scholarly journals Améliorer la santé mentale des populations par l’intégration des soins de santé mentale aux soins primaires

2017 ◽  
Vol 42 (1) ◽  
pp. 243-271
Author(s):  
Matthew Menear ◽  
Michel Gilbert ◽  
Marie-Josée Fleury

L’intégration des soins de santé mentale dans les soins primaires est une stratégie importante pour améliorer la santé mentale et le bien-être des populations. Dans la dernière décennie, le Québec a adopté plusieurs mesures pour renforcer les soins de santé mentale primaires, mais certains problèmes d’intégration persistent. Cette synthèse a été réalisée afin d’identifier et comparer les grandes initiatives internationales liées à l’intégration des soins de santé mentale aux soins primaires et de résumer les leçons tirées de ces initiatives qui sont pertinentes pour le Québec. Vingt initiatives ont été sélectionnées, décrites dans 153 articles et rapports. Trois initiatives portaient sur la santé mentale des jeunes, quatorze portaient principalement sur les adultes et trois autres initiatives portaient sur la santé mentale des aînés. La majorité des initiatives ont visé à implanter des modèles de soins de collaboration pour améliorer la gestion des troubles mentaux courants par les intervenants en soins primaires. Les initiatives ont été comparées sur les stratégies d’intégration adoptées, leurs effets, et les enjeux d’implantation rencontrés. Les leçons pour le Québec incluent le besoin de consolider davantage les soins en collaboration en santé mentale, de promouvoir des services informés par des processus d’amélioration continue de la qualité et de favoriser une plus grande utilisation des technologies qui soutiennent l’intégration.

2009 ◽  
Vol 29 (3) ◽  
pp. 132-142
Author(s):  
C.P. Karunanayake ◽  
P. Pahwa

L’augmentation rapide du nombre de personnes âgées au Canada entraînera une augmentation de la demande de soins de santé chez les aînés qui souffrent de troubles mentaux. Comme les personnes âgées sont plus nombreuses à vivre en zone rurale que les plus jeunes, il est important de cerner les différences entre les personnes âgées vivant en milieu rural et celles vivant en milieu urbain afin de concevoir et de fournir des soins de santé mentale appropriés. L’objectif principal de cette étude était d’utiliser l’Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) afin d’examiner les différences à l’égard de la détresse psychologique entre les personnes âgées vivant en milieu rural et celles vivant en milieu urbain (il s’agit des personnes de plus de 55 ans). Les autres objectifs consistaient à examiner l’association à long terme entre l’usage du tabac et la santé mentale et l’association à long terme entre les besoins de soins de santé non satisfaits et la santé mentale des personnes âgées vivant en milieu rural et en milieu urbain. La mesure de la détresse psychologique a été examinée comme un résultat binaire. L’analyse a été menée selon le modèle de l’équation d’estimation généralisée qui a pris en compte la complexité d’un plan de sondage à plusieurs degrés. Les personnes âgées vivant en milieu rural étaient proportionnellement plus nombreuses à déclarer une détresse psychologique que les personnes âgées vivant en milieu urbain. Cette incidence était toutefois à la limite de la signification statistique [RC = 1,16; IC à 95 % : 0,98, 1,37]. Cette conclusion s’est fondée sur un modèle final à variables multiples qui avait pour objet de déterminer s’il existe un lien entre la détresse psychologique et le lieu de résidence (rural ou urbain) de même qu’entre l’usage du tabac et l’autodéclaration de besoins de soins de santé non satisfaits. Ce modèle a été ajusté afin de prendre en compte d’autres covariables importantes et le manque de données relatives à la variable étudiée. Une corrélation significative a été notée entre l’usage du tabac et les problèmes de santé mentale chez les personnes âgées après que l’on a effectué des ajustements pour prendre en compte d’autres covariables [RC = 1,26; IC à 95 % : 1,00, 1,60]. Les participants ayant déclaré des besoins de soins de santé non satisfaits étaient proportionnellement plus nombreux à déclarer une détresse psychologique [RC = 1,72; IC à 95 % : 1,38, 2,13] que ceux qui se disaient satisfaits de leurs soins de santé.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 567-567
Author(s):  
J.-L. Roelandt ◽  
I. Benradia ◽  
A. Vaglio ◽  
M. Marsili ◽  
A.-C. Stona

