TDAH : les spécificités cliniques chez l’adulte, les pièges diagnostiques

2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S28-S28
Author(s):  
D. Da Fonseca

Le trouble déficit de l’attention/hyperactivité est actuellement un trouble relativement bien connu chez l’enfant et l’adolescent. Mais depuis quelques années, de nombreuses études ont démontré une persistance partielle ou complète de ce syndrome à l’âge adulte. En effet, beaucoup d’adultes présentent des symptômes similaires à ceux retrouvés chez les enfants mais avec une symptomatologie plus souvent marquée par le déficit de l’attention que par l’hyperactivité psychomotrice et l’impulsivité. Le diagnostic différentiel reste difficile en particulier avec les troubles anxieux, les troubles de l’humeur ou les troubles de la personnalité. En effet, le TDAH partage de nombreux symptômes avec ces troubles psychopathologiques ce qui engendre de nombreuses difficultés diagnostiques. L’objectif de cette présentation est de montrer en quoi le TDAH est une entité distincte sur le plan clinique et neuropsychologique ainsi qu’au niveau fonctionnel et anatomique. Nous évoquerons également la question des comorbidités relativement fréquentes qui participent à la confusion et à la méconnaissance du trouble. À l’instar des enfants, le TDAH de l’adulte engendre malheureusement de nombreux dysfonctionnements tant au niveau social et professionnel qu’au niveau affectif. En revanche, il semble que ce trouble soit particulièrement sensible aux différents traitements (psychothérapies et/ou médicaments) qui permettent aux patients une meilleure qualité de vie. Une meilleure connaissance de ce trouble paraît donc incontournable afin de mieux comprendre les difficultés quotidiennes qu’il engendre mais aussi de proposer la prise en charge la mieux adaptée.

2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S32-S32
Author(s):  
A. Gros

Le nez a ses raisons que la raison ignore. Les émotions olfactives sont souvent inconscientes et vont pourtant diriger nombreux de nos comportements. Ce lien étroit entre émotion et olfaction est dû au fait que certaines régions cérébrales sont à la fois impliquées dans les processus olfactifs et émotionnels (cortex frontal et amygdale). Dans les pathologies neurodégénératives, dont la maladie d’Alzheimer (MA), ces structures vont être atteintes à des stades plus ou moins sévères de la maladie. Au-delà d’une aide au diagnostic précoce, nous avons montré que l’utilisation d’odorants pourrait aider au diagnostic différentiel entre certains troubles de l’humeur et la maladie d’Alzheimer . Sentir et ressentir, humer et humeur : la langue française nous apporte déjà des preuves d’un lien étroit entre nos émotions et notre olfaction. De manière objective nous avons mis en évidence que les odorants étaient des générateurs d’émotion puissants et stables . Ainsi les odeurs pourraient constituer une alternative non pharmacologique de prise en charge des troubles émotionnels de manière pratique, cette présentation abordera, en premier lieu, le lien précoce entre atteinte olfactive et psycho-comportementale dans la maladie d’Alzheimer puis l’intérêt de la stimulation olfactive dans la prise en charge non médicamenteuse des perturbations émotionnelles et comportementales dans cette pathologie. Pour finir, nous nous interrogerons sur l’apport de l’étude de l’olfaction dans la prise en charge des principaux syndromes émotionnels et thymiques du champ de la pathologie psychiatrique.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S149-S150
Author(s):  
A. Schlesser ◽  
R. Bocher

