scholarly journals Institution, événement et histoire chez Merleau-Ponty

Author(s):  
Roberto Terzi

Nous examinons ici les différentes implications du concept d’insti­tution de Merleau-Ponty pour une phénoménologie de l’historicité. Après avoir rappelé des débats concernant le « retour de l’événement » dans l’histoire contemporaine, et l’absence de ce thème dans les phénoménologies françaises de l’événement, nous essayons de montrer en un premier moment la possible contribution des analyses de Merleau-Ponty à cette question : son concept d’institution implique, en effet, aussi une réflexion sur l’événement, qui s’articule sur plusieurs plans et peut être utilement rapprochée de la conception de l’événement qui s’est diffusée dans l’historiographie contem­poraine. La portée des réflexions de Merleau-Ponty ne se limite bien sûr pas à une phénoménologie de l’événement historique, mais implique une com­préhension d’ensemble de l’historicité, qui doit être pensée dans la conjonc­tion de l’événement et de la fécondité de la tradition, en deçà des oppositions entre logique et contingence, subjectif et objectif, activité et passivité. Cet approfondissement permettra d’aborder aussi les concepts d’histoire sauvage et histoire verticale, ainsi que l’idée programmatique d’une « métaphysique de l’histoire », dont nous essayons de donner une interprétation à plusieurs niveaux. Précisément ce dernier thème nous conduira enfin à soulever des questions critiques concernant la subordination des thèmes de l’altérité, de la différence, de la nouveauté dans la compréhension merleaupontienne de l’histoire et du rapport entre les cultures.

2005 ◽  
Vol 41 (114) ◽  
pp. 311-321 ◽  
Author(s):  
Pierre Hamel

Ces dernières années, la critique postmoderne s'est attaqué à tous les domaines des sciences sociales et humaines. Les théories de la planification ne font pas exception. Or cette critique n'est pas la seule à occuper l'avant-scène des débats au sein de ce champ de recherche. Le courant communicationnel a aussi contribué à renouveler les perspectives de la planification moderne. Mais jusqu'à quel point le courant communicationnel est-il en mesure de répondre aux critiques formulées par les tenants du postmodernisme à l'endroit des théories de la planification? C'est afin de répondre à cette question que nous examinons ici d'une manière comparative le point de vue postmoderne et le point de vue communicationnel.


2019 ◽  
Author(s):  
David Houle

Dans le contexte canadien, les gouvernements provinciaux jouent un rôle important dans l’élaboration des politiques de lutte aux changements climatiques, notamment par leurs efforts de mise en œuvre de mécanismes de tarification du carbone. Cet ensemble diversifié d’instruments de politiques publiques vise à imposer un prix sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) avec l’objectif d’inciter les consommateurs et les entreprises à tenir compte de l’impact de leurs décisions sur le climat. L’intérêt des gouvernements provinciaux en matière de protection du climat n’est pas nouveau. Les premiers plans d’action provinciaux dans ce domaine datent de 1995. À l’époque, après avoir considéré l’adoption d’une taxe carbone dans les années 1990s (Macdonald et coll., 2011), le gouvernement fédéral libéral avait annoncé un ensemble d’actions en changements climatiques afin de mettre en œuvre le Protocole de Kyoto, ratifié par le Premier Ministre Jean Chrétien en décembre 2002 (Harrison, 2007). Durant cette période, les actions fédérales en matière de protection du climat culminèrent par la publication, le 16 juillet 2005, de l’Avis d’intention pour réglementer les émissions des gaz à effet de serre qui sont produites par les grands émetteurs finaux, une réglementation visant les grandes entreprises et qui incluait plusieurs mécanismes de tarification du carbone .L’élection d’un gouvernement fédéral conservateur en 2006 changea la donne de manière fondamentale. Pour plusieurs observateurs et dirigeants provinciaux, il semblait maintenant peu probable que le gouvernement fédéral s’engage sur la voie de la tarification du carbone. L’approche privilégiée par le nouveau gouvernement fédéral était celle d’une réglementation sectorielle, basée sur des normes réglementaires traditionnelles (une approche parfois d’écrite comme ‘command-and-control’) consistant essentiellement à fixer des cibles d’émission que les industries devaient respecter sans que des mécanismes de flexibilité (par exemple, des permis échangeables) soit disponibles. Bien que des négociations aient été entamées avec de nombreux secteurs industriels (Munroe, 2016), seulement deux secteurs ont été réglementés, celui des transports et des centrales au charbon (Commissaire à l’environnement, 2012). C’est dans ce contexte que les provinces, de plus en plus au fait des impacts des changements climatiques sur leur territoire et des opportunités économiques créées par la croissance des industries vertes, devinrent plus actives en matière de changements climatiques. Elles craignaient moins, comme cela était le cas sous les précédents gouvernements fédéraux de Jean Chrétien et Paul Martin, un possible dédoublement de leurs efforts avec ceux du fédéral (Houle et coll., 2014, Houle, 2015). Certains gouvernements provinciaux incluant le Québec, l’Ontario, la Colombie-Britannique, le Manitoba, et l’Alberta adoptèrent des approches innovatrices en matière de changements climatiques. Simultanément, ces provinces firent preuve d’une préférence en faveur de la tarification du carbone, qui constitua un élément central de leur politique climatique, via l’adoption de taxes sur le carbone ainsi que de systèmes d’échange de droits d’émission (Houle, 2015). De manière inattendue, l’adoption de ces instruments peut être observée autant dans les provinces où une majorité de la population supporte la tarification du carbone que dans celles où seulement une minorité d’électeurs s’expriment en sa faveur. Doit-on en conclure que les décideurs publics ne tiennent pas compte de l’opinion publique sur la question de la tarification du carbone? Ce chapitre va explorer cette question tout d’abord en définissant la tarification du carbone et montrant le momentum à l’échelle international en faveur de son adoption. Par la suite, pour comprendre le lien entre l’opinion publique et l’émergence de la tarification du carbone dans le contexte canadien nous examinons tout d’abord l’évolution de l’opinion publique à ce sujet et, en particulière, les différences interprovinciales. La dernière section de ce chapitre propose des études de cas, en commençant par celui de la Colombie-Britannique où la taxe carbone instaurée dans cette province fit l’objet d’une intense controverse, surtout pendant les élections provinciales de 2009. Nous comparons ensuite cette campagne électorale avec d’autres élections provinciales de cette période, notamment celles de l’Ontario de 2011 et du Québec en 2012. Ces comparaisons nous permettent de constater, lorsqu’elles sont associées aux observations des données d’opinion publique, que le manque de support initial pour la tarification du carbone n’a, règle générale, empêcher les gouvernements provinciaux de s’engager dans cette voie.


