Etude du E caduc — stabilisation en cours et variations lexicales

1994 ◽  
Vol 4 (1) ◽  
pp. 25-54 ◽  
Author(s):  
Anita Berit Hansen
Keyword(s):  
De Se ◽  

AbstractNous étudierons l'hypothèse selon laquelle le E caduc précédé d'une seule consonne — (V) C_C — serait en train de se stabiliser dans le français non-méridional, surtout en syllabe initiale de mot, mais aussi en monosyllabe et en syllabe médiane. A l'aide de deux corpus de français parlé parisien, rassemblés en 1972–1974 et en 1989, nous montrons d'abord que cette stabilisation ne peut pas être confirmée dans la langue parlée de Parisiens cultivés. Le E caduc étudié semble être une variable sociolinguistique stable, variant avec le style et avec 1'âge des locuteurs. La deuxième partie de notre analyse fait apparaître en outre un conditionnement lexical important en syllabe initiale (0% de maintien danssemaine, 100% dansrelation). Nous examinerons le rôle joué par la fréquence du mot, par la présence du préfixere-, et par la relation articulatoire entre les consonnes qui entourent le E caduc.

2016 ◽  
Vol 1 (10) ◽  
pp. 156-168
Author(s):  
Leslie Goufo Zemmo

Le présent article se propose de faire une analyse sémiotique du parcours figuratif de la femme noire dans la bande dessinée africaine Aya de Yopougon de M. Abouet et C. Oubrerie. Cette bande dessinée aborde implicitement la question de la responsabilité énonciative de la femme africaine en tant qu’acteur discursif dans le neuvième art. Nous montrons notamment comment la construction identitaire de cette dernière se faire progressivement au fil des tomes (1 à 6) pour aboutir à un figure linguistique autonome et complète. Cela est rendu possible à travers la segmentation cohérente du récit qui permet de dégager les différentes phases de son processus d’élévation sociale. Ce dernier part notamment de l’altérité qui la pose comme inférieure aux hommes, pour ensuite lui permettre de se découvrir en tant que personne entière. Ce qui en fin de compte contribue à définir son identité sociale, du moins dans la bande dessinée. Une identité qui contribue à poser cette bande dessinée comme un récit engagé qui voudrait, à sa manière convaincre les lectrices africaines à penser autrement leur être dans la société.


2018 ◽  
Vol 31 (1) ◽  
pp. 51-68 ◽  
Author(s):  
Elsa DELANOUE ◽  
Anne-Charlotte DOCKES ◽  
Alyzée CHOUTEAU ◽  
Christine ROGUET ◽  
Aurore PHILIBERT

Le regard que la société française porte sur l’élevage évolue du fait des transformations sociales et de l’évolution importante des systèmes de production. Face à ces enjeux, différents travaux d’analyse des points de vue des acteurs de l’élevage, des filières et de la société ont été conduits sur l’élevage et les remises en cause dont il fait l’objet. Une analyse sociohistorique permet de souligner l’ancrage historique de ces préoccupations et leurs évolutions. A partir d’enquêtes qualitatives et quantitatives et d’un cadrage théorique en sociologie des controverses, nous montrons, d’une part, que les attentes des citoyens envers l’élevage sont variées mais qu’une sensibilité envers le bien-être des animaux est en passe de se généraliser, et d’autre part, que ces attentes sociétales commencent à être considérées sérieusement par le monde de l’élevage dans l’adaptation de ses pratiques. Cinq visions pour l’élevage de demain, portées par différents profils d’acteurs, coexistent : les abolitionnistes, les alternatifs, les progressistes, les compétiteurs et les indifférents. Les stratégies des filières pour répondre à ces préoccupations sociales et améliorer les relations entre la société et l’élevage dans sa globalité passent par la mise en œuvre de chartes de bonnes pratiques ou de démarches de démarcation sur le mode de production. Plus globalement, cet article illustre l’intérêt du recours aux méthodes et concepts de la sociologie des controverses pour comprendre les débats autour de l’élevage et nourrir la réflexion des acteurs sociaux impliqués.


