatriques adaptés, faute de connaissance précise de leurs difficultés. Le « Centre régional de dépistage et de prise en charge des troubles psychiatriques d’origine génétique » s’est structuré à Lyon en décembre 2012 grâce au soutien de l’ARS Rhône-Alpes et à une collaboration étroite entre les services de psychiatrie et de génétique clinique. Ce centre accueille et évalue les patients selon un protocole particulier qui sera détaillé.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 69-69
Author(s):  
A. Harbaoui ◽  
S. Benalaya ◽  
W. Homri ◽  
A. Bannour ◽  
R. Labbene

IntroductionLa question d’une transmission ou d’une influence des troubles mentaux des parents sur la santé mentale de leurs enfants, a pris un essor considérable en raison du développement de la génétique et des notions de vulnérabilité ou d’interactions gène–environnement. Les interactions précoces mère–enfant influencent de façon directe le développement psychoaffectif de l’enfant. Les troubles mentaux de l’enfant sont à leur tour générateur ou parfois révélateur d’une pathologie psychiatrique chez les parents, surtout la mère. Cette « boucle » dans laquelle la santé mentale de l’enfant et de la mère sont en perpétuelle interaction, nécessite une intervention spécialisée aussi bien sur l’un et l’autre mais aussi sur la dyade. Objectif.–Le but de ce travail est de faire le lien entre les troubles retrouvés des enfants suivis en pédopsychiatrie et leurs mères qui bénéficient d’une prise en charge en psychiatrie. Décrire le profil des mères dont les enfants sont suivis à la consultation de pédopsychiatrie de l’hôpital Razi et qui sont elles-mêmes suivies pour un trouble psychiatrique. Le recueil de données s’est fait à partir des dossiers médicaux des patientes.RésultatsNous avons recueilli dix dossiers de patientes suivies à la consultation de psychiatrie. Sur nos résultats préliminaires, la dépression maternelle est le trouble le plus fréquemment observé. Le travail est en cours de réalisation. Nous prévoyons d’élargir la population d’étude.ConclusionLa mise en place d’une guidance parentale repose sur le dépistage des troubles psychiatriques chez les parents et surtout la mère. Ce travail est une ébauche d’une perspective de collaboration entre psychiatres et pédopsychiatres.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S27-S27
Author(s):  
P. Huguelet

Le rétablissement est un processus visant à promouvoir l’acceptation de ce qui ne peut pas être changé, puis de construire un nouveau projet de vie positif. Se rétablir implique donc de trouver l’espoir, de redéfinir l’identité et de trouver un sens à la vie. Les philosophes puis les thérapeutes existentialistes se sont penchés sur la question du sens. Le sens revêt deux significations :– que signifient nos vies ?– à quoi servent nos vies ?Le sens de la vie est en lien avec une bonne estime de soi. Il découlerait cependant principalement d’une bonne congruence entre nos valeurs (définies comme « des croyances stables selon lesquelles certains buts dans la vie sont préférables à d’autres ») et les moyens donnés par le contexte social pour les appliquer. Nous décrirons dans cet exposé l’application d’un modèle postulant que chez les sujets souffrant de troubles mentaux, des éléments biologiques, psychologiques (p. ex. déficits motivationnels, idées délirantes) et sociaux (isolement) vont empêcher la reconnaissance de valeurs par le sujet, puis leur mise en application. Cela aura un impact sur le sens de la vie. Ce manque de sens va influencer négativement en feed-back la motivation, l’estime de soi et impacter sur des symptômes dépressifs. Notre étude a porté sur 176 sujets dont 75 souffraient de troubles psychotiques, 38 de trouble de la personnalité borderline, 35 de trouble bipolaire et 28 d’anorexie. Globalement, nos hypothèses ont été validées par une analyse de médiation : certains symptômes (manque d’espoir, dépression) influencent les valeurs ; celles-ci sont associées au sens de la vie ; en retour, celui-ci impacte sur des symptômes. Ces résultats, observables dans les quatre groupes diagnostiques, suggèrent de considérer les valeurs et le sens dans la prise en charge orientée sur le rétablissement des patients souffrant de troubles mentaux persistants.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S76-S76 ◽  
Author(s):  
C. Hingray ◽  
A. Biraben

