scholarly journals Agriculture urbaine et développement : l'expérience mexicaine

2002 ◽  
Vol 13 (1) ◽  
pp. 103-118 ◽  
Author(s):  
Manon Boulianne

Résumé Dans les pays du Sud, depuis le début des années 1970, l'agriculture urbaine fait l'objet d'un nombre croissant d'interventions de la part d'agences publiques et d'organismes non gouvernementaux (ONG). Ces interventions s'inscrivent, en général, dans des projets de développement social pour des populations pauvres identifiées comme bénéficiaires. Certaines initiatives sont toutefois portées par des organisations populaires issues des mouvements sociaux urbains. Associées à une économie sociale, elles s'insèrent dans une dynamique de développement économique communautaire. C'est ce que nous avons observé à l'occasion d'une recherche réalisée auprès de différentes organisations mexicaines.

2018 ◽  
Vol 37 (1) ◽  
pp. 31-51
Author(s):  
Alexie Labelle

Nous observons, depuis la fin officielle du conflit sri lankais en 2009, un recadrage des actions collectives de la diaspora tamoule, caractérisé par un discours de reconnaissance du génocide. Ce dernier marque une rupture importante avec le discours d’indépendance des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), prédominant pendant le conflit. L’objectif de cet article est d’expliquer ce recadrage en mobilisant la littérature sur les mouvements sociaux et l’action collective, particulièrement les concepts de fenêtre d’opportunité et de structures mobilisatrices. À l’aide d’une analyse de cadrage qualitative, nous avons retracé, sur la plateforme Tamilnet.com, le discours de cinq acteurs collectifs diasporiques tamouls de 2000 à 2015. Nous soutenons ainsi que la fenêtre d’opportunité demeure à elle seule insuffisante pour expliquer le recadrage. En revanche, nous démontrons que ce changement s’explique plutôt par l’émergence de nouveaux acteurs collectifs, eux-mêmes porteurs d’un nouveau discours.


2005 ◽  
Vol 17 (2) ◽  
pp. 126-143
Author(s):  
Louis Favreau

La mondialisation de la dernière décennie et donc l’interdépendance accrue entre les nations de la planète tout entière font de la période actuelle une période de profondes mutations qui représentent des menaces, mais aussi des opportunités. Malgré la déroute des projets de grande envergure (socialiste et tiers-mondiste) et même si la mondialisation néolibérale représente indiscutablement une tendance forte et durable, le rapport des forces en présence n’est pas à sens unique pour autant. La conjoncture internationale est en effet incertaine et instable. Les mouvements sociaux peuvent tirer parti d’une situation moins polarisée et cristallisée qu’à l’époque de la guerre froide. Comme en témoignent la mobilisation des organisations non gouvernementales internationales (ONGI) lors des nombreux sommets et conférences organisés par l’ONU (Rio, Beijing, Copenhague…) ou la forte participation lors des forums sociaux mondiaux, la société civile se fait à nouveau entendre aujourd’hui sur la scène mondiale. Cet article cherche à dégager les lignes de force de cette nouvelle situation dans laquelle des mouvements sociaux ont aujourd’hui une part active après avoir été longtemps sur la défensive.


2008 ◽  
Vol 19 (1) ◽  
pp. 135-161 ◽  
Author(s):  
Réjean Pelletier ◽  
Daniel Guérin

Résumé La présence de nouveaux mouvements sociaux (NMS) représente-t-elle un défi pour les partis politiques établis? Nous avons choisi de répondre à cette question en nous concentrant sur le défi organisationnel, considéré à la fois sous l’angle des motivations pour adhérer à un mouvement social ou à un parti politique, ce qui est à la base même de toute organisation, et sous l’angle de la conception que l’on a de sa propre organisation. Reposant sur des interviews menées auprès d’une quarantaine de militants et militantes, certains appartenant à des NMS (groupes environnementaux et groupes de femmes) et d’autres aux deux principaux partis politiques au Québec, cette recherche montre que deux visions s’opposent : l’une ciblée sur une seule cause dans les NMS, l’autre plus englobante dans les partis. Ces deux visions apparaissent irréconciliables, d’autant plus que chacun manifeste un certain scepticisme à l’égard des actions politiques de l’autre. De même, l’organisation hiérarchisée et centralisée des partis contraste fortement avec les structures souples et simples des NMS. Malgré tout, au lieu de parler de défi et d’opposition entre les deux, nous suggérons de parler plutôt de complémentarité.