ContexteLa révision de la classification internationale des maladies (CIM) est une responsabilité constitutionnelle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La CIM est une norme diagnostique internationale utilisée par les 194 États Membres de l’OMS pour recueillir des statistiques de santé. Le département de santé mentale et abus de substance est responsable de la révision du chapitre des troubles mentaux et du comportement qui répond à une large série d’applications cliniques, de santé publique, de politique et de statistiques. Cette révision s’inscrit dans un processus global, multidisciplinaire, multilingue, transparent et indépendant de l’industrie pharmaceutique. Avec environ 220 millions de locuteurs de français dans le monde, la participation des francophones à la révision est essentielle. Ainsi le centre collaborateur de l’OMS (CCOMS) pour la santé mentale de Lille s’est associé aux CCOMS de Casablanca, Genève, Montréal, l’hôpital Razi de Tunis et l’université américaine de Beyrouth pour créer un consortium francophone d’appui à la révision.Objectifs– promouvoir la participation de la communauté francophone à la révision ;– maximiser l’utilité clinique de la classification ;– garantir la participation des usagers et des aidants.MéthodeIl s’agit d’un projet international, participatif, multicentrique, impliquant professionnels de santé mentale et de soins primaires, usagers et aidants, mené de 2013 à 2015 et se déclinant en quatre missions :– promotion de la participation des professionnels de santé mentale francophones au Réseau Mondial de Pratique Clinique ;– traduction du matériel CIM de l’anglais vers le français ;– mise en place d’études cliniques en francophonie pour tester la validité et l’utilité clinique de la classification ;– création d’un réseau mondial d’usagers et d’aidants en vue de leur implication dans la révision ;Résultats attendusCe projet permettra de valoriser dans la prochaine version de la CIM les spécificités francophones en associant toutes les parties prenantes.


2005 ◽  
Vol 30 (1) ◽  
pp. 11-29
Author(s):  
Yves Careau ◽  
Amparo Garcia

Résumé Cet article décrit le processus d’implantation du programme interne de réhabilitation intensive de l’hôpital Douglas destiné aux personnes souffrant de troubles mentaux graves. La discussion des paradigmes contemporains de la réhabilitation sous-tend l’intégration des perspectives biologique et psychosociale dans la caractérisation et le traitement de la pathologie. La discussion de la réorganisation de l’ensemble des services de réhabilitation du Programme des troubles mentaux graves conduit à spécifier le contexte organisationnel et régional de l’implantation. Les axes prioritaires d’implantation sont l’analyse des besoins, la formation, la réorganisation du travail et la modification de l’environnement de soins. Ces activités sont mises en oeuvre en référence aux développements scientifiques empiriques pertinents et font l’objet d’une évaluation continue. Les défis de l’avenir portent sur la poursuite de l’intégration des modèles de soins, des milieux et des services dans le contexte de la nouvelle hiérarchisation des soins de santé mentale au Québec.


2014 ◽  
Vol 39 (1) ◽  
pp. 25-45 ◽  
Author(s):  
Marie-Josée Fleury

Les systèmes sociosanitaire et de santé mentale au Québec ont été substantiellement transformés dans les dernières années. Au coeur des restructurations, les réformes ont visé la consolidation des soins primaires et une meilleure intégration du dispositif de soins, tendances centrales des réformes sur le plan international. Cet article résume les principaux axes de transformation des réformes du système sociosanitaire et de la santé mentale au Québec. Il présente aussi le rôle clé des omnipraticiens dans la prise en charge des troubles mentaux et les stratégies de coordination déployées. Les réformes visent principalement l’intensification du travail en réseau des omnipraticiens avec les intervenants psychosociaux et les psychiatres. L’article conclut sur l’importance d’optimiser le déploiement de réseaux intégrés de soins et de bonnes pratiques en santé mentale. Par ailleurs, les réformes devraient toujours être accompagnées de mesures et de stratégies d’implantation à juste titre aussi ambitieuses que les changements planifiés !


2011 ◽  
Vol 31 (3) ◽  
pp. 141-147
Author(s):  
AG Bulloch ◽  
S Currie ◽  
L Guyn ◽  
JV Williams ◽  
DH Lavorato ◽  
...  

