scholarly journals Politiques et pratiques en matière de bois-énergie dans certains pays d’Afrique subsaharienne – un examen critique

2019 ◽  
Vol 340 ◽  
Author(s):  
Phosiso Sola ◽  
Jolien Schure ◽  
Richard Eba’a Atyi ◽  
Davison Gumbo ◽  
Irene Okeyo

L'Afrique subsaharienne reste très dépendante des biocombustibles, qui couvrent 60 % de sa demande énergétique totale. Bien que le bois-énergie soit une source d'énergie importante pour des millions de personnes en Afrique subsaharienne, il est rarement suffisamment reconnu dans les politiques énergétiques. Depuis des décennies, les politiques gouvernementales ont supposé que la croissance économique et l'augmentation des revenus des ménages qui en résulterait entraînerait un passage à des carburants plus "modernes". Cependant, avec des niveaux de pauvreté toujours élevés et le manque d'accès à des sources d'énergie alternatives abordables, cette transition est loin de devenir une réalité. Cet article conceptualise la gouvernance du bois-énergie et analyse les politiques et les mécanismes institutionnels pertinents pour le sous-secteur du bois-énergie dans certains pays : Cameroun, République démocratique du Congo, Kenya et Zambie. Sur la base d'un examen structuré de la littérature, il évalue les politiques et les mécanismes juridiques existants et leur mise en œuvre, dans le contexte des pratiques actuelles le long des chaînes de valeur du bois-énergie dans ces mêmes pays. La principale conclusion est que, bien que le bois-énergie soit de plus en plus reconnu comme une source d'énergie majeure dans la plupart des pays, il est souvent associé à des résultats environnementaux négatifs et à des résultats socio-économiques positifs. Récemment, les gouvernements de plusieurs pays ont élaboré des politiques et des cadres législatifs pour guider, gérer, soutenir et réglementer la production et le commerce du bois-énergie. En dépit des dispositions légales, l'industrie du bois de feu fonctionne en grande partie dans le secteur informel et n'est pas réglementée et/ou réprimée dans certains endroits. La gouvernance des chaînes de valeur du bois-énergie est confrontée à des défis majeurs liés au manque de clarté des arrangements institutionnels et des mécanismes d'application, aux capacités limitées et aux comportements corrompus, ainsi qu'à l'insuffisance des investissements et du financement. Par conséquent, une gouvernance plus intégrée et mieux adaptée est nécessaire pour que les chaînes de valeur durables du bois-énergie deviennent une réalité.

2013 ◽  
Vol 315 (315) ◽  
pp. 29 ◽  
Author(s):  
Guillaume Lescuyer ◽  
Julienne Nadège Essoungou

Quoique la gestion forestière multiusages (Gfmu) soit promue par les codes forestiers d'Afrique centrale, cette approche reste mal comprise et peu mise en oeuvre pour les forêts de production et les forêts communautaires. L'article présente les résultats de 62 entretiens avec des personnes impliquées dans la gestion forestière au Cameroun, au Gabon et en République démocratique du Congo, et fait ressortir trois interprétations de la Gfmu : une exploitation durable du bois intégrant secondairement les usages des autres acteurs ; une utilisation coutumière des ressources par les populations locales ; une gestion planifiée et formelle de la diversité des biens et fonctions fournis par ces écosystèmes. L'analyse détaillée de huit études de cas montre en pratique que l'aménagement durable de la forêt se focalise presque toujours sur l'exploitation du bois ; quoique l'utilisation du gibier et la collecte des produits forestiers non ligneux soient systématiquement mentionnés dans les documents d'aménagement. À l'inverse, les services environnementaux - séquestration du carbone, protection des bassins versants - ou les biens publics y sont quasi absents. L'inscription de différents usages dans les documents de gestion ne suffit toutefois pas pour qu'ils soient toujours mis en oeuvre sur le terrain. Trois pistes sont explorées pour renforcer l'application de la Gfmu dans le bassin du Congo : concevoir la Gfmu à l'échelle du paysage et non à celle du massif forestier ; améliorer le contenu des documents d'aménagement forestier pour y inclure et valoriser l'ensemble des usages de la forêt ; renforcer le contrôle de l'application effective des documents de gestion, grâce à la certification ou à un meilleur contrôle du respect de la légalité.


2019 ◽  
Vol 340 ◽  
Author(s):  
Adrien Péroches ◽  
Emilein Dubiez ◽  
Régis Peltier ◽  
Pierre Procès ◽  
Simon Diowo ◽  
...  