2012 ◽  
Vol 4 (1) ◽  
pp. 31-49
Author(s):  
Celine Pelletier ◽  
Rahn Rendaud Malanda

 Résumé  Mots clé: Négligence ; région ; santé ; Québec ; développement économique ; développement social  Abstract: Can and does poverty lead to childhood maltreatment? This is the nature of the question raised by the authors who attempts at grasping the complexity of the relationship between poverty and childhood maltreatment in the region of Bas-Saint-Laurent (Québec). Family is where children develop; it has tremendous impact on children health and well-being. On the other hand, poverty is the most important source of stress as it renders meeting the most basic needs much more challenging for families. Such conditions have often been seen as the most important cause of childhood maltreatment, and most children who suffer from neglect come from familial environment where economic and social distress have been previously experienced. Keywords: Maltreatment; region; health; Québec; economic development; social development : La pauvreté caractérisée par des lacunes au niveau du revenu familial peut-elle conduire à la négligence infantile? Tel est le propos de cet article où les auteurs tenteront de saisir la complexité des liens entre la pauvreté et les situations de négligence infantile au Bas-Saint-Laurent (Québec). La famille est le creuset dans lequel se développent les enfants, elle a de multiples impacts sur leur santé et leur bien-être. La pauvreté amène une situation économique précaire où les besoins humains à la base ne sont pas comblés. Il en résulte des retombées très graves sur les individus et les familles et parfois ces problématiques sociales engendrent des situations de négligence infantile. De fait, les enfants négligés proviennent régulièrement de milieux où la misère sociale est présente. Ces enfants exposés à la négligence sont surreprésentés dans les familles à faible revenu, c'est-à-dire celles qui occupent les emplois les moins rémunérés et les plus précaires de la société. Les parents « économiquement défavorisés » sont alors incapables de combler les besoins de leurs enfants notamment l’alimentation, l’éducation, le logement, l’habillement, les soins de santé, la protection et l’affection, parce qu’ils n’ont pas assez d’argent pour subvenir à ces besoins essentiels. Il peut donc survenir chez ces enfants, des carences physiques, sociales, affectives, intellectuelles et comportementales, ce qui peut entraver leur développement normal et leur sécurité.


2009 ◽  
Vol 22 (1) ◽  
pp. 1-13 ◽  
Author(s):  
Abourida Aahd ◽  
Vincent Simonneaux ◽  
Errouane Sadik ◽  
Berjami Brahim ◽  
Sghir Fathallah

Résumé L’agriculture irriguée est une des composantes essentielles du développement économique du Haouz avec le tourisme et l’artisanat. Elle représente plus de 85 % de la consommation en eau du bassin versant du Tensift. L’aridité climatique qui règne dans la région, ainsi que les périodes de sécheresse récurrentes depuis une dizaine d’années, induisent une mobilisation de plus en plus importante des eaux souterraines et de surface, avec un recours croissant à l’irrigation. L’objectif principal de cette étude est la détermination des volumes d’eau pompés à partir de la nappe phréatique, dont l’essentiel est destiné à l’irrigation. Pour ce faire, nous avons établi une carte d’occupation du sol par classification de trois images Landsat TM acquises à trois dates différentes. Cette carte nous a permis de localiser les différentes cultures irriguées et d’estimer les consommations totales à partir des besoins en eau standard des cultures (méthode FAO). En comparant ces chiffres avec les volumes d’eau de surface attribués par l’organisme en charge de la gestion de l’irrigation à partir d’eau de surface au niveau de la plaine (ORMVAH - Office Régionale de Mise en Valeur Agricole du Haouz), nous avons pu estimer le volume d’eau moyen pompé pour l’irrigation à 481 Mm3, valeur comprise dans l’intervalle (271; 691) Mm3•an‑1 associé aux incertitudes sur l’estimation des consommations des cultures. Par ailleurs, l’interpolation graphique entre les débits réels estimés lors de l’enquête de terrain 1986 et 1971 et les autorisations de débits attribués par l’agence de bassin au niveau de la zone fournit une estimation des pompages effectifs d’environ 495 Mm3•an‑1.


