scholarly journals Lévi-Strauss, brèves réflexions sur ses inspirations, sa démarche et son legs

2011 ◽  
Vol 30 (1) ◽  
pp. 5-21
Author(s):  
Nathalie Fernando

Le présent article est issu d’une communication orale donnée à l’occasion d’une journée d’étude fêtant le centenaire de Lévi-Strauss. Cette dernière avait pour objectif de synthétiser brièvement la nature de son regard structural et les préoccupations d’ordre anthropologique qui sous-tendent sa réflexion. Elle tentait aussi de retenir les points forts de la recherche lévi-straussienne qui permettent encore aujourd’hui à nombre de sciences humaines de poser de nouveaux enjeux et de les traiter en retenant les leçons de l’histoire. Face à une oeuvre colossale qui a maintes fois été analysée, ma démarche consiste à m’intéresser davantage à ce que Lévi-Strauss révèle de son parcours intellectuel dans son oeuvre, mais aussi au cours des multiples entretiens qu’il a donnés — notamment ses sources d’inspiration, ce qu’il dit de ce qu’il a écrit, et la façon dont cela a été reçu, à savoir les critiques qui lui ont été faites mais aussi les réponses qu’il a apportées. Il s’agit en quelque sorte d’envisager l’homme dans sa démarche d’anthropologue, mais aussi d’évoquer Lévi-Strauss vu par Lévi-Strauss au coeur des sciences humaines, milieu propice — et c’est naturel — aux débats effervescents.

2020 ◽  
Vol 81 ◽  
pp. 03002
Author(s):  
Imene Meriem Oumessad

Au cours des dernières décennies, l’étude des émotions a connu un essor important dans plusieurs domaines en sciences humaines et sociales notamment en sciences du langage. En effet, le concept d'émotion a su gagner ses titres de noblesse ces dernières années, après avoir longtemps été considéré comme un phénomène subjectif, irrationnel et donc sans intérêt scientifique. Dans le présent article, nous nous intéresserons à la question de l'émotion dans le discours de presse. Nous allons dans un premier temps identifier et décrire la construction émotionnelle des discours journalistiques du Monde après l'attentat contre Charlie Hebdo. Pour ce faire, nous proposons de distinguer, au sein des procédés visant à susciter l’émotion, l’émotion dite, l’émotion montrée, l’émotion argumentée. A partir de cette tripartition, nous interrogerons dans un second temps nos données en termes de degré d'émotivité afin de voir si un discours sans émotion est possible lors d'un événement de ce type.


2006 ◽  
Vol 32 (1) ◽  
pp. 31-52
Author(s):  
Claude Lessard

Résumé Une démarche de type « evidence-based policy » implique que soient mis en place des dispositifs de compilation de la recherche existante, un concept et des indicateurs de qualité de la recherche, et une compréhension ou une interprétation de ce que la recherche « dit » ou ne « dit pas ». Dans le cas des sciences humaines et sociales, cela est loin d’être évident, non seulement à cause des médiations idéologiques, mais aussi à cause de la difficulté des consensus sur des indicateurs de qualité de la recherche et du caractère incertain et incomplet du savoir des sciences sociales. Le présent article analyse le vif débat, présentement en cours aux États-Unis, à propos de la certification des enseignants du primaire et du secondaire.


2002 ◽  
Vol 19 (2) ◽  
pp. 15-36 ◽  
Author(s):  
Michel FREITAG

Résumé Dans la foulée d'une certaine crise épistémologique et théorique du positivisme (sa méthodologie se porte bien, Dieu merci!), on a pu assister depuis une dizaine d'années à un regain de popularité et de légitimité "scientifique" des différentes problématiques "compréhensives" dans les sciences sociales. Mais en insistant sur la "dimension significative" et "subjective" de l'action, ces approches "interprétatives" font resurgir au centre des préocupations épistémologiques le problème de la normativité immanente à l'objet d'étude, aussi bien que celui de l'implication "idéologique" des sciences humaines. La question est donc maintenant de savoir dans quelle mesure lesdites sciences humaines sont prêtes à assumer théoriquement cette double dimension, objective et subjective, de leur pratique cognitive comprise comme rapport critique à la société, et elle est du même coup de savoir si elles disposent d'un modèle adéquat pour reconnaître cette dimension normative en sa spécificité ontologique et épistémologique. C'est un tel modèle que voudrait esquisser philosophiquement le présent article, pour en dégager quelques idées directrices touchant à une réorientation pédagogique, à caractère non dogmatique mais réflexif, de la tâche normative qui échoit aux sciences humaines dans la société contemporaine.


