Ned Land et l’utopie compensatoire chez Jules Verne: à propos du Canadien de Vingt Mille Lieues sous les mers

2021 ◽  
Vol 33 (2) ◽  
pp. 153-169
Author(s):  
Maxime Prévost

Jules Verne, qui appelait le Canada ‘mon pays de prédilection’, a écrit trois romans canadiens et donné jour à de forts personnages-types canadiens dans ses Voyages extraordinaires. Le mieux connu de ces personnages est Ned Land, l’intrépide harponneur de Vingt Mille Lieues sous les mers, personnage composite des identités française et anglaise, le Verne de 1869 voyant le Canada de l’immédiate post-confédération comme le lieu de la conciliation franco-anglaise. Ned Land se distingue par son amour de la liberté: au fil des décennies, Verne, endossant désormais les récriminations de l’opinion française contre les ‘Anglo-Saxons’, fera de cette caractéristique celle de tous les Franco-Canadiens, son roman Famille-sans-nom (1889) présentant cette fois l’utopie compensatoire (à savoir cette propension vernienne à faire du Canada le lieu de représentations idéalisées allant à l’encontre de l’histoire événementielle) d’une union entre Canadiens français et peuples autochtones.

Author(s):  
Jean Levasseur

Le Canada français littéraire du XIXe siècle compte des œuvres relevant de l’utopie et de la science-fiction. Rémi Tremblay, Franco-Américain d’adoption, présente avec Un revenant (1884) une œuvre unique. Huit ans avant Jules Verne dans son Château des Carpathes (1892), Tremblay introduit la fantasmagorie dans la fiction. La science permet de véhiculer des idées libérales, dans le sillage de l’idéologie démocratique américaine. Par ailleurs, l’originalité du texte se trouve aussi dans le traitement fictionnel de la lanterne magique, qui fait se confronter deux philosophies scientifiques du XXe siècle, la relativité d’Einstein et la théorie quantique.


Author(s):  
Alexander McAuley

Abstract The report on the Royal Commission on Aboriginal Peoples (1996), the Kelowna Accord announced in 2005 (five-billion dollars) followed by its demise in 2006, and the settlement in 2006 for Aboriginal survivors of residential schools (1.9 billion dollars), are but some of the recent high-profile indicators of the challenges to Canada in dealing with the 500-year history of European contact with North America’s original inhabitants. While not without its challenges, the creation of Nunavut in 1999 stands apart from this history as a landmark for Inuit self-determination in Canada and a beacon of hope for other Aboriginal peoples. Building on the idea that educational change takes place within the intersecting socio-cultural contexts of the school and the larger world around it, and drawing on data from an eight-year series of design experiments in classrooms in the Baffin (now Qikiqtani) region of Nunavut, this paper explores the potential of knowledge building and knowledge-building technologies to support powerful bilingual (Inuktitut/English) and bicultural learning experiences for Aboriginal students. Résumé : Le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones (1996), l’Accord de Kelowna annoncé en 2005 (cinq milliards de dollars), suivi de son annulation en 2006, de même que le règlement de 2006 visant à indemniser les victimes de sévices infligés dans les pensionnats indiens (1,9 milliard de dollars), ne sont que quelques-uns des événements marquants récents qui témoignent des défis que le Canada doit relever en ce qui a trait à son histoire de 500 ans de contact entre les Européens et les Premières nations d’Amérique du Nord. Bien qu’elle ait comporté sa part de défis, la création du Nunavut en 1999 se démarque dans le cours de l’histoire en tant que point de repère pour l’autodétermination des Inuits au Canada et représente une lueur d’espoir pour les autres nations autochtones. S’appuyant sur l’idée que le changement en éducation se produit à l’intersection des contextes socioculturels de l’école et du monde qui l’entoure ainsi que sur des données provenant d’une série d’expériences de conception réalisées sur une période de huit ans dans les classes de la région de Baffin (maintenant Qikiqtani) au Nunavut, le présent article explore le potentiel de coélaboration des connaissances de même que les technologies de coélaboration de connaissances qui peuvent venir appuyer les fortes expériences d’apprentissage bilingues (inuktitut/anglais) et biculturelles des élèves autochtones.


