Abstract
In 1851 more than 1.6 million signatures endorsed a petition for an amendment to the 1848 constitution that would have allowed Louis-Napoléon Bonaparte to stand for reelection. Following contemporary critics who claimed that the movement had been orchestrated by the government, scholars have been little impressed by this mobilization, which produced the largest petition of nineteenth-century France. By analyzing the petitions and the signatures themselves, official reports, correspondence of key actors, and the public debate, this article reappraises the campaign, making three claims: that a government-sponsored petition merits analysis in the context of the explosion of popular mobilization that followed 1848, that the depiction provided by the republicans of the participation of the administration in the campaign is partial and incomplete, and that the petitioners were not dependent and manipulated individuals but purposeful citizens who understood and supported the petition they signed. The article concludes that the campaign would not have succeeded without the genuine popularity of the president and the surfacing of a strong popular Bonapartist undercurrent.
En 1851, des pétitions, rassemblant plus de 1,6 million de signatures, ont demandé une révision de la Constitution permettant à Louis-Napoléon Bonaparte de se porter candidat à un deuxième mandat présidentiel. Selon les républicains, le mouvement avait été orchestré et manipulé par le gouvernement, et les historiens ont aussi dédaigné cette mobilisation, alors qu'elle était la pétition la plus signée en France au dix-neuvième siècle. En analysant les pétitions et les signatures elles-mêmes, les rapports officiels, la correspondance des acteurs clés et le débat public, l'article réévalue cette campagne et propose trois arguments : (1) que les pétitions parrainées par le gouvernement font partie de l'histoire des mobilisations populaires ; (2) que l'image d'une administration toute-puissante mise au service de la campagne ne correspond pas à la réalité ; et enfin (3) que la plupart des pétitionnaires n'étaient pas des individus manipulés, mais des citoyens conscients du sens de leurs actions. La campagne n'aurait pas réussi sans l'expérience de la démocratie depuis 1848, la popularité du président et l'émergence d'un bonapartisme populaire.