2005 ◽  
Vol 13 (3) ◽  
pp. 309-342 ◽  
Author(s):  
Paul R. Bélanger ◽  
Louis Maheu

La mobilisation politique des populations étudiantes n'est pas en soi un phénomène vraiment contemporain. Certaines études ont déjà établi que des groupes étudiants ont participé à des mouvements politiques à diverses époques de l'histoire. Par contre, la pratique politique étudiante, ces dernières années, s'est amplifiée en même temps qu'elle se caractérisait par des traits plus spécifiques et particuliers à cette population. Aussi a-t-on vu croître, en sociologie, un intérêt nouveau pour l'analyse de ces phénomènes. Les études consacrées à ce sujet se multiplient de même que les schémas d'analyse se diversifient. Pour l'étude de la pratique politique étudiante québécoise contemporaine, nous avons, pour notre part, opté pour une grille d'analyse qui n'enferme pas l'étudiant, comme agent politique, dans le système d'enseignement supérieur. Sa mobilisation politique ne nous semble pas, au premier chef, être fonction de sous-cultures étudiantes plus ou moins contestataires et typiques des milieux universitaires ou des seules difficultés de fonctionnement des systèmes universitaires. Encore moins sommes-nous portés à penser que la marginalité sociale de la jeunesse étudiante est un facteur déterminant de politisation : « camper hors de la nation » ou de la société n'est pas de nature à susciter la mobilisation politique. Au contraire, notre analyse ne produit une définition de l'étudiant comme agent politique qu'au moyen de déterminations structurelles qui conditionnent, provoquent et organisent la pratique politique étudiante qui vise elle-même à modifier le cadre sociétal où elle émerge. Au nombre des principales caractéristiques de la période des années '60 dans l'histoire du Québec, il nous faut retenir la politisation des problèmes de fonctionnement de l'appareil scolaire québécois : les rapports entretenus par cet appareil avec d'autres structures de la société, le système de production économique par exemple, devenaient l'enjeu de luttes et de rapports politiques. L'État et les diverses couches sociales qui appuyaient ses politiques d'intervention auprès de l'appareil scolaire rencontraient l'hostilité et l'opposition plus ou moins soutenues d'autres couches sociales qui appréciaient différemment les politiques de l'État en ce domaine. Avec l'adoption du bill 60 qui créait, en 1963, le Ministère de l'éducation du Québec, le parti au pouvoir imposa une restructuration de l'appareil scolaire qui impliquait une responsabilité plus nette et ferme accordée à l'État et la mise en place d'organes officiels de consultation, comme le Conseil supérieur de l'éducation, où l'Église était loin de conserver une fonction prépondérante. Le législateur devait même consulter, au moment de la formation du premier Conseil supérieur de l'éducation, de multiples associations qui n'avaient pu auparavant s'imposer comme interlocuteurs dans un secteur contrôlé par l'Église. Parmi celles-ci, notons les associations d'enseignants; les associations d'administrateurs dans le domaine scolaire; les associations de parents et parents-maîtres; les associations syndicales; et diverses associations d'affaires. Puis finalement, le législateur dut consentir, après que des représentations eurent été faites dans ce sens, à prendre aussi l'avis d'associations étudiantes et d'associations de professeurs et d'administrateurs universitaires. On a pu également observer, dans le processus de régionalisation de commissions scolaires, que même au niveau local et régional, les agents qui contrôlaient traditionnellement l'appareil scolaire pouvaient voir leur position sociale remise en cause. Bref, la politisation des problèmes d'éducation a modifié les rapports de force entre les divers groupes sociaux qui se préoccupaient des politiques d'intervention de l'État auprès de l'appareil scolaire. L'État devait aussi se lancer, au cours des années '60, dans des transformations importantes des structures académiques et du contenu des programmes d'enseignement. Ces mutations de structures et de programmes académiques visaient essentiellement à reprendre le retard que connaissait le Québec, par rapport aux principales provinces canadiennes, et notamment l'Ontario et la Colombie-Britannique, dans le développement de son appareil scolaire. On attribuait à ce retard les problèmes de développement économique du Québec qui se manifestaient par un revenu moyen inférieur à celui des provinces canadiennes riches et par une productivité industrielle, en général, plus faible. La main-d’œuvre québécoise ne présentait pas des standards de qualification très élevés, ni des niveaux d'instruction jugés satisfaisants. Aussi, l'intervention de l'État auprès de l'appareil scolaire québécois avait-elle un sens bien précis : elle concernait la préparation et la modernisation d'une main-d’œuvre professionnelle au moyen de transformations apportées aux structures et au contenu de l'enseignement. Afin d'assurer une plus grande adaptation de l'appareil scolaire aux exigences de développement de la société, l'État misait essentiellement sur le « capital humain » et le perfectionnement des « ressources humaines » comme facteur de production. Ainsi cette intervention s'est accompagnée d'une augmentation considérable des investissements en éducation. Les dépenses totales d'enseignement au Québec qui étaient, à la fin des années '50, de l'ordre de $300,000,000, passaient en 1963 à $719,319,000 ; elles ont donc plus que doublé sur une période de cinq ans. Les dépenses du Ministère de l'éducation sont passées de près de $200,000,000 en 1960-61 à près de $710,000,000 en 1967-68, puis à $1,100,114,000 en 1970-71 ; sur une période de dix ans, ces dépenses ont été multipliées à peu près par dix. Ces hausses représentent des taux d'augmentation annuelle qui sont légèrement supérieurs à l'augmentation annuelle des dépenses du gouvernement du Québec; ainsi, la proportion du budget total consacrée à l'enseignement est passée de 23% en 1959 à 32% en 1964, puis à 34.7% en 1969. Il faut encore souligner que cette intervention de l'État auprès de l'appareil scolaire s'est accompagné d'un discours idéologique de circonstance. L'État, au moyen de slogans tels « Qui s'instruit s'enrichit », devait expliquer à la population combien l'éducation était le moyen par excellence de la promotion collective de la communauté canadienne-française. Le Québec était invité à joindre les sociétés industrielles avancées qui valorisaient, comme politique de croissance et de progrès, le développement et le perfectionnement continus des «ressources humaines».