2004 ◽  
Vol 23 (1) ◽  
pp. 9-32 ◽  
Author(s):  
Joyce Green

Résumé Le colonialisme au Canada constitue un rapport social qui s’accomplit essentiellement au détriment des peuples autochtones. Avec le temps et selon les contextes économiques, technologiques et politiques, les pratiques du colonialisme diffèrent et s’adaptent, mais le rapport de pouvoir qui le sous-tend reste essentiellement un rapport d’exploitation. Cette réalité module le palimpseste canadien et fonde l’ordre actuel des choses. Elle est toutefois régulièrement niée, obscurcie ou légitimée par le recours constant à une panoplie de techniques et de dispositifs intellectuels, mythologiques, politiques, juridiques, culturels et idéologiques, de telle sorte que la majorité des Canadiens l’ignorent. Ils n’ont, en fait, à peu près aucune idée de la situation politico-économique contemporaine des peuples autochtones et ne sont pas en mesure de constater combien ils profitent de privilèges iniques acquis au détriment de ces derniers. Le présent texte tente de faire la lumière sur ce type de rapport de pouvoir et soutient que le Canada ne pourra transcender ses origines coloniales, légitimer son existence, affirmer son identité et devenir une société véritablement postcoloniale sans amorcer au préalable un nécessaire processus de décolonisation et d’« autochtonisation » de l’État.


2010 ◽  
Vol 6 (1) ◽  
Author(s):  
Stephen W Koptie

This paper presents a reflective topical narrative following the research of Irihapeti Ramsden (2003), an Ngai Tahupotiki (Maori) nursing instructor of Aotearoa (New Zealand). It is a reflection on the nature of Indigenous inquiry, or what Irihapeti Ramsden recognized as an often melancholic journey of self-discovery. It has been a continuous struggle for Indigenous scholars to understand how, where, and why the injustices of colonization reduced Indigenous peoples to dependent remnants of the self-reliant and independent nations our stories remember. By connecting ideas like Jacques Derrida’s work on Aporias to the intentionality of the Kahswenhtha (Two Row Wampum), my hope is to contextualize one unresolved injustice, the Kanehsatà:ke (Oka) conflict. The symbolism of the Two Row Wampum addresses the possible but also the impossible of a new brotherhood between colonial Canada and its Indigenous peoples. Reconciliation will only be possible when Canada honours Indigenous resistance, resentment and rebellion against European myths of prerogative power. Our ancestors sacrificed a great deal, and we must wipe our tears and open our eyes, listen deeply, clear our throats and raise our voices to bear witness to our ancestors’ prayers for enduring hope, liberty and peace. Cette contribution présente un récit réflexif contemporain, dans la lignée des recherches de Irihapeti Ramsden, un formateur Ngai Tahupotiki (Maori) des infirmiers de Aotearoa (la Nouvelle Zélande). C’est une réflexion sur la nature de l’introspection Autochtone ou ce que Irihapeti Ramsden a reconnu comme le voyage, souvent mélancolique, de la découverte de soi. C’est une lutte continue pour les chercheurs Autochtones de comprendre comment, où, et pourquoi les injustices de la colonisation ont réduit les peuples Autochtones à des résidus dépendants des nations autonomes dont nos histoires se souviennent. En faisant le lien entre des travaux comme ceux de Jacques Derrida sur Aporias et l’intentionnalité du Kahswenhtha (Two Row Wampum), mon espoir est de mettre en contexte une injustice non résolue, le conflit de Kanehsatà:ke (Oka). Le symbolisme de Two Row Wampum interroge la possibilité mais aussi l’impossibilité d’une nouvelle fraternité entre le Canada colonial et ses peuples Autochtones. La réconciliation ne serait possible qu’à condition que le Canada rende honneur à la résistance, au ressentiment et à la rébellion des Autochtones contre les mythes européens de l’état d’exception. Nos ancêtres ont fait beaucoup de sacrifices et nous devons essuyer nos larmes et ouvrir nos yeux, écouter profondément, éclaircir et élever nos voix afin de témoigner des prières de nos ancêtres pour l’espoir, la liberté et la paix perpétuelle.


2014 ◽  
Vol 40 (1) ◽  
pp. 97-144 ◽  
Author(s):  
Guyanne Courchesne

L’auteure entend évaluer la justesse de la position du gouvernement canadien à l’égard de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, sur la base du droit canadien, des obligations internationales du Canada, des dispositions de la Déclaration et des prétentions officielles du gouvernement récalcitrant. À la lumière de cette analyse, il apparaît que la mise en œuvre de certaines dispositions de la Déclaration pourrait être un défi pour le Canada. Toutefois, ce défi n’est ni insurmontable ni périlleux, étant donné la capacité évolutive du droit canadien, la volonté de la population à cet égard et la présence d’une disposition d’équilibre complète au sein de la Déclaration.


