scholarly journals Les techniques martiales orientales comme technologies du soi : une réponse à Michel Foucault

2002 ◽  
Vol 24 (1) ◽  
pp. 141-156 ◽  
Author(s):  
Françoise BOUDREAU

Résumé Nous proposons, dans cet article, une réponse à la question de Michel Foucault : " Y a-t-il un Soi ou un processus de subjectivation dans les techniques orientales ? " Une première partie, plus théorique, examine le discours traditionnel enveloppant la relation corps, esprit et technique dans les arts martiaux orientaux et met l'accent plus particulièrement, sur le karaté-ifo (la voie du karaté) d'abord comme technologie du soi enracinée dans des pratiques corporelles de combat, ensuite comme opérations artistiques de subjectivation et, enfin, comme esthétique ou mode d'existence. Une deuxième partie pose la question : " Mais qu'en est-il dans la réalité vécue par ceux qui pratiquent de ces techniques corporelles ? " Un examen de diverses sources empiriques permet de constater une certaine continuité entre philosophie et expérience de soi et suggère que pour ceux et celles qui pratiquent cet art traditionnel, le karaté-ifo constitue une véritable technologie d'amélioration et de construction du soi : on constate une confiance accrue, de meilleures relations avec les autres, davantage de maîtrise de soi, de force et de souplesse de caractère...

2009 ◽  
Vol 52 (4) ◽  
pp. 619-634 ◽  
Author(s):  
Morris Silver

AbstractThe first part of this paper considers why small funerary figures called shabtis, were willing to slave in the Beyond for deceased Egyptians. The proposed answer is that they agreed in return for being given "life" by the craftsman. It is well understood that ancient Egyptians were willing to utilize standard legal forms to mediate between the earthly and supernatural dimensions. However, consideration of the "contract" between craftsmen and shabtis casts new light on the nature of ancient Egypt's labor market and, more specifically, on the prevalence of resorting to contractual slavery. The second part of the paper uses economic analysis to reinforce the suggestion that temple ateliers probably earned a substantial profit by marketing shabtis. La première partie de cet article envisage les raisons pour lesquelles les figurines funéraires appelées oushebtis consentaient à servir les Egyptiens comme esclaves dans l'au-delà. Nous proposons que ces figurines acceptaient ce rôle en échange de la « vie » que leur insufflaient les artisans. Il est bien connu que les anciens Egyptiens employaient des formulaires juridiques comme mode de médiation entre le domaine terrestre et celui du surnaturel. L'examen du « contrat » passé entre artisans et oushebtis éclaire néanmoins d'un jour nouveau la nature du marché du travail dans l'Egypte ancienne, notamment le recours répandu à l'esclavage contractuel. Dans la seconde partie de l'article, une analyse économique confirme que la vente des oushebtis assurait vraisemblablement des profits substantiels aux ateliers des temples.


2005 ◽  
Vol 15 (2) ◽  
pp. 195-218
Author(s):  
KARINE RICALENS ◽  
LAURE SARDA ◽  
FRANCIS CORNISH

Dans cet article, nous proposons une analyse des structures de discours dans un recueil de descriptions d'itinéraires produites dans quatre conditions distinctes. La structure de ces discours est appréhendée à travers l'étude des adverbiaux spatiaux détachés en tête de phrase et une attention particulière est portée à la forme des expressions référentielles qui les composent. Nous mettons au jour un mode de connexion qui repose sur la répétition et sur la valeur d'accompli associée aux expressions détachées. La première partie resitue ce travail linguistique dans un projet plus large visant à préciser le rôle du langage dans la cognition spatiale. La deuxième partie expose les caractéristiques du genre des textes étudiés. La troisième partie focalise sur la structuration des textes par les adverbiaux spatiaux détachés à gauche et décrit leur double statut représentationnel et organisationnel. Enfin, la quatrième partie vient enrichir la description de la structure des textes par une analyse fine du fonctionnement de leurs marqueurs référentiels et anaphoriques.


2019 ◽  
Vol 16 (2) ◽  
pp. 22-36
Author(s):  
Lou Mourlan

Cet article interroge la représentation de la forêt dans Éducation européenne (1945) de Romain Gary : lieu de vie des personnages du roman, elle en est de facto le cadre romanesque. Mais n’est-t-elle pour autant qu’une localisation géographique ou un effet de réel ? En tant qu’espace sauvage et préservé de la guerre qui fait rage dans le reste du roman, mais aussi en tant qu’espace où émerge et se concentre la critique de la barbarie humaine, la forêt devient alors une hétérotopie telle que la théorise Michel Foucault et dont nous proposons ici une lecture écopoétique. Gary fait de la forêt un espace qui fait sens et qui, paradoxalement, symbolise la survivance de l’humanisme dans les temps où il est le plus menacé.


