scholarly journals Le débat américain sur la certification des enseignants et le piège d’une politique éducative « evidence-based »

2006 ◽  
Vol 32 (1) ◽  
pp. 31-52
Author(s):  
Claude Lessard

Résumé Une démarche de type « evidence-based policy » implique que soient mis en place des dispositifs de compilation de la recherche existante, un concept et des indicateurs de qualité de la recherche, et une compréhension ou une interprétation de ce que la recherche « dit » ou ne « dit pas ». Dans le cas des sciences humaines et sociales, cela est loin d’être évident, non seulement à cause des médiations idéologiques, mais aussi à cause de la difficulté des consensus sur des indicateurs de qualité de la recherche et du caractère incertain et incomplet du savoir des sciences sociales. Le présent article analyse le vif débat, présentement en cours aux États-Unis, à propos de la certification des enseignants du primaire et du secondaire.

2019 ◽  
Vol 59 (3) ◽  
pp. 385-409
Author(s):  
Jean-Philippe Warren

Le Canada représente un cas de figure particulièrement intéressant pour étudier les dynamiques de la traduction dans les domaines des sciences sociales et humaines. Pays bilingue où se côtoient deux langues centrales dans le champ international des SHS (l’anglais et le français), le Canada s’est doté depuis plus de 40 ans de leviers institutionnels afin d’encourager le dialogue entre les deux communautés linguistiques. Le présent article revient sur les réalisations concrètes des programmes mis en place afin, d’une part, de cartographier le réseau des échanges qu’ils dessinent et, d’autre part, de mesurer leur impact réel dans l’espace général des SHS. Dans un premier temps, nous présentons un historique de l’aide à la traduction des oeuvres savantes au Canada afin de comprendre les motifs derrière cette initiative du gouvernement fédéral et les répercussions que cela a pu avoir sur les oeuvres sélectionnées. Dans un deuxième temps, nous mesurons le rayonnement des ouvrages traduits. Reprenant une grille simple définie à partir des capitaux symboliques et sociaux en jeu, nous tâchons de présenter une appréciation de l’impact des sommes investies dans la traduction d’ouvrages scientifiques canadiens dans le domaine des SHS.


2020 ◽  
Vol 81 ◽  
pp. 03002
Author(s):  
Imene Meriem Oumessad

Au cours des dernières décennies, l’étude des émotions a connu un essor important dans plusieurs domaines en sciences humaines et sociales notamment en sciences du langage. En effet, le concept d'émotion a su gagner ses titres de noblesse ces dernières années, après avoir longtemps été considéré comme un phénomène subjectif, irrationnel et donc sans intérêt scientifique. Dans le présent article, nous nous intéresserons à la question de l'émotion dans le discours de presse. Nous allons dans un premier temps identifier et décrire la construction émotionnelle des discours journalistiques du Monde après l'attentat contre Charlie Hebdo. Pour ce faire, nous proposons de distinguer, au sein des procédés visant à susciter l’émotion, l’émotion dite, l’émotion montrée, l’émotion argumentée. A partir de cette tripartition, nous interrogerons dans un second temps nos données en termes de degré d'émotivité afin de voir si un discours sans émotion est possible lors d'un événement de ce type.


2002 ◽  
Vol 19 (2) ◽  
pp. 15-36 ◽  
Author(s):  
Michel FREITAG

Résumé Dans la foulée d'une certaine crise épistémologique et théorique du positivisme (sa méthodologie se porte bien, Dieu merci!), on a pu assister depuis une dizaine d'années à un regain de popularité et de légitimité "scientifique" des différentes problématiques "compréhensives" dans les sciences sociales. Mais en insistant sur la "dimension significative" et "subjective" de l'action, ces approches "interprétatives" font resurgir au centre des préocupations épistémologiques le problème de la normativité immanente à l'objet d'étude, aussi bien que celui de l'implication "idéologique" des sciences humaines. La question est donc maintenant de savoir dans quelle mesure lesdites sciences humaines sont prêtes à assumer théoriquement cette double dimension, objective et subjective, de leur pratique cognitive comprise comme rapport critique à la société, et elle est du même coup de savoir si elles disposent d'un modèle adéquat pour reconnaître cette dimension normative en sa spécificité ontologique et épistémologique. C'est un tel modèle que voudrait esquisser philosophiquement le présent article, pour en dégager quelques idées directrices touchant à une réorientation pédagogique, à caractère non dogmatique mais réflexif, de la tâche normative qui échoit aux sciences humaines dans la société contemporaine.


