scholarly journals Les apports de la perspective fraserienne pour comprendre les enjeux de justice sociale en éducation

2021 ◽  
Vol 11 (1) ◽  
pp. 42-59
Author(s):  
Stéphanie Bauer ◽  
Myriam Radhouane

Le concept de justice sociale semble de plus en plus prégnant dans les sciences sociales francophones. Dans cette contribution, nous avons choisi de mobiliser la théorie fraserienne relative à ce concept afin de mettre en perspective la question de la justice sociale en éducation. Nancy Fraser, en développant une définition ternaire du concept, nous permet de porter un regard sur les enjeux de distribution, de reconnaissance, mais aussi de représentation dans l’école. Ce travail théorique nous permet de mettre en lumière le potentiel de l’usage du concept de justice sociale en éducation, les interdépendances entre ses différentes dimensions, et ainsi de proposer un regard critique et complexifié sur les différentes politiques et actions éducatives visant à rendre l’école plus juste. En outre, nous étendons également notre réflexion à l’importance de la pensée critique comme outil du développement de la justice sociale dans les différentes strates des systèmes éducatifs.

2019 ◽  
Vol 31 (1) ◽  
pp. 109-125
Author(s):  
Naomi Fortier-Fréçon ◽  
Leia Laing

L’intégration des thèmes reliés à la réconciliation tel que demandé dans les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada dans les cours de langue française permet aux élèves d’analyser les relations de pouvoir du discours normatif qui favorise le privilège blanc. Cependant, pour les élèves qui vivent dans un contexte où le français est la langue de la minorité, il y a aussi le défi d’avoir accès à des ressources appropriées et des opportunités d’utiliser la langue française à l’extérieur du contexte scolaire. Cette réalité peut favoriser une difficulté au niveau de la compréhension de thèmes complexes tels que la discrimination et le racisme. Cette situation peut avoir pour effet de complexifier l’apprentissage de la langue seconde. L’approche multidisciplinaire s’avère être une avenue pour encourager le développement langagier des élèves. Cet article relate une expérience menée auprès d’élèves du secondaire inscrit dans un programme d’immersion française dans le cadre de leur cours de français art langagier et de leurs cours de sciences sociales. L’expérience que nous avons vécue avec nos élèves dans le cadre de ce projet éducatif nous permet d’identifier ce qui contribue à transformer les attitudes et à encourager le changement social au sujet d’une meilleure compréhension des enjeux reliés à la culture et aux traditions autochtones au Canada tout en favorisant le développement de la langue française.


2011 ◽  
Vol 34 (2) ◽  
pp. 199-223 ◽  
Author(s):  
Geneviève Zoïa

Cet article propose un approfondissement de la notion d’ethnicité à partir de ses définitions et usages dans le champ universitaire international ainsi que de sa mise en jeu dans les questions contemporaines de reconnaissance et de justice sociale. Il explore la réception et la charge encore négatives du concept d’ethnicité dans la production française en sciences sociales et dans les débats animant la société civile. Il montre que l’ethnicité y est interprétée à la fois comme un leurre efficace pour détourner des véritables mécanismes de domination à l’oeuvre dans les sociétés, et en concurrence potentielle avec le système d’interprétation et les acteurs organisés autour de ces dominations. À partir de l’exemple du débat sur les statistiques ethniques contre les discriminations en France, il envisage un recours à une politique de reconnaissance permettant aux individus de participer à la construction des identités collectives par la prise en compte de leur « ressenti ». Il montre que si les individus construisent les frontières de leurs identités et celles des autres, leurs opportunités à proposer des – ou de contribuer aux – définitions des situations sont fonction de la position qu’ils occupent dans les rapports sociaux. C’est l’accès à la construction de ces labels collectifs qui peut alors constituer une source nouvelle et contemporaine de justice sociale. Enfin, l’article interroge l’ethnicité comme catégorie pratique pouvant contribuer à une théorie de l’action sur le rôle de l’identité et de la culture dans la construction des rapports sociaux.