Les comorbidités psychiatriques des épilepsies sont nombreuses et fréquentes. Un patient épileptique sur trois présente au cours de sa vie une pathologie psychiatrique (contre une personne sur cinq en population générale). Les études retrouvent des prévalences augmentées chez les patients épileptiques, en particulier pour les troubles de l’humeur, les troubles anxieux et les troubles psychotiques. Les troubles psychiatriques précèdent, accompagnent ou compliquent les différentes formes d’épilepsie. On sait, de plus, aujourd’hui que l’existence d’un trouble de l’humeur ou d’un trouble psychotique chez un sujet non épileptique augmente significativement le risque ultérieur de développer une épilepsie. Ces comorbidités ont un impact considérable, non seulement en termes de souffrance psychique et de qualité de vie, mais également sur le contrôle des crises épileptiques et sur l’efficacité et la tolérance des traitements antiépileptiques. De toute évidence, le lien qui unit épilepsie et troubles mentaux n’est pas celui d’une causalité unidirectionnelle où les troubles mentaux se réduiraient aux conséquences de l’épilepsie sur la santé mentale. En réalité, il s’agit moins d’une causalité que d’une association ; la relation entre pathologies épileptiques et psychiatriques est bidirectionnelle, voire triangulaire – certains facteurs physiopathologiques exposant les sujets à la fois à la survenue de troubles épileptiques et psychiatriques. L’usage des critères diagnostiques issus du DSM s’avère souvent problématique dans le cas des comorbidités psychiatriques de l’épilepsie. En effet, bon nombre de patients épileptiques présentent des symptômes psychiatriques sévères et invalidants mais atypiques, spécifiques qui ne réunissent pas l’ensemble des critères nécessaires au diagnostic d’un trouble particulier. Une attention particulière doit être notamment portée aux rapports temporels entre les crises d’épilepsie et l’apparition des symptômes psychiatriques. On distingue ainsi les troubles psychiatriques péri-ictaux (pré-ictaux, ictaux, postictaux) des troubles psychiatriques interictaux. Nous détaillerons, en outre, le syndrome dysphorique interictal, la psychose postictale et les crises non épileptiques psychogènes.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 87-87
Author(s):  
J.P. Fagot ◽  
S. Samson ◽  
J. Merlière ◽  
P. Gabach ◽  
A. Fagot

Introduction.Les fréquences des pathologies somatiques chez les adultes atteints de maladies psychiatriques sont peu documentées.Méthodes.Les bénéficiaires du régime général de l’Assurance Maladie en 2010, âgés d’au moins 18 ans, pris en charge pour troubles psychiatriques ont été identifiés dans le SNIIRAM à partir des diagnostics liés aux :– affections de longue durée ;– hospitalisations (PMSI-MCO, SSR, RIM-P) ;– arrêts de travail et invalidité [1].Les maladies somatiques ont été déterminées à partir des diagnostics liés aux affections de longue durée et aux hospitalisations [1]. Les prévalences ont été standardisées sur âge et sexe pour comparaison à celles observées en population générale.Résultats.En 2010, près de 2,1 millions d’adultes (5 %) avaient un trouble psychiatrique retrouvé dans le SNIIRAM, et 44 % d’entre eux avaient également une pathologie somatique retrouvée. Les pathologies somatiques les plus fréquemment retrouvées étaient les maladies cardiovasculaires (15 %), les affections respiratoires (11 %), le diabète (10 %) et les cancers (9,3 %). Par rapport à la population générale, une maladie cardiovasculaire était moins fréquemment retrouvée en cas de schizophrénie (fréquence brute : 5 %, ratio standardisé : 0,9), mais plus souvent en cas d’autres pathologies psychiatriques (16 %, ratio : 1,8 en cas d’épisode dépressif ou troubles de l’humeur). Un cancer était également moins souvent retrouvé que dans la population générale en cas de schizophrénie (3,3 %, ratio : 0,8), mais plus souvent en cas d’addictions (10,7 %, ratio : 2,1) ou de troubles anxieux (12 %, ratio : 1,6).Discussion.Par rapport à la population générale, certaines pathologies somatiques sont plus fréquemment retrouvées en présence de troubles psychiatriques, sauf en cas de schizophrénie. La connaissance de ces associations peut permettre aux soignants d’améliorer la prise en charge des pathologies somatiques comme des pathologies psychiatriques.


2012 ◽  
Vol 32 (2) ◽  
pp. 71-78
Author(s):  
S.F. Kirk ◽  
R. Tytus ◽  
R.T. Tsuyuki ◽  
A.M. Sharma