Author(s):  
Jean-François Carpantier
Keyword(s):  
De Se ◽  

L’or est étroitement mêlé à l’histoire des hommes, étant tour à tour chair des dieux égyptiens, matière des premières pièces de monnaie, promesse de liberté lors des ruées vers l'or et ancrage du système monétaire international. Aujourd’hui, alors qu’il ne joue plus de rôle officiel dans nos systèmes monétaires, l’or continue de susciter l’intérêt des investisseurs. En août 2020, le prix de l’or a atteint un nouveau sommet en dépassant ponctuellement les 2.000 dollars l’once. L’investissement est tentant. Les vertus présumées de l’or sont multiples. Certains y voient un refuge lorsque le climat économico-financier se dégrade, d’autres une couverture contre les fluctuations du dollar américain, d’autres un moyen de se protéger de l’inflation. Et justement, les craintes d'un retour de l'inflation ressurgissent, au vu des niveaux d'endettement de nos économies. Dans ce numéro de Regards économiques, nous testons la validité de cette dernière vertu : la propriété qu'aurait l'or de protéger contre l’inflation. L’originalité de notre approche est non pas d’évaluer la capacité propre de l’or à préserver le pouvoir d’achat, mais plutôt sa performance relative par rapport à d’autres matières premières que sont, par exemple, le pétrole, le cuivre ou le blé. En nous appuyant sur différentes techniques statistiques, nous montrons que la réputation de l'or est surfaite, l'or n'étant pas plus apte à protéger contre l’inflation que ne l’est le maïs, le nickel, le pétrole ou toute autre matière première.


2018 ◽  
Vol 33 (3) ◽  
pp. 147-169 ◽  
Author(s):  
François Bobrie
Keyword(s):  
De Se ◽  

Alors que la littérature marketing s’est abondamment intéressée au concept de « Marque » ( brand), elle a délaissé l’étude du marquage ( branding) dans ses dimensions figuratives les plus concrètes. Cet article est dédié à une enquête sémiotique sur la nature des marquages et sur les principes théoriques qui rendent compte de leurs constructions visuelles. Après avoir décrit les outils conceptuels mobilisés, nous montrons à partir d’exemples que le marquage est avant tout la source d’un récit de l’objet marqué et qu’il ne peut pas se résumer à une somme de stimuli, même codés. Puis à partir d’un échantillon de bouteilles de différents crus de Bordeaux et du Beaujolais, nous montrons comment les marquages comme langage visuel permettent de raconter toutes les nuances d’un positionnement et d’une segmentation à l’intérieur d’une même catégorie puis de se différencier entre catégories. En conclusion, nous soulignons l’intérêt heuristique d’une étude sémiotique pour comprendre et maîtriser l’efficacité d’une stratégie de marquage.


Semiotica ◽  
2018 ◽  
Vol 2018 (223) ◽  
pp. 127-140
Author(s):  
Georgeta Cislaru

Résumé  Cet article envisage la problématique des frontières du point de vue de la dynamique du processus d’écriture et de la manière dont s’y configure sémantiquement le texte/discours, pris en tant que construction dotée d’une unité globale non compositionnelle. Cette démarche introduit une perspective temporelle sur la production langagière écrite et questionne les principes d’unité et de stabilité du « produit ». Le corpus de travail est constitué de rapports de la protection de l’enfance et de leurs versions de rédaction, ainsi que des enregistrements en temps réel du processus de rédaction. L’analyse porte sur des segments de révision des rapports d’une part et sur les jets textuels, séquences langagières produites entre deux pauses lors de la rédaction en temps réel. Nous montrons que, dans cette optique, le texte/discours (en train de se configurer) est à la fois un lieu d’observation et un objet d’analyse. Les frontières entre unités langagières et unité textuelle s’estompent, l’observation des unes impliquant la compréhension de l’autre.


2018 ◽  
pp. 149-156
Author(s):  
Marie Poulain-Berhault
Keyword(s):  
De Se ◽  

Cet article montre que l’artiste enseigne le clinicien sur le traitement de sa psychose. Le but de est de montrer que la création, précisément la composition musicale, a une fonction pour l’artiste. Robert Schumann tente de border un débordement intérieur avec son art. La méthode choisie consiste à lire le journal intime, la correspondance avec sa femme et ses pairs, et certains articles de la revue pour la musique de Robert Schumann. Cette lecture éclairée par la psychanalyse lacanienne montre que le choix de la musique a eu un effet de fragilisation psychique qui s’est inscrite dans son corps. Son œuvre a été une réponse au réel qui s’est manifesté à lui en différents moments de son existence. Nous montrons que la création est en rapport avec le corps, pas biologique, celui de la libido, des pulsions et de l’angoisse. La création pourrait être un moyen de mettre à distance l’objet pulsionnel et de colmater une part de jouissance envahissante mais elle n’a pas opéré du côté de la suppléance. La composition pour une tentative de fermeture du corps a mené vers une décompensation psychique menant Schumann à tenter de se suicider.