Introduction Des estimations précises de la charge de morbidité sont nécessaires pour offrir des services de santé mentale adaptés à la population. Méthodes Nous avons évalué la prévalence des cas de trouble bipolaire traités par les services de santé mentale dans la zone de Calgary, circonscription hospitalière albertaine comptant une population de plus d’un million d’habitants. Nous avons utilisé les données administratives conservées dans un dépôt central fournissant les renseignements sur les contacts pour des soins de santé mentale d’environ 95 % des services de santé mentale financés par l’État. Nous avons comparé cette prévalence des cas traités aux données autodéclarées de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes : Santé mentale et bien-être de 2002 (ESCC 1.2). Résultats Sur les 63 016 personnes âgées de 18 ans et plus traitées dans la zone de Calgary en 2002-2008, 3 659 (5,81 %) ont reçu un diagnostic de trouble bipolaire de type I et 1 065 (1,70 %), de trouble bipolaire de type II. On estime que la prévalence des cas traités de ces troubles s’établit à 0,41 % dans le premier cas et à 0,12 % dans le second. Nous avons estimé, d’après les données de l’ESCC 1.2, qu’entre 0,44 % et 1,17 % de la population canadienne était traitée par des psychiatres pour un trouble bipolaire de type I. Conclusion Dans le cas du trouble bipolaire de type I, l’estimation fondée sur les données administratives locales est proche de la borne inférieure de la fourchette de l’enquête sanitaire. Le degré de concordance dans nos estimations prouve l’utilité des dépôts de données administratives dans la surveillance des troubles mentaux chroniques.


2016 ◽  
Vol 40 (4) ◽  
pp. 101-118 ◽  
Author(s):  
Helen-Maria Vasiliadis ◽  
Anne Dezetter

L’article décrit les programmes de prise en charge financière des psychothérapies en Australie et en Angleterre. Au début des années 2000, le gouvernement australien a implanté une réforme de santé publique visant à permettre un meilleur accès, gratuit ou peu coûteux, aux psychothérapies brèves, en soin primaire, pour les personnes souffrant de troubles mentaux courants. Cette réforme reconnaît l’importance du rôle du médecin généraliste dans la prise en charge des troubles, et la collaboration avec les professionnels de santé mentale. Deux programmes ont été mis en oeuvre : Access to Allied Psychological Services en 2003 et Better Access en 2006. En 2009, deux millions d’Australiens ont reçu onze millions de séances de psychothérapies. Les études ont montré des résultats positifs sur l’amélioration de l’accès aux soins de santé mentale primaires et sur la santé des patients. L’Angleterre a mis en place le programme Improving Access to psychological Therapies en 2007 en offrant un service de psychothérapies brèves pour les personnes souffrant de troubles mentaux courants. Le modèle de soin en étape suit les guides cliniques du National Institute for Health and Clinical Excellence, le type de professionnel (counselor ou psychothérapeute formés), le nombre de séances (4 à 13) et la méthode thérapeutique varient selon la sévérité du trouble. Un million de patients ont été traités depuis le début du programme. Les études ont aussi montré des résultats de santé positifs pour les patients du programme. En conclusion les programmes de prise en charge des psychothérapies s’avèrent coûts-efficaces.


2016 ◽  
Vol 40 (4) ◽  
pp. 59-77 ◽  
Author(s):  
Marie-Hélène Chomienne ◽  
Patrick Vanneste ◽  
Jean Grenier ◽  
Stephan Hendrick

L’expertise des psychologues dans l’évaluation et la prise en charge des troubles communs de santé mentale comme l’anxiété et la dépression qui sont fréquents en soins primaires et co-morbides avec les maladies chroniques font des psychologues une ressource essentielle pour les médecins. Les psychologues représentent un large bassin de professionnels spécialisés dans le diagnostic et la pratique de la psychothérapie ; la collaboration médecins-psychologues est d’autant plus critique dans le contexte visant à augmenter l’accès des populations aux traitements psychologiques et aux psychothérapies. Cet article se veut un regard sur l’état de la collaboration entre médecins et psychologues en Belgique et au Canada. Il examine l’évolution des mentalités entre ces deux professions dans une perspective européenne belge et la façon dont le contexte et le système de soins de santé publique au Canada influencent le potentiel de collaboration entre ces deux professions. Les études démontrent la volonté et la facilité qu’ont ces deux professions à collaborer. Mais ceci doit être appuyé par des structures systémiques et académiques facilitantes notamment dans l’apprentissage précoce à la collaboration dans le cursus de ces professions.