2011 ◽  
Vol 52 (3-4) ◽  
pp. 581-617 ◽  
Author(s):  
Violaine Lemay ◽  
Benjamin Prud’homme

Au terme d’une série de pérégrinations en terre disciplinaire étrangère, l’auteure principale du présent article, professeure de droit, raconte les expériences et les anecdotes qui l’ont amenée à prendre conscience des irritations et des agacements, voire des guerres fratricides, que provoque, entre universitaires dont l’analyse est insuffisamment réflexive, l’inconscience de la possibilité d’une pluralité d’approches scientifiques différentes mais également dignes sur le plan savant. L’auteure explique ensuite comment ce passé universitaire l’a conduite à revisiter la forme du cours « Fondements du droit », au premier cycle, de façon à initier les apprentis juristes à l’interdisciplinarité et à une réflexivité accrue, source de sérénité nouvelle dans l’étude régulière du droit substantiel. Dans un premier temps, l’article raconte l’impact heuristique, en matière de prises de conscience épistémologiques, du fait d’être juriste en sciences humaines et sociales et, à l’inverse, du fait d’être théoricien interdisciplinaire en faculté de droit. Dans un second temps, l’article expose les principes pédagogiques à la base de cette revisite du cours « Fondements du droit », essentiellement centrée sur l’apprentissage d’une coexistence paisible entre juristes aux méthodes différentes et, par extension, d’une tolérance plus grande à l’égard de la différence. Enfin, l’article décrit les résultats d’une courte étude empirique menée auprès des étudiants quant à la « survie », un an plus tard, des habiletés intellectuelles acquises.


Babel ◽  
1994 ◽  
Vol 40 (2) ◽  
pp. 65-76 ◽  
Author(s):  
Omar F. Atari

Le but du présent article est de faire valoir la place centrale qu'occupe l'étudiant en traduction au sein du programme de formation. Cet article est une mise en garde; il tente de faire entrevoir que si trop d'importance est accordée à la typologie des textes, à l'analyse comparative des textes, à la théorie de la traduction, etc., les résultats risquent d'être mauvais si l'on ne tient pas simultanément compte du degré d'instruction des étudiants. L'auteur fait valoir que les étudiants en traduction dont la langue maternelle est l'arabe, sont dominés par une stratégie de la communication de type essentiellement "oral" et que c'est ce facteur-là qui influence négativement l'interaction entre l'étudiant et le texte source (TS), et provoque, par conséquent, des décalages dans le texte d'arrivée. D'une part, l'article explique ce que signifie la stratégie de la communication orale; en second lieu, il se réfère aux résultats d'études qui attestent que les étudiants arabes apprenant l'anglais sont effectivement dominés par cette stratégie, et enfin il explique comment cette stratégie influence l'interaction entre l'étudiant et le texte écrit. D'une manière plus spécifique, l'article explique que les stratégies de la communiction orale mises en oeuvre par le candidat traducteur de langue maternelle arabe font apparaître un certain type de connaissance conceptuelle. Cette connaissance conceptuelle semble se manifester davantage par l'addition que par la subordination, par l'agrégation que par l'analyse, par la redondance et l'aspect de participation que par une distanciation objective (Ong 1982). L'auteur démontre la tendance des étudiants à mal interpréter les relations hiérarchiques régnant au sein du texte source anglais et à les rendre dans le texte arabe d'arrivée en utilisant une structure linéaire où s'additionnent les éléments de la hiérarchie. Il fait retraduire la traduction en guise d'exercice pour démonter l'écart entre le texte d'origine anglais et la traduction arabe.


