scholarly journals Le pouvoir de la langue

2021 ◽  
Vol 11 (S1) ◽  
Author(s):  
Melanie Elhafid

Récemment, pendant un stage à l'hôpital, j'ai traité une patiente âgée (Mme C) qui avait eu un accident vasculaire cérébrale (AVC). Elle parlait dans une langue anglaise si brisée qu'il était difficile de la comprendre et de faire un diagnostic approprié. Mme C m’a informé que son voisin était à l’extérieur lorsqu’elle avait eu son AVC, et il a appelé les Services Médicaux d'Urgence (SMU) car elle ne pouvait pas se lever par elle-même, mais surtout parce qu’elle était sûre que les SMU n’auraient pas compris son accent Français épais au téléphone. Étant moi-même bilingue, je lui ai immédiatement demandé si c’était préférable de continuer la consultation en français.  Sans aucune hésitation, elle a répondu avec enthousiasme « Oui, oui, ça me ferait si contente ».  Vers la fin de la consultation, Mme C a pris mes deux mains entre les siens et m’a profondément remercié d’avoir fait l’effort supplémentaire d’effectuer son évaluation en Français. Elle m’a informé que c’était la première fois depuis qu’elle avait immigré au Canada, il y a plus de trois décades, qu’elle recevait des soins de santé en Français et qu’elle espérait que ce ne serait pas la dernière. Cette expérience avec Mme C m’a poussé à me demander combien d’autres patients ont enduré ou endureront une situation pareille? Quel est l’ampleur du problème? Comment remédier à cette situation? Quel est l’impact sur la qualité des soins reçus quand le Docteur et le patient ne parlent pas la même langue? Pour répondre à toutes ces questions, j’ai effectué une étude bibliographique approfondie dont les résultats les plus saillants sont mis en relief dans ce qui suit.

Author(s):  
Karen Jackson ◽  
Nelly D. Oelke ◽  
Jeanne Besner ◽  
Alexandra Harrison

RÉSUMÉBeacoup de patients, surtout les patients plus âgés, interagissent avec fournisseurs multiples, tout en avant accès aux services des soins de santé dans une variété de milieux divers pendants longues périodes. Comprendre les expériences des patients plus âgés pendant leurs voyages à travers le système de santé est essentielle pour améliorer l’intégration des services et la qualité des soins. Dans cette étude, nous avons résumé les expériences de quatre patients vivant avec la maladie pulmonaire obstructive chronique en interaction avec le système des soins de santé pendant une période de trois mois après la sortie de l’hôpital. Guidé par la méthodologie d’étude de cas, on a réunis les données par le biais des entretiens semi-structurés et des journaux de patients. Trois grands thèmes - le soutien social, la navigation à travers le système, et l’accès aux soins – ont émergé à partir des données. L’attention à la communication entre fournisseur-patient et prestataire-fournisseur, ainsi que le soutien social du patient, et les besoins des soins auto-administrés, pourraient améliorer l’intégration et les résultats des soins. Pour réaliser de ce que les patients perçoivent comme une système integrée et efficace, il faudra du temps et de l’engagement.


2015 ◽  
Vol 40 (1) ◽  
pp. 19-33 ◽  
Author(s):  
Jean-François Pelletier ◽  
Larry Davidson

Le partenariat patient en santé mentale et psychiatrie est considéré de nos jours comme une innovation et comme une composante essentielle à des soins de santé mentale personnalisés. Un retour sur le paradigme humaniste inscrit au coeur des travaux précurseurs de Philippe Pinel et Jean-Baptiste Pussin permet cependant de constater que le « traitement moral » qu’ils préconisaient, il y a déjà 200 ans, reposait en bonne partie sur cette mise à profit de l’expérience vécue, particulièrement en contexte de soutien entre pairs. Le mouvement contemporain centré sur le plein exercice de la citoyenneté pour tous et celui plus ancien du traitement moral ont en commun qu’ils insistent tous les deux pour que les personnes atteintes de maladies mentales soient traitées avec dignité et respect. Toutefois, alors que le traitement moral se prodiguait à l’intérieur de l’enceinte asilaire, l’objectif des soins axés sur le plein exercice de la citoyenneté est pour sa part celui d’une vie et d’un soutien dans la communauté et pour tout le monde. Nous suggérons tout de même que Pussin et Pinel ont formulé des idées probablement si avant-gardistes que nous commençons tout juste à les comprendre et à vouloir les appliquer à nos pratiques postasilaires.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S74-S74 ◽  
Author(s):  
Y. Bubien