Symposium ◽  
2020 ◽  
Vol 24 (2) ◽  
pp. 53-77
Author(s):  
Kurt Lampe ◽  

Why does Bernard Stiegler speak of “this culture, which I have named, after Epictetus, my melete?” In the first part of this article, I elucidate Stiegler’s claims about both Stoic exercises of reading and writing and their significance for the interpretive questions he has adapted from Michel Foucault and Jacques Derrida. In particular, I address the relations among care for oneself and others, the use of material technologies, and resistance to subjection or “freedom.” In the second part, I consider the merits and limitations of Stiegler’s comments about reading and writing in Stoicism, with particular attention to Epictetus. We will see that Stiegler’s interpretive frame-work casts considerable light on ancient texts and contexts, on the condition that it be combined with close reading of ancient texts and engagement with specialist scholarship. Finally, in the conclusion, I will suggest that the history of technology in Epictetus’s time contributes to a debate about Stiegler’s theories.Bernard Stiegler signale à plusieurs reprises l’importance des exercices stoïciens de lecture et d’écriture. Dans la première partie de cet article, j’essaye de clarifier ces assertions et d’expliquer leur lien aux oeuvres de Michel Foucault et de Jacques Derrida. Il s’agit en particulier des rapports entre le souci de soi et d’autrui, l’usage des techniques et des matériaux et la résistante à la soumission ou à la « liberté ». Dans la deuxième partie, je considère les mérites ainsi que les limites des remarques de Stiegler sur la lecture et l’écriture au sein du stoïcisme, en portant une attention particulière à Épictète. Le point du vue stieglerien donnera de nouvelles significations à quelques passages des oeuvres d’Épictète, à condition qu’il soit conjugué à une lecture attentive d’études spécialisées et de textes anciens. Je conclurai, dans la troisième partie, en proposant que l’histoire des techniques à l’époque d’Épictète pourrait alimenter un débat à l’égard des théories de Stiegler.


2019 ◽  
Vol 32 (3) ◽  
pp. 128-136
Author(s):  
B. Calvino

Très tôt dans l’histoire évolutive des vertébrés, la lignée des poissons téléostéens se sépare de celle dont dériveront plus tard les mammifères. Nous nous proposons de considérer ces deux lignées ayant divergé dès la base des vertébrés pour éclairer le rapport nociception–douleur. Les études phylogénétiques d’anatomie comparée ont montré que les structures du système nerveux central associées à la douleur sont absentes chez les Téléostéens (première partie). Des études neurophysiologiques ont introduit un doute sur la possibilité pour la truite de ressentir la douleur alors que cette espèce répond aux stimulations nociceptives (deuxième partie). D’où l’importance de faire la distinction entre la nociception et le concept de douleur.


Author(s):  
Alievtina Hervy

En prenant appui sur les analyses consacrées par Sartre au regard d’autrui dans L’Être et le Néant, nous nous proposons dans ce qui suit d’appréhender le phénomène de la honte comme un phénomène éminemment social où le rapport au corps vécu se trouve singulièrement mis en jeu. Pour ce faire, sont mobilisés, entre autres, les travaux de Levinas, de Derrida, d’Agamben et les descriptions d’Annie Ernaux dans son roman intitulé La Honte. Nous tentons de montrer que mettre en exergue le caractère social de la honte suggère de soustraire ce phénomène à un cadre moral étroit, qui le réduit à la seule expression de la faute ou de la culpabilité individuelle. Ce faisant, un des enjeux de notre propos consiste à mettre l’accent sur la manière dont le rapport vécu au corps cristallise les projections imaginaires et les significations sociales inhérentes à l’expérience de la honte. En dernière étape de ce parcours, les descriptions de Michel Foucault sur « Le corps utopique » nous amènent à considérer le pouvoir spatialisant des corps comme un pouvoir utopisant. En ce sens, elles permettent ainsi d’ouvrir une réflexion sur l’impact et les limites d’une captation des corps par les significations sociales et imaginaires à travers lesquelles les relations intersubjectives se façonnent et se déploient.


