scholarly journals Les sciences sociales contemporaines et le problème de la normativité

2002 ◽  
Vol 19 (2) ◽  
pp. 15-36 ◽  
Author(s):  
Michel FREITAG

Résumé Dans la foulée d'une certaine crise épistémologique et théorique du positivisme (sa méthodologie se porte bien, Dieu merci!), on a pu assister depuis une dizaine d'années à un regain de popularité et de légitimité "scientifique" des différentes problématiques "compréhensives" dans les sciences sociales. Mais en insistant sur la "dimension significative" et "subjective" de l'action, ces approches "interprétatives" font resurgir au centre des préocupations épistémologiques le problème de la normativité immanente à l'objet d'étude, aussi bien que celui de l'implication "idéologique" des sciences humaines. La question est donc maintenant de savoir dans quelle mesure lesdites sciences humaines sont prêtes à assumer théoriquement cette double dimension, objective et subjective, de leur pratique cognitive comprise comme rapport critique à la société, et elle est du même coup de savoir si elles disposent d'un modèle adéquat pour reconnaître cette dimension normative en sa spécificité ontologique et épistémologique. C'est un tel modèle que voudrait esquisser philosophiquement le présent article, pour en dégager quelques idées directrices touchant à une réorientation pédagogique, à caractère non dogmatique mais réflexif, de la tâche normative qui échoit aux sciences humaines dans la société contemporaine.

2006 ◽  
Vol 32 (1) ◽  
pp. 31-52
Author(s):  
Claude Lessard

Résumé Une démarche de type « evidence-based policy » implique que soient mis en place des dispositifs de compilation de la recherche existante, un concept et des indicateurs de qualité de la recherche, et une compréhension ou une interprétation de ce que la recherche « dit » ou ne « dit pas ». Dans le cas des sciences humaines et sociales, cela est loin d’être évident, non seulement à cause des médiations idéologiques, mais aussi à cause de la difficulté des consensus sur des indicateurs de qualité de la recherche et du caractère incertain et incomplet du savoir des sciences sociales. Le présent article analyse le vif débat, présentement en cours aux États-Unis, à propos de la certification des enseignants du primaire et du secondaire.


2019 ◽  
Vol 59 (3) ◽  
pp. 385-409
Author(s):  
Jean-Philippe Warren

Le Canada représente un cas de figure particulièrement intéressant pour étudier les dynamiques de la traduction dans les domaines des sciences sociales et humaines. Pays bilingue où se côtoient deux langues centrales dans le champ international des SHS (l’anglais et le français), le Canada s’est doté depuis plus de 40 ans de leviers institutionnels afin d’encourager le dialogue entre les deux communautés linguistiques. Le présent article revient sur les réalisations concrètes des programmes mis en place afin, d’une part, de cartographier le réseau des échanges qu’ils dessinent et, d’autre part, de mesurer leur impact réel dans l’espace général des SHS. Dans un premier temps, nous présentons un historique de l’aide à la traduction des oeuvres savantes au Canada afin de comprendre les motifs derrière cette initiative du gouvernement fédéral et les répercussions que cela a pu avoir sur les oeuvres sélectionnées. Dans un deuxième temps, nous mesurons le rayonnement des ouvrages traduits. Reprenant une grille simple définie à partir des capitaux symboliques et sociaux en jeu, nous tâchons de présenter une appréciation de l’impact des sommes investies dans la traduction d’ouvrages scientifiques canadiens dans le domaine des SHS.


2012 ◽  
Vol 2 (5) ◽  
pp. 3
Author(s):  
Kadma Marques Rodrigues

Originalmente intitulado Le sociologue et l’historien, este artigo foi publicado na Revista Sciences Humaines (www.scienceshumaines.fr), em número especial (L’oeuvre de Pierre Bourdieu) difundido por ocasião da morte deste autor, em 2002 (p. 80-85). Nele Martine Fournier entrevista Roger Chartier, Diretor de Estudos na École des Hautes Études em Sciences Sociales


2018 ◽  
Vol 7 (13) ◽  
pp. 161-185
Author(s):  
Luis Alfonso Paláu Castaño

El libro dirigido por Jean-François Dortier, sociólogo francés, autor de Sciences humaines. Panorama des connaissances (Ciencias humanas: panorama del conocimiento, 2010) y de l’Homme, cet étrange animal. Aux origines du langage, de la culture et de la pensée (El hombre, ese extraño animal. Los orígenes del lenguaje, la cultura y el pensamiento, 2012); quien además ha dirigido numerosas obras de síntesis como el Dictionnaire des sciences humaines (Diccionario de las ciencias humanas, 2004/2008), y el Dictionnaire des sciences sociales (Diccionario de las ciencias sociales, 2013), todos publicados por la casa editorial Sciences Humaines –fundada por el mismo Dortier–, constituye un aporte al campo de investigación de la ciencias cognitivas contemporáneas. El libro despliega una reflexión genealógica sobre la constitución de dichas ciencias cuya semilla fue la invención del computador. La revista Ciencias Sociales y Educación agradece a la editorial Sciences Humaines permitirnos publicar en español los fragmentos del libro que pueden apreciar a continuación. *Traducción del francés al español de Luis Alfonso Paláu Castaño, Medellín, noviembre 13 del 2016, de Dortier (2014, pp. 7-30, 91-94) Revisada para su publicación en la revista Ciencias Sociales y Educación de la Universidad de Medellín, en marzo 12 del 2019. Se reconstruye al final la bibliografía de referencias a las que alude Dortier en estos fragmentos (nota del editor).