2009 ◽  
Vol 74 (3) ◽  
pp. 315-341 ◽  
Author(s):  
Chunrong Ai ◽  
Jean-Louis Arcand ◽  
François Éthier

RÉSUMÉ En présence de risque moral, la théorie des contrats prédit que le métayage sera assujetti au problème de l’inefficacité marshallienne, ce qui veut dire que les métayers utiliseront des quantités d’intrants différents sur les terres qu’ils exploitent par opposition aux propriétaires exploitants. Dans cet article, nous examinons cette question à l’aide d’une base de données unique en son genre collectée en 1993 dans le village tunisien d’El Oulja, grâce au financement du programme PARADI. Nous examinons quatre questions jusqu’à présent ignorées par les chercheurs : (1) le partage des coûts entre propriétaires et tenanciers; (2) les intrants en gestion fournis par les propriétaires; (3) la supervision des tenanciers par les propriétaires; (4) l’interaction répétée entre propriétaires et tenanciers. Nous utilisons des méthodes économétriques en panel avec effets fixes et en tobit en utilisant la méthode du trimmed LAD proposée par Honoré (1992). Nos résultats empiriques appuient l’argument selon lequel le risque moral est présent dans les relations contractuelles dans ce village. Par contre, l’importance quantitative des termes des contrats dans la détermination de l’utilisation des intrants, ainsi que de l’output, est relativement limitée. Il s’ensuit que le métayage est probablement choisi pour des raisons autres que le risque moral, telles que le partage du risque ou les coûts de transaction.


