Les douleurs chroniques en pédiatrie : qu’en savons-nous ?

2021 ◽  
Vol 60 (2) ◽  
pp. 148-154
Author(s):  
Sophie Dugué ◽  
Barbara Tourniaire

Lorsque la douleur persiste ou se répète, elle impacte tous les domaines de vie de l’enfant ou de l’adolescent, entraînant des retentissements sur les capacités fonctionnelles et relationnelles de l’enfant que ce soit dans la vie familiale ou sociale. Elle s’accompagne souvent de troubles du sommeil, de troubles anxieux, dépressifs ou de manifestations psychopathologiques induites ou associées pouvant renforcer l’expérience douloureuse. Dans ces situations, mais aussi lorsque la douleur résiste aux traitements habituels, cela renforce le cercle vicieux de la douleur chronique. Alors une évaluation globale de la situation, selon le modèle biopsychosocial est indispensable, afin de proposer un projet thérapeutique personnalisé et adapté. Lorsque les impacts de cette douleur qui persiste, se répète ou résiste aux traitements, sont trop importants, l’enfant doit être adressé en consultation dans une Structure Douleur Chronique (SDC) pour bénéficier d’une prise en charge par une équipe multiprofessionnelle et multidisciplinaire qui sera en lien avec les professionnels de santé de proximité (médecin ou pédiatre traitant, psychologue, kinésithérapeute, médecine scolaire...). Après une synthèse des principales caractéristiques disponibles dans la littérature concernant les douleurs chroniques de l’enfant, nous verrons comment s’est développée depuis les années 1990 la prise en charge des douleurs chroniques de l’enfant en France et comment s’organise le parcours de soin à l’heure actuelle.


2021 ◽  
Author(s):  
V. Barfety-Servignat ◽  
A. Sallet

Comme tout médicament, la kétamine a une action sur les plans sensoriel et psychique chez tout sujet. Que vivent et que nous rapportent les patients sous kétamine de leurs sensations et plus généralement de la sensorialité sous kétamine ? Il s’agit dans cet article de questionner ce qui se passe pour nos patients qui font l’expérience de la kétamine dans la prise en charge des douleurs chroniques et de le mettre en perspective avec la clinique psychopathologique du trauma et de la douleur chronique. Il convient de nous interroger sur la fonction que vient tenir, pour le patient, la demande de kétamine et celle que tient, pour le prescripteur, la proposition d’un tel traitement quand cela fait courir le risque de venir geler un travail d’appropriation d’un corps vécu et capable d’agir sur le monde.



2019 ◽  
Vol 32 (3) ◽  
pp. 147-154
Author(s):  
P. Queneau ◽  
A. Serrie ◽  
R. Trèves ◽  
D. Bontoux

Environ 22 millions de Français (environ 30 % de la population adulte) souffrent de douleurs chroniques rebelles aux traitements antalgiques conventionnels. La France a été l’un des premiers pays déterminés à lutter contre la douleur chronique, en mettant en place plusieurs plans gouvernementaux. Toutefois, l’état actuel fait apparaître de réelles menaces sur la prise en charge des malades douloureux chroniques, en raison : 1) de départs prochains à la retraite de nombreux médecins spécialisés, qui avaient créé les « structures spécialisées douleur chronique » (SDC) ; 2) et de grandes difficultés de recrutement de leurs successeurs. L’Académie nationale de médecine émet les recommandations suivantes : 1) consolider l’existence des 273 SDC pour les années à venir ; 2) désigner au sein de chaque faculté de médecine un « coordinateur universitaire douleur » rattaché à la sous-section « Thérapeutique médecine de la douleur » du Conseil national des universités ou à une des grandes disciplines universitaires concernant la douleur ; 3) veiller au renouvellement des équipes des SDC par : des médecins ayant reçu une formation spécialisée transversale « Médecine de la douleur », en plus de leur diplôme d’études spécialisées d’origine ; d’autres soignants (infirmières, physiothérapeutes, psychologues…) ayant bénéficié d’une formation « douleur » ; 4) en plus de l’indispensable formation initiale de tous les médecins et soignants à la spécificité de la douleur chronique, faciliter l’accès à des formations complémentaires sur les nouvelles approches non médicamenteuses, technologiques et psychosociales ; 5) développer la recherche clinique et fondamentale translationnelle par la mise en place de choix stratégiques, politiques et organisationnels.