2021 ◽  
Vol 13 (1) ◽  
pp. 17-33
Author(s):  
Karolina Hnilicová

La communication dans toutes les langues peut prendre soit la forme orale, soit la forme écrite. Ces formes peuvent partager certaines caractéristiques ou, au contraire, elles peuvent se différer complètement. Quelques particularités sont liées aussi au français écrit et oral, comme c’est d’ailleurs montré dans la première partie de cet article. Son objectif est, cependant, d’étudier plus aux détails ces particularités sur un genre médiatique spécifique. Ainsi, connaissant des phénomènes traditionnellement associés à la communication orale et écrite en français, cet article cherche et montre leur présence dans une émission radiophonique Pop & Co, qui appartient au genre de la « chronique de radio ». Même si ce genre paraît bien connu par des auditeurs francophones, les chroniques semblent toujours mal décrites en ce qui concerne leur structure et l’emploi du langage. Parmi les caractéristiques communes à plusieurs genres radiophoniques, celle qui ressort pour les chroniques est leur préparation sous forme textuelle suivie de la lecture à haute voix à la radio. La combinaison du français écrit et oral ainsi que la recherche linguistique médiocre dans ce domaine nous ont amenés à l’investigation plus détaillée de ce genre. L’analyse que nous proposons se focalise sur l’observation non seulement de la structure de l’émission mais aussi de la présence des constructions linguistiques traditionnellement liées au français écrit ou oral. Ainsi, cette analyse se donne pour objectif de situer la « chronique » sur le continuum linguistique écrit/oral, et de dire en quoi on peut y voir une combinaison équilibrée des deux.


1963 ◽  
Vol 6 (3) ◽  
pp. 373-383
Author(s):  
A. Barbeau

Dans un mémoire paru en 1960 [1], G. Thierrin a étudié la structure d'une classe d'anneaux, celle des anneaux bipotent à droite. Ce travail fait suite à ce mémoire et a pour objet d' étudier, dans un première partie, la structure d'une classe particulière d' anneaux bipotents a droite, celle des anneaux complètement bipotents à droite. Dans une deuxième partie, nous nous proposons d' étudier la structure df une autre classe dr anneaux, celle des anneaux d-bipotents à droite.


2000 ◽  
Vol 10 (1) ◽  
pp. 27-44 ◽  
Author(s):  
Albert Di Cristo

Nous proposons d'effectuer dans cette étude un large tour d'horizon des problèmes liés à l'interprétation de l'accent en général et de l'accentuation du français contemporain en particulier. Cet état des lieux (première partie) débouche sur l'esquisse d'une modélisation du cadre accentuel du français (seconde partie) fondée sur une classification fonctionnelle des catégories d'accentuation et la mise en óuvre généralisée du principe de bipolarisation accentuelle qui permet, selon nous, de rendre compte du caractère probabilitaire de l'accentuation du français et de la variabilité de ses motifs rythmiques attestés dans les formes prosodiques de surface.


2008 ◽  
Vol 43 (3) ◽  
pp. 27-39 ◽  
Author(s):  
Mathieu Bélisle

Résumé Comme les deux versants d’un même massif, les romans et les carnets se répondent à l’intérieur de l’oeuvre gracquienne dans une symétrie presque parfaite : l’écriture des romans occupe la première partie de la carrière de l’écrivain, celle des carnets la seconde. Pourtant, ce qui frappe dans les travaux de la critique gracquienne, c’est le fait qu’aucune image, aucun motif n’ont été proposés pour distinguer les exigences et les possibilités respectives de ces deux genres, qui ont été le plus souvent considérés indifféremment, à l’intérieur d’un continuum. Or, voilà le rôle symbolique que nous proposons de donner aux « régions indécises » tant célébrées par Gracq, à ces régions qui, au contraire par exemple des Alpes ou de la côte, ne présentent aucun trait saillant mais apparaissent comme des lieux indistincts. La valeur de cette image paraît emblématique des possibilités qu’offre l’écriture des carnets. Du point de vue de l’écrivain, le carnet représente en effet le lieu où l’indécision, c’est-à-dire l’absence de la nécessité de choisir, a libre cours, là où la contrainte et la clôture ne pèsent guère. Mais, ce qui confère aux régions indécises leur pertinence et leur force d’évocation, c’est le fait qu’elles indiquent une ligne de partage à l’intérieur de l’oeuvre. Non seulement elles permettent de mieux apprécier les exigences de l’écriture des carnets gracquiens, mais elles contribuent à renouveler la compréhension de son art du roman. Envisagées par la négative, ces régions indécises représentent en quelque sorte ce à quoi le roman est soustrait. Au contraire du carnet, le roman représente en effet le lieu de la décision. Pour Gracq, l’écriture d’un roman impose la nécessité de choisir, c’est-à-dire l’obligation de discriminer les possibilités qui ne seront pas retenues. Tandis que le carnet apparaît comme un espace d’accueil et d’évasion, le roman représente pour Gracq, et au contraire de ce qui est généralement admis, un art du renoncement.


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