En République démocratique du Congo, l’agriculture itinérante sur brulis et la production de bois-énergie sont les principales activités génératrices de revenus des populations périurbaines. Mais ces activités sont également les premières causes de déforestation, comme c’est le cas dans un rayon de 200 km autour de Kinshasa et autour des principales métropoles du pays. Afin d’améliorer la gestion des espaces périurbains et d’assurer l’alimentation durable en bois-énergie de Kinshasa, le projet UE Makala a co-construit avec douze communautés du plateau Batéké et du Kongo central des Plans simples de gestion des terroirs et du bois-énergie via une méthode participative. En complément, des itinéraires techniques (plantations agroforestières à Acacia auriculiformis et d’essences locales, régénération naturelle assistée) ont été proposés et testés avec les agriculteurs producteurs de bois-énergie de ces communautés. Après une période de 18 mois de mise en œuvre autonome des Plans simples de gestion, une évaluation de leur appropriation par Principes, critères, indicateurs et vérificateurs a été menée. Cette évaluation a montré que le niveau d’appropriation des Plans simples de gestion et des itinéraires techniques promus par le projet UE Makala est meilleur au Kongo central, où la forêt a quasiment disparu, qu’au plateau Batéké où des reliquats de forêts-galeries existent encore. De plus, il a été mis en évidence dans les deux zones que les activités collectives étaient peu appropriées alors que les activités individuelles, pour lesquelles la répartition du travail et des bénéfices était sans ambiguïtés, ont été plus largement appropriées. Cependant, à l’échelle individuelle, des différences notables d’appropriation ont été constatées en fonction du statut foncier des bénéficiaires. Les faibles superficies disponibles et l’accès au foncier sont les principaux facteurs limitant l’appropriation des itinéraires techniques agroforestiers.


2019 ◽  
Vol 340 ◽  
Author(s):  
Jolien Schure ◽  
François Pinta ◽  
Paolo Omar Cerutti ◽  
Lwanga Kasereka-Muvatsi

Le charbon de bois restera une source d’énergie importante en Afrique subsaharienne dans un avenir prévisible, le présent article se concentre sur l’amélioration de l’efficacité de la carbonisation comme contribution à des chaînes de valeur plus durables du charbon de bois. Alors que l’efficacité de la conversion du bois en charbon est souvent considérée comme une question technique de performance des fours, cette étude vise à mettre en lumière le rôle d’un contexte institutionnel favorable et les capacités des acteurs impliqués. Sont d’abord passées en revue les initiatives visant à améliorer la production de charbon de bois dans différents pays d’Afrique subsaharienne. Nous comparons ensuite les données sur les processus de carbonisation dans deux zones en République démocratique du Congo : Yangambi et le Plateau de Bateke. Les principales conclusions sont les suivantes : 1) l’amélioration des techniques de carbonisation permet de réaliser d’importants gains en termes de taux de conversion du bois en charbon, mais le succès dépend en grande partie de l’adéquation des solutions de four en fonction du contexte, de la capacité et de la sensibilisation des producteurs et du contexte institutionnel favorable ; 2) le renforcement des capacités des opérateurs et des autres parties prenantes nécessite des techniques de four efficaces, mais aussi une sensibilisation accrue aux avantages et aux options d’approvisionnement durable, le renforcement des compétences financières et de gestion des organisations de producteurs et l’amélioration du transport, de la manutention et de la commercialisation ; 3) le statut illégal ou informel des producteurs de charbon de bois en Afrique subsaharienne nuit à l’efficacité des processus de production du charbon, tandis qu’un cadre institutionnel adéquat facilite l’accès des producteurs aux permis et au financement, fournit une fiscalité claire avec des incitations pour des pratiques plus durables et relie les exigences techniques en termes de carbonisation aux sources et utilisations finales durables. Le succès ou l’échec des techniques de carbonisation améliorées et les résultats socio-écologiques connexes sont déterminés conjointement par les solutions qui incluent les aspects de renforcement des capacités, d’acceptabilité et d’institutions favorables identifiés dans cet article. La poursuite du développement de ces solutions en partenariat avec les producteurs accroît le potentiel de chaînes de valeur plus durables pour le bois-énergie.


