scholarly journals Un droit criminel en retrait ou en introspection ?

Criminologie ◽  
2018 ◽  
Vol 51 (2) ◽  
pp. 13-38
Author(s):  
Jean-François Cauchie2 ◽  
Patrice Corriveau ◽  
Bryan Hamel ◽  
Annie Lyonnais

En 1892, date de la création du premier Code criminel canadien, la tentative de suicide est un crime, et ce, jusqu’à sa décriminalisation en 1972. Du droit criminel à la psychiatrie, le déplacement de la réaction sociale à la tentative suicidaire aurait en quelque sorte été « officialisé » par ce retrait de l’article de loi. Nous verrons néanmoins dans le présent article qu’il n’y a pas eu, pour les tentatives de suicide, d’abord prise en charge pénale et seulement ensuite, encadrement médical. En effet, au tournant du 20e siècle, le droit criminel cohabite déjà depuis un moment avec cet autre régime de vérité qu’est la psychiatrie. L’analyse de 163 plaintes pour tentatives de suicide à Montréal entre 1908 et 1919 montre qu’il faut être prudent avant de diagnostiquer qu’un type de régulation prend la place d’un autre. En effet, un verdict d’aliénation mentale ou une prise en charge médicale sans procès d’un individu aux tendances suicidaires ne sortent pas de facto le dossier judiciaire du rayon d’action du droit criminel. Il serait davantage question d’une réorganisation, voire d’un renouvellement partiel de ce type de droit quant aux options qu’il mobilise pour traiter des plaintes relatives aux tentatives de suicide.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 601-601
Author(s):  
D. Carmelo ◽  
S. Lamy ◽  
A. Charles-Nicolas ◽  
N. Pascal ◽  
L. Jehel

IntroductionLa suicidalité à l’adolescence est une question importante de santé publique, en termes de mortalité, de morbidité. Celle-ci est peu évaluée et quantifiée dans les en Martinique au sujet des adolescents. Notre objectif à travers de notre étude prospective exploratoire est de déterminer de la prévalence des tentatives de suicide chez les adolescents en Martinique consultant au CHUM.MéthodesNous avons inclus tous les adolescents âgés de 11 à 18 ans ayant réalisé une tentative de suicide en Martinique, admis sur les différents services d’urgences et de réanimations du CHUM, sur une période continue de 4 mois.RésultatsQuarante-trois tentatives de suicide ont été enregistrées au cours de cette période : 88,4 % des cas impliquaient des filles (avec une récidive sur la période d’inclusion), 58,1 % des jeunes ont utilisé comme méthode l’intoxication médicamenteuse volontaire, la majorité concernait des primosuicidants (60,5 %), près de la moitié des cas avait identifié un événement traumatisant, 34,9 % ont déclaré consommer de façon régulière une substance psychoactive enfin 72,5 % des situations ont fait intervenir le SAMU et 65,2 % de ces adolescents ont bénéficié d’une prise en charge hospitalière.ConclusionCette étude pilote permet de contribuer à la description de la tentative de suicide chez les adolescents, qui s’estimerait à 1 tentative de suicide tous les 3 jours, et confirme bien une problématique suicidaire touchant cette population spécifique dans ce département. Elle suggère par ailleurs la nécessité de renforcer l’offre de soins qui semble insuffisante à ce jour. Au vu des résultats de cette étude, l’implication forte du SAMU dans ce travail pourrait être un partenaire idéal dans le repérage de ces conduites suicidaires dans cette région.



2018 ◽  
Vol 34 (6-7) ◽  
pp. 595-598 ◽  
Author(s):  
Ariel Bernier ◽  
Alain Leplège

L’âge des mineurs qui réclament un traitement pour la dysphorie du genre (anciennement et encore couramment appelée « transgénérisme » ou « transsexualité ») ne cesse de reculer [1], mais un manque de consensus sur des traitements qui soient médicalement et éthiquement acceptables pour les individus prépubères, rend difficile leur prise en charge [2, 3]. Une étude des critères sur lesquels reposent les choix de traitement de ces patients, et plus particulièrement le blocage hormonal, révèle certains obstacles intrinsèques à l’éthique médicale qui empêchent l’élaboration d’une réponse claire et décisive. Nous verrons, dans cette revue, que les experts médicaux, les psychologues et les spécialistes de sciences humaines ne s’accordent pas sur l’origine et donc sur la définition du transgénérisme. Il est ainsi difficile de prendre en charge les individus concernés, l’éthique médicale tirant souvent aujourd’hui son autorité d’un accord général entre les experts. Nous analyserons également comment les risques du traitement proposé, ou les risques de refuser de donner ce traitement, peuvent également peser dans les débats d’éthique médicale, alors qu’ils sont évalués de plusieurs manières, certaines étant plus subjectives que d’autres. Finalement, reste la question difficile du consentement chez les mineurs. L’âge en deçà duquel le mineur ne peut prendre la responsabilité pour ses propres actes apparaît se modifier arbitrairement selon le thème abordé : avortements, traitements pour maladies sexuellement transmissibles, etc. Les débats autour du traitement hormonal des mineurs transgenres doivent donc tenir compte de ces considérations éthiques afin de pouvoir mieux les aider.