Introduction Nous en savons peu sur le lien entre les Lignes directrices canadiennes de 2006 sur la prise en charge et la prévention de l’obésité et les expériences de prise en charge du poids des Canadiens, et nous ne savons pas si ces expériences cadrent avec les recommandations figurant dans les Lignes directrices. Méthodologie Nous avons utilisé les données d’un sondage omnibus auprès de la population générale pour comprendre ces deux enjeux, particulièrement en relation avec les maladies chroniques. Le sondage était composé de 23 questions sur les pratiques de prise en charge du poids et de questions sur les caractéristiques personnelles. Résultats Sur les 2004 répondants, 33 % ont été classés comme faisant de l’embonpoint et 20 % comme étant obèses. Parmi les répondants ayant de l’embonpoint ou obèses, 48 % ont déclaré avoir interrogé leur médecin au sujet de la perte de poids et 30 % ont affirmé que leur médecin leur avait suggéré de perdre du poids sans qu’ils aient eux-mêmes abordé la question. En rapport avec les recommandations figurant dans les Lignes directrices, 14 % des personnes ayant de l’embonpoint et 18 % de celles étant obèses ont dit que la circonférence de leur taille avait été mesurée, respectivement 82 % et 87 % ont affirmé que leur pression artérielle avant été vérifiée et respectivement 36 % et 50 % ont déclaré qu’elles avaient subi un test de dépistage du diabète. Conclusion Ces résultats ont une incidence sur le diagnostic et la prise en charge des maladies chroniques.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 672-672
Author(s):  
D. Sebbane

Les patients atteints de troubles psychiques sévères sont en moins bonne santé physique et ont une espérance de vie réduite par rapport à la population générale. Les données de la littérature montrent que leur taux de mortalité est deux à trois fois plus élevé et qu’ils présentent un risque de mortalité majoré par la survenue de maladies cardiovasculaires.L’étiologie de cette surmortalité cardiovasculaire associée à la schizophrénie, au trouble unipolaire et au trouble bipolaire est multifactorielle.Elle inclut des facteurs génétiques, des facteurs environnementaux liés aux styles de vie des patients ainsi que des effets spécifiques liés à la maladie : on observe un risque relatif 1,5 fois plus élevé de la présence de facteurs de risque cardiovasculaires modifiables tels que l’obésité, le tabagisme, l’hypertension et la dyslipidémie. Le risque de développer un diabète sucré de type II est également fortement augmenté. L’autre facteur étiologique à considérer est celui des effets secondaires liés au traitement.En effet, le traitement médicamenteux de la majorité de ces troubles psychiatriques repose sur l’utilisation des antipsychotiques. Bien que ces médicaments aient une efficacité démontrée, ils sont malheureusement associés à des effets secondaires majeurs comme la somnolence et la sédation, mais aussi une prise de poids importante et la majoration des facteurs de risque cardiovasculaires.Actuellement, aucune stratégie efficace n’existe pour prévenir ces effets. Pourtant, l’accès au dépistage, aux mesures de prévention du risque cardiovasculaire et aux soins somatiques restent restreints pour ces patients. L’European Psychiatric Association (EPA) a ainsi émis des recommandations européennes afin d’améliorer la prise en charge des patients souffrant de troubles psychiatriques sévères. Elles orientent vers la prise en charge transdisciplinaire de ces effets, ainsi que vers la sensibilisation des psychiatres et des médecins généralistes au dépistage et au traitement des facteurs de risque cardiovasculaires et du diabète chez ces patients.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 571-571
Author(s):  
P.-M. Astorg ◽  
A. Moroy ◽  
S. Lamy ◽  
L. Jehel ◽  
J.-M. Sigward

ContexteLes malades de psychiatrie meurent 25 ans plus tôt que la population générale, en particulier de maladies cardiovasculaires dont un des facteurs de risque est le syndrome métabolique. Les psychiatres sont souvent les seuls médecins à prendre en charge les patients hospitalisés dans des services psychiatriques, avec une approche somatique limitée.MéthodologieNous avons réalisé une étude observationnelle de novembre 2013 à juillet 2014 afin d’établir un profil des sujets pris en charge en psychiatrie au CHU de Martinique (CHUM).ObjectifNotre objectif principal est de décrire le profil des personnes hospitalisées dans le service de Psychiatrie du CHUM : comorbidités somatiques (dont syndrome métabolique) et psychiatrique, niveau socio-économique, histoire de vie (avec recherche de traumatisme).RésultatsCent quarante-quatre dossiers ont été documentés ; 62 % de femmes et 38 % d’homme avec une moyenne d’âge de 46 ans [18 ; 79]. 68 % de la population est créoles martiniquais et 17 % métropolitains. 85,7 % présentent des troubles somatiques (moyenne 2,2) et se répartit comme suit : 31 % problème cardiaque, 26 % endocrinologique, 16 % respiratoire, 25 % appareil locomoteur, 17 % maladie du système nerveux, 16 % appareil génito-urinaire et 28 % autres. 18 % présentent un syndrome métabolique. Nous ne retrouvons pas dans cette étude préliminaire de maladies psychiatriques prédisposantes pour développer un syndrome métabolique. Nous ne retrouvons pas non plus de lien entre l’histoire de vie traumatique avec diagnostic d’état de stress post-traumatique et la présence d’un syndrome métabolique (Chi2 et tests exact de Ficher).ConclusionsCes résultats soulignent la nécessité de sensibiliser les professionnels en psychiatrie sur la nécessité d’identifier les facteurs de risque de pathologie somatique (notamment métabolique et cardio-vasculaire) et de développer un réseau de prise en charge multidisciplinaire pour les patients hospitalisés en psychiatrie.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 639-640 ◽  
Author(s):  
M. El Hadj Khalif ◽  
L. Gaha