2020 ◽  
Vol 81 ◽  
pp. 03002
Author(s):  
Imene Meriem Oumessad

Au cours des dernières décennies, l’étude des émotions a connu un essor important dans plusieurs domaines en sciences humaines et sociales notamment en sciences du langage. En effet, le concept d'émotion a su gagner ses titres de noblesse ces dernières années, après avoir longtemps été considéré comme un phénomène subjectif, irrationnel et donc sans intérêt scientifique. Dans le présent article, nous nous intéresserons à la question de l'émotion dans le discours de presse. Nous allons dans un premier temps identifier et décrire la construction émotionnelle des discours journalistiques du Monde après l'attentat contre Charlie Hebdo. Pour ce faire, nous proposons de distinguer, au sein des procédés visant à susciter l’émotion, l’émotion dite, l’émotion montrée, l’émotion argumentée. A partir de cette tripartition, nous interrogerons dans un second temps nos données en termes de degré d'émotivité afin de voir si un discours sans émotion est possible lors d'un événement de ce type.


2020 ◽  

Devenu « univers », « ère », « révolution » ou même « culture », le numérique est un phénomène technologique, social et culturel qui affecte les activités les plus ordinaires de notre vie quotidienne. Il modifie notre rapport à la temporalité −immédiateté, simultanéité, accélération− et à l’espace où nous sommes passés successivement d’une culture sédentaire, celle de la chaise et d’ un ordinateur du web 1.0 ; à une culture nomade, celle des dispositifs mobiles du web 2.0. Il change sinon bouleverse nos relations interpersonnelles, nos modes de penser, d’imaginer et de créer, de travailler, d’accéder au savoir ainsi que nos façons de produire et de diffuser les connaissances et les expériences du monde. En français et en espagnol, les onze contributions d’enseignants-chercheurs et de professionnels réunies dans cet ouvrage mettent en lumière comment, au XXIe siècle, le numérique touche aussi bien la _praxis_ que _l’épistémè_ des sciences humaines. Analyse discursive de SMS, de messages sur_ WhatsApp_, de _Tweets_, de commentaires en ligne, de textes juridiques et statutaires, didactisation des outils numériques en langues maternelles, traduction et adaptation de spots publicitaires, pratique numérique dans le tourisme culturel, numérisation de collections à la Bibliothèque nationale de France ou au Château de Versailles, diffusion de séries sur des plateformes numériques sont autant d’exemples qui témoignent d’ une humanité technologique façonnée par le numérique… Un numérique ouvrant la voie à un éventuel _homo numericus_ doté d’une multitude d’écrans et de claviers lui obéissant au doigt et à l’œil.


2002 ◽  
Vol 57 (3) ◽  
pp. 753-772
Author(s):  
James Turner ◽  
Eli Commins

RésuméLes historiens des États-Unis présument que le mot «science», au XIXe siècle, signifiait, implicitement, les sciences naturelles, tout comme au XXe siècle. Il en résulte qu’ils attribuent les changements profonds dans la vie intellectuelle à l’importance grandissante des sciences naturelles. Une lecture plus attentive montre que «science», avant 1900, avait un sens plus large, comprenant les sciences humaines tout autant que les sciences naturelles. Cette reconsidération de la carte épistémologique de l’Amérique du XIXe siècle apporte un éclairage nouveau sur les traits déterminants de la vie intellectuelle des années post-1900, tels que l’essor des sciences sociales, la formation des universités consacrées à la recherche et l’origine de la modernité séculaire elle-même.


2008 ◽  
Vol 48 (2) ◽  
pp. 153-185 ◽  
Author(s):  
Yvan Lamonde

RÉSUMÉ « L'intellectuel » apparaît en France au moment de l'affaire Dreyfus et constitue une figure typique du milieu culturel français jusqu'à ses représentants les plus fameux, Jean-Paul Sartre et Albert Camus. Le substantif « intellectuel » est utilisé pour la première fois au Québec par Léon Gérin en 1901 et devient de plus en plus usuel dans l'Action française et à Parti pris en passant par André Laurendeau et la jeunesse de la Crise, chez les universitaires de l'Ecole des Sciences sociales de l'Université Laval et les collaborateurs de Cité libre et de Liberté. Le présent article tente de répondre à la question suivante : pourquoi l'intellectuel francophone ne fut-il pas possible au Québec avant 1900 ? Tout en comparant les sociétés française et québécoise, nous analysons le lexique qui désigne le phénomène et les conditions socioculturelles qui rendent possible l'intellectuel; nous proposons une mesure des professions culturelles d'où pouvait émerger cet intellectuel et nous scrutons les formes d'expression et de sociabilité du milieu culturel québécois du XIXe siècle. En ayant à l'esprit l'évolution de l'intellectuel québécois francophone au XXe siècle, nous proposons quelques explications à son émergence spécifique.


2006 ◽  
Vol 5 (2) ◽  
pp. 3-11 ◽  
Author(s):  
Jean-Serge Lauzon

Le grand intérêt manifesté envers la question du vieillissement est un phénomène assez récent au Québec. La création récente de l'Association québécoise de gérontologie (1979), de la Fédération de l'âge d'or du Québec (1970) et de l'Association québécoise pour la défense des droits des retraités (1980) en sont quelques manifestations. Les colloques, les enquêtes et les recherches sur le troisième âge se succèdent à un rythme inégalé. Malgré cet engouement pour les problèmes du troisième âge, les principales théories psychosociales du viellissement demeurent toujours fort peu connues dans notre milieu. Le présent article vise à initier le lecteur à certaines de ces théories et à l'informer sur l'évolution de la recherche en ce domaine depuis quelques années. Un regard sur les premières théories psychosociales du vieillissement, qui apparaissent au début des années soixante, nous révèle que celles-ci ont été constituées à une époque où l'analyse fonctionnaliste marquait de son empreinte chacune des sciences sociales.


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