2021 ◽  
Author(s):  
N. Kerckhove ◽  
A. Corteval ◽  
A. Eschalier

Cet article est un état des lieux des publications ayant évalué l’utilisation et l’impact de la e-santé chez des patients souffrant de douleur chronique. Nous avons évalué les text-message, les carnets électroniques et les applications mobiles. Enfin, les limites et défis futurs de l’intégration de la e-santé dans la prise en charge des douleurs chroniques sont discutés. En conclusion, l’intégration de la e-santé est prometteuse pour la prise en charge des patients, mais il y a une nécessité d’effectuer des études rigoureuses pour valider le réel bénéfice apporté.



2021 ◽  
Author(s):  
D. Annequin

Les médicaments de la douleur font l’objet de craintes souvent majeures. Le protoxyde d’azote associé à 50 % d’oxygène (MEOPA) est le produit de référence pour la douleur provoquée par les soins en pédiatrie. Le mésusage des cartouches de protoxyde d’azote pur à visée récréative peut avoir des effets indésirables majeurs lors d’expositions très prolongées ; il ne doit pas être confondu avec le MEOPA à usage médical dont le rapport bénéfice/risque est très rassurant. L’usage massif des opiacés essentiellement aux États-Unis pour des douleurs chroniques a donné lieu à une catastrophe sanitaire. Ces produits demeurent les produits de référence pour traiter les douleurs aiguës et intenses, et le risque de mésusage y est exceptionnel quand ils sont utilisés sur des durées courtes avec un suivi clinique. En revanche, un risque réel existe lors de l’utilisation prolongée de ces médicaments dans la douleur chronique non cancéreuse ; cette dernière nécessite une véritable prise en charge pluridisciplinaire permettant d’éviter au maximum les médicaments antalgiques. En France, la peur de l’utilisation des AINS est ancienne et en grande partie infondée. Elle s’est exprimée récemment par des avis officiels erronés recommandant d’éviter l’ibuprofène lors de la première vague de la SARS-CoV-2. Le paracétamol a au contraire en France une image de sécurité surévaluée auprès des médecins et du public. Nos connaissances sur les risques liés aux médicaments de la douleur se sont enrichies ces dernières années. Si la vigilance des professionnels doit être continue, elle ne doit pas se transformer en suspicion. Les bonnes pratiques doivent être mieux diffusées notamment sur la prise en charge de la douleur chronique. L’amplification par les médias et les réseaux sociaux qui ne soulignent que les effets indésirables, voire les décès, occultent tous les bénéfices majeurs apportés par ces produits qui restent dans la grande majorité des cas des produits de référence. À l’inverse, les conséquences dramatiques (sanitaires et humaines) peuvent encore s’observer massivement dans les pays pauvres qui n’ont quasiment aucun accès aux médicaments de la douleur.



2020 ◽  
Author(s):  
S. Dugué

Le syndrome douloureux régional complexe de type 1 (SDRC 1) est caractérisé par des douleurs chroniques associées à des troubles vasomoteurs et/ou trophiques et/ou sudomoteurs témoignant d’une hyperactivité sympathique. Les formes pédiatriques de SDRC 1 se distinguent des formes adultes : les douleurs sont majoritairement localisées aux membres inférieurs (cheville, pied) et surviennent après un traumatisme mineur. Les enfants se présentent le plus souvent avec une forme froide d’emblée. Les douleurs entraînent une impotence fonctionnelle majeure et prolongée, ce qui contraste avec l’absence ou la banalité de la lésion sous-jacente. Les retentissements sont rapidement importants et concernent tous les domaines de la vie de l’enfant : perte d’autonomie, troubles du sommeil, anxiété, dépression, altération des liens sociaux et familiaux, absentéisme scolaire…Le diagnostic reste clinique, sur la base des critères de Budapest, même s’ils n’ont pas été validés en pédiatrie. Le traitement repose sur une réhabilitation fonctionnelle grâce à la physiothérapie associée à une prise en charge psychothérapeutique. L’objectif est de remobiliser le membre douloureux de manière progressive et adaptée, sans attendre la sédation complète de la douleur, et de limiter les retentissements de la douleur au quotidien. Les antalgiques peuvent parfois être utiles, mais doivent être surveillés de manière étroite. Cette prise en charge est ambulatoire initialement, mais lorsque les douleurs sont trop intenses et entraînent des retentissements importants, une hospitalisation doit être proposée. Enfin, l’évolution semble meilleure que chez les adultes même si environ 20 % des enfants rechutent dans les six premiers mois le plus souvent.