C’est une hospitalisation à domicile avec des interventions pluridisciplinaires quotidiennes auprès de 9 patients en phase aiguë ou subaiguë, présentant tout type de pathologie (à l’exclusion des démences et addictions). La demande d’admission est rédigée par un médecin. Le patient est alors reçu en consultation d’évaluation où il reçoit une information, donne un consentement écrit et définit un projet thérapeutique avec l’équipe. Le second temps est celui des soins, qui est contractualisé sur 21 jours, renouvelable 2 fois. Ce qui y fait soin, c’est la pluridisciplinarité au sein du travail clinique institutionnel, l’intensité, le cadre sécurisant mais souple liée à la disponibilité et la proximité des équipes soignantes, la mobilisation des ressources personnelles du patient au sein de sa réalité extérieure ainsi que celle des aidants. Cela participe pleinement à la déstigmatisation des soins psychiatriques, mais est aussi un frein à l’institutionnalisation. La mobilité et la créativité de l’équipe sont aussi facilitatrices de relais par un travail constant de réseau. L’évaluation sur 12 mois est faite à partir de deux outils :– un questionnaire de satisfaction des usagers systématique en fin de prise en charge avec rappel des patients à m4, m9, m12 ;– un bilan d’activité administratif.Le bilan de 2014 montre un taux d’occupation sur 12 mois de 84 %, soit 63 séjours pour 104 demandes. La population accueillie était en majorité des femmes (37/26) et l’âge moyen de 43 ans (1/3 de moins de 30 ans). Les diagnostics majoritaires sont psychose et troubles de l’humeur en phase aiguë, puis les troubles de la personnalité. Le délai d’admission était de 9,9 jours. Les médecins adresseurs sont des médecins hospitaliers en majorité. Le nombre de réhospitalisations est faible, 4 patients ont nécessité une hospitalisation sur le secteur. La satisfaction des patients était de bonne à très bonne.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 86-87
Author(s):  
S. Samson ◽  
J.P. Fagot ◽  
J. Merlière ◽  
P. Gabach ◽  
A. Fagot-Campagna

Introduction.Utiliser les bases de l’Assurance Maladie (Sniiram et PMSI) pour estimer la fréquence des prises en charge liées à la psychiatrie chez l’adulte en France.Méthodes.Parmi les bénéficiaires du régime général en 2010 de plus de 18 ans (45 millions), ceux ayant une prise en charge liée à la psychiatrie ont été identifiés à partir :– des diagnostics liés aux hospitalisations (PMSI-MCO, RIM-P, SSR), aux affections de longue durée, aux arrêts de travail ou invalidité ;– du remboursement de consultation avec un psychiatre ou à des soins ambulatoires psychiatriques ;– d’au moins trois remboursements de médicaments de la dépendance ou neuroleptiques, antidépresseurs, anxiolytiques, hypnotiques [1].Résultats.Près de 8,2 millions des adultes (18 %) ont reçu des soins liés à la psychiatrie, dont 5,6 millions (69 %) ont eu uniquement des délivrances médicamenteuses sans diagnostic identifié dans les bases. Les pathologies les plus fréquemment retrouvées étaient les épisodes dépressifs/troubles de l’humeur (889 000), les troubles anxieux (464 000), les addictions (383 000), les troubles de la personnalité et du comportement (340 000). Schizophrénie, autres troubles psychotiques, troubles bipolaires et anorexie mentale étaient retrouvés chez respectivement 181 000, 224 000, 164 000 et 23 000 adultes. L’âge moyen variait de 42 (anorexie mentale) à 58 ans (patients identifiés seulement par les médicaments). Le pourcentage de femmes (65 %) s’élevait de 28 % (addictions) à 68 % (épisodes dépressifs/troubles de l’humeur, ou patients identifiés seulement par psychotropes) et 87 % (anorexie mentale). Le pourcentage de bénéficiaires de la CMU-C (11,5 %) variait de 11 % (troubles bipolaires) à 26 % (addictions).Discussion.Dix-huit pour cent de la population adulte a eu recours à des soins liés à la psychiatrie en 2010. Un diagnostic spécifique est retrouvé dans les bases chez plus d’un quart de ces patients, avec une forte proportion d’épisodes dépressifs et autres troubles de l’humeur.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 49-50
Author(s):  
J. Cholet ◽  
J. Malnou-Belembert ◽  
A. Sauvaget ◽  
O. Bonnot ◽  
M. Grall-Bronnec