2011 ◽  
Vol 52 (3-4) ◽  
pp. 581-617 ◽  
Author(s):  
Violaine Lemay ◽  
Benjamin Prud’homme

Au terme d’une série de pérégrinations en terre disciplinaire étrangère, l’auteure principale du présent article, professeure de droit, raconte les expériences et les anecdotes qui l’ont amenée à prendre conscience des irritations et des agacements, voire des guerres fratricides, que provoque, entre universitaires dont l’analyse est insuffisamment réflexive, l’inconscience de la possibilité d’une pluralité d’approches scientifiques différentes mais également dignes sur le plan savant. L’auteure explique ensuite comment ce passé universitaire l’a conduite à revisiter la forme du cours « Fondements du droit », au premier cycle, de façon à initier les apprentis juristes à l’interdisciplinarité et à une réflexivité accrue, source de sérénité nouvelle dans l’étude régulière du droit substantiel. Dans un premier temps, l’article raconte l’impact heuristique, en matière de prises de conscience épistémologiques, du fait d’être juriste en sciences humaines et sociales et, à l’inverse, du fait d’être théoricien interdisciplinaire en faculté de droit. Dans un second temps, l’article expose les principes pédagogiques à la base de cette revisite du cours « Fondements du droit », essentiellement centrée sur l’apprentissage d’une coexistence paisible entre juristes aux méthodes différentes et, par extension, d’une tolérance plus grande à l’égard de la différence. Enfin, l’article décrit les résultats d’une courte étude empirique menée auprès des étudiants quant à la « survie », un an plus tard, des habiletés intellectuelles acquises.


1993 ◽  
Vol 48 (5) ◽  
pp. 1221-1230 ◽  
Author(s):  
Gérard Lenclud

Idéal nomologique pas mort dans les sciences sociales. Telle est, en style télégraphique, la nouvelle qu'on se doit d'annoncer sitôt refermé Y Essai d'épistémologie d'Alain Testart*. On imaginait, en effet, à peu près admise par tous, quoique pour des motifs différents, l'idée que la connaissance de l'homme social par l'homme relevait d'un autre genre de savoir que la connaissance par ce même homme des phénomènes de la nature. Cela allait, nous semblait-il, de nos jours presque sans dire, pas toujours pour de bonnes raisons. On s'abandonnait donc à croire que prévalait, dans la communauté savante, le sentiment d'une dualité insurmontable de régime épistémologique entre sciences déductives et expérimentales d'une part, sciences humaines et sociales de l'autre. Le véritable combat à mener, à l'intérieur des sciences ni déductives ni expérimentales, paraissait consister à faire reconnaître, pièces en mains, aux utilisateurs du modèle physicaliste (et aux gestionnaires de la recherche qui se recrutent parmi eux) la dignité des procédures intellectuelles mises en oeuvre dans les disciplines appliquées à l'étude des actions et des oeuvres de l'homme. De quel droit le discours de la généralité naturelle s'arrogerait-il le monopole de l'intelligibilité scientifique ? Or voici que, venue de l'anthropologie, une voix s'élève pour affirmer le plus simplement possible, par l'intermédiaire d'un court ouvrage au ton alerte, peu encombré de références bibliographiques, que le monde social constitue bien une nature au sens kantien du terme: quelque chose qui doit être conçu comme existant sous des lois. Elle nous somme de nous débarrasser au plus vite de toutes sortes de préjugés, de renouer avec l'inspiration du xixe siècle et l'espèce de raideur qui la caractérisa, de reprendre le projet d'une « physique sociale » comme laissé en plan depuis l'époque des pères fondateurs.