2009 ◽  
Vol 302 (302) ◽  
pp. 53
Author(s):  
François Pinta ◽  
Philippe Girard

L'un des verrous à la mise en oeuvre de projet de génération d'électricité à partir de la biomasse réside dans la bonne appréciation de la nature de la ressource et de sa disponibilité. Cet article s'inspire de travaux qui ont été réalisés en 2007 afin d'apprécier la faisabilité de la mise en place de centrales dendro-électriques de vingt mégawatts en Guyane française. L'analyse de la disponibilité en ressources de biomasse a été au coeur de l'étude. L'originalité de l'approche consiste à apprécier la capacité de la forêt à fournir de manière durable tout ou partie des volumes nécessaires et sans remettre en cause la gestion actuelle. Différentes ressources ont été étudiées dont la valorisation de bois issus de deux gisements : l'exploitation forestière pour la production de bois énergie et l'exploitation mixte de bois énergie en complément de l'exploitation de bois d'oeuvre. Des scénarios ont été étudiés pour la zone côtière où se concentre la majorité de la demande électrique. Les travaux ont montré une disponibilité importante permettant d'approvisionner des centrales électriques de cinq et dix mégawatts de capacité électrique. L'étude de préfaisabilité d'une centrale de cinq mégawatts électriques près du village de Régina a montré la faisabilité économique du projet utilisant du bois issu de l'exploitation mixte des forêts de production et du bois récupéré sur l'emprise des pistes forestières. Cependant, la validation des schémas prévisionnels d'exploitation durable de bois énergie en forêt naturelle aménagée exige des recherches spécifiques complémentaires. (Résumé d'auteur)


2018 ◽  
Vol 335 ◽  
pp. 15
Author(s):  
Jean Semeki Ngabinzeke ◽  
Mikhail Pitchugin ◽  
Julie Linchant ◽  
Cédric Vermeulen ◽  
Jean-Marie Kahindo Muhongya ◽  
...  

Le suivi de l’utilisation des terres par télédétection a récemment connu un essor important. Cela s’explique par une accessibilité accrue et souvent gratuite des images à (très) haute résolution ainsi que par le développement d’applications web destinées au suivi de l’utilisation des terres. L’accès à ces applications reste cependant soumis à l’existence d’une connexion Internet fiable faisant encore défaut dans certaines régions du globe. Dans ce contexte, la présente étude décrit une méthode permettant de produire des statistiques sur l’évolution de l’occupation du sol en réalisant une photo-interprétation par point sur des images en couleurs vraies à très haute résolution produites par mini-drone. La méthode utilise une application (PINT pour Photo-INTerprétation) intégrée dans le logiciel open source QGIS. Les surfaces de différentes occupations du sol sont dérivées des estimations des proportions de points affectées à chaque classe à partir d’une grille systématique. Pour illustrer l’intérêt de l’outil, l’étude considère les statistiques d’occupation du sol au sein de deux terroirs villageois du Complexe d’aires protégées de la Garamba, en République démocratique du Congo. Les résultats obtenus sont comparés avec ceux d’une cartographie de référence basée sur une photo-interprétation exhaustive après segmentation des images. Les écarts entre surfaces estimées par échantillonnage et surfaces de référence varient entre 0,2 % et 6,1 % pour les principales occupations du sol (forêts et savanes, défriches, jachères, implantations humaines et cultures). Des différences plus importantes (17,4 % et 13,4 %) sont enregistrées pour la classe « arbres isolés ». Le temps global de mise en œuvre de la méthode est de l’ordre de 60 ha par heure d’opérateur. L’utilisation du plugin PINT avec des images « drone » constitue une solution pertinente pour estimer des statistiques d’occupation du sol dans des régions web-isolées et pour des sites d’étendues de quelques (dizaines de) km².  


2019 ◽  
pp. 55-72
Author(s):  
A. Hemon ◽  
F. Drouyer
Keyword(s):  
Du Bois ◽  

En périphérie de la baie du Mont-Saint-Michel, le site du « Bois de la mare » dans le marais noir de Saint-Coulban est un ensemble de 16 hectares de terrains boisés dans les années 1960 en peupliers et épicéas, jamais exploités et présentant peu d’intérêt patrimonial, sylvicole ou paysager. Une opération de restauration de roselière en faveur de l’avifaune paludicole a été réalisée sur ce site. Ce projet est porté par la Fédération des chasseurs d’Ille-et-Vilaine, gestionnaire des terrains, et le Syndicat mixte Baie du Mont-Saint-Michel, maître d’ouvrage de l’opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel. La collaboration entre ces deux organismes repose sur des objectifs convergents. Dans le marais, la fédération procède depuis 1983 à des opérations d’acquisition et de restauration de milieux humides, à des fins d’accueil de l’avifaune. De son côté, le syndicat mixte est chargé de la mise en oeuvre d’un ensemble de mesures compensatoires ciblant l’habitat « roselière » et l’avifaune paludicole à l’échelle de la baie du Mont-Saint-Michel, en lien avec la suppression de roselière lors de travaux de curage du fleuve Couesnon. Le projet a consisté à ouvrir le milieu pour dynamiser la phragmitaie et à constituer des mosaïques d’habitats fonctionnels pour l’avifaune paludicole. Une instruction réglementaire particulièrement lourde a été nécessaire et a inclus la réalisation d’un boisement compensateur sur d’autres terrains. Le chantier s’est déroulé sur deux saisons sèches en 2015 et 2016. Le site a été déboisé par coupe et dessouchage, rognage et évacuation des résidus, terrassement de mares et création d’un accès à la parcelle enclavée. Un suivi écologique reposant sur une méthode standardisée a débuté en 2017. Les premiers résultats sont déjà très encourageants à la fois sur le développement de la phragmitaie, le fonctionnement hydraulique du site et l’accueil des espèces cibles.


