Tabac et alcool : Le tout est-il plus grand que la somme de ses parties?
Résumé Cette étude dresse un profil épidémiologique de la prévalence du tabagisme et de sa relation à l’usage et à l’usage épisodique excessif d’alcool dans la population canadienne et dans quelques sous-groupes de cette population. Nous avons analysé des données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – cycle 2.1 (ESCC, 2003), menée auprès d’un échantillon représentatif de la population âgée de 12 ans et plus (N=134 072) avec un taux de participation combiné de 80,7 %. Les résultats révèlent que 3 % de la population rapportent un usage exclusif du tabac alors que 57 % rapportent boire sans fumer et 20 % consomment les deux substances. Les buveurs sont majoritairement des hommes de niveau économique supérieur ; les fumeurs sont, dans une plus grande proportion, des femmes de milieu économiquement défavorisé. La concomitance de l’usage des deux substances est plus élevée parmi les hommes, les personnes à faible revenu et les jeunes âgés de 20 à 29 ans. Les fumeurs réguliers et occasionnels boivent de plus grandes quantités d’alcool et sont proportionnellement plus nombreux à être des buveurs épisodiques excessifs comparativement aux anciens fumeurs et non-fumeurs. Par ailleurs, ce sont les fumeurs qui ne boivent pas qui se perçoivent en moins bonne santé alors que les buveurs non fumeurs estiment être le plus en santé. La répartition inégale des conduites à risque et de leur concomitance à travers les sous-groupes socio-économiques permet de conclure à l’importance des interventions ciblées qui tiennent compte de la concomitance des usages de l’alcool et de tabac, et ce, en santé publique comme dans la pratique clinique.