2021 ◽  
pp. 37-52
Author(s):  
Hammou FADILI

Cet article présente une contribution à la construction d’un Wiktionnaire des sciences sociales et humaines (SHS). Cette dernière est basée sur une extension de la plateforme « MediaWiki sémantique » existante afin qu’elle puisse prendre en compte aussi bien les aspects multiculturels et multidisciplinaires des SHS mais aussi pour une représentation de ses entrées selon le standard ISO 1951 relatif aux dictionnaires. Sa construction devrait permettre aux chercheurs des deux rives de la Méditerranée d’échanger et de partager des connaissances dans le domaine des sciences sociales et humaines et cela quels que soient leurs lieux géographiques de travail et/ou de résidence. Après le rappel du contexte du projet et les choix technologiques effectués, nous détaillerons les caractéristiques fonctionnelles et conceptuelles, suivies d’une brève description de l’application développée avant la conclusion.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 56-56
Author(s):  
B. Falissard

En 1992, le concept d’Evidence Based Medicine (EBM : médecine fondée sur des faits prouvés) a été présenté comme un nouveau paradigme pour la pratique de la clinique. Si la définition de ce concept n’est pas totalement stable au cours du temps, plusieurs auteurs l’ont présenté comme « l’utilisation des faits les mieux étayés par la science pour la prise de décision médicale » ou encore « le développement d’un processus rationnel et explicite de décision médicale dans le but de réduire la part d’intuition et d’expertise clinique informelle et d’augmenter le recours aux plus grandes découvertes scientifiques ». À bien y regarder, derrière cette présentation a priori fort raisonnable, se cachent possiblement des arrières pensées nettement moins amènes. Par exemple, derrière la proposition que la science doive investir le domaine médical, on peut bien entendu y voir la poursuite d’une démarche relevant du progrès des connaissances et plus généralement des Lumières. En fonction du ton utilisé et des modalités d’applications, on peut parfois se demander si certains ne pensent pas en fait que « Les cliniciens vivent dans un univers médiéval où règne intuition et expertise informelle » ou que « Les cliniciens doivent donc être mis sous tutelle des scientifiques ». Par ailleurs, on a souvent l’impression en psychiatrie et en psychiatrie infanto–juvénile en particulier, que le mot « scientifique » désigne les personnes qui réalisent des essais contrôlés randomisés et des travaux neuroscientifiques (et notamment pas de travaux en sciences humaines et sociales). La thèse défendue dans cette conférence est que si l’EBM est incontestablement une approche intéressante pour faire évoluer positivement les pratiques médicales, l’EBM ne peut cependant pas prétendre représenter l’étalon Or, de la connaissance médicale. Elle est finalement un outil parmi d’autres, et ne devrait pas être considérée comme un Graal et a fortiori pas comme un totem.


Author(s):  
Ghaliya Djelloul

Cette contribution est le fruit d’un travail collectif mené par une soixantaine d’étudiants de baccalauréat en sciences sociales à l’Université catholique de Louvain sous ma supervision. Dans le cadre d’un séminaire de méthodologie en sciences sociales (récolte et analyse de données qualitatives[1]) dont le thème portait sur les pratiques écologistes, je les ai invités à exercer leurs talents de chercheur-se-s en sciences sociales, le temps de deux mois de « terrain » ethnologique (Beau et Weber 2003). Il leur fallait choisir un collectif dans le sillage du mouvement écologiste et mener des observations participantes et des entretiens auprès des personnes qui s’y engageaient. Quinze groupes de 3-4 étudiants se sont constitués et ont mené des enquêtes exploratoires, la moitié d’entre eux ayant reçu pour consigne d’adopter une grille d’analyse portant sur les rapports sociaux de sexe, tandis que l’autre moitié était libre de s’inspirer des théories souhaitées. Enfin, l’ensemble des travaux a fait l’objet d’une présentation dans le cadre d’un mini-colloque à la fin du quadrimestre (décembre 2012). Cela a permis de faire dialoguer des groupes ayant travaillé sur des collectifs similaires, partageant parfois le même un terrain, mais dans une perspective différente. Dans un premier temps, Je rendrai compte ici des travaux de ces étudiants en présentant les problématiques qui ont été élaborées au terme de leurs analyses exploratoires. Je proposerai ensuite une lecture transversale des données récoltées qui décline les dynamiques de genre (Jaunait et al. 2008) visiblement à l’œuvre dans ces collectifs. Ce concept qui induit la relation sociale entre les groupes sociaux de sexe, permettra de voir comment l’écologie, comme répertoire social de discours et d’actions, est mobilisée par les acteurs-trices sociaux dans leur production du genre, et comment le genre, de ce fait, affecte les formes des pratiques écologistes.   [1] Séminaire dans le cadre du cours dispensé en 2ème baccalauréat en sciences humaines et sociales, socio-anthropologie et sciences politiques.