2019 ◽  
Vol 32 (1) ◽  
pp. 47-53 ◽  
Author(s):  
E. Treillet

La kétamine est utilisée à visée antalgique dans la prise en charge de la douleur chronique depuis de nombreuses années. Dans la spécificité de la douleur cancéreuse, peu d’études soutenant son intérêt existent. Les récentes lettres aux professionnels de santé de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) nous poussent à la prudence quant à l’utilisation de la kétamine à visée antalgique. Cette revue de la littérature identifie le peu de données au sujet de l’intérêt de la kétamine pour la douleur du cancer. Celles-ci sont contradictoires tant pour les prises per os, sous-cutanées ou intraveineuses. De récentes études, d’assez bonne qualité méthodologique, exposent des efficacités similaires à celle du placebo. Des sept études qui ont été identifiées (quatre prospectives en double insu, une randomisée et deux études prospectives ouvertes), trois concluent à une inefficacité de la kétamine, trois à son efficacité et la dernière à une efficacité mitigée. Et pour autant, les revues de la littérature exposant ces articles se positionnent plutôt en faveur de son utilisation. Celle-ci se révèle nécessaire dans certaines situations complexes en fonction de la physiopathologie de la douleur du cancer.



Praxis ◽  
2002 ◽  
Vol 91 (13) ◽  
pp. 548-556
Author(s):  
von Känel ◽  
Gander ◽  
Spiess ◽  
Buddeberg

Pour le traitement des syndromes de douleurs chroniques de l'appareil locomoteur, il faut à la fois intervenir sur le plan somatique et que sur le plan psychosocial. Nous présentons un résumé des possibilités thérapeutiques des douleurs chroniques dans les soins médicaux de base. Cet article met le point sur l'importance d'une attitude thérapeutique particulière, sur l'élaboration d'un concept psychophysiologique de la douleur, sur les interventions cognitives, sur la régulation des troubles du sommeil, sur l'emploi adéquat des analgésiques et des médicaments psychotropes, sur les mesures physiothérapeutiques, sur les techniques de relaxation, et sur l'entourage. Ces approches thérapeutiques servent au médecin de premier recours à traiter les patients souffrant de douleurs chroniques avec plus de succès et avec plus de satisfaction pour le patient.



2020 ◽  
Author(s):  
K. Benistan ◽  
S. Dugué

L’hypermobilité articulaire généralisée est fréquente en population pédiatrique et diminue avec l’âge. Les étiologies peuvent être variables. L’hypermobilité favorise des traumatismes orthopédiques répétés, responsables de douleurs intenses, dont la répétition fait le lit du syndrome douloureux chronique. La douleur est un symptôme cardinal du syndrome d’Ehlers-Danlos hypermobile (SEDh). De nouveaux critères internationaux élaborés par un consortium d’experts en 2017 permettent de mieux distinguer les patients ayant un SEDh des patients présentant un désordre du spectre de l’hypermobilité. La prise en charge de ces patients doit être multidisciplinaire et globale, selon le modèle biopsychosocial, associant au médecin traitant une structure de prise en charge de la douleur chronique pédiatrique et un centre de référence ou de compétence des SED non vasculaires. Dans ce sens, un protocole national de diagnostic et de soins a été récemment publié.



2020 ◽  
Vol 33 (2) ◽  
pp. 113-118
Author(s):  
S. Hertzog ◽  
L. Razon

La prise en charge des douleurs chroniques aboutit parfois à des échecs thérapeutiques. Ces douleurs sont résistantes aux traitements thérapeutiques, déstabilisent le corps médical et augmentent la détresse du patient. Afin de saisir les enjeux de ces échecs thérapeutiques, nous interrogeons le colloque médecin–patient (corps/douleurs, transfert/résistance), au sein duquel le discours médical peut mobiliser une résistance inconsciente chez le patient pour se protéger narcissiquement.



2020 ◽  
Vol 33 (1) ◽  
pp. 19-23
Author(s):  
B. Leroy ◽  
C. Demoulin

La douleur chronique touche 20 % des Européens. Une prise en charge interdisciplinaire apparaît nécessaire en raison des facteurs cognitifs et affectivomotivationnels qui deviennent prédominants sur les facteurs sensoridiscriminatifs. Dans les programmes de gestion de la douleur, différentes disciplines interagissent de façon à aider le patient à atteindre un objectif fonctionnel qu’il s’est fixé. Le patient sera encouragé à faire des activités en dehors du centre afin de rendre pérenne son changement de comportement.



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