L’hôpital de demain sera 2,0 ou ne sera pas. Derrière ce constat prospectif et déterminé, il y a une réalité indéniable prenant ses racines dès à présent : la santé est déjà connectée et elle le restera. À l’heure des objets connectés, des patients connectés, des prémices de la médecine 2,0 et du big data, il faut dès aujourd’hui nous préparer à repenser nos façons de « panser ». Montres, bracelets, smartphones, balances, fourchettes, piluliers, vêtements ou même brosses à dents, pour chaque instant de votre journée, il y a un objet de santé connecté. Les objets de santé connectés sont en passe de révolutionner le quotidien mais aussi bientôt la conception du soin. Ainsi, d’après un sondage publié par l’institut Odoxa, 81 % des médecins estiment que « la santé connectée est une opportunité pour la qualité des soins » et 91 % jugent qu’elle est « une opportunité pour améliorer la prévention » des maladies. L’enjeu pour l’hôpital de demain est de s’adapter aux changements sociologiques de notre époque. La révolution numérique qui « digitalise » les modes d’interaction entre les patients et les établissements de santé (facebook, twitter, les objets connectés…) ne doit pas faire peur. Bien au contraire, elle doit être une opportunité pour adopter de nouveaux modèles de prise en charge sans doute moins unilatéraux et plus coopératifs. Ces nouvelles organisations devront être capables de mettre à profit les informations recueillies pour le médecin, mais aussi de pouvoir réceptionner de façon sécurisée et adaptée les données d’objets de santé connectés, en dehors de son enceinte. Le marché des big data est aujourd’hui dominé par les grands groupes américains comme google, par les mathématiciens, les informaticiens, les financiers. C’est aux hospitaliers et surtout aux médecins de reprendre la main pour façonner l’hôpital de demain à leur image, au service des patients et des citoyens.


Author(s):  
Elisabeth Boetzkes

RÉSUMÉL'auteur de cet article soutient que la prise de décisions par les aînés à propos de la nature future des soins de la santé qui leur sont destinés devrait être accueillie avee scepticisme étant donné qu'elle se produit dans un contexte de coercition prononcée. Une telle coercition existe quand il y a déséquilibre des pouvoirs et une dépendence entre les groupes, quand les attentes sociales influencent excessivement les décisions et quand les stérérotypes négatifs résultent en une faible estime de soi. Des cas parallèles, caractérisés par une coercition prononcée, sont présentés. Plutôt que de conclure que les aînés ne peuvent jamais prendre volontairement de décisions, l'auteur suggère d'éliminer ce scepticisme en établissant l'authenticité des désirs motivant leurs choix en matière de soins de santé. Trois théories de désirs authentiques sont examinées, puis considérées inadéquates, mais une quatrième, soit « l'approche autobiographique, » qui exige que nous révélions les métaphores personnelles de la vie et du vieillissement des aînés, est jugée plus prometteuse.


2006 ◽  
Vol 82 (1-2) ◽  
pp. 119-153 ◽  
Author(s):  
Pierre Lefebvre
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

Résumé La recherche récente suggère que le sexe d’un enfant a des effets importants et étendus sur les comportements parentaux et les résultats familiaux. Un constat général émerge de cette littérature : en matière de choix de vie familiale (mariage, divorce, fécondité) et de comportements individuels (de travail, de consommation, d’activités non marchandes) il y a des différences notables entre les hommes et les femmes. Les constats empiriques sont cohérents avec les modèles économiques qui expliquent les comportements intrafamiliaux comme le résultat d’un processus complexe de négociations concernant l’allocation du temps et des ressources familiales, et le partage du « surplus » familial et conjugal (dégagé par rapport au fait de vivre seul). Cette recherche aborde la question en examinant le panier des dépenses de consommation des familles qui ont un ou deux enfants du même sexe. L’analyse empirique cherche à identifier s’il y a un effet de « genre » dans les dépenses familiales en estimant l’effet du sexe de l’enfant sur plusieurs catégories de dépenses dont des biens familiaux à caractère public tels que l’habitation et les biens durables. D’autres types de dépenses sont aussi analysés (alimentation, soins médicaux, loisir et divertissement, aliments achetés au restaurant, services personnels, soins de santé et médicaments, dons et contributions). L’analyse utilise les microdonnées des fichiers publics de l’Enquête sur les dépenses des ménages de 1997 et 1998, les deux seules années où Statistique Canada identifie le sexe des enfants de 0-17 ans. Les résultats empiriques suggèrent que les effets sont peu marqués et systémiques.


