Liberté et institution : Sur la phénoménologie de l’Einbildungskraft dans la pensée de Marc Richir
Le présent travail vise à mettre en lumière le statut de l’« imagination (Einbildungskraft) » kantienne dans la phénoménologie. Pour accomplir cette tâche, il convient selon nous de se référer aux travaux de Marc Richir, tels que l’article « L’origine phénoménologique de la pensée » et l’ouvrage Phénoménologie et institution symbolique. Car, en discutant soigneusement de l’imagination kantienne dans la Critique de faculté de juger, ce phénoménologue tente de dégager, à partir du concept de l’imagination, le caractère paradoxal de la vie de la conscience humaine. Il s’agit alors d’une « imagination » dédoublée à son origine entre la « liberté phénoménologique » et l’« institution symbolique » de la Raison. La première nous permet de voir la phénoménalité des phénomènes et leur phénoménalisation dans la vie de la conscience humaine. La dernière a pour effet de stabiliser, et même d’aplatir, à l’insu du soi, la première. Ainsi, les phénomènes ne se phénoménalisent qu’en étant menacés par la crise de leur disparition dans les idées de la Raison. Cela revient à dire que, pour ce phénoménologue profondément inspiré par l’« imagination » kantienne, la phénoménologie est fondée foncièrement à la limite entre ce qui est phénoménologique (« liberté phénoménologique ») et ce qui est non phénoménologique (la Raison). C’est, dès lors, par son approche phénoménologique qu’on peut voir la contribution de l’« imagination » kantienne à la phénoménologie transcendantale.