scholarly journals L'anxiété dans les troubles bipolaires

Author(s):  
Michel Angers ◽  
Marianne Couillard Larocque ◽  
Gregory Fortin-Vidah ◽  
Laurence Garceau ◽  
Louison Gros ◽  
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Bien que l’anxiété soit très répandue chez les personnes souffrant d’un trouble bipolaire et qu’elle ait des impacts délétères sur l’évolution et le traitement de la maladie, des recensions des écrits antérieures ont souligné que de nombreux aspects de cette condition demeurent sous-étudiés (Provencher et al., 2012 ; Spoorthy et al., 2019). La présente étude de portée (scoping review) vise à fournir un portrait complet de la littérature traitant de l’anxiété dans le trouble bipolaire (ATB) entre 2011 et 2020, à évaluer si l’intérêt pour le sujet a augmenté au cours de la dernière décennie et à cartographier les tendances de publication. Trois bases de données ont été consultées, tous les articles ont été triés sur la base du titre et du résumé, et un échantillon aléatoire correspondant à 25 % des articles restants a été constitué en vue d’évaluer leur éligibilité (n = 406 articles). De ces derniers, 247 articles ont été inclus. Les 75 % restants (n = 1217 articles) sont en processus de catégorisation et les résultats finaux seront présentés dans une publication ultérieure. Le nombre annuel d’articles sur l’ATB publiés entre 2011 et 2020 a été calculé et les articles traitant du sujet en tant que sujet principal ont été classés en 4 catégories et 11 sous-catégories afin d’identifier les lacunes dans les connaissances sur le sujet. Les résultats préliminaires (basés sur l’échantillon de 25 %) indiquent que le nombre annuel de publications est resté relativement stable au cours de la période et que seulement 33,6 % des articles font de l’ATB leur sujet principal. Parmi ceux-ci, plus de 50 % sont de nature descriptive, couvrant principalement les impacts observables de la comorbidité et ses caractéristiques cliniques. Une proportion plus faible de la littérature aborde les processus sous-jacents à l’ATB (14,5 %) et son traitement (22,9 %). Ces résultats soulèvent des interrogations quant à la pertinence de continuer à investir des ressources dans la recherche portant sur les aspects descriptifs du sujet alors que l’on en sait encore peu sur les mécanismes sous-jacents à l’ATB et sur son traitement. Les résultats soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur ces autres aspects de l’ATB afin de mieux comprendre et traiter cette comorbidité unique. 