Le trouble déficit de l’attention avec hyperactivité (TDA/H) reste un diagnostic méconnu des psychiatres pour adultes [1]. Cependant, si l’émergence du trouble se fait dans l’enfance, près de 50 % des patients présenteront des symptômes résiduels à l’âge adulte. Les comorbidités associées telles que les troubles de l’humeur et les conduites addictives peuvent masquer les symptômes du TDA/H à l’âge adulte et expliquer en partie le manque d’efficacité des thérapeutiques proposées. En effet, si les comorbidités associées relèvent en premier lieu d’une prise en charge adaptée, le TDA/H de l’adulte nécessite lui aussi une approche thérapeutique spécifique, transversale et intégrative.M. G. est adressé en consultation pour l’évaluation d’un TDA/H de l’adulte. Ce patient, âgé de 42 ans est père au foyer. Il est en couple depuis 16 ans. Le couple a 3 enfants. Le dernier, âgé de 7 ans, est suivi par un pédopsychiatre pour un TDA/H. Le pédo-psychiatre a conseillé à Mr G de venir en consultation du fait de la similitude rapportée par le père entre les symptômes présents chez son fils et sa propre enfance. A partir de ce cas clinique, nous développerons les particularités sémiologiques et diagnostiques du TDA/H de l’adulte, en mettant l’accent sur la dysrégulation émotionnelle [3,4], les conduites addictives [2] associées et les troubles attentionnels. En raison de l’impact du TDA/H de l’adulte sur la qualité de vie du patient et de son entourage, les propositions thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses proposées au père en tant que patient, mais aussi en tant que parent d’un enfant hyperactif, seront discutées. En effet, ce cas clinique souligne bien l’importance d’une approche transversale et intégrative des adultes hyperactifs, dans un objectif thérapeutique en termes de qualité de vie socioprofessionnelle et familiale.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 60-61
Author(s):  
A. Pham-Scottez

Le concept de trouble de la personnalité borderline à l’adolescence donne lieu depuis de nombreuses années à de multiples débats et controverses, tant sur le plan théorique que dans la pratique clinique quotidienne. Partant de ce constat, 10 équipes européennes francophones (France, Suisse, Belgique), spécialisées dans la prise en charge du trouble borderline, se sont rassemblées pour créer le réseau européen de recherche sur la personnalité borderline (EUR-NET-BPD). L’objectif principal de cette étude était d’identifier les caractéristiques psychopathologiques spécifiques au trouble borderline chez l’adolescent (structuration de la personnalité, tempérament, impulsivité, mécanismes de défense, modalités d’attachement, expression émotionnelle, comorbidités…). Les objectifs secondaires de l’étude comprenaient l’étude de la place, du rôle et de la fonction de la dépression, la validation d’un outil de dépistage du trouble borderline, la caractérisation de facteurs étiopathogéniques, la mesure de l’impact des prises en charge chez les adolescents borderline. Un total de 85 adolescents de 15 à 19 ans (âge moyen 16,3 ans) borderline (diagnostic SIDP-IV) et 84 témoins non borderline appariés pour l’âge et le sexe ont été recrutés dans cette étude longitudinale multicentrique. Les critères borderline les plus fréquents chez les patients étaient les TS et automutilations, l’humeur instable, l’impulsivité et les colères inappropriées. Les principaux troubles de l’axe I vie entière retrouvés comprenaient les troubles de l’humeur (EDM : 71 %, dysthymie : 11 %, ED non spécifié : 6 %), les troubles alimentaires (anorexie : 40 %, boulimie : 33 %), le THADA (17 %), les troubles des conduites (18,8 %), le trouble oppositionnel avec provocation (31 %), les troubles liés à l’utilisation d’alcool ou de drogues et le PTSD (20 %). Les troubles de la personnalité les plus comorbides avec le trouble borderline étaient les personnalités obsessionnelle (35 %), antisociale (22 %), évitante (21 %), dépendante (12 %) et paranoïaque (10 %). Ces résultats seront comparés à ceux de la littérature internationale et commentés.