Author(s):  
Evelyn Shapiro ◽  
Robert B. Tate ◽  
Brock Wright ◽  
Joy Plohman

RésuméDans un monde où l'assurance des soins de santé est universelle, la fermeture de lits d'hôpitaux se transforme inévitablement en un dossier politique chaud et les médias deviennent le véhicule du débat et des pressions exercées par certains groupes d'intérêt. Cette étude repose sur les données d'une interview d'aîné(e)s du Manitoba avant, puis un an après, la diminution substantielle du secteur hospitalier à Winnipeg. Nous comparons les réponses des résidents de Winnipeg à celles de résidents de l'extérieur de Winnipeg à des questions sur leurs opinions concernant la qualité générale des soins de santé et l'aecès aux soins hospitaliers. Nous comparons également les réponses aux mêmes questions données par des aîné(e)s qui ont été hospitalisés avant la première interview, par d'autres qui ont été hospitalisés avant la seconde interview et enfin par des aîné(e)s qui n'ont pas été hospitalisés. Bien qu'il n'y ait pas eu de fermeture de lits d'hôpitaux à l'extérieur de Winnipeg, l'opinion sur la qualité des soins chez les citoyens de Winnipeg et ceux de l'extérieur était moins positive après la réduction de Winnipeg et la publicité négative dont l'événement a été entouré. Cependant, les opinions sur la qualité et l'accès de ceux qui avaient été hospitalisés alors que les lits se fermaient étaient sensiblement plus positives que celles des ainé(e)s qui avaient été hospitalisés avant la fermeture ou qui n'avaient pas été hospitalisés.AbstractIn a universally-insured health care system, closing hospital beds inevitably becomes a hot political issue and the media often become the vehicle for debate and pressure from special interest groups. This study uses data from a representative sample of Manitoba older persons, interviewed before and again one year after the substantial downsizing of the hospital sector in Winnipeg. We compare the responses of Winnipeg residents with those of non-Winnipeg residents to questions about their opinion regarding the overall quality of health care and access to hospital care. Also compared were the responses to the same questions by older persons who were hospitalized before the first interview, those hospitalized before the second interview and those who were not hospitalized. Despite experiencing no bed closures outside Winnipeg, the opinions about the overall quality of care among both non-Winnipeggers and Winnipeggers were less favourable after the Winnipeg downsizing and the accompanying negative publicity. However, the opinions about quality and access among those who were actually hospitalized when most of the beds were being closed were significantly more favourable than among those hospitalized before the bed closures or not hospitalized at all.


Author(s):  
G. Foidart

Le système de Sécurité sociale en Belgique n’a jamais dépassé son objectif d’assurer une couverture financière en cas de maladie invalidité. Son but n’a jamais été d’intervenir dans une politique de santé et il n’a jamais visé à mettre en place un service de santé organisé. On assiste donc à une prospérité du libéralisme médical et à une augmentation spectaculaire des coûts. Face à cette situation, le Syndicat socialiste F.G.T.B. revendique pour le financement des soins de santé une fiscalisation progressive du régime des soins par le biais de l’impôt sur les revenus; il exige aussi une politique de santé publique axée sur la prévention, la protection de la santé collective et une organisation sanitaire bâtie à l’échelon local du type « centre de santé » géré par les usagers et orienté vers une médecine sociale et communautaire.