2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 26-26
Author(s):  
E. Olié ◽  
N. Franck ◽  
S. Gard ◽  
P.-M. Llorca ◽  
M. Maurel-Raymondet ◽  
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IntroductionLa psychoéducation du trouble bipolaire favorise l’adhésion thérapeutique et le maintien de l’euthymie à 2 ans [1]. Au terme d’un tel programme, les patients peuvent avoir besoin d’aide pour perpétuer la mise en place des apprentissages concernant l’observance thérapeutique, les routines de vie quotidienne, l’évitement des toxiques et le repérage des prodromes thymiques. Le Serious Game BIPOLIFE®, jeu centré sur un avatar souffrant de trouble bipolaire évoluant dans des situations de la vie courante, s’articule aussi autour de ces cibles. ObjectifsÉvaluer la qualité de l’observance thérapeutique par la Medication Adherence Rating Scale (MARS) [2], les indicateurs de routine de vie et de recours aux soins psychiatriques à 1 et 4 mois de la dernière séance de psychoéducation chez les patients utilisant BIPOLIFE® vs. suivi habituel.MéthodologieÉtude pilote multicentrique randomisée contrôlée à 2 bras (durée : 24 mois) incluant des sujets euthymiques (score de dépression MADRS ≤ 12 et de manie YMRS ≤ 8 depuis 3 mois), bénéficiant d’un programme de psychoéducation. Les patients du groupe « intervention » se connecteront au site BIPOLIFE®, de manière hebdomadaire, pendant un mois (durée de connexion libre). À l’inclusion (dernière séance de psychoéducation), 1 et 4 mois, seront évalués l’attitude vis-à-vis du traitement, la qualité du sommeil, l’indice de masse corporelle, le périmètre ombilical, la consommation de toxiques, le fonctionnement psychosocial et le recours aux soins psychiatriques.PerspectivesProposer BIPOLIFE® en add-on de la psychoéducation pour renforcer les compétences acquises lors du programme et le maintien de l’euthymie.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 620-620
Author(s):  
K. M’Bailara ◽  
S. Gard ◽  
E. Rouan ◽  
M. Chive ◽  
L. Zanouy ◽  
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Vivre au quotidien avec un trouble bipolaire ou vivre avec un patient atteint d’un trouble bipolaire génère un stress familial intense [1]. Les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) et le développement parallèle de l’éducation thérapeutique du patient proposent 3 axes prioritaires de prise en charge des aidants familiaux : l’information sur le trouble, l’aide dans la gestion du trouble au quotidien et le soutien psychologique. Dans ce contexte, les programmes de psychoéducation familiale constituent un dispositif pertinent pour répondre à la question complexe de la place des familles dans la prise en charge : comment inclure les aidants dans le soin tout en leur garantissant de ne pas devenir des soignants [2] ? Des nombreuses études ont pointé le bénéfice d’une telle prise en charge sur l’évolution de la pathologie [3,4]. Ainsi dans le cas des troubles bipolaires, la psychoéducation a un impact sur le nombre d’épisodes dépressifs et maniaques, sur leur durée et leur intensité. À l’heure actuelle peu de travaux nous renseignent sur les mécanismes qui permettent une telle amélioration et en particulier sur les processus favorisant les modifications de stratégies des personnes dans la gestion du trouble bipolaires. Un des leviers essentiel à évaluer concerne la représentation de la maladie. En effet, l’éducation thérapeutique place d’emblée la personne au cœur du dispositif en s’appuyant sur ses connaissances et sa représentation de la maladie et ne peut se réduire à l’instruction. Notre objectif est donc d’évaluer le poids de l’évolution des représentations sur les stratégies d’adaptation des patients et des familles confrontées au trouble bipolaire. Cette étude a été effectuée auprès de patients ayant reçu un diagnostic de trouble bipolaires et de leur famille pris en charge dans un programme de psychoéducation de 12 séances (sur 6 mois). Nos résultats offrent des pistes de compréhension des processus en jeu au cours d’une psychoéducation multifamiliale.


2012 ◽  
Vol 37 (1) ◽  
pp. 157-187 ◽  
Author(s):  
Martin D. Provencher ◽  
Lisa D. Hawke ◽  
Meggy Bélair ◽  
Anne-Josée Guimond