2008 ◽  
Vol 41 (4) ◽  
pp. 953-972 ◽  
Author(s):  
Karine Prémont

Résumé.La vice-présidence est probablement l'institution la plus sous-estimée de la démocratie américaine. Souvent la cible de quolibets, elle a cependant réussi à se transformer et à se définir au fil des années. Aujourd'hui, les vice-présidents sont presque automatiquement pressentis à la présidence et d'ailleurs, la majorité d'entre eux ont cette ambition. Que s'est-il donc passé pour que la vice-présidence devienne une institution d'où peut émaner un éventuel président? Pour répondre à cette question, nous examinons, dans un premier temps, les changements externes qui ont contribué à modifier les fonctions vice-présidentielles. Dans un deuxième temps, nous comparons quatre vice-présidents contemporains (Nixon, Ford, Mondale et Bush) pour tenter de voir s'il existe une corrélation entre le mode de gestion qu'ils ont adopté et leur succès ou leur échec durant leur campagne présidentielle. Finalement, nous abordons d'autres pistes de réflexion afin de cerner les éléments qui permettraient d'expliquer en quoi la vice-présidence est un atout pour d'éventuels candidats à la présidence.Abstract.The vice-presidency is probably the most unappreciated and the most underestimated institution of the American democracy. Often the target of gibes, it nevertheless achieved a radical transformation years after years. Now, vice-presidents are almost always considered for the presidency and moreover, the majority of them have the ambition to be president someday since World War II. What can explain that the vice-presidency, not ridiculed anymore, is now an institution where one can find the next president of the United States? To answer this question, we initially examine the external changes that affected the vice-presidential functions. Secondly, we compare four contemporary vice-presidents (Nixon, Ford, Mondale and Bush) in order to see if their management style is linked to their chances to be president. Finally, we talk about other considerations that could explain why the vice-presidency is a significant asset for those who want to be president.


2005 ◽  
Vol 41 (1) ◽  
pp. 53-74 ◽  
Author(s):  
Céline Le Bourdais ◽  
Ghyslaine Neill ◽  
Nicole Marcil-Gratton

Le fait que papa et maman soient ou non mariés au moment de la naissance du premier enfant a-t-il un effet sur les risques d'éclatement de la famille ? Pour répondre à cette question, nous examinons de quelle manière l'évolution des modes de formation des familles au Québec et ailleurs au Canada influence la probabilité qu'ont les familles dites « intactes » de connaître une rupture, et noustentons de décortiquer les mécanismes associés aux risques différents observés entre types d'union et entre régions de résidence.


2010 ◽  
Vol 29 (2) ◽  
pp. 93-104
Author(s):  
Isabelle Bardin ◽  
Dominique Bonet ◽  
Odile Chanut

Dans un contexte global d'intensification des échanges entre régions, pays et continents, la logistique des grands flux a bénéficié d'innovations technologiques et organisationnelles assurant efficacité et efficience, conjuguant maîtrise des coûts et optimisation de la qualité de service. Si cette dynamique opère efficacement à l'échelle globale, il n'en va pas de même à l'échelle urbaine, plus particulièrement dans les centres-villes. En effet, la gestion des flux dans un environnement caractérisé par une forte densité démographique n'a pas encore véritablement trouvé son modèle d'organisation. Aujourd'hui, la logistique urbaine ou encore la gestion "du dernier kilomètre" constitue donc un enjeu sociopolitique et environnemental de premier plan. L'objectif de notre article est de dresser un état des lieux de cette question afin d'en apprécier l'acuité sur le moyen et le long terme. Dans une première partie, nous présentons le contexte socio-économique dans lequel s'inscrit cette problématique. Nous examinons ensuite dans une seconde partie en quoi la région PACA constitue un terrain particulièrement représentatif des enjeux de la logistique urbaine et les pistes de réflexion déjà engagées au sein de l'agglomération marseillaise.


2005 ◽  
Vol 40 (3) ◽  
pp. 501-519
Author(s):  
Michel Séguin

Comment un problème comme la gestion des déchets se transforme-t-il en enjeu ? La sociologie des mouvements sociaux nous ouvre de nouvelles perspectives analytiques pour répondre à cette question. Tout d'abord, nous présentons l'analyse classique des rapports entre l'action collective et les institutions. Nous nous penchons ensuite sur quelques-uns des éléments à considérer à l'intérieur d'une nouvelle approche. Nous examinons enfin de plus près l'enjeu des déchets au Québec, ce qui permet d'approfondir la compréhension du rapport de plus en plus complexe entre l'action collective et les institutions.


Author(s):  
Outi Kalla ◽  
Jarl Wahlström ◽  
Jukka Aaltonen ◽  
Juha Holma ◽  
Pentti Tuimala ◽  
...  