Author(s):  
Alexandre Gefen

Proposant à la suite de Gottschalll de parler de « nouvelles humanités », les darwiniens justifient leur démarche par un échec des sciences humaines face aux exigences scientifiques dans lesquelles elles avaient déclaré s’inscrire au moment du linguistic turn. En se confrontant frontalement aux études culturelles, comme aux paradigmes antérieurs, de la psychanalyse à l’historicisme, les théoriciens évolutionnistes se sont opposés aux postures défendant l’insularité de l’art et le caractère différentiel des pratiques artistiques en fournissant au contraire un cadre inclusif pour la comparaison entre les perspectives des auteurs, l’organisation du sens dans les textes et les réponses des lecteurs, comme une défense de la place des études littéraires dans le savoir – et donc dans l’institution universitaire. Une telle position s’est exposée à de virulentes critiques (réductionnisme, conservatisme, utilitarisme, essentialisme, scientisme, etc.) sur lesquelles le présent article revient tant elles semblent faire obstacles à un examen serein des propositions disciplinaires avancées, dans toute leur richesse et leur ampleur épistémologique.


Africa ◽  
1953 ◽  
Vol 23 (4) ◽  
pp. 285-297
Author(s):  
Jean-Paul Lebeuf

Opening ParagraphLa présente publication fait partie d'une étude d'ensemble des centres urbains de l'Afrique Equatoriale Française. Ces recherches dont nous avons été chargé par le Haut-Commissariat de la République en A.E.F, présentent l'originalite d'être les premières qui aient été poursuivies par des spécialistes des sciences humaines, non dans une intention purement érudite, mais afin que des mesures administratives puissent être prises dans le but de dormer une solution à certains problèmes posés par la colonisation.D'autre part, ces travaux ne sont qu'une introduction à des recherches plus approfondies. En effet, eu égard au temps dont nous disposions par rapport à l'importance du problème envisagé, nous avons dû nous en tenir, une fois le cadre tracé, à l'étude de points particulièrement importants dans l'évolution actuelle. Le rapport complet de ces recherches a fait l'objet de publications dont le présent article constitue le résumé.


2018 ◽  
Vol 63 (2) ◽  
pp. 640
Author(s):  
Grégory Cormann

Sartre, Lévi-Strauss et Bourdieu ont fortement structuré l’espace intellectuel (et institutionnel) des sciences humaines en France des années 1950 au milieu des années 1980. Malgré l’importance politique mais aussi philosophique du Deuxième sexe, malgré ses engagements et sa célébrité planétaire associée à celle de Sartre, la philosophie de Simone de Beauvoir reste, en revanche, le plus souvent cantonnée à un rôle interstitiel. Elle aurait posé les bases de sa pensée dans les marges de l’existentialisme et du structuralisme (on sait que Beauvoir avait Les Structures élémentaires de la parenté dès 1947). Notre hypothèse prend le parti de renverser ce cadre herméneutique : on soutiendra ici que l’interprétation que Beauvoir fait du structuralisme de Lévi-Strauss dans Les Temps Modernes en 1949 est déterminante pour comprendre les relations entre la phénoménologie existentialiste et l’anthropologie structurale. Loin d’être secondaire, la question du féminin et de sa puissance de composition et de création apparaît dès lors rectrice des contributions de Sartre et de Lévi-Strauss à une théorie critique de la société, mais aussi celle de Bourdieu, dont toute l’oeuvre jusqu’à La Misère du monde hérite en sous-main du legs de Beauvoir à la pensée française contemporaine. Résumé par Sartre dans un passage de Questions de méthode consacré à Flaubert par la question « À quelle condition une féminisation de l’expérience est-elle possible ? », l’enjeu du présent article est par conséquent de jeter les bases d’une archéologie féministe de la pensée française contemporaine. 


2020 ◽  
Vol 4 (1) ◽  
pp. 1-23
Author(s):  
Souleymane Barry ◽  
Nicole Monney ◽  
Christine Couture

Après des décennies de travail sur le terrain de la pratique et d’expérimentations avec les participants, on peut sans contredit parler d’une maturité atteinte par les recherches participatives en sciences humaines et sociales. Les visées de recherche et les façons d’opérationnaliser ce type de recherches se sont précisées. Au-delà des appellations de ces recherches ayant en commun le souci de faire de la recherche avec plutôt que sur les praticiens, quelle synthèse faire des avancées théoriques, méthodologiques majeures qu’elles ont enregistrées ainsi que de leurs nouveaux défis? Le présent article amorce une telle synthèse avec un premier état des lieux.