2014 ◽  
Vol 21 (4) ◽  
pp. 366-387 ◽  
Author(s):  
Nejmeddine Hentati

Dans cette étude, nous montrons que l’attitude des juristes malikites vis-à-vis du prince n’était pas unifiée, ce qui nous permet de classer ces juristes en trois catégories : les révoltés, les soumis et les réservés. Si les révoltés participèrent à des révoltes et se permirent même dans certains cas de tirer l’épée contre le prince, les soumis, que les sources qualifient de ʿulamā’ al-salāṭīn, cherchèrent à rendre divers services au prince et mirent l’accent sur l’obligation des sujets de lui être soumis. La troisième catégorie de juristes porta son attention sur les devoirs du prince et tenta de se faire les porte – parole du petit peuple et de la religion. Nous rattachons cette diversité d’attitudes à plusieurs données historiques, dont la position ambiguë de Mālik b. Anas vis-à-vis du prince.
In this study, I show that the attitudes of Mālikī jurists towards the ruler fall into three categories: rebellious, submissive, and reserved: Rebelious jurists participated in revolts and, in some cases, drew their swords against the ruler; submissive jurists – identified in the sources as ʿulamāʾ al-salāṭīn – performed favors for the ruler and emphasized the obligation of his subjects to submit to him; reserved jurists focused on the duties of the ruler and attempted to give voice to the common people and religion. I link these three positions to historical data, including the ambiguous position of Mālik b. Anas vis-à-vis the ruler. 



2016 ◽  
Vol 39 (1) ◽  
pp. 63-90
Author(s):  
Kate Roddy

The legacy of John Foxe’s Acts and Monuments has urged scholars of the English Reformation to consider martyrdom the ultimate act of resistance, and recantation as an embarrassing lapse of faith. However, more recent criticism has drawn attention to the subversive potential of the false recantation, arguing that such events were not necessarily acts of capitulation but opportunities for covert evangelism and even shameless self-promotion. This article develops the above argument through an examination of the reformist Thomas Becon’s recantation of 1543, highlighting its innovative use of explicitly theatrical tropes to convey a message of falsity. However, the recantation’s potential for irony is shown to result in a lack of ideological stability in the narrative. Such instability, I argue, leads to further attempts to resolve or alter the meaning of a recantation through textual commentary. By means of close readings of the notable counter-recantation texts of Robert Wisdom and Robert Crowley, I demonstrate that the meaning of a recantation continues to be altered after the fact. Yet the defining quality of these texts is shown to be their confused and self-contradictory nature. I conclude that the continued argumentative oscillation of these texts indicates their ultimate failure to satisfactorily close down meaning and restore certainty to the co-religionist community. La postérité des Acts and Monuments de John Foxe a poussé les spécialistes de la Réforme anglaise à considérer le martyre comme l’ultime acte de résistance et le reniement comme une gênante défaillance de la foi. Toutefois, des travaux plus récents ont souligné le potentiel subversif du reniement feint, en avançant que de telles actions n’étaient pas forcément des gestes de capitulation mais plutôt des manières de se livrer à une discrète évangélisation, voire à une auto-promotion assumée. Cet article développe cette hypothèse en examinant le reniement du réformiste Thomas Becon en 1543, soulignant son utilisation novatrice d’éléments explicitement théâtraux pour transmettre un message mensonger. On remarque cependant que le potentiel d’ironie du reniement aboutit à une incertitude idéologique du récit. Nous avançons qu’une telle instabilité idéologique entraîne de nouveaux commentaires écrits cherchant à interpréter, réduire ou modifier la signification du reniement. Au moyen d’une lecture attentive des textes de contre-reniement importants, comme ceux de Robert Wisdom et de Robert Crowley, nous montrons que la signification d’un reniement continue de se transformer après les faits. Il apparaît aussi que ces textes se caractérisent principalement par leur confusion et leur contradiction inhérentes. Nous en concluons que l’oscillation continuelle que l’on observe dans l’argumentation de ces textes révèle leur incapacité dernière à régler de façon satisfaisante la question de la signification du reniement et à rétablir une certitude auprès de la communauté.


