scholarly journals Liberté et institution : Sur la phénoménologie de l’Einbildungskraft dans la pensée de Marc Richir

Author(s):  
Tetsuo Sawada
Keyword(s):  

Le présent travail vise à mettre en lumière le statut de l’« ima­gination (Einbildungskraft) » kantienne dans la phénoménologie. Pour ac­complir cette tâche, il convient selon nous de se référer aux travaux de Marc Richir, tels que l’article « L’origine phénoménologique de la pensée » et l’ouvrage Phénoménologie et institution symbolique. Car, en discutant soigneusement de l’imagination kantienne dans la Critique de faculté de juger, ce phénoménologue tente de dégager, à partir du concept de l’imagina­tion, le caractère paradoxal de la vie de la conscience humaine. Il s’agit alors d’une « imagination » dédoublée à son origine entre la « liberté phénomé­nologique » et l’« institution symbolique » de la Raison. La pre­mière nous permet de voir la phénoménalité des phénomènes et leur phéno­ménalisation dans la vie de la conscience humaine. La dernière a pour effet de stabiliser, et même d’aplatir, à l’insu du soi, la première. Ainsi, les phéno­mènes ne se phénoménalisent qu’en étant menacés par la crise de leur disparition dans les idées de la Raison. Cela revient à dire que, pour ce phénoménologue profondément inspiré par l’« imagination » kantienne, la phénoménologie est fondée foncièrement à la limite entre ce qui est phéno­ménologique (« liberté phénoménologique ») et ce qui est non phénoméno­logique (la Raison). C’est, dès lors, par son approche phénoménologique qu’on peut voir la contribution de l’« imagination » kantienne à la phénomé­nologie transcendantale.

2005 ◽  
Vol 4 (3) ◽  
pp. 313-336
Author(s):  
Gérald Fortin ◽  
M.-Adélard Tremblay

Le besoin étant défini de façon subjective, l'univers des besoins de la famille constitue pour celle-ci un système normatif qui conditionnera ses conduites économiques. Cependant, la famille dans la définition de sa situation globale doit tenir compte non seulement de ses normes mais aussi du niveau réel de ses ressources, de son revenu. Nous avons pu déterminer que la définition de la situation était aussi influencée par l'histoire de la famille et par certaines dispositions psychologiques. La définition de la situation par la famille peut cependant porter sur deux objets différents. La famille peut extérioriser sa définition de la situation en exprimant son degré de satisfaction ou de privation par rapport aux différents postes du budget et par rapport à des conduites particulières. Elle peut aussi livrer sa définition en évaluant globalement la situation présente et passée. En général, il nous est apparu que la famille avait beaucoup de difficulté à subdiviser la situation en aspects particuliers et avait plutôt tendance à percevoir globalement ses chances de vie. C'est pourquoi nous voulons consacrer le présent article à l'analyse de la définition globale de la situation. À ce propos deux questions s'imposent à notre attention : a) comment les familles évaluent-elles leur revenu par rapport à leurs besoins ? et, b) de quelle façon les familles entrevoient-elles l'avenir ? Cette double interrogation nous permet de rejoindre l'univers des aspirations, c'est-à-dire ce qui est considéré comme souhaitable et réalisable dans un avenir plus ou moins rapproché. L'aspiration peut être analysée à travers les explications que fournit l'individu pour justifier un comportement et à travers les désirs que ces explications expriment. L'aspiration se révèle aussi dans les objectifs et les projets dont l'individu poursuit la réalisation. Mais tous ces différents indices qui manifestent à des degrés divers, à travers divers mécanismes, la présence d'aspirations n'apparaissent que lorsque le consommateur a atteint un certain niveau de vie. En effet, comme nous le verrons plus loin, la définition de la situation s'exprimera à travers des aspirations seulement si l'individu a réussi au préalable à satisfaire la plupart de ses besoins essentiels. Un individu qui est constamment aux prises avec les problèmes posés par l'incomplète satisfaction des besoins immédiats de sa famille peut difficilement élaborer des projets d'avenir et planifier à long terme l'amélioration de ses conditions de vie. Cependant, la possibilité de se projeter dans l'avenir par l'aspiration ne dépend pas uniquement de la situation objective (un certain niveau de vie), mais aussi de la définition de cette situation. Cette définition de la situation dépend aussi bien de la situation objective de la famille que de ses normes de consommation. C'est pourquoi, avant d'aborder l'étude des aspirations, il faut examiner la manière dont les familles jugent leur situation objective (les ressources disponibles) par rapport à leurs besoins. Cette première section s'intitulera : « La satisfaction des besoins quotidiens ». Dans une deuxième section, on définira « l'univers des aspirations » des travailleurs salariés, puis on analysera comment s'effectue le passage du besoin à l'aspiration et comment les aspirations deviennent des rêves.