Verbum ◽  
2013 ◽  
Vol 4 ◽  
pp. 26-34
Author(s):  
Béatrice Boufoy-Bastick

Les programmes curriculaires reflètent les valeurs culturelles sous-jacentes de la société, et d’autre part imposent des choix culturels aux sociétés postcoloniales émergentes. Ainsi les Etats postcoloniaux se trouvent confrontés à deux grandes orientations pour définir leur système éducatif, d’un côté une orientation philosophiquement humaniste sensible à l’individu, de l’autre, une orientation dirigée économiquement vers le développement social. Tant est que la première orientation soutienne l’autoréalisation de l’individu et donne priorité à un curriculum pluridisciplinaire élargi valorisant la langue vernaculaire ethnique, la deuxième orientation, en revanche, conforte une orientation impulsée économiquement et privilégie un curriculum technologique soutenu par l’adoption d’une langue véhiculaire internationale. De fait, cette seconde orientation souscrit aux valeurs éducatives des groupes économiques dominants mus par une volonté de participation accrue à l’économie mondialisée résolument interconnectée. Des choix linguistiques s’imposent engageant deux visions sociétales culturellement antinomiques, la première valorisant l’individu et la langue de son groupe, le deuxième adoptant une normalisation linguistique inhérente à une économie mondialisée capitaliste. Cet article discute ces deux orientations curriculaires utilisant les exemples de trois États insulaires postcoloniaux, la Jamaïque et Trinité-et-Tobago dans la Caraïbe et les Fidji dans le Pacifique sud. Il rapporte comment ces trois anciennes colonies britanniques ont toutes opté pour des politiques linguistiques privilégiant le développement économique, mais de par leur ancrage culturel les interprètent et les articulent différentiellement dans le système éducatif national.