Author(s):  
Axel Gosseries ◽  
Vincent Van Steenberghe

Dans le cadre du Protocole de Kyoto, la Belgique s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 7,5 % par rapport à leur niveau de 1990. Récemment, un accord a été conclu sur la répartition de cet effort entre les trois régions et l’Etat fédéral. Afin de rencontrer leurs obligations, ceux-ci vont plus que probablement recourir aux "marchés internationaux des permis d’émission". La possibilité d’un tel recours fait néanmoins l’objet de réticences auprès de certaines personnes, dont des décideurs politiques. Ces réticences sont dues à deux facteurs : d’une part la complexité de l’instrument "marché de permis d’émission"; d’autre part la possibilité d’objections éthiques à sa mise en œuvre. Ce numéro de Regards économiques vise à expliquer de manière simple le fonctionnement de tels marchés et à montrer qu’il peut tout à fait être justifié d’y recourir. En ce qui concerne le fonctionnement de l’instrument, les questions suivantes sont abordées : Que gagne-t-on à échanger des permis d’émissions ? La propriété fondamentale de l’échangeabilité des permis est de diminuer les coûts de réduction des émissions pour l’ensemble des pollueurs, encourageant par là la mise en œuvre de politiques de réduction d’autant plus ambitieuses. Nous l’illustrons par la présentation d’un système existant et considéré comme exemplaire : l’ «Acid Rain Program» (Etats-Unis). En pratique, dans quel cadre les échanges de permis d’émission de gaz à effet de serre vont-ils se développer ? Nous identifions, présentons et comparons les deux principaux systèmes conduisant à des échanges de permis d’émission de ces gaz : le protocole de Kyoto (2008-2012) et la Directive européenne sur la mise en place d’un système de permis (à partir de janvier 2005). Quelle sera l’ampleur des échanges et des gains générés par ces échanges des permis issus du protocole de Kyoto ? Plusieurs pays, comme l’Europe des 15, les Etats-Unis et le Japon, devraient avoir largement recours à l’achat de permis (environ 25 % de leur allocation initiale) afin de satisfaire leurs engagements. La vente de ces permis/crédits provient, d’une part, d’autres pays industrialisés (Russie, Ukraine et autres pays de l’Europe de l’Est, qui exportent plus de 30 % des permis qui leur ont été alloués) et, d’autre part, des pays en développement, via le "mécanisme pour un développement propre". Celui-ci autorise des pays industrialisés (engagés à réduire leurs émissions) à remplir une partie de leurs engagements par la mise en œuvre de projets de réduction d’émission dans des pays en développement (pays qui ne sont pas engagés au respect d’un quota d’émission national). L’échangeabilité des permis conduit à une baisse drastique des coûts de la politique de réduction des émissions (de l’ordre de 60 % sous les hypothèses retenues). Toutefois, le retrait des Etats-Unis provoque un bouleversement sur ce marché. Le prix des permis baisse considérablement, au bénéfice notamment de l’Europe dont les coûts du respect de l’engagement au Protocole de Kyoto deviennent alors particulièrement faibles. Les questions et objections d’ordre éthique portent sur l’échangeabilité des permis et sur l’allocation de ces derniers. Les questions suivantes sont abordées : Quels seraient les arguments éthiques allant à l’encontre de l’échangeabilité de permis d’émission ? Trois arguments (objections) sont envisagés : (i) il serait injuste d’exiger de se faire payer (c’est-à-dire de vendre des permis de polluer) pour réduire les émissions; (ii) il serait injuste de payer autrui (c’est-à-dire d’acheter des permis de polluer) pour effectuer les réductions à notre place; (iii) la possibilité d’un prix des permis injustement bas (aux dépens des pays les plus pauvres) serait suffisante pour renoncer à l’échangeabilité. Nous montrons que même si l’échangeabilité peut s’accompagner d’injustices, l’absence d’échangeabilité serait plus injuste encore. Comment allouer de manière juste les permis entre Etats ? Les deux principaux critères d’allocation des permis sont considérés : le critère de grandfathering (allocation des permis au pro-rata des émissions passées) et le critère d’égalité par tête (allocation des permis au pro-rata du nombre d’habitants). Nous expliquons pourquoi le second est plus juste que le premier, même s’il doit toutefois être amendé. L’égalité par tête du droit d’émettre ne prend en effet pas en compte les différences, entre Etats, de coût de réduction des émissions et de coût des dommages causés par les changements climatiques (les petites îles du pacifique par exemple risquent d’être plus affectées que la Suisse en raison de circonstances purement géographiques).