2018 ◽  
Vol 27 (2) ◽  
pp. 139-148
Author(s):  
Geneviève Michaux ◽  
Albert Mwembo-Tambwe ◽  
Zakaria Belrhiti ◽  
Francis Monet ◽  
Bart Criel

Trois Zones d’Apprentissage et de Recherche (ZAR) sont développées par le programme RIPSEC en République Démocratique duCongo (RDC). Cette stratégie consiste à utiliser un district sanitaire comme substrat pour former des managers des districts de santé et mener des recherches sur les systèmes de santé. L’objet de cet article est d’explorer les principes, les effets et les conditions de succès de cette stratégie à travers une évaluation qualitative des expériences ZAR antérieures en Afrique Subsaharienne. Elle concerne quatre expériences, deux menées au Niger, une en RDC et une au Congo-Brazzaville. Les données proviennent des témoignages de responsables du développement des expériences, présentés dans un séminaire en 2014 et approfondis par des entretiens en 2015, et des publications traitant des expériences. Les faits communs aux quatre expériences sont la diffusion nationale et souvent internationale des bonnes pratiques et des modèles organisationnels, leur développement inscrit dans le long-terme et l’implication des managers des ZAR dans tous les volets de leur transformation. Le centrage de la recherche sur les problèmes de la ZAR et la promotion de la réflexivité dans les décisions managériales sont importants pour cette transformation. L’utilisation des résultats par le programme RIPSEC, les logiques imbriquées dans le concept ZAR et l’apport potentiel de l’implication d’écoles de santé publiques nationales dans leur développement sont ensuite discutés. La validité de l’étude est limitée mais renforcer le leadership des managers des districts sanitaires est un défi fréquent pour les systèmes de santé aux ressources limitées. Cet article peut aider à développer une stratégie pour le renforcer.


2019 ◽  
Vol 341 ◽  
pp. 15 ◽  
Author(s):  
Justin Kyale Koy ◽  
David Andrew Wardell ◽  
Jean-Fiston Mikwa ◽  
Joël Masimo Kabuanga ◽  
Alphonse Maindo Monga Ngonga ◽  
...  

D’une superficie de 225 000 ha, la Réserve de biosphère de Yangambi (République démocratique du Congo) est l’une des principales aires protégées menacées par l’anthropisation dans la région. Malgré son appartenance au réseau mondial des réserves de biosphère depuis les années 1970, les connaissances sur les dynamiques d’occupation du sol y sont encore lacunaires. Une démarche fondée sur l’analyse d’images (Landsat TM, ETM+ et OLI) et la réalité du terrain a été mise en œuvre pour étudier la dynamique d’occupation des sols de la réserve entre 1986 et 2016. Le taux annuel de déforestation est passé de 0,18 % au cours de la période 1986-2003 à 0,38 % en 2003-2016. Durant cette dernière période, la forêt primaire a connu un taux de déforestation plus élevé qu’en forêt secondaire (respectivement 4,5 % et 0,4 %). Quatre zones aux dynamiques socio-environnementales spécifiques ont été identifiées, nécessitant des approches de gestion différentes. Il s’agit notamment de la concession de l’INERA, des zones proches d’axes principaux de circulation, des zones situées sur des axes routiers plus ou moins abandonnés et des zones isolées du cœur de la réserve. Les principales causes de déforestation mentionnées par les habitants sont l’agriculture itinérante sur brûlis (54 % des ménages), l’exploitation artisanale des minerais (17 %) et la fabrication des pirogues (8 %). La pression démographique, sans amélioration du niveau de vie des communautés ou des techniques agricoles, et le développement du réseau routier, favorisant les échanges commerciaux, en sont les causes sous-jacentes. Cette dynamique de déforestation dans une forêt rattachée au réseau mondial des réserves de biosphère entame l’objectif fixé par l’État d’étendre le réseau d’aires protégées à 15 % du territoire national.


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