Le moment des soins et la caractérisation du délit influencent-ils l’ouverture au soin ?
Résumé Notre pratique professionnelle en tant que psychologue en milieu carcéral interroge régulièrement l’articulation entre la fonction soignante et les contraintes de l’application de la peine, compte tenu des interactions inévitables, ne serait-ce que du fait du contexte environnemental. Ainsi, nous avons souvent été interpellés par l’attitude de certains détenus qui paraissaient plus difficilement mobilisables par rapport au soin après leur jugement. Cette étude exploratoire a pour objectif, à la fois d’évaluer les effets temporels ainsi que les effets du type de passage à l’acte sur l’ouverture au soin. Ainsi, au travers d’indicateurs au soin préalablement définis, nous avons réalisé une étude comparative de 20 sujets en procédure criminelle dans l’idée d’évaluer l’ouverture au soin au temps avant jugement et au temps après jugement avec l’hypothèse que le temps de l’avant jugement pouvait constituer un moment privilégié. Au regard de l’ampleur de la littérature consacrée au soin pour les auteurs de violence à caractère sexuel et des dispositions légales relatives au suivi socio-judiciaire avec injonction de soin, tout à fait innovantes en France (loi du 17 juin 1998), nous avons été amenés à différencier les auteurs de violence à caractère sexuel, des auteurs de crimes de sang. Les résultats nous amènent à penser que les sujets de notre étude présentent une ouverture au soin plus marquée au temps avant jugement et qu’ils sont plus difficilement mobilisables après leur jugement. Cette différence se trouve d’autant plus marquée chez les auteurs de violence à caractère sexuel. Ce qui interroge le sens et les enjeux de cette ouverture au soin.