2015 ◽  
Vol 34 (2) ◽  
pp. 25-45
Author(s):  
Boualem ALIOUAT ◽  
Hadj NEKKA ◽  
Zahir YANAT
Keyword(s):  

Observant que les stratégies de réseaux ne s’inscrivent pas formellement dans la culture stratégique de certaines entreprises, notamment au Maghreb, quel qu’en soit l’étendue (entre entreprises appartenant à une même région, à un pays ou à une échelle internationale), la thèse soutenue dans cet article considère au contraire que cette forme inter-organisationnelle serait une source première du développement et de performance pour ces entreprises en situation de risques qui occasionne des coûts de transactio prohibitifs. Cette recherche exploratoire consiste dans un premier temps à mettre l’accent sur les difficultés qui ne permettent pas à des entreprises, ici le cas des firmes algériennes, de se développer en réseaux et de discuter ensuite les raisons qui favorisent davantage les partenariats publics-privés. L’exploitation de l’ensemble de ces informations nous permet de proposer quelques recommandations pour inciter les entreprises, notamment algériennes, à tendre davantage vers la forme en réseau pour se développer dans un avenir au sein d’un environnement hostile porteur de risques prohibitifs. Ces propositions sont transposables à toutes formes d’environnements hostiles au sens économique du terme.


2006 ◽  
Vol 42 (2) ◽  
pp. 103-133
Author(s):  
Ginette Michaud

Notre étude s’inscrit dans le cadre du projet de recherche subventionné par le CRSH, « Entre philosophie et littérature : Jacques Derrida et Hélène Cixous, rapports croisés ». Comment l’écriture touche-t-elle le tableau ? Il s’agit d’examiner ici, dans une sorte de triptyque, trois façons d’« être », de se tenir, de se plier ou de se rendre à la Chose de la peinture, à la chose peinte. Des nombreux textes de Jean-Luc Nancy consacrés à l’art, nous retenons surtout sa Visitation (de la peinture chrétienne), Noli me tangere et Transcription, en nous attachant au « sens dessus dessous » produit par la methexis au sein de la représentation. D’Hélène Cixous, nous analysons Le tablier de Simon Hantaï. Annagrammes, où la question du commerce de l’écriture avec la peinture, de l’échange entre la lettre et le tableau (en l’occurrence, la toile Peinture [Écriture rose], de Simon Hantaï) est abordée dans une relation unique où advient « la transfiguration de Peinture en Écriture, d’Écriture en Peinture ». Quant à Jacques Derrida, nous le suivons dans l’atelier de Camilla Adami où, devant les grands singes de (ou en) peinture qui le toisent, il rêve en silence de la Chose et interroge, au-delà de toute appropriation, ces singes/signes de peinture, cette Chose expropriée par tout discours où s’échangent « le devenir-quelqu’un de quelque chose » et le « devenir quelque chose de quelqu’un » — autrement dit, la grande question philosophique du « qui » et du « quoi » comme celle de « la peinture même ». Cette façon d’entrecroiser les lectures nous permet ainsi de laisser ces textes, ensemble et séparément, se parler, ou mieux se toucher, comme les toiles accrochées ou tournées contre le mur dans l’atelier.


2007 ◽  
Vol 5 (2) ◽  
pp. 49-78 ◽  
Author(s):  
Chantal Robillard

Résumé Les études internationales sur la consommation d’alcool font maintenant appel à un cadre d’analyse propre au genre, soulignant des variations dans les profils de consommation des femmes en fonction des rôles sociaux qui leur sont assignés. En considérant la prostitution comme un rôle social de plus, cet article nous amène à réfléchir sur la valeur symbolique positive de la consommation d’alcool dans la définition de la féminité. Les données recueillies lors d’une étude de terrain en Bolivie permettent de proposer deux hypothèses. D’une part, cette consommation redéfinit le rapport des femmes prostituées aux clients et à l’activité sexuelle. D’autre part, elle permet ensuite aux femmes prostituées de se distancer des attributs de leur travail qui les stigmatisent et de se rehausser jusqu’au rang des femmes honorables. Cette réflexion nous permet de concevoir la consommation d’alcool indépendamment de la consommation de drogues et d’aller au-delà de ses aspects sociosanitaires, pour se centrer sur le sens subjectif, mais également culturel et social, que prend ce type d’activité individuelle.