2013 ◽  
Vol 68 (2) ◽  
pp. 210-238
Author(s):  
Denis Chênevert ◽  
Geneviève Jourdain ◽  
Marie-Claude Tremblay

Résumé La crise des finances publiques et l’accroissement de la demande en soins de santé amènent de plus en plus d’hôpitaux à implanter des pratiques de gestion à haute implication (PGHI). Or, les études sur le lien entre ces pratiques et la performance organisationnelle se font plutôt rares dans le secteur hospitalier. De plus, les recherches se sont surtout limitées à montrer l’existence d’un lien direct entre les PGHI et la performance organisationnelle, donnant ainsi peu d’information sur le processus qui mène à cette performance. Cette étude vise à combler ces lacunes en examinant le rôle médiateur joué par l’habilitation psychologique (HP) dans la relation entre les PGHI et les comportements de citoyenneté organisationnelle (CCO) du personnel soignant, un déterminant important de la qualité des soins de santé. De plus, puisqu’une relation de collaboration avec les médecins, basée sur la confiance, serait au coeur du sentiment de pouvoir du personnel soignant, l’effet modérateur de la confiance envers les médecins sur la relation entre les PGHI et l’HP est aussi examiné. Ainsi, l’étude valide un modèle spécifiant des relations différenciées entre les PGHI (autonomie, développement des compétences, partage d’information, reconnaissance) et les cognitions de l’HP (compétences, autodétermination, sens, impact), celles-ci étant modérées par la confiance envers les médecins. Enfin, l’étude cherche à vérifier si les cognitions de l’HP qui inciteraient aux CCO interagissent entre elles selon une séquence prédéterminée. Basée sur un sondage réalisé auprès de 176 employés délivrant des soins de santé et leurs supérieurs immédiats, l’étude suggère que la relation entre certaines PGHI (autonomie et développement des compétences) et les CCO est tributaire du sens du travail et de la confiance envers les médecins. Aussi, les cognitions de l’HP seraient liées entre elles selon une séquence particulière conférant à l’autodétermination un rôle central dans cette séquence.


2008 ◽  
Vol 12 (1) ◽  
pp. 83-105 ◽  
Author(s):  
Richard Boulard ◽  
Desmond Dufour

RÉSUMÉ Un des objectifs du Ministère des Affaires sociales est d’assurer le plus possible à tous un égal accès aux soins de santé. Une évaluation quantitative de la répartition des médecins montre qu’il existe des disparités régionales importantes. Les médecins sont fortement concentrés dans les régions universitaires de Montréal, Québec et Sherbrooke, ce qui n’assure pas à la population de certaines régions périphériques l’accessibilité visée. Plusieurs solutions ont été envisagées à la suite de l’analyse des causes de ce déséquilibre régional des effectifs médicaux. Finalement, pour corriger cette situation, le Gouvernement a élaboré et mis en place une politique de répartition axée principalement sur une rémunération différente des médecins selon les lieux d’exercice. Quelques résultats préliminaires de cette politique sont présentés dans la dernière partie.


2018 ◽  
Vol 27 (3) ◽  
pp. 260-272 ◽  
Author(s):  
A. Bruyneel ◽  
C. Guerra ◽  
J. Tack ◽  
M. Droguet ◽  
J. Maes ◽  
...  

Introduction : L’évaluation du temps de travail en soins infirmiers est une pratique courante aux soins intensifs. Elle permet de calculer un ratio infirmière/patient optimal qui est un enjeu majeur pour assurer la qualité des soins et maîtriser les coûts des soins de santé. Le Nursing Activities Score (NAS) permet de calculer ce ratio, mais l’outil n’a jamais été traduit en français et adapté à la Belgique. Objectif : Traduire et adapter le NAS à la Belgique francophone. Méthodes: L’échelle a été traduite par deux traducteurs indépendants de l’anglais vers le français. Ensuite, une traduction rétrograde du français à l’anglais a été réalisée. Une adaptation culturelle a été effectuée en réunissant un groupe de 13 infirmiers belges. Enfin, l’échelle traduite a été validée et implémentée dans deux unités de soins intensifs (USI) distinctes en Belgique francophone. Résultats : La traduction rétrograde était similaire à la première traduction. La réunion avec le groupe d’experts a permis de trouver un consensus sur l’adaptation de l’échelle et le tutoriel adaptés au contexte des soins en Belgique. Pour la validation, le NAS a été encodé chez 113 patients et avec 981 NAS encodés dans deux USI, la médiane de NAS/patient était respectivement de 69 et 76 %. Le temps médian d’encodage du NAS était de trois minutes par patient. Nous avons observé une compliance élevée de l’encodage du NAS (respectivement 99 et 76 %). Conclusions : Nous avons validé une échelle traduite en français conforme à la version originale et adaptée au contexte des soins en Belgique.


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