2020 ◽  
Vol 5 ◽  
pp. 95-100
Author(s):  
Abdelkader Boutemadja ◽  
Sigrid Reiter

Dans le cadre de cet article nous allons expliquer la démarche entreprise pour essayer de mieux comprendre les productions actuelles d’image d’architecture. Pour ce faire, nous avons effectué des recherches sur deux niveaux complémentaire ; la systémique et la sémiotique. Si la deuxième nous permet d’utiliser des outils concrets d’analyse de l’image la première nous offre les bases théoriques pour expliquer l’objet d’étude qu’est l’image. Nous nous attarderons dans cet article sur les emprunts fait à la typologie processuelle comme approche systémique étudiants le territoire et le bâti et plus particulièrement sur la notion de moment de crise point de départ de la compréhension d’un phénomène aussi complexe que la représentation graphique du projet.


2018 ◽  
Vol 13 (1) ◽  
pp. 91-116
Author(s):  
Florence Bétrisey

Dans cet article, nous proposons d’analyser la démarche de recherche et le comportement des sujets-chercheurs au prisme de la notion de reconnaissance. Nous questionnons notre propre démarche et notre propre comportement de sujet-chercheuse dans le cadre de notre recherche doctorale en Bolivie. Plus particulièrement, nous analysons deux dimensions clés de la recherche en sciences sociales : la performance du travail de terrain et l’espace académique (eurocentriste) dans lequel s’inscrit le chercheur. L’analyse du travail de terrain (compris comme une performance sociale) au prisme de la notion de reconnaissance nous permet d’abord d’éclairer les tensions entre conformisme stratégique du chercheur et reproduction de normes sociales locales. Dans un deuxième temps, nous mettons en évidence le désir du chercheur d’obtenir une reconnaissance académique et la façon dont ce désir l’enjoint à reproduire la grammaire dominante de reconnaissance académique. Nous éclairons notamment le fait que ce désir d’obtention d’une reconnaissance, sociale ou académique est étroitement lié aux relations de pouvoir qui structurent l’espace académique (lequel n’est, au demeurant, pas considéré comme un espace neutre). Enfin, nous montrons que, si la promesse de reconnaissance rend la contestation des normes de reconnaissance difficile, elle n’empêche pas leur contournement, par exemple par l’adhésion à des récits alternatifs de la qualité de la recherche (« slow science »). Ces derniers peuvent en effet agir comme des canaux alternatifs de reconnaissance, producteurs de nouveaux récits et nouvelles grammaires de reconnaissance. Or ces mécanismes de conformisme, résistance ou contournement des normes de reconnaissance, autant en ce qui concerne la performance de terrain que l’espace académique, se déroulent souvent dans le domaine de l’inconscient et du non cognitif.


2005 ◽  
Vol 4 (3) ◽  
pp. 313-336
Author(s):  
Gérald Fortin ◽  
M.-Adélard Tremblay