Author(s):  
Michael Asch

RésuméL'État canadien se présente comme tolérant, anti-colonial et auto-critique. Cependant, la justification légale de la Couronne pour acquérir souveraineté et juridiction sur les Peuples autochtones et leurs terres s'appuie sur la doctrine coloniale de la terra nullius qui est fondée sur le postulat que les peuples indigènes étaient inférieurs au point de permettre à la Couronne de présumer que leurs terres étaient inoccupées. L'article analyse comment la doctrine de la terra nullius a fini par s'appliquer en droit canadien et ses limites en tant que proposition acceptable dans la contemporanéité. Dans un second temps, il évalue des alternatives proposées dans des milieux variés pour déterminer si la conceptualisation et la mise en œuvre d'une relation politique et légale entre les Premières nations et le Canada qui serait post-coloniale dans sa perspective et pratique, est possible.


Tangence ◽  
2013 ◽  
pp. 61-97
Author(s):  
Aline Smeesters

Le jésuite français Étienne de Carheil est surtout connu pour ses missions auprès des peuples autochtones du Canada. Mais l’ouvrage ici étudié est antérieur à son départ en mission : il s’agit d’un poème latin (Metamorphosis) célébrant la naissance du fils aîné de Louis xiv, le 1er novembre 1661, et composé alors que de Carheil, âgé de vingt-huit ans, était professeur de rhétorique au collège jésuite de Tours. Le poème reçut l’aval de ses supérieurs et fut jugé digne d’être imprimé à Paris ; de Carheil s’en souvient encore dans une lettre envoyée douze ans plus tard à son père, depuis la mission de Saint-Joseph à Goyogouën. À travers l’analyse de ce long poème allégorique (260 hexamètres consacrés à la métamorphose du lys français, rougi par les guerres mais retrouvant sa blancheur à travers la naissance princière), transparaît le bagage littéraire et culturel du jeune de Carheil quelques années avant son départ pour le Canada.


2021 ◽  
Vol 46 (2) ◽  
Author(s):  
Rachel Webb Jekanowski

Background: Since 1919, the Hudson’s Bay Company has sponsored films to document and advertise its trading operations. Films such as Hudson’s Bay Company Centenary Celebrations (1919), The Heritage of Adventure (1920), and Leipzig Exhibition footage (1930) offered views of North American landscapes and Hudson’s Bay Company trading posts and department stores alongside ethnographic footage of Indigenous Peoples. Analysis: Drawing on archival research conducted at the Hudson’s Bay Company Archives and textual film analysis of these “fur films,” this article theorizes their production and circulation within settler visual culture. Conclusions and implications: Tracing the films’ paths from the Eastern Arctic to Montréal, and from London, England, to Leipzig, Germany, this article demonstrates how these moving pictures participate in the entanglement of settler and infrastructural projects that characterize early twentieth-century Canada. Contexte : Depuis 1919, la Compagnie de la Baie d’Hudson a commandité des films pour rendre compte de ses opérations commerciales et pour faire connaître celles-ci. Des films comme Hudson’s Bay Company Centenary Celebrations (1919), The Heritage of Adventure (1920), et Leipzig Exhibition Footage (1930) offrent des perspectives sur des paysages nord-américains et sur les postes de traite et les magasins à rayons de la Compagnie ainsi que des scènes de peuples autochtones à valeur ethnographique. Analyse : Cet article se fonde sur une recherche menée aux Archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson et sur une analyse textuelle de « films à fourrures » pour examiner la production et la circulation de ces derniers dans un contexte de culture visuelle colonisatrice. Conclusions et implications : Cet article retrace les parcours de ces films de l’Arctique de l’Est jusqu’à Montréal, et de Londres, Angleterre jusqu’à Leipzig, Allemagne, en démontrant comment ceux-ci contribuent à l’enchevêtrement de projets coloniaux et infrastructurels qui caractérise le Canada au début du 20e siècle.  


2010 ◽  
Vol 23 (1) ◽  
pp. 130
Author(s):  
Karine Gentelet ◽  
Doris Farget ◽  
Christopher Campbell-Duruflé

2019 ◽  
Vol 52 (4) ◽  
pp. 697-721
Author(s):  
Oscar Mejía Mesa

RésuméLa Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVRC) réitérait en 2015 la volonté des Peuples Autochtones de renouveler leur relation avec l’État canadien. Cet article présente une réflexion théorique sur les possibilités offertes par le fédéralisme afin de renouveler cette relation entre les Autochtones et l’État. L'article confronte les arguments des tenants du fédéralisme comme cadre des relations entre les Autochtones et l’État et ceux des critiques de l’établissement d'un rapport fédéral de nation à nation entre les Peuples Autochtones et le Canada. L'article présente donc une proposition pour le renouvellement de la relation entre les Autochtones et l’État à travers un modèle de fédéralisme basé autour de régions autochtones autonomes.


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