2014 ◽  
Vol 21 (4) ◽  
pp. 366-387 ◽  
Author(s):  
Nejmeddine Hentati

Dans cette étude, nous montrons que l’attitude des juristes malikites vis-à-vis du prince n’était pas unifiée, ce qui nous permet de classer ces juristes en trois catégories : les révoltés, les soumis et les réservés. Si les révoltés participèrent à des révoltes et se permirent même dans certains cas de tirer l’épée contre le prince, les soumis, que les sources qualifient de ʿulamā’ al-salāṭīn, cherchèrent à rendre divers services au prince et mirent l’accent sur l’obligation des sujets de lui être soumis. La troisième catégorie de juristes porta son attention sur les devoirs du prince et tenta de se faire les porte – parole du petit peuple et de la religion. Nous rattachons cette diversité d’attitudes à plusieurs données historiques, dont la position ambiguë de Mālik b. Anas vis-à-vis du prince.
In this study, I show that the attitudes of Mālikī jurists towards the ruler fall into three categories: rebellious, submissive, and reserved: Rebelious jurists participated in revolts and, in some cases, drew their swords against the ruler; submissive jurists – identified in the sources as ʿulamāʾ al-salāṭīn – performed favors for the ruler and emphasized the obligation of his subjects to submit to him; reserved jurists focused on the duties of the ruler and attempted to give voice to the common people and religion. I link these three positions to historical data, including the ambiguous position of Mālik b. Anas vis-à-vis the ruler. 



Author(s):  
Judith G. Armstrong
Keyword(s):  

La dissociation est une défense d’évitement contre le risque de se trouver submergé par les émotions liées à des souvenirs traumatiques. Elle consiste en un brusque changement d’état qui facilite la division entre pensée, affect, comportement et mémoire narrative. En conséquence, de par sa nature même, la dissociation crée une histoire traumatique disjointe et intraduisible. Le Rorschach est une méthode très puissante pour faire apparaître la dissociation dans la mesure où il pousse les sujets à plonger dans le magasin interne de leurs souvenirs verbaux et de les associer aux stimuli visuo-kinesthésiques des taches d’encre. Les exigences du test vont donc à l’encontre de la dissociation, ce qui permet au testeur de saisir le travail des défenses plus clairement. Dans cet article nous commençons par décrire la compréhension théorique de la dissociation. La littérature de recherche avec le Rorschach nous permet de définir les marqueurs Exner de l’intrusion traumatique et de l’évitement émotionnel qui sont caractéristiques de la dissociation. L’intrusion traumatique est signalée par des scores du type de la combinaison fabulée (FABCOM), des réponses circonstanciées (DR) et les contenus agressifs-morbides, qui reflètent les flashback et les “troubles traumatiques de la pensée” qui y sont associés. On peut repérer les signes d’évitement émotionnel dans l’élévation des kinesthésies humaines, du Lambda et des réponses de dimensionnalité formelle, ainsi que dans une baisse du rapport affectif (Afr). L’analyse séquentielle révèle souvent une alternance entre des scores d’évitement et de submersion qui signale l’échec de la dissociation et l’émergence d’un trouble de stress posttraumatique. En incluant dans le processus diagnostic des informations sur les comportements hors-test du sujet et les réactions contre-transférentielles du testeur, on peut suivre le fil de la dissociation pendant le test et clarifier les tenants et aboutissants de la défense pour le sujet. Nous décrivons certains comportements dissociatifs hors-test typiques, comme le désaveu de réponses, des changements dans la distance physique aux planches, des réactions de peur, des mouvements appuyyés des yeux et un regard vide. Nous introduisons le concept de “relation dissociée” pour désigner un champ de relation contretransférentielle dans lequel les réactions du testeur reproduisent en miroir les réactions du sujet. Une prise de conscience de tels phénomènes de contretransfert, comme d’avoir envie de dormir, avoir l’impression de flotter, ou perdre le fil de la narration, peut alerter les testeurs sur la présence d’une dissociation pendant l’évaluation. Nous présentons des vignettes pour illustrer de quelle manière les éléments cliniques et les résultats de recherche peuvent aider au processus diagnostique. Nous donnons quelques indications pour l’entretien qui suit le test, qui peuvent amener le sujet à explorer plus avant ses réponses dissociées au test et fournir des éléments importants pour la poursuite de la thérapie.