2002 ◽  
pp. 105-118 ◽  
Author(s):  
Benoît Lévesque ◽  
Marguerite Mendell

RÉSUMÉ Le concept d'économie sociale fait partie du vocabulaire, en science économique comme en sociologie, depuis le XIXe siècle. Il prend des significations très différentes selon le modèle de développement dans lequel il s'inscrit. Dans le contexte institutionnel de la société québécois, l'économie sociale comprend actuellement deux volets, un volet développement économique à dominante marchande et un volet développement social, à dominante non marchande. En raison de son rapport à l'État, le volet non marchand soulève plus de questions et d'inquiétudes que le volet marchand. Replacée dans son contexte institutionnel, l'économie sociale ne constitue qu'un élément parmi d'autres pour repenser le modèle de développement.


2005 ◽  
Vol 11 ◽  
Author(s):  
Franck-Dominique Vivien

O objetivo atribuído a um desenvolvimento sustentável significa interpretá-lo de diversas maneiras.Propomos o desenho de um conjunto de enunciados econômicos sobre o tema. Para tanto, reunimos três conjuntos de trabalhos: o primeiro expressa o ponto de vista da teoria econômica dominante, evidenciando a idéia de um crescimento sustentado como condição necessária e suficiente para acessar a umdesenvolvimento sustentável; o segundo, mais inspirado pelo pensamento dos limites, busca apontar restrições socioambientais, em cujo interior deve-se perseguir o desenvolvimento econômico; o terceiro, marcado pelas experiências do Terceiro Mundo, acentua as desigualdades sociais e questiona o sentido da noção de desenvolvimento.                RÉSUMÉL’objectif assigné d’un développement soutenable donne lieu à des multiples interprétations. Nous proposons de dresser un panorama des propositions économiques en la matière. Nous avons réuni pour ce faire trois ensembles de travaux: le premier, qui exprime le point de vue de la théorie économique dominante, met en avant l’idée d’une croissance durable comme condition nécessaire et suffisante pour accéder à un développement soutenable; le deuxième, plus inspiré par une pensée des limites, cherche à élaborer des contraintes socio-environnementales à l’intérieur desquelles le développement économique doit se poursuivre; le troisième, marqué par les expériences du Tiers Monde, met l’accent sur les inégalités sociales et s’interroge sur le sens de la notion de développement.


Author(s):  
Bernard Cherubini

Résumé Très rapidement oubliés par les administrateurs de la colonie dans les savanes de l’ouest, au milieu de leurs troupeaux de bovins et de leurs parcs à tortue, les quelque 40 familles acadiennes, venues de l’Isle-Madame, de Saint-Pierre-du-Nord, de Rivière-du-Moulin-à-Scie, installées en Guyane dans les quartiers de Kourou, de Sinnamary et d’Iracoubo, à la suite du désastre de l’expédition de Kourou de 1764, ont été tenues à l’écart des projets de développement économique de la Guyane qui allaient concerner les Terres-Basses de l’Est, les grands domaines des quartiers les plus proches de Cayenne. Ce désintérêt, devenu pratiquement total à la suite du décès du gouverneur Jacau de Fiedmond en décembre 1781, aura probablement servi leur projet d’installation, sur des bases de rapprochement familial, de mariage des enfants et de remariage rapide des veufs et des veuves, jusqu’aux époques plus troublées de la Révolution française (1789), de la première abolition de l’esclavage (1794), des déportations de révolutionnaires (1794–1798) et de l’occupation portugaise de la Guyane (1809–1817). Une lecture ethnologique des caractéristiques de cette « société d’habitation », fondée sur des éléments d’ethnohistoire et sur des données généalogiques, vient confirmer la capacité des marges à structurer des relations autonomes et originales avec les centres de pouvoir, politiques ou économiques. On peut même se risquer à entrevoir l’influence de pratiques — dont on pourrait abusivement dire qu’elles sont déjà devenues « traditionnelles » en Acadie — dans l’organisation de la pêche à la tortue, de la pêche et de la navigation côtière, dans l’organisation spatiale des habitations le long du littoral, etc. Mais une société parallèle, en marge, se met nécessairement en marge d’un système existant ou en voie de constitution — ici une « société d’habitation » — sur la base d’une appropriation séparée de l’espace, de l’histoire immédiate, de la quotidienneté, que nous avons appelé ailleurs localisme, qui constitue dès lors sa force en cas de besoin de résistance à des pressions extérieures.


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