Author(s):  
Axel Gosseries ◽  
Vincent Van Steenberghe

Dans le cadre du Protocole de Kyoto, la Belgique s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 7,5 % par rapport à leur niveau de 1990. Récemment, un accord a été conclu sur la répartition de cet effort entre les trois régions et l’Etat fédéral. Afin de rencontrer leurs obligations, ceux-ci vont plus que probablement recourir aux "marchés internationaux des permis d’émission". La possibilité d’un tel recours fait néanmoins l’objet de réticences auprès de certaines personnes, dont des décideurs politiques. Ces réticences sont dues à deux facteurs : d’une part la complexité de l’instrument "marché de permis d’émission"; d’autre part la possibilité d’objections éthiques à sa mise en œuvre. Ce numéro de Regards économiques vise à expliquer de manière simple le fonctionnement de tels marchés et à montrer qu’il peut tout à fait être justifié d’y recourir. En ce qui concerne le fonctionnement de l’instrument, les questions suivantes sont abordées : Que gagne-t-on à échanger des permis d’émissions ? La propriété fondamentale de l’échangeabilité des permis est de diminuer les coûts de réduction des émissions pour l’ensemble des pollueurs, encourageant par là la mise en œuvre de politiques de réduction d’autant plus ambitieuses. Nous l’illustrons par la présentation d’un système existant et considéré comme exemplaire : l’ «Acid Rain Program» (Etats-Unis). En pratique, dans quel cadre les échanges de permis d’émission de gaz à effet de serre vont-ils se développer ? Nous identifions, présentons et comparons les deux principaux systèmes conduisant à des échanges de permis d’émission de ces gaz : le protocole de Kyoto (2008-2012) et la Directive européenne sur la mise en place d’un système de permis (à partir de janvier 2005). Quelle sera l’ampleur des échanges et des gains générés par ces échanges des permis issus du protocole de Kyoto ? Plusieurs pays, comme l’Europe des 15, les Etats-Unis et le Japon, devraient avoir largement recours à l’achat de permis (environ 25 % de leur allocation initiale) afin de satisfaire leurs engagements. La vente de ces permis/crédits provient, d’une part, d’autres pays industrialisés (Russie, Ukraine et autres pays de l’Europe de l’Est, qui exportent plus de 30 % des permis qui leur ont été alloués) et, d’autre part, des pays en développement, via le "mécanisme pour un développement propre". Celui-ci autorise des pays industrialisés (engagés à réduire leurs émissions) à remplir une partie de leurs engagements par la mise en œuvre de projets de réduction d’émission dans des pays en développement (pays qui ne sont pas engagés au respect d’un quota d’émission national). L’échangeabilité des permis conduit à une baisse drastique des coûts de la politique de réduction des émissions (de l’ordre de 60 % sous les hypothèses retenues). Toutefois, le retrait des Etats-Unis provoque un bouleversement sur ce marché. Le prix des permis baisse considérablement, au bénéfice notamment de l’Europe dont les coûts du respect de l’engagement au Protocole de Kyoto deviennent alors particulièrement faibles. Les questions et objections d’ordre éthique portent sur l’échangeabilité des permis et sur l’allocation de ces derniers. Les questions suivantes sont abordées : Quels seraient les arguments éthiques allant à l’encontre de l’échangeabilité de permis d’émission ? Trois arguments (objections) sont envisagés : (i) il serait injuste d’exiger de se faire payer (c’est-à-dire de vendre des permis de polluer) pour réduire les émissions; (ii) il serait injuste de payer autrui (c’est-à-dire d’acheter des permis de polluer) pour effectuer les réductions à notre place; (iii) la possibilité d’un prix des permis injustement bas (aux dépens des pays les plus pauvres) serait suffisante pour renoncer à l’échangeabilité. Nous montrons que même si l’échangeabilité peut s’accompagner d’injustices, l’absence d’échangeabilité serait plus injuste encore. Comment allouer de manière juste les permis entre Etats ? Les deux principaux critères d’allocation des permis sont considérés : le critère de grandfathering (allocation des permis au pro-rata des émissions passées) et le critère d’égalité par tête (allocation des permis au pro-rata du nombre d’habitants). Nous expliquons pourquoi le second est plus juste que le premier, même s’il doit toutefois être amendé. L’égalité par tête du droit d’émettre ne prend en effet pas en compte les différences, entre Etats, de coût de réduction des émissions et de coût des dommages causés par les changements climatiques (les petites îles du pacifique par exemple risquent d’être plus affectées que la Suisse en raison de circonstances purement géographiques).


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