Le trouble bipolaire est une maladie chronique caractérisée par une récurrence des rechutes thymiques, et par des symptômes résiduels interférant avec le fonctionnement de l’individu. La pharmacothérapie demeure la pierre angulaire du traitement. Malheureusement, la médication a des effets limités sur certains aspects de la maladie, sans compter qu’une grande proportion de patients présente des problèmes d’observance à leur traitement pharmacologique. Cette recension des écrits aborde le rôle de la psychoéducation comme traitement complémentaire dans la prise en charge des patients bipolaires. Les différentes modalités de psychoéducation structurée, dont deux programmes psychoéducatifs manualisés appuyés par des données probantes, sont présentées. Dans une perspective de transfert des connaissances, des recommandations pour l’implantation de la psychoéducation dans le système de santé québécois sont proposées.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 25-26 ◽  
Author(s):  
Y. Quintilla ◽  
E. Olié ◽  
N. Franck ◽  
S. Gard ◽  
P.-M. Llorca ◽  
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ContexteLe trouble bipolaire est une pathologie chronique qui nécessite la mise en place de stratégies non médicamenteuses éducatives [2]. Récemment, le concept de Serious game (jeu sérieux) [1] a fait son apparition dans les programmes d’éducation thérapeutique [4]. BIPOLIFE®[3], programme d’information ludoéducatif sur le trouble bipolaire accessible sur Internet, a été développé afin de s’intégrer dans la panoplie psychoéducative. BIPOLIFE® consiste à faire évoluer son avatar au quotidien. Ce jeu est basé sur 3 cibles : les règles hygiénodiététiques, l’observance médicamenteuse, le recours au médecin/psychiatre.ObjectifMise en place d’une étude pilote évaluant l’acceptabilité de BIPOLIFE® et son effet sur la connaissance de la maladie auprès de 63 patients bipolaires sur 3 semaines. Les patients ont été évalués avec l’échelle de connaissance du trouble bipolaire et une échelle d’acceptabilité de BIPOLIFE®.RésultatsBIPOLIFE® semble être mieux accepté par des jeunes (p = 0,011) et plus efficace sur des hommes (p = 0,043) ayant une moins bonne connaissance de la maladie initiale (p ≤ 0,001). La majorité des patients a rapporté en avoir tiré bénéfice sur leur vie quotidienne, leur connaissance ou leur gestion de la maladie. Les patients ont déclaré que BIPOLIFE® est à conseiller à des personnes souffrant de TB (32 %), à leur proche entourage (32 %) ou au grand public (16 %). ConclusionNotre étude montre que BIPOLIFE® est déjà un outil pertinent dans la prise en charge des patients bipolaires. Des études complémentaires sont nécessaires pour évaluer précisément sa place dans les programmes de psychoéducation.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 567-567
Author(s):  
K. M’Bailara ◽  
A. Desage ◽  
L. Zanouy ◽  
I. Minois ◽  
M. Bouteloux ◽  
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La réactivité émotionnelle est définie par l’intensité émotionnelle avec laquelle un individu réagit à son environnement. Il est désormais admis que les patients ayant reçu un diagnostic de trouble bipolaire ont, en moyenne, une réactivité émotionnelle de base plus intense que les sujets n’ayant pas la pathologie [1–3]. Afin d’affiner cette observation, il paraît maintenant important de déterminer s’il existe différents profils de dysrégulation émotionnelle (hyporéactivité émotionnelle versus hyperréactivité émotionnelle). Les liens entre émotion et adaptation n’étant plus à démontrer, affiner la description des profils de dysrégulation émotionnelle peut être un levier pour mieux saisir les différences de fonctionnement entre les patients. En effet, le niveau de handicap associé aux troubles bipolaires semble variable et les déterminants de cette variabilité sont encore peu connus. L’objectif de cette étude est de tester le lien entre profils de réactivité émotionnelle et niveau de fonctionnement chez des patients normothymiques ayant reçu un diagnostic de troubles bipolaires. Cette étude a été réalisée auprès de 67 patients normothymiques et ayant reçu un diagnostic de trouble bipolaire. La réactivité émotionnelle a été évaluée avec la Multidimensional Assessment of Thymic State (MATHYS) et le fonctionnement avec le FAST. Les résultats montrent que la distribution des scores de fonctionnement diffère entre les groupes (test de Kruskall-Wallis 11,7 ; ddl = 2 ; p = 0,003). À la fois, les patients présentant une hypo-réactivité (MATHYS < 16) et ceux présentant une hyper-réactivité émotionnelle (MATHYS > 24) ont un niveau de fonctionnement général altéré, avec une perturbation particulière pour les dimensions autonomie, activité professionnelle, fonctionnement cognitif et relations interpersonnelles. Il existe donc différents profils de dysrégulation émotionnelle chez les patients. Tenir compte de ces profils paraît pertinent pour orienter certains patients vers un travail de régulation émotionnelle en termes de réduction de l’intensité émotionnelle alors que d’autres mériteraient de davantage réagir à leur environnement.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 47-47
Author(s):  
M. Di Nicola ◽  
L. Sala ◽  
L. Romo ◽  
V. Catalano ◽  
C. Dubertret ◽  
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IntroductionDans les cas des troubles bipolaires, les taux de comorbidité avec un TDAH peut varier entre 9,5 % et 27 % [1]. Ces patients présentent un début de trouble plus précoce, avec plus d’épisodes dépressifs et des épisodes mixtes. Il existe peu d’étude sur le lien entre ces deux pathologies et les différentes dimensions de personnalité selon le modèle de Big Five. MethodsNotre étude comporte 106 patients souffrant de dépression, 102 patients bipolaires et 120 témoins, tous homogènes vis-à-vis de leurs caractéristiques démographiques. Le diagnostic de TDAH se basait sur les critères DSM-IV-TR. Les traits de TDAH étaient autoévalués avec la Wender Utah Rating Scale (WURS), la Adult ADHD Self-rating Scale (ASRS) et la Brown Attention Déficit Disorder Scale (ADD). L’Inventaire de Personnalité-Révisé, le NEO PI-R, servait également à évaluer les dimensions de la personnalité au sein des groupes cliniques. Résultats15,7 % des adultes souffrant d’un trouble bipolaire et 7,5 % souffrant d’une dépression sévère manifestaient une comorbidité d’un TDAH en comparaison avec seulement 3,3 % des témoins. Il existe des corrélations significatives entre des traits de personnalité et la présence d’un TDAH. Une analyse de régression logistique de l’ensemble des 208 sujets cliniques a montré que ceux avec des faibles niveaux de névrosisme manifestaient un taux moins important de comorbidité avec un TDAH. DiscussionNotre étude souligne le lien entre des troubles de l’humeur, notamment les troubles bipolaires, et la présence d’un TDAH chez des adultes. Nos résultats soutiennent la nécessité d’évaluer les sujets souffrant des troubles d’humeur sur une éventuelle comorbidité de TDAH en milieu clinique. Il faudra étudier d’une façon plus approfondie ces traits de personnalité et les liens entre des troubles de l’humeur et un TDAH afin de pouvoir adapter la prise en charge.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 599-600
Author(s):  
S. Ben Younes ◽  
W. Homri ◽  
S. Ben Alaya ◽  
A. Hajri ◽  
N. Bram ◽  
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IntroductionL’impulsivité est reconnue comme un facteur prédisposant aux conduites addictives et aux comportements suicidaires chez les patients bipolaires. Notre objectif était d’étudier l’impulsivité trait chez des sujets atteints de trouble bipolaire comparativement à des sujets témoins et déterminer si l’impulsivité trait identifierait un sous-groupe cliniquement distinct et homogène de trouble bipolaire. Le rôle joué par les expériences traumatiques infantiles sur le développement de comportements impulsifs chez les bipolaires a été également étudié.MéthodesÉtude de type cas témoins, durant une période de six mois (juillet 2012–décembre 2012). Les patients atteints de trouble bipolaire de type I, II ou non spécifié en normothymie ont été recrutés au service de psychiatrie C de l’hôpital Razi. Les sujets témoins ont été recrutés dans le service d’ORL de l’hôpital militaire de Tunis. Les deux groupes ont été comparés pour l’âge, le sexe et le niveau d’éducation. Ils ont ensuite été comparés pour les scores de la Barratt Impulsivity Scale (BIS-10) et pour les scores du Childhood Trauma Questionnaire (CTQ).RésultatsLes scores d’impulsivité totale et les sous-scores d’impulsivité motrice et cognitive des sujets souffrant de trouble bipolaire étaient significativement plus élevés que ceux des sujets témoins (avec respectivement p = 0,001; p = 0,005; p = 0,002). Il existait une différence statistiquement significative entre le groupe des bipolaires et des témoins en ce qui concerne le CTQ total (p < 10,3) et les sous-scores d’abus émotionnel (p < 10,3), de négligence physique (p = 0,01) et d’abus physique (p = 0,001) qui étaient plus élevés chez les patients. Il existait une corrélation entre le score total moyen au CTQ et le score total moyen d’impulsivité à la BIS-10 chez les sujets souffrant de troubles bipolaires (p = 004). L’impulsivité était associée à une enfance chargée d’évènements traumatiques, en particulier chez les patients bipolaires.ConclusionL’utilisation systématique d’un indicateur de l’impulsivité, en particulier le BIS, permettrait d’identifier les patients bipolaires à grand risque de conduites addictives et d’autres conduites à risques, afin de développer des mesures de prise en charge thérapeutique appropriées pour ces derniers vu leur mauvaise réponse au traitement.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 45-45
Author(s):  
M. Barde