L’approche socioculturelle en psychiatrie constitue un champ précieux d’investigation des pathologies mentales. Elle représente, au-delà d’un héritage important, un domaine en constant développement dont l’évolution est tributaire de son inscription dans un contexte intégrant plusieurs intervenants, médecins mais aussi anthropologues, ethnopsychiatres, et sociologues. En effet, l’abord transculturel se multiplie dans l’ensemble des recherches épidémiologiques et cliniques en psychiatrie et maintenant on lui assigne une place essentielle dans les classifications officielles.Nous nous proposons dans ce présent travail, d’étudier à travers une revue de la littérature et des travaux réalisés dans le service de psychiatrie de Monastir l’implication des aspects culturels en Tunisie dans la survenue des troubles psychiatriques.Au fil des échanges professionnels entre psychiatres tunisiens, il est apparu que la dimension culturelle infiltrait la pratique de la psychiatrie. Parmi les facteurs liés au patient et à son environnement, on trouve la migration (isolement, défaut de communication, problèmes linguistiques), le chômage, l’inaccessibilité aux soins, la tolérance des familles, le recours à la tradi-thérapie et la pensée magique dans l’explication des manifestations psychiatriques.Bien que la maladie mentale soit universelle, de nombreuses études transculturelles nationales et mêmes internationales ont montré des aspects différentiels et comparatifs des troubles mentaux suivant les différentes cultures. Cette divergence clinique a fait l’unanimité de la littérature quant à l’influence significative de la culture dans la survenue des troubles psychiatriques, mais n’ont pas encore, bien sûr, d’établir une relation de causalité.L’histoire, la littérature et notre pratique clinique quotidienne attestent que notre culture maghrébine peut influencer largement la forme, le contenu, l’ampleur des manifestations cliniques et le pronostic des troubles mentaux. L’ensemble de ces aspects culturels requiert une évaluation fine et systématisée par les thérapeutes psychiatres afin d’offrir une prise en charge globale, ciblée et s’intégrant dans un projet de soins personnalisé.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S140-S140
Author(s):  
M. Floquet ◽  
I. Mouric

IntroductionLe dispositif de soins psychiatriques aux détenus s’est vu complété par la création des unités hospitalières spécialement Aménagées (UHSA), qui accueillent des patients souffrant de troubles psychiatriques en hospitalisation à temps plein, avec ou sans consentement. L’UHSA de Nancy a ouvert ses portes en mars 2012 et nous proposons une analyse descriptive des patients accueillis dons ce service, une réflexion sur son fonctionnement ainsi que sur les liens avec nos partenaires.Matériel et méthodesll s’agit d’une étude rétrospective descriptive sur la période d’août 2012 à juillet 2013 inclus. Nous avons analysé plusieurs caractéristiques des patients hospitalisés. Nous nous sommes intéressés aux patients présentant un trouble psychotique afin d’en dégager d’éventuelles spécificités. Nous avons aussi envoyé un questionnaire à nos différents partenaires (UCSA et SMPR) pour savoir si la création de ce dispositif de soins avait eu des conséquences sur leurs pratiques auprès des patients.RésultatsCent quatre-vingt-six patients ont été inclus. Les patients hospitalisés sont majoritairement masculins (89,9 %), célibataires (72 %), sans activité professionnelle avant l’incarcération (78 %). 73 % des patients ont des antécédents de suivi en psychiatrie. Quarante pour cent de ces patients hospitalisés ont un diagnostic de trouble psychotique. Nous retrouvons des différences significatives entre les patients psychotiques versus les autres patients sur plusieurs facteurs. Nos partenaires ont vu leur pratique se modifier mettant en avant une meilleure communication entre les soignants et une meilleure alliance thérapeutique avec le patient.ConclusionL’UHSA offre une nouvelle modalité de soin aux détenus. Néanmoins, une réflexion plus globale doit être menée du fait de l’importance des détenus présentant des troubles mentaux et de la gravité des tableaux cliniques. Cette réflexion doit se faire avec l’ensemble des partenaires sanitaires et judiciaires et notamment avec les services de psychiatrie en milieu ouvert.


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