2016 ◽  
Vol 40 (4) ◽  
pp. 79-99 ◽  
Author(s):  
Jean Grenier ◽  
Marie-Hélène Chomienne ◽  
Isabelle Gaboury

Le présent article se veut un plaidoyer pour augmenter l’accessibilité des services psychologiques au niveau des soins de santé primaires en se penchant plus particulièrement sur la pertinence d’inclure des psychologues dans les équipes de santé familiale (ÉSF) en soins primaires en Ontario. Les auteurs présentent leur plaidoyer à partir de deux niveaux d’informations : 1) les résultats scientifiques d’un projet de démonstration financé par les Fonds pour l’adaptation des soins de santé primaires (FASSP) dans lequel des psychologues ont été intégrés à des cliniques de médecine familiale ; et 2) les commentaires, expériences et observations générales des auteurs au cours des dix dernières années en ce qui concerne l’inclusion de psychologues en soins primaires en Ontario. Le projet de démonstration ainsi que l’expérience clinique soutenue des auteurs en santé mentale en soins primaires sont à divers égards, cohérents avec la littérature scientifique. Les équipes interprofessionnelles devraient bénéficier davantage d’une combinaison judicieuse de divers types de professionnels de la santé mentale pour répondre efficacement aux complexités des problèmes de santé mentale de la population desservie. On ne peut s’attendre à ce qu’un seul type de professionnel de la santé mentale sur une équipe soit en mesure de répondre adéquatement à tous les niveaux de complexité des problèmes rencontrés en soins primaires. En ce moment, il y a un manque à combler dans les ÉSF et les soins primaires au sens large, et il semble tout à fait logique que les psychologues soient davantage invités à joindre l’équipe.


2015 ◽  
Vol 40 (2) ◽  
pp. 137-149
Author(s):  
Alain Lesage

Cet essai, rédigé en deux articles compagnons (Partie I & II), est destiné mettre en valeur le service public de psychiatres du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal ayant oeuvré au niveau du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour les politiques de désinstitutionnalisation et l’organisation des services de psychiatrie communautaire pour les personnes avec des troubles mentaux graves. Il s’agit des Drs Camille Laurin, Denis Lazure, Arthur Amyot, Luc Blanchet et André Delorme. Dans cette seconde partie, la période 2003-2015 sera couverte. Elle marque la fin du Comité de la santé mentale du Québec (1971-2003), et ses travaux féconds interdisciplinaires. 2003, c’est l’entrée au ministère du Dr André Delorme qui y détient sans doute un des records de longévité, servant depuis 2003 à la Direction de la santé mentale transférée sous la nouvelle Direction des affaires médicales et universitaires du MSSS également créée en 2003. Cette phase voit l’émergence depuis le modèle de psychiatrie communautaire d’une approche différentiée, les cliniques spécialisées ou l’approche par programme-clientèle. Mais ce dernier modèle ne dispose pas des ressources nécessaires pour s’étendre et éviter des difficultés d’accès. L’essai conclut avec une discussion sur l’impact de la toute nouvelle gouvernance du système de la santé et des services sociaux du Québec, la loi 10. En simplifiant le système de santé en deux lignes (soins primaires dans les bureaux des médecins de famille, avec soutien infirmier et social ; soins spécialisés par le personnel des centres intégrés de santé et de services sociaux [CISSS]), il sera soutenu qu’il y a des opportunités pour un financement plus équitable et un système plus équilibré de santé mentale au Québec.


2009 ◽  
Vol 34 (1) ◽  
pp. 55-76 ◽  
Author(s):  
Armelle Imboua ◽  
Marie-Josée Fleury

Résumé Cet article examine le profil sociodémographique des médecins omnipraticiens (MO), leur rôle dans la prise en charge des troubles mentaux (transitoires/modérés, graves/persistants) dans les différents territoires (urbain, semi-urbain ou rural) du Québec, et si la pratique clinique et de collaboration de ces derniers est orientée vers une intégration des services de santé mentale. Cette étude transversale est basée sur 398 MO représentatifs de l’ensemble des MO du Québec qui répondaient à un questionnaire. L’étude révèle que les MO jouent un rôle central en santé mentale. Le profil sociodémographique et de pratique diffère selon les territoires. Les types de territoire et le degré de gravité du trouble mental influencent la propension des MO à intégrer les soins de santé mentale. Enfin, les MO pratiquent majoritairement en silo, mais soutiennent un renforcement de l’intégration des services de santé mentale. Les auteurs concluent que pour favoriser l’intégration des services de santé mentale, des incitatifs plus proactifs devraient être soutenus par les élites politiques et adaptés en fonction de la gravité des cas et des milieux. La pénurie des ressources, particulièrement frappante en milieu rural et l’insuffisance de mécanismes d’aide à la décision clinique, réduisent néanmoins les relations interprofessionnelles et limitent sérieusement l’intégration du dispositif de soins.


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