Le besoin étant défini de façon subjective, l'univers des besoins de la famille constitue pour celle-ci un système normatif qui conditionnera ses conduites économiques. Cependant, la famille dans la définition de sa situation globale doit tenir compte non seulement de ses normes mais aussi du niveau réel de ses ressources, de son revenu. Nous avons pu déterminer que la définition de la situation était aussi influencée par l'histoire de la famille et par certaines dispositions psychologiques. La définition de la situation par la famille peut cependant porter sur deux objets différents. La famille peut extérioriser sa définition de la situation en exprimant son degré de satisfaction ou de privation par rapport aux différents postes du budget et par rapport à des conduites particulières. Elle peut aussi livrer sa définition en évaluant globalement la situation présente et passée. En général, il nous est apparu que la famille avait beaucoup de difficulté à subdiviser la situation en aspects particuliers et avait plutôt tendance à percevoir globalement ses chances de vie. C'est pourquoi nous voulons consacrer le présent article à l'analyse de la définition globale de la situation. À ce propos deux questions s'imposent à notre attention : a) comment les familles évaluent-elles leur revenu par rapport à leurs besoins ? et, b) de quelle façon les familles entrevoient-elles l'avenir ? Cette double interrogation nous permet de rejoindre l'univers des aspirations, c'est-à-dire ce qui est considéré comme souhaitable et réalisable dans un avenir plus ou moins rapproché. L'aspiration peut être analysée à travers les explications que fournit l'individu pour justifier un comportement et à travers les désirs que ces explications expriment. L'aspiration se révèle aussi dans les objectifs et les projets dont l'individu poursuit la réalisation. Mais tous ces différents indices qui manifestent à des degrés divers, à travers divers mécanismes, la présence d'aspirations n'apparaissent que lorsque le consommateur a atteint un certain niveau de vie. En effet, comme nous le verrons plus loin, la définition de la situation s'exprimera à travers des aspirations seulement si l'individu a réussi au préalable à satisfaire la plupart de ses besoins essentiels. Un individu qui est constamment aux prises avec les problèmes posés par l'incomplète satisfaction des besoins immédiats de sa famille peut difficilement élaborer des projets d'avenir et planifier à long terme l'amélioration de ses conditions de vie. Cependant, la possibilité de se projeter dans l'avenir par l'aspiration ne dépend pas uniquement de la situation objective (un certain niveau de vie), mais aussi de la définition de cette situation. Cette définition de la situation dépend aussi bien de la situation objective de la famille que de ses normes de consommation. C'est pourquoi, avant d'aborder l'étude des aspirations, il faut examiner la manière dont les familles jugent leur situation objective (les ressources disponibles) par rapport à leurs besoins. Cette première section s'intitulera : « La satisfaction des besoins quotidiens ». Dans une deuxième section, on définira « l'univers des aspirations » des travailleurs salariés, puis on analysera comment s'effectue le passage du besoin à l'aspiration et comment les aspirations deviennent des rêves.


2006 ◽  
Vol 2 (2) ◽  
pp. 20
Author(s):  
Maurice Godelier ◽  
Théophile Hazebroucq ◽  
Jean Lojkine
Keyword(s):  

Théologiques ◽  
2018 ◽  
Vol 24 (1) ◽  
pp. 131-146
Author(s):  
Samia Amor
Keyword(s):  

Cet article tente de voir dans la pratique religieuse, et spécifiquement celle de l’islam, les indices d’une réponse individuelle à l’injustice sociale. La démarche de mise en contexte part de la thèse de Nancy Fraser qui consiste à reconsidérer la justice sociale à travers ses dimensions de reconnaissance et de redistribution. La perspective de l’auteure féministe se rapproche de la praxis coranique de la zakat. Aussi, l’initiative se poursuit en exposant ce commandement divin au fondement de la foi. Trois propriétés y sont rattachées : 1) la zakat constitue un vecteur de redistribution des biens possédés ; 2) elle formule une créance du démuni sur les biens du nanti ; 3) elle construit une éthique de comportement individuel élevée sur la solidarité et la justice. Finalement, l’entreprise figure une proposition possible dans le contexte québécois.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S92-S93
Author(s):  
G. Monnier