Author(s):  
Florian Soula ◽  
Paolo Fallavollita ◽  
Luca Zappino ◽  
Marco Balsi ◽  
Salvatore Esposito ◽  
...  

Depuis la genèse des techniques modernes de télédétection au moyen de drones, les applications se multiplient dans tous les domaines pour parfois devenir des outils indispensables de la recherche et de l'industrie actuelle. Cependant, dans le domaine des Sciences Humaines et tout particulièrement en archéologie ancienne (Préhistoire, Protohistoire), malgré un dynamisme indéniable, certaines techniques dites « classiques » ne cèdent pas véritablement le pas aux techniques plus modernes, pourtant plus efficaces et sources d'innovations. Certaines techniques intermédiaires, comme l'usage de théodolites ou plus récemment de GPS RTK associé aux Systèmes d'Information Géographique, se sont pourtant relativement bien implantées dans les problématiques de relevés topographiques, d'architectures et de structures archéologiques de divers types. L'incroyable bon avant que constituent les drones équipés de LiDAR, de matériel photogrammétrique et thermique, tout comme celui des techniques de photogrammétrie opérées depuis le sol, n'a pourtant pas encore détrôné les techniques « séculaires » de dessin et de documentation des sites en cours de fouille et de leurs contextes. Si ce sont, dans un premier temps, des contextes très spécifiques qui ont généré l'application de nouvelles technologies en Archéologie, notamment dans des cas d'accès difficile aux vestiges (archéologie sous-marine, reliefs difficilement accessibles) ou bien des sites exceptionnels (grottes ornées du Paléolithique), les tendances actuelles montrent que ces technologies sont encore au stade expérimental dans d'autres contextes et que le plus souvent seules des solutions mixtes entre les procédures classiques et modernes sont appliquées. Le présent article a pour objectif premier de définir, dans le cadre d'un état de l'art spécifique à la discipline archéologique, les problématiques et les contextes dans lesquels interviennent déjà les nouvelles techniques de relevés photogrammétriques depuis le sol et depuis les airs. Cet état de l'art ne peut être complètement exhaustif au vu de la quantité d'information disponible sur le sujet, parfois très répétitive, mais cherche à couvrir toute l'amplitude des applications passées et actuelles et de réfléchir aux applications futures. Il permet également de pointer du doigt et de mieux comprendre les réticences passées et actuelles vis-à-vis de supposés problèmes de précision et de problèmes d'éthique liés à la documentation automatisée de certains vestiges des sociétés anciennes. L'archéologue aura toujours, du moins faut-il l'espérer, le besoin d'être en contact avec son sujet, de l'analyser de ses propres yeux et de le tester de ses propres mains. L'on se demande désormais pourquoi il apparaît encore fréquemment si délicat d'abandonner un peu plus le papier et le crayon en faveur de procédés de télédétection et de relevé offrant un gain de temps, une meilleure qualité de documentation et un archivage de données exploitables sur le long terme. Ces « réticences » liées au passage à une pleine mise en œuvre de ces nouveaux moyens démontre aujourd'hui qu'un peu de recul est nécessaire afin d'obtenir une vue d'ensemble des résultats et des applications potentielles, afin de redéfinir les pratiques et les enjeux de la recherche archéologique de terrain. L'objectif second de cet article est de présenter le projet de recherche « METAdAtA » (« METAdAtA : sviluppo MEtodologico, Tecnico e sperimentale del volo Autonomo di Aeromobili senza pilota a bordo nell'ambito Archeologico sardo »), financé par les fonds européens de la Région Sardaigne et impliquant l'utilisation de drones pour la documentation de sites archéologiques néolithiques et de l'âge du Bronze en Sardaigne (Italie), sous divers de ses aspects : problématiques, objectifs, cas d'étude et résultats préliminaires. Ce projet de recherche a notamment permis de mettre au point des procédés et protocoles types pour la documentation de sites archéologiques assistée par drone mais également de démontrer que les nouvelles technologies constituent un facteur essentiel de l'apparition et du développement de nouvelles problématiques scientifiques, de nouveaux besoins auxquels la discipline tarde peut être un peu trop à donner libre cours.


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