2020 ◽  
Vol 21 (2) ◽  
pp. 65-74
Author(s):  
Luigi Flora ◽  
Philippe Karazivan ◽  
Guillaume Dumais-Lévesque ◽  
Alexandre Berkesse ◽  
Vincent Dumez ◽  
...  

Contexte : Le curriculum de médecine de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal connait plusieurs mutations majeures, dont l’adoption d’une nouvelle approche relationnelle dite de partenariat avec le patient et ses proches. L’approche repose sur le postulat du patient considéré comme acteur en possession d’un savoir important pour la formation des médecins. En conséquence, la présente recherche exploratoire décrit la révision des vignettes cliniques des dossiers d’apprentissage par problèmes qui parcourent tout au long du premier cycle de la formation médicale. But : Cette recherche présente le processus de révision d’une partie du curriculum du programme de premier cycle en médecine (programme MD) intégrant des patients formateurs, des étudiants en médecine à une équipe interdisciplinaire en sciences de la santé et de sciences humaines et sociales. Méthodes : Une méthode mixte a été employée mobilisant 24 répondants appartenant à cinq groupes différents (étudiants de médecine, patients, éthiciens, spécialistes des sciences sociales, professeurs de médecine). Ils ont répondu à un questionnaire comprenant des questions à réponse chiffrées et des espaces pour commentaires écrits. Les distributions des scores des cinq groupes ont été comparées à l’aide du test non-paramétrique de Mann–Whitney. Les commentaires des répondants ont fait l’objet d’une analyse qualitative thématique. Résultats : Les cinq groupes soulignent l’importance de ne pas discriminer ou stéréotyper les groupes sur la base de leur origine culturelle. Les professeurs expriment majoritairement la nécessité d’investir plusieurs heures de travail supplémentaire pour s’approprier le nouveau contenu. Les spécialistes en sciences sociales font référence à la nécessité d’une approche systémique pour la formation médicale. Les patients abordent la transmission des connaissances expérientielles et les étudiants sont peu critiques et cherchent des réponses claires, concrètes, clairement explicitées. Les résultats des analyses statistiques ne sont pas significatifs. Conclusion : La recherche a permis de mettre en évidence la valeur ajoutée de l’implication de chacun des groupes dans un processus de révision d’une partie du curriculum. La contribution des patients a démontré une valeur ajoutée particulière en proposant une vision et une sensibilisation à la complexité des situations cliniques et au vécu expérientiel de la maladie et de la vie avec la maladie.


2010 ◽  
Vol 5 (2) ◽  
pp. 59-67
Author(s):  
Enrico Scalas

RésuméCe texte court sur les simulations dans les sciences humaines et sociales est consacré aux simulations multi-agents. Les ingrédients d’une simulation multi-agents sont essentiellement au nombre de deux : agents et interactions. Les Agents avec leurs propriétés interagissent entre eux et les interactions peuvent être soit directes soit indirectes. Par analogie avec les systèmes physiques, la pertinence de l’équilibre statistique en économie peut être aussi analysée.


Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document