Si l’identité franco-manitobaine est difficile à cerner pour les Franco-Manitobains comme pour tout observateur, c’est qu’elle porte les stigmates de plusieurs siècles d’histoire mouvementée, née sur une terre d’immigrations multiples. Elle peut être une, au moment de revendiquer des droits, au nom d’une langue à sauvegarder; elle est aussi plurielle aux points de vue sociolinguistique et culturel. En effet, les francophones forment, en réalité (d’après nos enquêtes sur le terrain), une mosaïque identitaire parfois conflictuelle, composée de Métis, de francophones d’origine québécoise et européenne (Belges, Suisses, Français), véritable microcosme de la situation nationale à l’identité francophone fragmentée. Dans notre article, nous montrerons que l’identité franco-manitobaine possède, à la fois, de profondes racines dans le sol manitobain, et ce, grâce aux voyageurs et à leurs descendants, les Métis, qui ont façonné cette identité dans la conscience des francophones. Et certains écrivains franco-manitobains cherchent leurs repères dans un no man’s land où ils sentent flotter leurs racines. Pourtant, l’attitude de certains jeunes Franco-Manitobains vis-à-vis du Québec ou de Québécois vivant au Manitoba confirme une tendance à l’affirmation de leur identité.