La schizophrénie est une maladie mentale grave, dont la prévalence mondiale est estimée à 1 %. Malgré un manque d’études et de statistiques officielles, son existence en Afrique sub-saharienne est toutefois incontestable sur le terrain. De Devereux et al. [1] à Nathan et Stengers [2], nous verrons d’abord comment l’ethnopsychiatrie a conceptualisé différents modèles explicatifs de la pathologie mentale. Certains courants voient dans la schizophrénie une forme d’adaptation à la modernité en cours dans les pays occidentaux, alimentant ainsi la thèse d’une construction sociale de cette pathologie. Ces théories entendent analyser le rôle joué par la globalisation économique et culturelle dans l’émergence supposée de la schizophrénie en Afrique. Dans un deuxième temps, nous passerons en revue les statistiques épidémiologiques sur la santé mentale en Afrique de l’Ouest. La littérature internationale retrouve des disparités dans la répartition géographique de la schizophrénie (gradient Nord-Sud, urbanisation et migration [3] présentées comme facteurs de risque significatifs de développer la maladie, etc.). Nous confronterons ces données à celles que nous avons récoltées sur le terrain en Afrique de l’Ouest, plus particulièrement au Bénin [4]. Enfin, il sera présenté quelques vignettes cliniques de malades schizophrènes rencontrés au Bénin, au cours du partenariat entre Smao et l’ONG Saint-Camille de Lellis. Leurs profils sont variés : de tous âges, issus de différents milieux socioéconomiques, urbains ou ruraux ; la symptomatologie présentée par les schizophrènes africains diffère-t-elle de celle observée en Europe ? Du désenchaînement à la réadaptation sociale, en passant par l’utilisation de médicaments psychotropes, nous verrons quelle prise en charge pourrait leur est proposée. Notre pratique clinique nous permet ainsi de questionner cette pathologie et sa prise en charge, et de reconsidérer les résultats des recherches menées dans le domaine médical, comme dans celui des sciences humaines et sociales.


Sens public ◽  
2017 ◽  
Author(s):  
Caroline Guibet Lafaye

L'interprétation de la violence politique est placée, de façon récurrente, par les media comme par le discours politique institutionnel sous le paradigme du "basculement". Les sciences sociales y voient un engagement à "haut risque" (McAdam, 1986). Afin d'éprouver la validité de ces interprétations, nous avons mené une enquête par entretiens approfondis auprès de l'extrême gauche française. À partir de ces entretiens, nous proposons une détermination de l'engagement radical, nourrie de la parole des acteurs. Il s'avère alors présenter la double caractéristique d'être coextensif à la vie de l'individu et indissociable du fait d'être acteur de ses convictions politiques, en réponse à une injonction morale à l'action. Ces caractéristiques appellent une relecture critique de la thèse de l'entrée en radicalité comme "basculement", montrant que, concernant l'extrême gauche française au moins, il s'agit plutôt d'une prise de conscience, perçue par l’acteur comme irréversible, mais s'inscrivant cependant dans la continuité d'un parcours de vie. Une nouvelle détermination de l'engagement, décrit comme radical, émerge alors en référence à ces deux caractéristiques non psychologisantes mais de nature descriptive. Elle constitue une interprétation renouvelée de l'engagement radical, formulée par Doug McAdam (1986) et reprise jusqu’alors dans la littérature (Sommier, 2012), en termes de haut coût et de haut risque.


2020 ◽  
Vol 24 (1) ◽  
pp. 775 ◽  
Author(s):  
Máximo Diago Hernando
Keyword(s):  

Ce travail est une contribution à l'étude du rôle politique de la noblesse dans les differents territoires régionaux de la Castille avant les Trastamaras et, au même temps, une appréciation de l'importance des minorités de Fernando IV et Alfonso XI dans le procès de la consolidation de la noblesse à la tête de la vie politique de leurs propres territoires régio­naux. A cet effet, nous avons choisi la branche mineure de la famille des Haro, laquelle a exercé une influence décisive dans la vie politique des territoires de la Rioja Baja et Cameros à partir du règne d'Alfonso X jus­qu’à la majorité d'Alfonso XI. Notre attention a été fixée aux trois princi­paux représentants des Haro qui ont successivement exercé le pouvoir pendant cette période: Alfonso López de Haro, son fils Juan Alfonso de Haro I, et le fils de celui-ci Juan Alfonso de Haro II. L'analyse des moyens employés par ces trois sujets afin d'élargir les bases de leur exercise su pouvoir nous permet d'identifier aussi les principaux ressorts que, par conséquent, sont entrés en conflit avec eux pour freiner leurs projets d'expansion. Finalement, il y est aussi analysé le procès du declin de cette fami­lle après que Juan Alfonso de Haro II a été condamné A mort sous Alfonso XI, l'année 1333.


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