2014 ◽  
pp. 73-88
Author(s):  
Yves Couturier ◽  
Francis Etheridge

L’innovation serait souvent décevante et empreinte d’usages stratégiques, voire idéologiques, plus ou moins questionnables. Le présent article propose de jeter un regard sociologique sur l’innovation, en tentant de donner du sens à ces déceptions et critiques. L’innovation déçoit souvent, parce qu’elle est impossible, au sens de la célèbre phrase de Freud, parlant de ces métiers pour lesquels l’efficacité est difficile, mais dont la nécessité est pourtant grande. Étudier l’innovation exige donc de l’observer avec d’autres yeux que ceux du succès et de l’efficacité, en cherchant à comprendre ses différents effets réels, par-delà sa capacité à rencontrer ses propres objectifs. Cette réflexion se fera à partir de l’évocation de la diffusion d’une très vaste innovation, soit l’implantation d’un dispositif visant l’intégration des services pour les personnes âgées en perte d’autonomie au Québec. Nous verrons que l’écart entre le projet porté par cette innovation et la réalité de son implantation est grand, mais que malgré cet écart, elle a fait bouger les lignes de façon importante en favorisant un changement important dans la manière de concevoir les services de santé et sociaux.



2011 ◽  
Vol 10 (1) ◽  
Author(s):  
Quentin Bullens

De la lecture de l’ouvrage L’attachement (Guedeney N. & Guedeney A., 2006) s’est imposée une question, celle du recours à la théorie de l’attachement dans une méta-réflexion sur la prise en charge systémique des familles maltraitantes. Le présent article propose d’explorer les parallèles possibles et ce, dans l’idée d’aider à penser le cadre institutionnel parfois figé par la confrontation à la violence des familles.



2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S92-S93
Author(s):  
G. Monnier

La schizophrénie est une maladie mentale grave, dont la prévalence mondiale est estimée à 1 %. Malgré un manque d’études et de statistiques officielles, son existence en Afrique sub-saharienne est toutefois incontestable sur le terrain. De Devereux et al. [1] à Nathan et Stengers [2], nous verrons d’abord comment l’ethnopsychiatrie a conceptualisé différents modèles explicatifs de la pathologie mentale. Certains courants voient dans la schizophrénie une forme d’adaptation à la modernité en cours dans les pays occidentaux, alimentant ainsi la thèse d’une construction sociale de cette pathologie. Ces théories entendent analyser le rôle joué par la globalisation économique et culturelle dans l’émergence supposée de la schizophrénie en Afrique. Dans un deuxième temps, nous passerons en revue les statistiques épidémiologiques sur la santé mentale en Afrique de l’Ouest. La littérature internationale retrouve des disparités dans la répartition géographique de la schizophrénie (gradient Nord-Sud, urbanisation et migration [3] présentées comme facteurs de risque significatifs de développer la maladie, etc.). Nous confronterons ces données à celles que nous avons récoltées sur le terrain en Afrique de l’Ouest, plus particulièrement au Bénin [4]. Enfin, il sera présenté quelques vignettes cliniques de malades schizophrènes rencontrés au Bénin, au cours du partenariat entre Smao et l’ONG Saint-Camille de Lellis. Leurs profils sont variés : de tous âges, issus de différents milieux socioéconomiques, urbains ou ruraux ; la symptomatologie présentée par les schizophrènes africains diffère-t-elle de celle observée en Europe ? Du désenchaînement à la réadaptation sociale, en passant par l’utilisation de médicaments psychotropes, nous verrons quelle prise en charge pourrait leur est proposée. Notre pratique clinique nous permet ainsi de questionner cette pathologie et sa prise en charge, et de reconsidérer les résultats des recherches menées dans le domaine médical, comme dans celui des sciences humaines et sociales.