Swiss Surgery ◽  
2003 ◽  
Vol 9 (6) ◽  
pp. 315-319 ◽  
Author(s):  
Peloponissios ◽  
Gillet ◽  
Halkic

L'agénésie isolée de la vésicule biliaire (AVB) est une anomalie rare. Vingt-trois pour cents des porteurs de cette malformation présentent des douleurs de l'hypochondre droit accompagnées de nausées et d'intolérance aux graisses dont l'étiologie reste souvent inexpliquée. Que la méthode d'investigation initiale soit un ultrason ou une cholangiographie intraveineuse, le diagnostic retenu à tort est dans la grande majorité des cas celui d'une vésicule exclue ou scléro-atrophique. Il résulte de cette erreur une indication chirurgicale inutile avec un risque accru de lésion des voies biliaires. Le but de ce travail et de déterminer s'il est possible, malgré les pièges de l'imagerie radiologique, d'obtenir un diagnostic préopératoire et de préciser la marche à suivre en cas de découverte pré ou peropératoire d'une AVB. A partir de deux cas isolés que nous présentons dans ce travail, nous avons effectué une revue de la littérature. C'est en fait la méconnaissance de cette pathologie et sa non-évocation dans le diagnostic différentiel qui conduit à une prise en charge chirurgicale inutile et dangereuse. L'absence de structures anatomiques normales et l'impossibilité de réaliser une traction sur l'infundibulum afin de mener la dissection du triangle de Calot représente un risque accru de lésion des voies biliaires. L'évocation de ce diagnostique par le radiologue ou le chirurgien est essentielle lors de l'interprétation de l'imagerie radiologic. En cas de doute on réalisera une cholangiographie-IRM. Une transmission héréditaire de l'AVB a été observée. Les membres d'une même famille doivent être investigués.


2019 ◽  
Vol 90 (3-4) ◽  
pp. 273-287 ◽  
Author(s):  
Laurianne Coutier ◽  
Patricia Franco

Introduction : Chez l’enfant, le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) constitue un trouble du sommeil fréquent dont la prévalence est d’environ 3 % entre trois et huit ans. Matériels et méthodes : Son origine est multifactorielle (hypertrophie de tissus mous pharyngés, étroitesse des voies aérifères osseuses, atteinte du tonus neuromusculaire). Les symptômes et les signes cliniques diurnes et nocturnes à rechercher sont directement en rapport avec l’obstruction des voies aérifères supérieures (VAS) ou avec la mauvaise qualité de sommeil. Après une évaluation anamnestique et clinique complètes, incluant une nasofibroscopie, le spécialiste ORL s’orientera vers une adéno-amygdalectomie ou vers un enregistrement nocturne par polysomnographie ou polygraphie pour confirmer le diagnostic chez l’enfant. Chez l’adolescent, la prévalence du SAOS serait entre 0,5 et 6 %. Les facteurs de risque principaux sont l’obésité, le sexe masculin et les antécédents d’amygdalo-adénoïdectomie. Outre les symptômes classiques du SAOS de l’enfant, ce syndrome peut, chez l’adolescent, se manifester par une sémiologie trompeuse à type de dyssomnie, somnolence diurne excessive et/ou troubles de l’humeur. Les diagnostics différentiels à type de conduites à risque, retard de phase ou narcolepsie doivent être systématiquement évoqués. L’enregistrement de la respiration pendant le sommeil s’impose. Même si l’index d’apnées/hypopnées obstructives est faible, il doit être considéré. Conclusion : Chez l’enfant comme chez l’adolescent, la prise en charge multidisciplinaire (ORL, orthodontiste, kinésithérapeute maxillo-facial, pneumologue) doit être précoce afin d’éviter les complications neurocognitives, comportementales, cardiovasculaires et métaboliques. Une chirurgie maxillo-faciale pourra être discutée à partir de l’âge de 15 ans. Il ne faudra pas oublier de veiller aux règles d’hygiène de vie et de sommeil ainsi qu’à la prise en charge de l’obésité.


2019 ◽  
Vol 13 (3) ◽  
pp. 137-146
Author(s):  
S. Abdalla ◽  
A. Brouquet

La radiochimiothérapie (RCT) préopératoire avant la réalisation d’une chirurgie carcinologique du rectum (exérèse totale du mésorectum) permet d’améliorer le contrôle tumoral local chez les malades opérés d’un cancer du rectum localement avancé (CRLA). Les taux de récidive locale sont actuellement inférieurs à 10 %. En revanche, cette stratégie n’a pas d’effet démontré sur le risque métastatique et la survie à long terme, et elle est associée à un risque de séquelles à long terme susceptible d’altérer la qualité de vie de malades pourtant guéris de leur cancer. L’administration d’une chimiothérapie (CT) à pleine dose dans la période préopératoire peut avoir des effets positifs sur la prise en charge des malades opérés d’un CRLA : augmenter la réponse tumorale et optimiser le contrôle local utilisé en intensification ou induction de la RCT, limiter le risque métastatique et éviter les séquelles tardives liées si elle est utilisée comme une alternative à la RCT. Dans cet article sont abordés les différents aspects à la fois démontrés et en cours d’évaluation de la CT préopératoire dans la prise en charge des CRLA.