Le trouble bipolaire (TB) apparaît comme étant la pathologie psychiatrique la plus associée aux comorbidités addictives. Parmi elles les Troubles Liés à l’Utilisation de Cannabis (TLUC) sont très fréquents (entre 30 et 60 % en fonction des cohortes). Devant cette réalité clinique, comprendre l’impact des TLUC sur le cours évolutif des troubles bipolaires paraît une question importante. Notre étude porte sur 910 patients bipolaires inclus dans la cohorte des centres experts sur le TB. L’évaluation du TB ainsi que des comorbidités addictives ont été réalisés avec la Structured Clinical Interview for DSM-IV (SCID), le fonctionnement, la sévérité et les comobidités ont été évalués à l’aide d’échelles spécifiques. Les patients souffrant de TB et d’un TLUC sont préférentiellement des hommes avec un âge de début plus jeune et une durée d’évolution plus courte que ceux sans comorbidité addictive. Le TB est plus sévère lorsqu’il est comorbide d’un TLUC. On note chez ce sous-groupe plus d’épisodes maniaques ou mixtes ainsi que plus d’épisodes psychotiques. Nous relevons plus d’épisodes thymiques (et notamment plus de cycles rapides) et d’hospitalisations sur les 12 derniers mois. Les tentatives de suicides (TS) et en particulier les TS graves ne semblent pas être corrélées à l’abus ou à la dépendance de cannabis chez les patients bipolaires. Le TLUC s’accompagne d’autres comorbidités avec plus de TDAH, plus de troubles anxieux et plus de troubles liés à l’utilisation de substances sur la vie entière (tabac et autres substances). Sur le plan dimensionnel, nous trouvons une association entre le TLUC dans le TB avec une hostilité, une impulsivité mesurées plus importantes, un fonctionnement global mesuré moins bon. À l’inverse, nous ne trouvons pas de lien entre TLUC et antécédents de traumatismes durant l’enfance (ni pour le score global du Childhood Trauma Questionnaire ni pour les sous scores).