2008 ◽  
Vol 22 ◽  
pp. 1-14 ◽  
Author(s):  
Philippe De Brabanter ◽  
Patrick Dendale

This volume brings together thoroughly reworked versions of a selection of papers presented at the conference The Notion of Commitment in Linguistics, held at the University of Antwerp in January 2007. It is the companion volume to a collection of essays in French to be published in Langue Française and devoted to La notion de prise en charge. Commitment is a close counterpart toprise en charge, and two contributors, Celle and Lansari, use it essentially as a translation of the French term. However, commitment and its verbal cognates (to commit NP to and to be committed to) do not cover the exact same range of meanings as prise en charge. For a thorough assessment of the French term, we refer readers to the introduction to the Langue Française volume. In the present article, we focus entirely on commitment. The term is widely used in at least three major areas of linguistic enquiry:1 studies on illocutionary acts, studies on modality and evidentiality, and the formal modelling of dialogue/argumentation. In spite of its frequent use, the notion has rarely been theorised and has never been the subject of a monograph or a specialised reader. In keeping with this is the fact that none of the many dictionaries and encyclopaedias of linguistics or philosophy that we have consulted devotes a separate entry to it. Section 1 of this introduction briefly reviews what commitment means in the three fields just mentioned. Now and then, with respect to a particular issue, pointers are given to which articles in this collection have something to say about the issue. In section 2, we take a lexical and syntactic look at the ways in which the contributors to the present volume use the term. In section 3, we outline each of the contributions, with a focus on the role that commitment plays in them.



2018 ◽  
pp. 60-70
Author(s):  
Mirka Mesquita

Malgré les efforts déployés pour différencier les défauts d’intelligence des maladies mentales au long des siècles, leur symptomatologie reste significativement corrélée pour certains cas et empêche très souvent l’établissement d’un diagnostic minutieux et d’une prise en charge cohérente. Le présent article vise à dresser un portrait de l’évolution de la clinique différentielle entre les défauts d’intelligence et les maladies mentales au long des siècles en vue d’élucider les points de confusion symptomatologique entre ces deux affectations. Cette analyse s’appuie sur des informations provenant de sources variées, d’écrits scientifiques et historiques, sans pour autant avoir la prétention de réaliser une étude historique. La circonscription actuelle des troubles de l’intelligence dans la catégorie neurobiologique et, par conséquent, dans le champ social et de la rééducation, réduirait la possibilité de repérage et de prise en charge des troubles psychiques infantiles masqués ou induits par une éventuelle atteinte neurologique.



2020 ◽  
pp. 137-149
Author(s):  
Marina Voutyra ◽  
Abdelhak Ameziane ◽  
Marie Rose Moro

La prise du traitement antirétroviral est l’objet du présent article chez des patients atteints du VIH et venant d’un différent contexte socio-culturel. L’inobservance du traitement est souvent attribuée par les soignants à la non-adhésion du patient. Notre hypothèse clinique est que le VIH est un virus qui fait émerger entre autres des traits paranoïaques qui peuvent éventuellement altérer la relation soignant-patient et par conséquent la prise du traitement. L’articulation avec la pratique au sein d’un service médico-social permet l’illustration de notre hypothèse avec des vignettes cliniques issues du suivi psychologique bimensuel, tout en s’appuyant aux travaux psychanalytiques, transculturelles et de l’anthropologie médicale. Pour ces patients dont le vécu a été particulièrement traumatique, la relation de confiance est primordiale pour l’observance du traitement. Le suivi par une équipe pluridisciplinaire et la prise en compte d’éléments culturels peuvent éventuellement permettre une meilleure prise en charge.



2007 ◽  
Vol 62 (2) ◽  
pp. 301-318 ◽  
Author(s):  
Philippe St-Germain
Keyword(s):  

Résumé Le présent article se propose de mettre en lumière non seulement la critique platonicienne de la poésie telle qu’elle se déploie dans les livres II, III et X de la République, mais aussi — et surtout — la lecture qu’en fait le néoplatonicien Proclus dans son vaste Commentaire sur la République. Le principal enjeu de cette lecture est le lien entre le mythe et l’éducation. Nous verrons d’abord comment Platon s’emploie à lier ces deux éléments, puis comment Proclus cherche pour sa part à relativiser ce lien, au point où mythe et éducation en viennent, sinon à s’exclure mutuellement, du moins à n’entretenir qu’un faible commerce.



2015 ◽  
Vol 27 (2) ◽  
pp. S33
Author(s):  
J.-C. Gallart ◽  
L. Moulie ◽  
T. Hamon ◽  
O. Guilbert ◽  
C.-H. Houze-Cerfon ◽  
...  


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