Obésité ◽  
2019 ◽  
Vol 14 (3) ◽  
pp. 124-130
Author(s):  
S. Vignes

Le lipœdème est une entité clinique mal connue, dont la prévalence est inconnue et qui est souvent confondue avec un lymphœdème. Il s’agit d’une répartition anormale du tissu adipeux, également pathologique, allant des hanches jusqu’aux chevilles en respectant les pieds. Il touche presque exclusivement les femmes obèses et débute généralement vers la puberté. Il s’accompagne de douleurs spontanées cutanées ou lors d’une stimulation modérée (pression, pincement), d’ecchymoses spontanées et d’œdèmes après orthostatisme prolongé. Le retentissement sur l’image corporelle et sur la qualité de vie est très important. Les examens complémentaires (scanner, IRM, lymphoscintigraphie) peuvent être utiles en cas de doute diagnostique ou pour confirmer le lipœdème. Après une longue évolution, le système lymphatique est atteint avec l’apparition d’un lipolymphœdème touchant alors le dos du pied et pouvant se compliquer d’érysipèle. La prise en charge n’est pas codifiée et comprend une perte de poids (qui améliore peu la morphologie des membres inférieurs), un soutien psychologique, la compression élastique, souvent mal tolérée et les activités physiques, en particulier en milieu aquatique. La liposuccion par tumescence réduit le volume, les douleurs spontanées et provoquées, les ecchymoses spontanées, et améliore l’apparence mais aussi la qualité de vie. La poursuite de la recherche clinique et physiopathologique du lipœdème est nécessaire pour pouvoir prendre en charge les femmes qui en sont atteintes.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 2-3
Author(s):  
E. Peyron

La prise en charge du sujet alcoolodépendant, utilisant les techniques de thérapie cognitivo-comportementales (TCC) a suivi l’évolution de ces techniques. Historiquement, les TCC ont évolué selon trois vagues. La première vague est comportementale et s’inspire directement des théories de l’apprentissage. On cherche dans ce cas à aider le patient à modifier son comportement. La deuxième vague des TCC a été centrée sur les cognitions. Le but du travail psychothérapique était d’aider le patient à favoriser des pensées alternatives lors d’une situation à risque. Depuis les années 2000, est née une troisième vague. Celle-ci se centre sur les relations entre la cognition et l’émotion [4]. L’hypothèse est que les troubles psychiques résulteraient d’une suppression erronée d’information émotionnelle. Par conséquent, la thérapie de la mindfulness – de la pleine conscience –, c’est à dire de l’expérience vécue pleinement de l’ici et maintenant, s’intéresse au contexte des expériences psychologiques. Les premiers programmes de thérapie de la pleine conscience ont été développés pour le sujet souffrant de maladies ou de douleurs chroniques pour améliorer leur qualité de vie [5]. Pour le sujet alcoolodépendant, un programme intégrant la pratique de la mindfulness à la prévention de la rechute (Mindfulness-Based Relapse Therapy: MBRT) [3,6,7]. Ce programme thérapeutique, que nous décrirons, s’appuie sur huit séances hebdomadaires. Nous avons aussi utilisé le programme classique de la mindfulness chez le sujet alcoolodépendant. La thérapie de la pleine conscience nous paraît intéressante à la fois dans la gestion du craving, mais aussi dans la gestion des émotions. Enfin, nous chercherons aussi, à partir des lectures des Stoïciens, d’Augustin (De Trinitate) [2], et d’Arendt (La vie de l’esprit) [1] à expliquer comment la pleine conscience est acceptation, acceptation d’un ordre qui ne dépend pas de nous, mais acceptation constitutive de notre liberté. L’acceptation est donc éthique.


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