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 87-87
Author(s):  
S. Charradi ◽  
W. Homri ◽  
F. Jelassi ◽  
A. Hairi ◽  
R. Labbene

Introduction.La créativité et le génie sont associés dans la conscience populaire, à la folie. Pourtant l’image de l’artiste a évolué toutes ces décennies, passant d’une sorte de schizophrène évidemment tourmenté à un bipolaire bienheureux et hyperactif.Objectif.Établir les mécanismes des liens unissant la créativité et l’humeur.Méthodologie.Revue de littérature en utilisant les mots clés : créativité, trouble bipolaire et tempérament.Résultats et discussion.Selon Hagop et Kareen Akiskal (1988) la prévalence des troubles bipolaires chez les créateurs est de 65 % de sujets cyclothymiques dans leur population d’artistes et d’écrivains, chanteurs de blues. British Study (1989) a établi un lien direct entre le trouble bipolaire ou cyclothymique d’artistes et d’écrivains britanniques et leur créativité : 38 % ont été traités pour des troubles de l’humeur et le 1/3 de ces artistes et écrivains font état d’oscillations sévères de l’humeur (moodswings). Elie Hantouche (2010) a souligné dans une analyse exhaustive de la littérature scientifique sur bipolarité et créativité en insistant sur le tempérament cyclothymique, que ce dernier est « un marqueur robuste de la bipolarité atténuée » et « le caractère le plus fortement lié à la créativité ». Toutefois, trop d’hypomanie tue la créativité, en effet l’hyperactivité sans période de réflexion et de contemplation ne favorise pas le processus artistique pur qui a besoin de la phase sombre de la mélancolie et de la lucidité autocritique (absente dans l’hypomanie). Bernard Granger (2004) a conclu que la bradypsychie et l’anesthésie affective de la dépression empêchent l’artiste de créer et stérilisent sa pensée. Et que dans les états maniaques les productions sont facilement débridées, inabouties et superficielles.Conclusion.Faut-il soigner les créateurs ? Faut-il privilégier l’équilibre thymique, mais respecter autant que possible la trajectoire de vie du patient sans étouffer sa créativité ?


2019 ◽  
pp. 29-39
Author(s):  
Wilfried Morice

La conception des variations de l’humeur, des renversements des affects en terme de bipolarité procéderait-elle de la résistance individuelle et collective à ce que, à la suite de Freud, on nomme le sexuel infantile ? Se spécifiant athéorique la notion de « trouble bipolaire » promeut pourtant intrinsèquement un idéal de constance et de pérennité qui donne à entendre la dénégation des questions relatives à la perte de l’objet et son traitement par la psyché. Considérant avec J. Laplanche que la pensée psychanalytique progresse, entre autre, par banalisations et réaffirmations, l’auteur explore ce que la logique bipolaire implique de résistance aux désirs d’inceste et de meurtre aux origines de la pensée. La notion de sexuel infantile est ainsi précisée et replacée dans l’évolution de la connaissance psychanalytique et ses propres mouvements de refoulement. Un retour sur la métapsychologie freudienne relative aux problématiques de perte objectale permet d’attester son statut foncier. L’incidence du narcissisme et du masochisme, ainsi qu’une hypothèse sur l’implication d’une dimension incestueuse dans les situations mélancoliques sont envisagées. Distants de quelques années, deux temps de la cure d’une patiente qui répondrait aux critères diagnostics des « troubles bipolaires », viennent témoigner de la mobilisation possible du lien mélancolique à l’objet perdu.


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