Author(s):  
Sakinatou Bello
Keyword(s):  
De Se ◽  

Que peut l’Etat sans les finances publiques? rien! C’est dire que les finances publiques sont au cœur de l’Etat et la raison d’être de l’Etat. Mais si elles occupent cette place centrale, c’est parce qu’elles permettent à l’Etat de se mouvoir et d’assumer les obligations qui sont les siennes à l’endroit de la communauté nationale et celle internationale. Les finances publiques ne sont rien d’autre que l’argent du peuple dont les gouvernants ont à charge la gestion. Ceci implique et impose la rigueur et la transparence dans leur gestion. L’on ne saurait donc parler de finances publiques sans parler de gestion, de système de contrôle et d’évaluation de l’exécution effective et efficace des différentes missions en matière budgétaire. Le cas de la république du Bénin nous permet de prospecter sur ce terrain.


2015 ◽  
pp. 121-138
Author(s):  
Nicolas Abry

Il est assez commun de se représenter le bûcheron comme un être plutôt fruste, qualifié avant tout par sa force au service d’une tâche peu valorisée. Or cette représentation se révèle tronquée, car l’équation qui associe la force à l’outil ne peut se réaliser sans le contrôle du geste. Plus encore, l’écoute des témoignages recueillis auprès des forestiers nous apprend que ce travail réclame d’efficaces systèmes de précision. C’est là une qualification oubliée, pourtant reconnue à part entière dès l’Iliade, qui nous en donne deux témoins privilégiés par l’anthropologie historique de la Grèce, la mètis, l’« intelligence rusée », prêtée au kybérnêtês, le pilote du navire (éponyme de la cybernétique ou science du contrôle), au conducteur de char et, en bonne première place, au bûcheron. La théorie du contrôle nous permet maintenant de dépasser le flou conceptuel de la notion historiquement pré-théorique de mètis, la ruse s’appliquant à des cas bien trop divers, pour lui préférer les développements les plus récents d’une science du contrôle de l’action, théorisée depuis Wiener, nourrissant aujourd’hui les projets les mieux financés de cyber-cerveaux informatiques, au service des neurosciences et de la médecine (qui sont les domaines finalement retenus [au 19 mars 2015] dans l’expertise sur la gouvernance disputée du Human Brain Project, hautement financé par l’Europe [parti de l’École polytechnique fédérale, Lausanne]). Le travail forestier (abattage et débardage), qui réclame une coordination maîtrisée des gestes, y compris de leurs commandes vocales dans le chant de travail — qu’un seul ou plusieurs bûcherons en équipe soient mobilisés —, nous en fournit une parfaite illustration.


2006 ◽  
Vol 4 (1) ◽  
pp. 92-101
Author(s):  
Marcel Bouchard
Keyword(s):  

Psychiatre depuis 30 ans, l'auteur ramène au souvenir, à l'aide de son expérience, l'histoire de l'évolution de l'institution Robert-Giffard aussi bien que l'évolution de la psychiatrie au Québec. Il revoit les conditions de vie des patients et celles du personnel depuis le début des années 50. Il nous permet de se souvenir que le traitement scientifique et le progrès social ont permis une approche plus humaine envers ces personnes étiquetées malades mentaux.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 71-71
Author(s):  
J.-L. Griguer

La notion d’intuition (du latin intuitio, désignant l’action de voir une image dans une glace) apparaît comme un mode de connaissance immédiat, préalable à la raison, qui prend la forme d’un sentiment d’évidence dont l’assurance est d’autant plus remarquable qu’il est souvent difficile d’en défendre la pertinence autrement que par des arguments circulaires. L’histoire de la philosophie nous montre l’intérêt des philosophes, notamment Spinoza et Bergson, pour cette notion qui, pour la plupart, est essentielle dans la connaissance. L’intuition, au niveau des mécanismes, est généralement perçue comme immédiate, c’est-à-dire sans médiation bien qu’elle puisse le plus souvent puiser sa pertinence dans des souvenirs enfouis dans l’inconscient ou le subconscient ce qui nous permet de réfléchir à sa place dans le champ des sciences, de la psychanalyse, et particulièrement dans la relation thérapeutique en référence à la clinique comme système symbolique complexe. À travers ces questionnements, nous pouvons avancer l’idée que l’intuition est peut être la propriété de la vie de se sentir elle-même.


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