Identifier avec précision les troubles schizophréniques a toujours été un problème complexe et controversé. Les caractéristiques psychologiques de la schizophrénie ont donné lieu à un volume considérable de travaux et de débats. Ces dernières années sont apparus un nombre croissant d'articles portant sur les différences et similitudes des manifestations de la psychose selon les cultures, partant de l'idée que les caractéristiques de personnalité nationales pourraient contribuer aux tableaux psychopathologiques. Le but premier de cette étude est de mieux comprendre les troubles psychotiques par l'investigation de la structure de personnalité et du fonctionnement de patients faisant un premier épisode psychotique. Le second objectif est de décrire les différences et similitudes observées dans les réponses au Rorschach de patients finlandais et espagnols afin de mettre en évidence des caractéristiques nationales et de contribuer ainsi à la recherche Rorschach interculturelle. Ont été inclus 41 protocoles de patients finlandais hospitalisés de manière consécutive pour premier épisode psychotique, et 32 en Espagne. Le travail a porté sur un certain nombre d'indicateurs de difficultés d'ajustement tirés du résumé formel du Rorschach en Système intégré ( Weiner & Exner, 1991 ). Tous les patients avaient été diagnostiqués comme schizophrènes ou souffrant d'autres troubles fonctionnels psychotiques non affectifs selon le DSM-IV. Les Rorschach ont été administrés en Système intégré aussitôt que possible après leur admission mais après la phase aiguë. La comparaison des groupes finlandais et espagnol, loin de montrer des différences significatives, étaient similaires sur beaucoup de points. Ces résultats confirment des données déjà bien établies sur les structures et mécanismes des patients psychotiques, mais ils en interrogent d'autres. Les patients obtiennent plus de styles ambiéquaux et moins d'introversifs que prévu. Beaucoup d'entre eux manquent de compétences sociales, d'intérêt pour les relations interpersonnelles et semblent avoir une vie sociale insatisfaisante. On observe des signes de difficultés dans le contrôle émotionnel et de modulation des affects, des traits dépressifs, une détresse émotionnelle, et peu de capacités de coping. Les résultats soulignent la notion que les problèmes affectifs et les traits dépressifs devraient être considérés comme un élément important dans un premier épisode psychotique, et ils confirment la présence de déficits cognitifs survenants tôt dans l'histoire d'un trouble psychotique. On a rencontré moins de dysfonctionnements idéationnels que prévu. Les deux groupes de patients se différenciaient sur certaines variables Rorschach, en particulier celles qui concernent la perception de soi. Les patients finlandais sont plus souvent centrés sur eux-mêmes de faç on excessive, plus préoccupés d'eux-mêmes et plus enclins M l'introspection. La majorité des patients espagnols manifestent un sentiment de valeur de soi négatif. Ils disposent de moins de ressources et ont plus souvent des déficits en capacité de coping. En admettant que ces résultats sont dus à des différences dans les caractéristiques de personnalité des patients psychotiques en Finlande et en Espagne, plutôt que des différences nationales dans la manifestation au Rorschach de structures de personnalité en fait identiques, alors ces données pourraient bien nous permettre de repérer des différences interculturelles de personnalité. Toutefois, l'impact des facteurs culturels est difficile M évaluer, surtout s'agissant d'une psychopathologie aussi sévère que la psychose, et la seule faç on d'avancer dans la compréhension de cette question serait de recueillir plus de données Rorschach interculturelles sur des patients psychotiques.


2019 ◽  
Vol 58 (2) ◽  
pp. 143-150
Author(s):  
Pascale Molinier

La psychodynamique du travail a étendu les conditions sociales de la sublimation au travail ordinaire et à la dynamique de la reconnaissance. Selon Christophe Dejours, la reconnaissance porte sur le faire mais elle se capitalise dans le registre de l’être. Or ce que les femmes font est généralement confondu avec ce qu’elles sont. D’où un déficit chronique de reconnaissance de leurs contributions, bien sûr aggravé par les rapports sociaux de domination (voir l’effet Mathilda dans les sciences). Ce constat sera ici principalement argumenté à partir des analyses psychodynamiques du travail féminisé (les activités de care) qui se caractérisent par leur discrétion. De la sous-estimation du travail féminin, il résulte de nombreuses conséquences, tant sur le plan théorique que clinique : la sublimation dépend-elle nécessairement de la reconnaissance ? – on déplacera cette question autour de l’expressivité et de la voix.


1946 ◽  
Vol 1 (1) ◽  
pp. 70-76
Author(s):  
Claude Maldor
Keyword(s):  

La grandeur de l'homme et son bonheur sont-ils inconciliables ? Cette question résume en quelques mots le conflit de deux civilisations. C'est la seule qui aille véritablement au fond des choses. On peut dire qu'au delà des incidents quotidiens de la politique et même de la guerre, le conflit entre deux conceptions de l'homme est le drame prodigieux qui divise la Jerre. La revendication fondamentale de tous les malheureux, de tous les déshérités, de tous les prolétaires, c'est le bonheur pour l'homme, pour tous les hommes. Dépourvus de tout, ce bonheur se présente à eux sous la forme plus ou moins vague d'une terre promise, où les besoins essentiels seront enfin satisfaits.


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